Du docétisme dans l'EMV ?
" En regard, citons les mots pesés du Catéchisme de l’Église Catholique et du IIème Concile du Vatican, qui contemplent la profondeur de la divinité dans le réalisme de l’humanité assumée par le Verbe.
Parce que dans l’union mystérieuse de l’Incarnation « la nature humaine a été assumée, non absorbée » (GS 22, § 2) "
---> Petite « leçon de théologie pour les nuls », à l’intention de DGC :
---> Ce n’est pas parce que la nature humaine n’a pas été absorbée mais assumée, qu’elle est tout d’un coup devenue l’égale de la Nature Divine.
---> C’est donc en fait DGC qui nie la réalité du contraste, dans cette incroyable union : celle de la goutte d’eau et de l’océan. Si la goutte d’eau subsiste bien dans l’océan, si par un prodige incompréhensible l’océan ne la dissout pas en lui, elle n’en demeure pas moins extrêmement inférieure à l’océan.
---> Pour l'auteur, c'est donc un flop.
" l’Église a été amenée au cours des siècles à confesser la pleine réalité de l’âme humaine, avec ses opérations d’intelligence et de volonté, et du corps humain du Christ. Mais parallèlement, elle a eu à rappeler à chaque fois que la nature humaine du Christ appartient en propre à la Personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée. Tout ce qu’il est et ce qu’il fait en elle relève « d’Un de la Trinité ». Le Fils de Dieu communique donc à son humanité son propre mode d’exister personnel dans la Trinité. "
---> DGC ne pouvait pas mieux redire à son insu, en d’autres termes, ce qu’il a tout à l’heure décrié dans les paroles adressées par Jésus à Marthe :
« Oh! Marthe ! Il me semble que tu ne sais plus qui je suis ! De l’homme, tu le sais, je n’ai que le vêtement. Le cœur est divin et ses palpitations sont divines. » (II, 102, 606)
1 ) Ce n’est donc pas l’humanité qui retient prisonnière la Divinité, dans le Christ, mais la Divinité qui assume et meut l’humanité, laquelle accomplit sa Volonté à chaque instant.
2 ) Le Cœur du Christ est UN avec le Cœur divin du Père : Il est donc Lui-même tout Divin.
3 ) Et si ce Cœur tout divin du Christ assume bel et bien en Lui un parfait Cœur humain, cela n’enlève en rien à ce Cœur son caractère tout divin : ici, le Christ parle de « son Cœur » sans parler de « ses deux Cœurs », puisqu’Il est une seule Personne.
---> DGC enchaîne les flops.
" Ainsi, dans son âme comme dans son corps, le Christ exprime humainement les mœurs divines de la Trinité (cf. Jn 14, 9-10): « Le Fils de Dieu a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché » (GS 22, § 2) "
---> On croirait lire ici un plaidoyé en faveur de l'oeuvre inspirée à Maria Valtorta, tant celle-ci coche haut la main tout ce qui y est dit !
---> Dans son âme comme dans son corps, le Christ en effet y exprime humainement les moeurs divines de la Trinité, travaillant avec des mains d'homme, pensant avec une intelligence d'homme, agissant avec une volonté d'homme, aimant avec un coeur d'homme - quoi que DGC se soit acharné à le dénoncer sur tous les tons, par sa "chasse aux gestes de tendresse" : ce qui rend assez comique cette citation venant de lui -
---> Pourtant, il y a deux aspects complémentaires et inséparables, pour considérer la Vie du Christ :
1 ) un qui insiste - comme le fait ici le catéchisme - sur sa dimension incarnée d'Homme véritable, sans péché ;
2 ) et l'autre insistant sur le fait que, bien que revêtu de notre chair mortelle, le Christ était vraiment Dieu, comme de toute éternité, sans aucun changement.
---> Voici des illustrations liturgiques et scripturaires de ce deuxième aspect de la christologie :
---> ce que chante la liturgie orientale chaque matin à trois reprises : « Le Seigneur est Dieu, Il nous est apparu ! Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur ! » (Introduction des matines)
On ne dit pas ici : « Le Seigneur est le Dieu-fait-Homme », mais : « Le Seigneur est Dieu », ce qui suggère bien l’Incarnation, mais sans s’appesantir sur elle, et sans docétisme.
