Du docétisme dans l'EMV ?

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« Tu ne veux pas m’obéir à Moi, je ne dis pas à Moi-Homme, mais même pas à Moi-Dieu, tu as obéi à Satan. » (VIII, 28, 260) 

 

---> Avant de faire un petit « rappel théologique pour les nuls » à l’usage de l'auteur, on ne peut manquer de citer l'intégralité de cet épisode terrible et bouleversant, où Jésus surprend son apôtre Judas en train de commettre un vol, et s'occupe de lui.

EMV 567.11 – Long discours à Judas, surpris à voler.
en rouge entre les // : la citation de DGC )

(...) (...)
Jean ouvre la porte et pousse un "ah !" presque terrifié. Il laisse tomber le broc et couvre ses yeux de ses mains, en se courbant, comme pour se faire petit, pour disparaître, pour ne pas voir. De la pièce arrive un bruit de pièces de monnaie qui se répandent sur le sol en résonnant.

Jésus est déjà à la porte. Il m'a fallu plus de temps pour décrire qu'à Lui pour arriver. Il écarte vivement Jean qui gémit : "Va-t'en ! Va-t'en !" Il ouvre la porte entrouverte. Il entre.

C'est la pièce où, depuis que les femmes sont là, ils prennent leurs repas. Il s'y trouve deux coffres anciens ferrés et devant l'un d'eux, juste en face de la porte, se trouve Judas, livide, ses yeux étincellent de colère et en même temps d'effroi, avec une bourse dans les mains... Le coffre fort est ouvert... et à terre sont répandues des pièces et d'autres tombent par terre en glissant hors d'une bourse qui est sur le bord du coffre, ouverte, et à moitié couchée. Tout témoigne d'une manière qui ne peut laisser aucun doute de ce qui se passe. Judas est entré dans la maison, il a ouvert le coffre et il a volé. Il était en train de voler.

Personne ne parle. Personne ne bouge. Mais c'est pire que si tous criaient et se lançaient les uns contre les autres. Trois statues : Judas, le démon ; Jésus, le Juge ; Jean, le terrorisé par la révélation de la bassesse de son compagnon.

La main de Judas qui tient sa bourse est agitée par un tremblement et les pièces qui s'y trouvent laissent entendre un bruit étouffé.

Jean est tout tremblant et, bien qu'il soit resté les mains serrées sur sa bouche, ses dents claquent alors que ses yeux effrayés regardent Jésus plus que Judas.

Jésus ne frémit pas. Il est debout et glacial, tout à fait glacial tellement il est rigide.

Finalement il fait un pas, un geste et prononce un mot. Un pas vers Judas, un geste pour faire signe à Jean de se retirer et un mot :

"Va !"

Mais Jean a peur et gémit :

"Non ! Non ! Ne me renvoie pas. Laisse-moi ici. Je ne dirai rien... mais laisse-moi ici, avec Toi."

"Va-t-en ! Ne crains pas ! Ferme toutes les portes... et s'il vient quelqu'un... n'importe qui... même ma Mère... ne les laisse pas venir ici. Va ! Obéis !"

"Seigneur !..."

Il semble que ce soit Jean le coupable, tant il est suppliant et abattu.

"Va, te dis-je. Il n'arrivera rien. Va !"

Jésus adoucit son commandement en mettant sa main sur la tête du Préféré avec un geste caressant, et je vois que cette main maintenant tremble. Jean la sent trembler, il la prend et la baise avec un sanglot qui dit tant de choses. Il sort.

Jésus ferme la porte avec un verrou. Il se retourne pour regarder Judas, qui doit être bien anéanti puisqu'il n'ose pas lui, si audacieux, un mot ou un geste.

Jésus va tout droit devant lui, en tournant autour de la table qui occupe le milieu de la pièce. Je ne sais dire s'il va rapidement ou lentement. Je suis trop effrayée par son visage pour mesurer le temps. Je vois ses yeux et j'ai peur comme Jean. Judas lui-même a peur, il s'arrête entre le coffre et une fenêtre grande ouverte par laquelle la lumière rouge du couchant se déverse toute sur Jésus.

