Monsieur Auzenet, vous objectez que Maria Valtorta prétendrait dans ses écrits que Dieu aurait créé l'âme de Marie avant son corps, depuis toute éternité.
Laissez-moi répondre à ce faux argument par des citations de l'oeuvre et de la Tradition catholique :
- "(...) Ce moyen, c’est moi. L’instrument pour faire de ce moyen un instrument efficace, c’est Marie. Et la Vierge fut créée dans la Pensée sublime de Dieu" ( c’est-à-dire : en tant que concept vivant et parfait, avant tous les temps, et uniquement dans la Pensée Divine )
- "Je te regarde, et je te vois telle que tu seras, toi la Femme immaculée qui n’es pour l’instant qu’esprit, l’esprit en qui je me complais" ( esprit : c’est-à-dire ni âme, ni chair, mais une simple pensée divine )
"(...) C’est en lisant tes futures pensées" ( « futures », car Marie ne pensait pas encore, n’ayant pas encore d’âme )
---> Si donc Marie est bien "la revanche que Dieu prendra sur Satan" , comment dès lors s’étonner de ce que Dieu prenne d’avance en elle toutes ses complaisances, jusqu’à la rendre vraiment présente à son Esprit depuis toujours, et jusqu’à prendre cet objet de son Amour infini pour modèle de tout ce qui sera, dans l’univers créé pour l’homme ?
" (...)Je te regarde et je te vois telle que tu seras, O femme immaculée qui maintenant n’est qu’esprit: l’esprit en qui je me complais. » (I, 8, 39)
---> C’est-à-dire, « qui n’est encore que ce que mon Esprit divin pense d’elle, et non pas encore une réalité créée » : « Telle que tu seras ».
EMV 348.10, Jésus parle de sa Mère à ses apôtres
« – Je vous ai parlé, il y a même peu de temps de : "l'éternelle beauté de l'âme de ma Mère". ( Jésus ne parle donc pas ici de "l'éternité de l'âme de sa Mère", mais seulement de "l'éternelle beauté" de celle-ci, car elle n’existe pas de toute éternité )
"(...) L'âme de ma Mère est depuis toujours pensée par Dieu. Par conséquent elle est éternelle dans sa beauté" ( et non pas éternelle tout court, tel est la subtilité )
"(...) Oui, ô Mère, Dieu, l'Immense, le Sublime, le Vierge, l'Incréé, était lourd de toi et il te portait comme son très doux fardeau, se réjouissant de te sentir t'agiter en Lui, en Lui donnant les sourires dont il a fait la Création ! " ( Marie était « en gestation » dans la Pensée divine, et non pas encore créée de manière effective )
Le vénérable Pie XII, le 1er novembre 1950, lorsqu’il définie solennellement le dogme de l'assomption de la très sainte Vierge Marie, emploie ces termes :
«C'est pourquoi l'auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus Christ, d'une manière mystérieuse, par "un même et unique décret" de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d'être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où reine, elle resplendirait à la droite de son Fils, Roi immortel des siècles»
(const. Ap. Munificentissimus deus, aas, 42 (1950), 768-769)
Vénérable Maria d'Agreda :
"(...) Et le convenable était que tous les attributs divins commençassent par elle de faire leurs libéralités, sans qu'on lui refusât aucun de leurs avantages dont elle était capable, et qui convenaient à celle qui, n'étant inférieure qu'à notre Seigneur Jésus-Christ, se trouvait incomparablement élevée et au-dessus de toutes les autres créatures capables des grâces et des dons. Ce fut le bel ordre que la sagesse infinie institua, que de commencer par Jésus-Christ et par sa Mère; et ainsi le texte ajoute
58. Avant que la terre fût faite. Les abîmes n'étaient point encore, et j'étais déjà conçue. Cette terre fut celle du premier Adam; avant que sa formation se décrétât, et que les abîmes des idées au dehors se formassent dans l'entendement divin, Jésus-Christ et sa Mère étaient désignés et formés.