---> « Dieu est Amour » dit saint Jean dans sa première épitre (4,16), nous laissant comprendre que Jésus est Amour, puisqu’Il est Dieu. Saint Jean ne parle pas ici directement de l’Incarnation du Verbe, mais du fait qu’Il soit l’Amour, et l’accuser de docétisme pour cela serait la dernière des idioties.
---> « En vérité, en vérité je vous dis, avant qu’Abraham fut, Moi, Je Suis. » (Jean 8,58) : pas de plus bel exemple d’un langage que l’on pourrait à tort accuser d’être celui d’un docète niant la réalité de l’Incarnation ! Puisque le Christ est le Même, hier aujourd’hui et pour l’éternité.
---> « Vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ, en Dieu » : ici, c’est le moins que l’on puisse dire, saint Paul n’insiste pas vraiment sur la dimension charnelle de notre existence ! C'est bien au contraire sur le fait que nous sommes déjà morts à notre vie terrestre, et vivants uniquement pour les affaires célestes.
Or, qui plus que Jésus mit en œuvre ce précepte durant toute sa Vie terrestre, son Cœur tout divin étant tout entier aux affaires de son Père ? (Luc 2,49)
---> « Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. » (Jean 3,6) : ici, on n’entend pas vraiment le Christ se définir avant tout comme chair ( sarx en grec ancien ), mais bien plutôt comme étant avant tout Esprit né de l’Esprit, alors qu’Il était pourtant bien né Lui-aussi d’une mère de chair et de sang :
faut-il donc accuser ici le Jésus de l’Évangile de docétisme ? Non, car on sait très bien qu’Il ne parle pas ainsi pour nier la réalité de son Incarnation, c’est l’évident même. Mais Il nous entraîne au-delà.
---> « Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » ( Jean 3,7-8) : au minimum, on va convenir qu’ « être une voix que l’on entend, et dont on ne sait ni d’où elle vient ni où elle va », cela ne fait pas explicitement référence à l’incarnation, ni à la nôtre, ni à celle du Christ !
Est-ce là pour autant le langage d’un docète ? Assurément pas, pour les mêmes raisons que ci-dessus.
---> Et l’on pourrait encore continuer :
« Si vous ne comprenez pas lorsque je vous dis les choses de la terre, comment comprendrez-vous lorsque je vous parlerai des choses du Ciel ?
« Mes Paroles sont Esprit et elles sont Vie » ( Jean 3, 9)
« Celui qui a soif, qu’il vienne à Moi, et qu’il boive, celui qui croit en Moi ! Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. » (Jean 7,38)
---> Un bilan s'impose donc ici pour l'auteur, et : c'est un flop.
" Paradoxalement, le « Jésus » de Valtorta qui s’exprime en docète s’oppose magistralement ailleurs au docétisme. "
---> L'auteur accuse ici saint Paul, saint Irénée et saint Augustin de "s'exprimer en docètes" : puisqu'ils tiennent exactement le même langage que l'EMV, comme nous l'avons constaté précédemment. Nous lui en laissons l'entière responsabilité.
---> Paradoxalement, DGC, qui nie avec raison tout docétisme dans l’Évangile, en voit dans l’EMV pour les mêmes raisons qu’il n’en voit pas dans les Évangiles. Lui seul est capable de comprend pourquoi.
---> J’ai précédemment cité un des passages de l’EMV ( 207.11) s’opposant si « magistralement » au docétisme, et évoqué ici avec une telle admiration par DGC, et on peut au moins l’applaudir pour ce compliment qui s’est comme échappé de sa plume par mégarde.
---> Cela contrebalance un tout petit peu son article aux démonstrations si peu magistrales et complètement inexactes.
" Mais il peut aussi, comme on le verra, enseigner sur la chasteté tout en manquant lui-même. "
---> La seule personne ici qui va très gravement manqué à la chasteté, c'est l'auteur, comme nous allons le voir dans le prochain volet.
---> Accuser le Christ de manquer de chasteté dans l'EMV, c'est tout simplement mentir et se moquer du monde, ce qui ne fait pas du tout peur à l'auteur. Nous avons démontré l'inverse dans les volets 14 et 15.
---> Quelle cohérence bien au contraire, dans l’EMV, entre ce que dit le Christ, et ses actes où ne se trouvent pas la moindre trace d'abus, d’égoïsme, de la moindre petite déviance, de non-respect de la femme, des enfants ou des hommes, et pas non plus la moindre trace de refroidissement de son Amour Divin pour l’humanité pécheresse, ou pour celle, parfaite, de sa sainte Mère !