Quels yeux a Jésus ! Il ne dit pas un mot. Mais quand il voit que de la ceinture du vêtement de Judas dépasse une sorte de crochet, il a une réaction effrayante. Il lève le bras avec le poing fermé, comme pour frapper le voleur, et sa bouche commence le mot : "Maudit !" Mais il se domine. Il arrête le bras qui allait tomber et coupe le mot aux trois premières lettres. Et faisant pour se maîtriser un effort qui le fait trembler tout entier, il se borne à desserrer son poing fermé, à abaisser son bras levé à la hauteur de la bourse que Judas a dans les mains, et à l'arracher pour la jeter contre le sol, en disant d'une voix étouffée alors qu'il foule aux pieds la bourse et les pièces, et les disperse avec une fureur contenue mais terrible :

"Au loin ! Ordure de Satan ! Or maudit ! Crachat d'enfer ! Venin de serpent ! Au loin !"

Judas, qui a poussé un cri étouffé quand il a vu Jésus près de le maudire, ne réagit plus. Mais de l'autre côté de la porte fermée, un autre cri résonne quand Jésus lance la bourse contre le sol, et ce cri de Jean exaspère le voleur et lui rend son audace démoniaque. Il en devient furieux. Il se jette presque contre Jésus en criant :

"Tu m'as fait espionner pour me déshonorer, espionner par un garçon imbécile qui ne sait même pas se taire, qui me fera honte en face de tous ! Mais c'est cela que tu voulais. Et du reste... Oui ! Moi, je le veux aussi. Je veux cela ! T'amener à me chasser ! T'amener à me maudire ! À me maudire ! À me maudire ! J'ai tout essayé pour me faire chasser."

Il est enroué par la colère et brutal comme un démon. Il halète comme s'il avait quelque chose qui l'étrangle.

Jésus lui répète à voix basse mais terrible :

"Voleur ! Voleur ! Voleur !" et il termine en disant : "Aujourd'hui voleur, demain assassin. Comme Barabbas. Pire que lui."

Il lui souffle cette parole au visage car maintenant ils sont très proches.

Judas reprend haleine et répond :

"Oui, voleur, et par ta faute. Tout le mal que je fais, c'est par ta faute et tu ne te lasses jamais de me ruiner. Tu sauves tout le monde. Tu donnes de l'amour et des honneurs à tous. Tu accueilles les pécheurs, les prostituées ne te dégoûtent pas, tu traites en amis les voleurs et les usuriers et les ruffians de Zachée, tu accueilles comme si c'était le Messie l'espion du Temple, ô sot que tu es ! Et tu nous donnes pour chef un ignorant, pour trésorier un gabeleur, et pour ton confident tu prends un imbécile. Et à moi tu mesures la moindre piécette, tu ne me laisses pas d'argent, tu me tiens près de Toi comme un galérien est tenu près de sa place au banc de rameur. Tu ne veux même pas que nous, je dis nous, mais c'est moi, moi seul, qui ne dois pas accepter d'obole des pèlerins. C'est pour que je ne touche pas l'argent que tu as ordonné de ne prendre l'argent de personne. Parce que tu me hais. Eh bien : moi aussi je te hais ! Tu n'as pas su me frapper et me maudire tout à l'heure. Ta malédiction m'aurait réduit en cendres. Pourquoi ne l'as-tu pas donnée ? Je l'aurais préférée plutôt que de te voir si incapable, si faible, un homme fini, un homme vaincu..."

"Tais-toi !"