(...) Le Verbe était déjà conçu avant tout cela, non seulement par la génération éternelle du Père, mais par la génération temporelle de la Mère Vierge et pleine de grâce, qui était aussi décrétée et conçue dans l'entendement divin, parce que sans la Mère, et une Mère de telle importance, cette génération temporelle ne se pouvait déterminer efficacement et avec un décret accompli. Ce fut donc là et alors que la très sainte Marie fut conçue dans cette immensité bienheureuse, et sa mémoire éternelle fut écrite dans le sein de Dieu, afin qu'elle y demeurât ineffaçable pendant tous les siècles et toutes les éternités; de manière qu'elle fut gravée et ébauchée par le souverain Créateur dans son propre entendement, et possédée de son amour par des liens inséparables.
(...) le trésor de ces eaux était encore renfermé et retenu dans l'océan immense de la Divinité, n'ayant pas alors destiné de manifester ces miséricordieuses fontaines ni d'en faire part aux hommes; et quand ils les reçurent, elles avaient déjà été communiquées à la très sainte humanité du Verbe et à sa Mère Vierge. Ainsi il ajoute
(...) mais j'étais engendrée avant les collines, qui sont les chœurs des anges, avant lesquels la très sainte humanité (unie hypostatiquement au Verbe divin) et la Mère qui l'engendra, furent formés dans l'entendement divin. Le Fils et la Mère précédèrent tous les chœurs des anges, afin que tous soient informés et sachent que si David a dit en son psaume huitième : « Qu'est-ce que l'homme ou le Fils de l'homme, Seigneur, que vous vous souveniez de lui et le visitiez? Vous l'avez fait un peu moindre que les anges, etc. ; » tous doivent reconnaître qu'il y a un homme et Dieu tout ensemble, qui est par-dessus tous les hommes et tous les anges, et qu'ils sont tous ses inférieurs et ses serviteurs, parce qu'il est Dieu étant homme supérieur à tous; pour cette raison il occupe la première place dans l'entendement divin et dans sa volonté; et une femme et très pure vierge, sa Mère, supérieure et Reine de toutes les créatures, est unie avec lui d'une façon inséparable.
---> Il est donc assez ahurissant de constater à quel point Maria d'Agreda tient exactement le même discours sur la sainte Vierge que Jésus dans l'oeuvre révélée à Maria Valtorta !
---> Même constat avec les écrits de sainte Louise de Marillac, dont le corps intact repose dans la chapelle de la Médaille Miraculeuse, rue du Bac, près de celui de sainte Catherine Labouré.
" (...) En ma méditation sur le sujet de l’épître, voyant que la sainte Église appliquait à la sainte Vierge son être devant la création du monde, mon esprit y a acquiescé, pensant que non seulement elle était de toute éternité en l’idée de Dieu par sa Prescience, mais encore préférablement à toute autre créature pour la dignité à laquelle Dieu la destinait de Mère de son fils.
Il a su être voulu avant la création de toutes choses terrestres qui pouvaient être témoins du péché de nos Pères. Dieu a voulu faire un acte de sa volonté spécifiée pour la création de l’âme de la sainte Vierge, et ce pourrait aussi avoir été un acte effectif, ce que je soumets entièrement à la sainte Église, ne m’en servant que pour en honorer davantage la sainte Vierge, et lui renouveler notre dépendance, en général, de la compagnie, comme ses plus chétives filles, mais la regardant aussi comme notre très digne et unique Mère. Que soient aimés Jésus et Marie."
(Écrits spirituels de louise de Marillac, éd. 1983, p. 730)
Conclusion :
Non, monsieur Auzenet, Maria Valtorta ne s'éloigne pas par ses écrits sur la sainte Vierge, éternellement prédestinée par le Père, de l'enseignement des papes et des saints, mais ne fait que les confirmer.
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