---> Un équilibre parfait qui ne peut venir que du Ciel, pleinement conforme aux Évangiles, et que DGC ose bien vouloir salir par de très honteuses caricatures, comme nous le verrons en détail.
DGC corrigé en rouge :
Ces textes, justes du point de vue de l’expression de la foi, justifiés par le moyen de la Tradition, et de la raison éclairée par la foi, montrent que tout porte à croire que ce soit bien le Seigneur qui ait dicté ces formules. même si Maria Valtorta avait reconnu avoir composé elle-même son «évangile », ce qui est rigoureusement impossible - tout autant que de gagner du premier coup le Jackpot d’un jeu de hasard, avec seulement
0,000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000001 chance de gagner ( authentique ! ) , on aurait pu malheureusement encore lui reprocher des formulations impropres ou inacceptables, que DGC ne sait pas nous citer, sauf de manière impropre et inacceptable, caricaturale et sophistique, même pour un effet de style littéraire, dès lors que dans ce domaine, le langage théologique a suffisamment été précisé, suffisamment pour attester la parfaite intégrité théologique de l’œuvre, même par ses plus acharnés détracteurs que furent les membres du Saint Office, aux méthodes plus que douteuses, qui furent incapables d’y déceler la moindre erreur.
" Le passage suivant mérite notre attention. "
---> Ici encore une fois, le piège que tend fort maladroitement DGC va se refermer sur lui, et littéralement pulvériser ses raisonnements, car nous allons encore une fois tout citer ( j’en jubile !), ce qui va faire resplendir la vérité.
« Jésus » y raconte à ses disciples ce qui s’est passé après les tentations au désert et y assortit des réflexions sur son être et sa mission.
« L’homme avait remporté la triple victoire. L’Homme savait ce que voulait dire être homme et il avait vaincu. Il était épuisé. La lutte avait été plus épuisante que le jeûne prolongé… Mais l’esprit dominait… Je crois que les Cieux ont tressailli à mon affirmation complète de Créature douée de raison. Je crois que, de ce moment est venu en Moi le pouvoir du miracle. J’avais été Dieu. J’étais devenu l’Homme. Maintenant, triomphant de l’animal conjoint à la nature humaine, voilà que j’étais l’Homme-Dieu. Je le suis. Et comme Dieu, je puis tout. Et comme Homme j’ai l’expérience de tout. Agissez, vous aussi, comme Moi, si vous voulez faire ce que je fais. Faites-le en souvenir de Moi. » (II, 44, 243)
" Il faut reconnaître qu’on trouve difficilement une seule affirmation correcte dans ce paragraphe. On y entend, en même temps qu’une curieuse anthropologie (« l’animal conjoint à la nature humaine »), une profonde dualité entre l’humanité et la divinité en « Jésus », ainsi que la double suggestion du devenir de Dieu en son Incarnation et d’un devenir de sa divinisation au cours de son existence terrestre. "
---> Difficile, vraiment ? Nous allons voir bien au contraire que non : toutes les affirmations de ce paragraphe de l'EMV sont rigoureusement conformes à l'enseignement de saint Paul dans son épître aux Hébreux. Et ne pas le voir constitue un très sérieux problème, ce qui semble bien être le cas de l'auteur.
---> En s'incarnant, en revêtant notre nature humaine, le Verbe avait agit en tant que Dieu Souverain, Toute Puissant et Eternel.
---> Mais tout Dieu qu'Il était, Il n'avait encore jamais été homme dans toute l'acception de ce mot : et la justice exigeait qu'il en fasse l'expérience, "à la loyale", c'est-à-dire sans faire appel à sa Divinité pour contourner cette nécessité d'en passer par l'expérimentation des épreuves.
---> Ainsi, le Verbe choisit de ne connaître et de n'expérimenter sa condition d'homme qu'étape par étape, sans estimer par avance que cela aurait été une perte de temps indigne de Lui.
---> Car en réalité : n'avait-Il pas la Puissance nécessaire pour faire tout autrement, et passer en un seul instant du stade de nourrisson à celui d'Homme mûr, capable d'évangéliser et d'accomplir des miracles ?
---> A quoi bon rester passivement dans un berceau, puis grandir pendant trente ans sous l'autorité de parents humains, plutôt que de se rendre aussitôt utile à tous, dans une pleine maturité, acquise en un seul instant ?