"Non ! As-tu peur que Jean entende ? As-tu peur que lui finalement comprenne qui tu es, et qu'il t'abandonne ? Ah ! Tu l'as cette peur, Toi qui fais le héros ! Oui, tu as peur ! Et tu as peur de moi. Tu as peur ! C'est pour cela que tu n'as pas su me maudire. C'est pour cela que tu feins l'amour, alors que tu me hais ! Pour me flatter ! Pour me tenir tranquille ! Tu sais que je suis une force ! Tu le sais que je suis la force. La force qui te hait et qui te vaincra ! Je t'ai promis que je te suivrais jusqu'à la mort, en t'offrant tout, et je t'ai tout offert, et je resterai près de Toi, jusqu'à ton heure et jusqu'à mon heure. Roi magnifique qui ne sait pas maudire et chasser ! Roi des nuages ! Roi idole ! Roi imbécile ! Menteur ! Traître à ton propre destin. Tu m'as toujours méprisé, dès notre première rencontre. Tu n'as pas su me comprendre. Tu te croyais sage. Tu es un idiot. Je t'enseignais le bon chemin. Mais Toi... Oh ! Tu es le pur ! Tu es la créature qui est homme mais qui est Dieu, et tu méprises les conseils de l'Intelligent. Tu t'es trompé dès le premier moment, et tu te trompes. Tu... Tu es... Ah !"

Le flot de paroles cesse brusquement et après c'est un silence lugubre après tant de cris et une lugubre immobilité après tant de gestes. Pendant que j'écrivais sans pouvoir dire ce qui se passait, Judas courbé, semblable, oui, semblable à un chien féroce qui guette sa proie et s'en approche, prêt à s'élancer dessus, s'est approché de plus en plus de Jésus, avec un visage dont la vue est insoutenable, les mains crispées, les coudes serrés contre le corps, comme si réellement il allait l'attaquer. Jésus ne montre pas la moindre peur et tourne même le dos à l'autre, qui pourrait l'assaillir et Lui sauter au cou, sans pourtant le faire. Jésus se retourne pour ouvrir la porte et regarder dans le couloir si Jean vraiment s'en est allé. Le couloir est vide et presque obscur, car Jean a fermé la porte qui donne sur le jardin après être sorti de là. Alors Jésus referme la porte et la verrouille et s'adosse contre elle, en attendant, sans un geste ni une parole, que tombe la furie de Judas.

Je ne suis pas compétente, mais je crois ne pas me tromper en disant que par la bouche de Judas, c'est Satan lui-même qui parlait, que c'est un moment de possession évidente de Satan dans l'apôtre perverti, déjà au seuil du Crime, déjà damné par sa propre volonté. La manière même dont s'arrête le flot de paroles, laissant l'apôtre comme abasourdi, me rappelle d'autres scènes de possessions, vues pendant les trois années de la vie publique de Jésus.

Jésus, adossé à la porte, tout blanc contre le bois sombre, ne fait pas le moindre geste. Seulement ses yeux jettent sur l'apôtre un regard puissant de douleur et de ferveur. Si on pouvait dire que les yeux prient, je dirais que les yeux de Jésus prient pendant qu'il regarde le malheureux; en effet ce n'est pas seulement la maîtrise qui sort de ces yeux si affligés, mais c'est aussi la ferveur d'une prière. Puis, vers la fin de l'altercation de Judas, Jésus ouvre ses bras qui étaient serrés contre son corps, mais il ne les ouvre pas pour toucher Judas, ni pour faire un geste vers lui, ou pour les lever vers le ciel. Il les ouvre horizontalement, en prenant la pose du Crucifié, là contre le bois sombre et le mur rougeâtre. C'est alors que dans la bouche de Judas se ralentissent les dernières paroles et que sort le "Ah" qui interrompt son discours.

Jésus reste comme il est, les bras ouverts, et regarde toujours l'apôtre de ce regard douloureux et priant. Judas, comme quelqu'un qui sort du délire, se passe la main sur le front, sur son visage en sueur... réfléchit et, se souvenant de tout, s'écroule par terre et je ne sais s'il pleure ou non. Certainement il s'affale par terre comme si les forces lui manquaient.

Jésus abaisse son regard et ses bras et, à voix basse mais distincte, lui dit :

"Eh bien ? Est-ce que je te hais ? Je pourrais te frapper du pied, t'écraser en te traitant de "ver", je pourrais te maudire, comme je t'ai délivré de la force qui te fait délirer. Tu l'as prise pour de la faiblesse mon impossibilité de te maudire. Oh ! ce n'est pas de la faiblesse ! C'est que je suis le Sauveur. Et le Sauveur ne peut maudire. Il peut sauver. Il veut sauver... Tu as dit : "Je suis la force. La force qui te hait et qui te vaincra". Moi aussi je suis la Force et même : je suis l’unique Force. Mais ma force n’est pas de la haine c'est de l'amour. Et l'amour ne hait pas et ne maudit pas, jamais. La Force pourrait triompher aussi dans les duels comme celui-ci entre toi et Moi, entre Satan qui est en toi et Moi, et t'enlever ton maître, pour toujours, comme je viens de le faire en devenant le signe qui sauve, le Tau que Lucifer ne peut voir. Il pourrait aussi remporter la victoire dans ces duels, comme il vaincra dans le combat prochain contre Israël incrédule et assassin, contre le monde et contre Satan vaincu par la Rédemption. Il pourrait même vaincre dans ces duels, comme il vaincra dans cette ultime bataille, lointaine pour celui qui compte les siècles, proche pour qui mesure le temps en le comparant à l'éternité.

Mais à quoi servirait-il de violer les règles parfaites de mon Père ? Serait-ce justice ? Serait-ce mérite ? Non. Il n'y aurait ni justice ni mérite. Pas de justice à l'égard des autres hommes coupables, auxquels ne serait pas enlevée la liberté de l'être, qui pourraient au dernier jour me demander le pourquoi de leur condamnation et me reprocher ma partialité à l'égard de toi seul. Ils seront des dizaines et des centaines de mille, septante fois des dizaines et des centaines de mille, ceux qui feront les mêmes péchés que toi et se livreront au démon par leur propre volonté, et qui offenseront Dieu, tortureront leurs pères et mères, et seront des assassins, des voleurs, des menteurs, des adultères, des luxurieux, des sacrilèges, et enfin des déicides, en tuant matériellement le Christ un jour prochain, en le tuant spirituellement dans leurs cœurs dans les temps futurs.

Et tous pourraient me le dire, quand je viendrai séparer les agneaux des boucs, pour bénir les premiers et pour maudire, alors oui, pour maudire les seconds, pour maudire car alors il n'y aura plus de rédemption, mais gloire ou condamnation, pour les maudire de nouveau après les avoir déjà maudits en particulier à leur mort et à leur jugement particulier.

En effet l'homme, tu le sais pour me l'avoir entendu dire des centaines et des milliers de fois, l'homme peut se sauver tant que dure sa vie, jusqu'à son dernier soupir. Il suffit d'un instant, d'un millième de minute, pour que tout soit dit entre l'âme et Dieu, pour qu'elle demande pardon et obtienne l'absolution... Tous, disais-je, pourraient me dire, tous ces damnés : "Pourquoi ne nous as-tu pas attachés au Bien, comme tu as fait pour Judas ?" Et ils auraient raison.

Car tout homme naît avec les mêmes choses naturelles et surnaturelles; un corps, une âme. Et alors que le corps, étant engendré par des hommes, peut être plus ou moins robuste, plus ou moins sain à sa naissance, l'âme, créée par Dieu, est pareille pour tous, douée des mêmes propriétés, des mêmes dons de Dieu. Entre l'âme de Jean, je parle du Baptiste, et la tienne, il n'y avait pas de différence quand elles furent infusées dans la chair. Et pourtant je te dis que même si la Grâce ne l'avait pas présanctifié, pour que le Héraut du Christ fût sans tache, comme il conviendrait que le fussent tous ceux qui m'annoncent, du moins pour ce qui regarde les péchés actuels, son âme aurait été, serait devenue bien différente de la tienne, ou plutôt la tienne serait devenue différente de la sienne.