---> Pour la simple et bonne raison que cela n'aurait pas été juste d'agir ainsi : pour être pleinement notre Sauveur, il fallait qu'Il soit en tout semblable à nous, jusque dans sa croissance et ses expériences progressives de la vie.
---> De la même façon, à quoi bon pour le Verbe Dieu en passer ainsi par l'expérience de la triple tentation, alors que sa Divinité aurait très bien pu s'en passer, et Lui donner directement le pouvoir des miracles ?
---> Parce que cela aurait été nous faire injure, à nous pauvres êtres humains, qui devons péniblement en passer par toutes ses épreuves de tentations, avec le poids de notre blessure originelle qui nous prédispose à la chute :
---> Et ceux qu'Il aurait pris ainsi de haut en leur faisant injure, Jésus aurait été incapable de les aimer vraiment.
---> Si le Christ avait voulu être notre Sauveur, mais sans jamais pour autant passer par l'épreuve, sans expérimenter comme nous ce que voulait dire avoir une chair et des passions humaines, être tenté jusqu'à l'extrême de ses forces et demander secours auprès de Dieu pour ne pas succomber, bref : si le Christ avait voulu en arriver directement au but, en se dispensant de la nécessité humaine de grandir par l'expérience acquise, par sa seule prérogative divine, alors qui aurait voulu d'un tel Sauveur ? Qui aurait cru en Lui ?
---> Qui aurait accepté d'être sauvé par quelqu'un ayant refusé l'épreuve du terrain, comme elle s'impose à nous sans qu'il nous en soit laissé le choix ? Personne, car de tels défauts, s'apparentant à de la lâcheté, auraient été inexcusables : or le Christ voulu être sans reproche, et nous sauver en devenant véritablement l'un de nous, sans jamais tricher.
---> Voilà pourquoi, "ayant été Dieu" - par la Puissance qui avait été la sienne de s'incarner au gré de sa Divine Volonté - "Il était devenu Homme", ce qui signifie qu'Il avait humblement acquis l'expérience de tout ce qui mène à devenir un homme accomplit, et en particulier le triomphe nécessaire sur les puissances de l'irascible et du concupiscible, qui sont la part instinctive et animal présente en chaque être humain, et dont l'absence de maîtrise par la volonté et l'intelligence humaine conduit à tous les vices et à toutes les guerres ici-bas.
---> Voilà qui n'a rien d'une "curieuse anthropologie" que prétend dénoncer l'auteur,
---> ni d'une profonde dualité entre l'humanité et la divinité en Jésus : en Lui, elles furent indissociablement unies, mais cependant sans confusion, et c'est cela que DGC se montre incapable d'intégrer.
---> Un exemple de cela est très clairement exposé dans l'Evangile : Jésus le Verbe parle de ce que ne connaît pas l'Homme-Jésus ! ( Matt 24,36 ) C'est stupéfiant, et l'on pourrait croire à un profond dualisme en Lui, alors qu'Il est en réalité qu'une seule Personne et non pas deux :
"Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges des cieux, pas même le Fils, mais seulement le Père, et lui seul." :
---> Or il est évident que tout ce que sait le Père, le Fils le sait de même, et l'Esprit-Saint également, puisqu'il n'y a pas d'inférieur et de supérieur au sein de la Trinité : mais c'est seulement en tant qu'Homme que le Christ est plus petit que le Père ( cf. Jean 14,28 ).
---> Il n'y a donc pas plus de "profonde dualité entre l’humanité et la divinité en Jésus" dans l'EMV que dans les Evangiles canoniques.
---> Pas non plus de "devenir de Dieu en son Incarnation", puisque Jésus-Dieu préside à la croissance de Jésus-Homme jusqu'à la pleine maturité de son Humanité,
---> pas davantage un "devenir de sa divinisation au cours de son existence terrestre", puisque c'est uniquement en raison de son humble obéissance que Jésus-Homme, pleinement Dieu par son union au Verbe, accepta cependant de ne pas en profiter pour pouvoir se prémunir contre les épreuves, et les traversa en tout comme l'aurait fait un homme véritable semblable à Adam, afin que nous puissions Le reconnaître et L'aimer comme un vrai frère, nous les fils d'Adam.