En effet il aurait conservé son âme dans la fraîcheur de l'innocence, il l'aurait même ornée toujours plus de justice en secondant la volonté de Dieu qui désire que vous soyez justes, en développant les dons gratuits reçus avec une perfection toujours plus héroïque. Toi, au contraire... Tu as dévasté ton âme et dispersé les dons que Dieu lui avait faits. Qu'as-tu fait de ton libre arbitre ? De ton intelligence ? As-tu conservé à ton esprit la liberté qu'il possédait ? As-tu employé l'intelligence de ton esprit avec intelligence ? Non. // Tu ne veux pas m'obéir à Moi, je ne dis pas à Moi-Homme, mais même pas à Moi-Dieu, tu as obéi à Satan. // Tu t'es servi de l'intelligence de ta pensée et de la liberté de ton esprit pour comprendre les Ténèbres. Volontairement.
(...) (...)
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---> Judas aurait eu encore une petite excuse de ne pas obéir à un homme, même s'il se trouvait que cet Homme était Jésus Lui-même.

---> Mais il est clair qu'il n'en a pas la moindre, puisque Jésus doit même en venir à le stupéfier par toute puissance de sa Divinité, pour qu'enfin Judas cesse ses outrages et ses menaces terribles : donc, même à Dieu en Personne, il refuse d'obéir, car il ne lui vient aucun mouvement d'humilité devant sa Majesté. Au mieux, il ne peut qu'être mâté provisoirement, c'est tout.

---> La seule personne à qui Judas obéit désormais comme un chien servile, c'est Satan.

---> C'est précisément ce que Jésus vient de lui dire, sans que cela signifie le moins du monde qu'il y ait deux Personnes dans le Christ, une Divine et une Humaine !

---> Mais puisqu'il y a deux Volontés dans le Christ, il y a aussi deux "Moi", chacun muni d'une Volonté, et pourtant unis sans confusion ni division pour ne former qu'une seule Personne : ce qui est un Mystère. Cela dépasse l'entendement humain.

---> Quand ils le rencontrèrent, les premiers disciples du Christ ne savaient pas très bien encore qu'Il était le Dieu Incarné, et pourtant ils ont obéi à son ordre : "Viens, suis-Moi". Bien d'autres personnes Lui ont obéi de la même manière, en tant qu'Il était Homme. Mais pas Judas.

---> Par contre, ceux qui savaient qu'Il était Dieu Lui obéissaient avec d'autant plus de crainte, se prosternant à ses pieds, en exprimant leur foi en Lui avec un respect infini. Et certainement plus Judas.

---> Pour l'auteur, c'est un flop.

 

 

" (à Jacques d’Alphée : ) « Si le Jésus-Homme pleure avec toi, le Jésus-Verbe jubile pour toi. » (II, 60, 327)
 


---> Bien évidemment,"Jésus-Homme" et "Jésus-Verbe" ne désignent pas ici deux Personnes distinctes dans le Christ, mais les deux facettes de la même Personne Humano-Divine ayant deux Volontés, deux Intelligences, unis sans division ni confusion.

---> Commençons par une recontextualisation de cette citation :

EMV 95.1 – Jacques d’Alphée reçu parmi les disciples. Jésus prêche à côté du comptoir de Matthieu.
en rouge entre les // : la citation de DGC )

C'est un matin de marché à Capharnaüm. La place est pleine de marchands d'objets les plus disparates. Jésus qui arrive, venant du lac, voit venir à sa rencontre les cousins Jude et Jacques. Il se hâte vers eux et, après les avoir embrassés affectueusement, il demande avec empressement :

"Votre père ? Qu'en est-il ?" ( leur père Alphée est bloqué dans son opposition à Jésus, comme le reste de leur famille, ndt )

"Rien de nouveau qui intéresse sa vie" répond Jude.

"Et alors, pourquoi es-tu venu ? Je t'avais dit : reste."

Jude baisse la tête et se tait, mais celui qui explose, maintenant, c'est Jacques :

"C'est ma faute s'il ne t'a pas obéi. Oui, c'est ma faute. Mais je n'ai pu continuer de les supporter. Tous contre nous. Et pourquoi ? Est-ce que j'agis mal en t'aimant ? Le faisons-nous, peut-être ? Jusqu'à présent j'étais retenu par le scrupule de mal faire. Mais maintenant que je sais, maintenant que tu m'as dit que même au-dessus du père, il y a Dieu, alors je n'ai pu continuer de supporter. Oh ! j'ai essayé d'être respectueux, de faire entendre raison, de redresser les idées. J'ai dit : "Pourquoi me combattez-vous ? Si c'est le Prophète, si c'est le Messie, pourquoi voulez-vous que le monde dise : ‘Sa famille lui fut hostile. Au milieu d'un monde qui Le suivait, elle seule devait-elle manquer' ? Pourquoi, si c'est le malheureux que vous dites, ne devons-nous pas, nous de la famille, l'assister dans sa démence pour empêcher qu'elle ne soit pas nuisible pour Lui, et pour nous ?"

O Jésus, je parlais ainsi pour raisonner humainement comme eux raisonnent. Mais tu sais bien que Jude et moi, nous ne te croyons pas fou. Tu sais bien que nous voyons en Toi le Saint de Dieu. Tu sais que toujours nous t'avons regardé comme notre Grande Étoile. Mais, ils n'ont pas voulu nous comprendre et ils n'ont pas voulu même nous écouter. Et je suis parti. Mis en demeure de choisir : Jésus ou la famille, c'est Toi que j'ai choisi. Me voici, si du moins, tu me veux. Si après cela tu ne veux pas, alors je serai le plus malheureux des hommes parce que je n'aurai plus rien. Plus d'amitié de ta part et plus d'amour du côté de la famille."

"Nous en sommes là ? O mon Jacques, mon pauvre Jacques ! Je n'aurais pas voulu te voir souffrir ainsi, car je t'aime. // Mais si le Jésus-Homme pleure avec toi, le Jésus-Verbe jubile pour toi. // Viens. Je suis certain que la joie de porter Dieu parmi les hommes augmentera d'heure en heure jusqu'à atteindre la pleine extase, à la dernière heure de la terre et à l'heure éternelle du Ciel."

Jésus se retourne et appelle ses disciples qui s'étaient arrêtés par délicatesse quelques mètres plus loin.

"Venez, amis. Mon cousin Jacques fait maintenant partie de mes amis et par conséquent il est aussi le vôtre. Oh ! comme j'ai désiré cette heure, ce jour pour lui, mon parfait ami d'enfance, celui qui fut mon frère pendant notre jeunesse !"

Les disciples font fête au nouveau venu et à Jude qu'ils ne voyaient plus depuis quelques jours.
(...)
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---> Exemples similaires :

1 ) En tant qu’Homme, Jésus pleurait son ami Lazare, et simultanément - sans que cela soit contradictoire - Il se réjouissait en sa Divinité de n’avoir pas été là, afin que la gloire de son Père éclate au grand jour à la vue du miracle d’un mort de quatre jours sortant vivant du tombeau.

2 ) En tant qu'Homme, Jésus souffrait un martyr anticipé à la pensée de devoir faire souffrir sa Mère Innocente et Toute Pure ; et cependant, en tant que Dieu, sa joie était infinie d’accomplir bientôt par sa Croix le salut de l’humanité entière, et de permettre à Marie de subir avec Lui le martyr.

3 ) Et ici dans ce passage, Jésus est vraiment capable de compatir en tant qu’Homme aux souffrances qu’endurent ses cousins Jacques et Jude, rejetés par les leurs qui Le haïssent, car Lui-même endure ce rejet depuis sa venue au monde : et en ce sens, Il ne minimise pas les larmes de ses chers cousins, mais s’attriste sincèrement avec eux, par compassion humaine ; mais en tant que Dieu, Il les invite à jubiler avec Lui, car ce rejet provoque leur départ à sa suite, parmi ses plus proches amis.

---> La critique de l'auteur fait à nouveau un flop.
 

 

 

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