---> Et c'est donc après avoir été éprouvé en tout avec succès, que Jésus Homme reçut de la part du Père, du Fils et du Saint Esprit - c'est-à-dire de la part de Lui-même ! - la puissance des miracles, en toute obéissance et humilité, et non comme une prérogative qu'Il aurait dû revendiquer pour Lui-même comme un droit pré-acquis.
---> C'est exactement ce qu'enseigne saint Paul tout au long de son épître aux Hébreux :
"(...) En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché.
Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours."
( Hb 4,15-16 )
---> Mais qui en parle mieux que Jésus Lui-même ?
EMV 80.9 : Jésus à la montagne du jeûne et au massif de la tentation avec trois apôtres.
( En rouge entre les // : la citation de DGC )
(…) Maintenant Judas a levé le visage et regarde Jésus qu’il a en vis-à-vis. La lumière des étoiles fait briller les yeux de Jésus comme si c’était deux étoiles éclairant son pâle visage.
"Pour se préparer à être Maître, il faut avoir été écolier. Moi, je savais tout comme Dieu. Mon intelligence pouvait aussi me faire comprendre les luttes de l’homme par mon intelligence et intellectuellement.
Mais un jour, quelque pauvre ami à moi, quelque pauvre fils à moi, aurait pu dire et me dire : “Tu ne sais pas ce que c’est que d’être un homme et d’avoir sentiments et passions“. Ç'aurait été un reproche juste. Je suis venu ici-même, là, sur ce mont, pour me préparer... non seulement à la mission... mais à la tentation. Voyez-vous ? Là où vous êtes assis, Moi je fus tenté. Par qui ? Par un mortel ? Non. Trop faible aurait été sa puissance. J’ai été tenté par Satan, directement.
J’étais épuisé. Depuis quarante jours, je ne mangeais plus... Mais tant que j’avais été perdu dans l’oraison, tout s’était anéanti, dans la joie de parler avec Dieu, plus qu’anéanti : devenu supportable. Je le ressentais comme un amoindrissement matériel, qui se bornait à la matière seule... Puis, je suis revenu au monde... sur les routes du monde... et j’ai ressenti les besoins de qui vit en ce monde. J’ai eu faim. J’ai eu soif. J’ai senti le froid piquant de la nuit du désert. J’ai senti mon corps brisé par le manque de repas, de couche, et du long chemin accompli dans de telles conditions d’épuisement qu’elles m’empêchaient d’aller plus loin...
Car j’ai une chair, Moi aussi, amis. une vraie chair. Et elle est sujette aux mêmes faiblesses qu’éprouvent toutes les chairs. Et avec la chair, j’ai un cœur. Oui. De l’homme j’ai pris la première et la seconde des trois parties qui constituent l’homme. J’ai pris la matière avec ses exigences et la sensibilité avec ses passions. Si par l’effet de ma volonté j’ai réduit dès avant leur naissance toutes les passions qui ne sont pas bonnes, j’ai laissé croître, puissantes comme des cèdres centenaires, les saintes passions de l’amour filial, de l’amour de la patrie, des amitiés, du travail, de tout ce qui est excellent et saint.
Et ici, j’ai senti la nostalgie de la Maman lointaine, j’ai ressenti le besoin de ses soins sur ma fragilité d’homme. Ici, j’ai senti se renouveler la souffrance de m’être séparé de l’unique qui m’aimât parfaitement. Ici, j’ai ressenti la souffrance qui m’était réservée et la douleur de sa douleur, pauvre Maman, qui n’aura plus de larmes, tant elle devra en répandre pour son Fils et à cause des hommes. Ici, j’ai ressenti la lassitude du héros et de l’ascète qui, en une heure de prémonition, se rend compte de l’inutilité de son effort... J’ai pleuré... La tristesse.. appel magique pour Satan. Ce n’est pas péché d’être triste si l’heure est torturante. C’est péché de s’abandonner à la tristesse et de tomber dans l’inertie ou le désespoir. Mais Satan s’amène tout de suite quand il voit quelqu’un qui tombe dans la langueur spirituelle.
Il est venu, en habits de voyageur serviable. Il prend toujours un aspect sympathique... J’avais faim.., et j’avais mes trente ans dans le sang. Il m’a offert son aide et il a commencé par me dire : “Dis à ces pierres qu’elles deviennent des pains“. Mais, avant encore... oui... encore avant, il m’avait parlé de la femme... Oh ! il sait en parler. Il la connaît à fond. Il a commencé par la corrompre pour s’en faire une alliée dans son oeuvre de corruption. Je ne suis pas seulement le Fils de Dieu. Je suis Jésus, l’artisan de Nazareth. À cet homme qui me parlait alors, me demandant si je connaissais la tentation et m’accusait presque d’être injustement heureux parce que je n’avais pas péché, à cet homme j’ai dit : “L’acte s’apaise dans la satisfaction. La tentation quand on la repousse ne tombe pas, mais se fait plus forte surtout parce que Satan l’excite“. J’ai repoussé la double tentation de la faim de la femme et de la faim du pain. Et sachez que Satan me proposait la première et il n’avait pas tort, d’après le jugement des hommes, comme la meilleure alliée pour m’imposer dans le monde.
La Tentation, qui n’était pas vaincue par mon : “Ce n’est pas seulement des sens que vit l’homme“, me parla alors de ma mission. Elle voulait séduire le Messie après avoir tenté l’homme jeune. Elle me poussa à annihiler les indignes ministres du Temple par un miracle... Le miracle, flamme du Ciel, ne se prête pas à se faire cercle d’osier pour qu’on s’en fasse une couronne... Et on ne tente pas Dieu en Lui demandant des miracles à des fins humaines. C’est cela que voulait Satan. Le motif présenté était un prétexte; la vérité était : “Glorifie-toi d’être le Messie“, pour m’amener à l’autre concupiscence, celle de l’orgueil.
Pas vaincu par mon : “Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu” il chercha à me circonvenir par la troisième force de sa nature: l’or : Oh ! l’or. Grande chose que le pain et plus grande la femme pour qui est affamé de pain ou de jouissance. Très grande chose l’acclamation des foules pour l’homme... Pour ces trois choses que de fautes se commettent ! Mais l’or... mais l’or... Clef qui ouvre, moyen de corruption, c’est l’alpha et l’oméga de quatre vingt dix neuf actions sur cent pour les hommes. Pour le pain et la femme, l’homme devient voleur. Pour la puissance il va jusqu’à l’homicide. Mais, pour l’or, il devient idolâtre. Le roi de l’or : Satan, m’a offert son or pour que je l’adore... Je l’ai transpercé avec les paroles éternelles : “Tu n’adoreras que le Seigneur ton Dieu ”
C’est ici, ici que cela est arrivé."
Jésus s’est levé. Il paraît plus grand qu’à l’ordinaire dans la plaine qui l’entoure, dans la lumière légèrement phosphorescente qui tombe des étoiles. Les disciples se lèvent aussi. Jésus continue a parler en fixant intensément Judas.
"Alors sont venus les anges du Seigneur...
// L’Homme avait remporté la triple victoire.
L’Homme savait ce que voulait dire être homme et il avait vaincu.
Il était épuisé.
La lutte avait été plus épuisante que le jeûne prolongé...
Mais l’esprit dominait...
Je crois que les Cieux ont tressailli à mon affirmation complète de créature douée de raison.
Je crois que, de ce moment est venu en Moi le pouvoir du miracle.
J’avais été Dieu.
J’étais devenu l’Homme.
Maintenant, triomphant de l’animal conjoint à la nature humaine,
voilà que j’étais l’Homme-Dieu.
Je le suis.
Et comme Dieu, je puis tout.
Et comme Homme j’ai l’expérience de tout.
Agissez, vous aussi, comme Moi, si vous voulez faire ce que je fais.
Et faites-le en souvenir de Moi. //
Cet homme s’étonnait que j’eusse demandé l’aide du Père et que je l’eusse prié de ne pas m’induire en tentation. De ne pas m’abandonner donc au risque d’une tentation qui dépasserait mes forces. Je crois que cet homme, maintenant qu’il sait, ne s’étonnera plus. Agissez vous aussi de même en souvenir de Moi, et pour vaincre comme Moi et ne doutez jamais en me voyant fort dans toutes les épreuves de la vie, victorieux dans la bataille des cinq sens, de la sensibilité et du sentiment, sur ma nature de véritable Être humain, et en plus d’Être divin. Rappelez-vous de tout cela. »
(...) (...)
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---> Pour DGC, c'est un flop retentissant. Mais il est loin encore d’avoir rendu les armes.
---> Cependant, notre surprise risque d'être grande en apprenant ce qu'il aurait souhaité, dans le prochain volet...