Commentaires sur les commentaires de Sandra Miesel concernant Maria Valtorta

"Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, alors qu’au-dedans ce sont des loups voraces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez." ( Matthieu 7,15 )

Contexte

En septembre 2021, l’auteure Sandra Miesel a publié un article en ligne dans The Catholic World Report au sujet du principal ouvrage de Maria Valtorta, Le Poème de l’Homme-Dieu. Le ton de cet article était fortement émotionnel et très critique à l’égard du livre.
L’analyse des commentaires de Mme Miesel présentée ici montre que ses déclarations passionnées ne reposent sur aucun élément solide. Au contraire, elles s’accompagnent d’un grand nombre d’erreurs. Cela prouve clairement le manque de recherches sérieuses de la part de Mme Miesel. Certaines de ces erreurs ont d’ailleurs été signalées par des lecteurs de son article, et apparaissent en ligne à la fin de celui-ci. Pourtant, certaines personnes continuent de donner du crédit à ses propos.
L’objectif ici est de mettre un terme à cette perception.

 

L’audience papale

Le manque de logique et de recherche de Mme Miesel est évident dès le début de son article. Elle affirme qu’en avril 1947, un exemplaire relié du livre de Valtorta a été envoyé au pape Pie XII par l’intermédiaire de son confesseur. Or, comme Valtorta n’avait pas d’éditeur avant 1952, il n’existait aucun exemplaire relié à l’époque de l’audience papale. Ce que Pie XII a reçu, c’est un jeu de pages dactylographiées, non reliées, sur un papier très fin pour qu’elles puissent lui être remises en main propre sans être trop lourdes.
Le confesseur papal de l’époque était Mgr Augustin Bea. Mais Bea n’avait pas vu la copie reçue par le pape : en janvier 1952, il a écrit une lettre pour demander à en recevoir un exemplaire, n’ayant vu que quelques pages. Le livre a été remis au pape par Mgr Francesco Norese, responsable du courrier pontifical. Ami du Père Corrado Berti, Norese a contourné la poste romaine en apportant lui-même les pages au bureau du pape. Il les a simplement déposées sur le bureau, sans commentaire, puis vérifiait chaque jour l’avancement de la lecture grâce au marque-page utilisé par Pie XII.

Ignorant ce fait élémentaire, Mme Miesel discute ensuite de la quantité du livre que Pie XII aurait lue, affirmant qu’elle pense que le pape ne l’a probablement pas lu en entier. Or l’éditeur italien du livre affirme directement que le pape n’en a lu qu’une partie. Mgr Norese observait le marque-page et, lorsqu’il estima que le pape avait avancé suffisamment, il suggéra une audience. Ce point est bien documenté par l’éditeur ; l’ignorance de Mme Miesel montre son absence de recherches élémentaires.

Mme Miesel discute ensuite de la question de savoir si le pape a délivré un imprimatur. Encore une fois, cela montre un manque de recherches basiques. L’éditeur italien du livre affirme clairement que le pape demanda à ses assistants d’obtenir un imprimatur auprès de l’Ordre des Servites, car il ne souhaitait pas le faire lui-même. Mais le Saint-Office empêcha les autorités servites de le délivrer. Là encore, Mme Miesel ignore des faits essentiels qui auraient pu soutenir son propos.

 

Manque de recherche élémentaire

Ce manque de recherches sérieuses se retrouve pratiquement à chaque paragraphe de l’article de Mme Miesel. Par exemple, elle affirme que le livre a été publié par l’éditeur Emilio Pisani. Or, en 1956, année de la publication, Emilio Pisani (né en 1935) était encore étudiant en droit. Le livre fut publié par son père, Michele Pisani (1896–1965), qui signa un contrat avec Valtorta en 1952. Comment Mme Miesel a-t-elle pu passer à côté d’un fait aussi basique ?

Ensuite, Mme Miesel exprime une grande admiration pour la façon dont le cardinal Alfredo Ottaviani gérait le Saint-Office à l’époque, tout en accusant Valtorta d’antisémitisme. Cela soulève la question : pourquoi, après trois ans d’analyse, le cardinal Ottaviani décida-t-il qu’il n’y avait rien de répréhensible dans Mein Kampf, refusant de le mettre à l’Index car il s’agissait de l’œuvre d’un chef d’État ? Ce fait ne fut révélé qu’en 1992, quand des chercheurs de l’université de Münster eurent accès aux Archives secrètes du Vatican, comme le documente le numéro du 7 février 2005 du magazine America. Manifestement, Mme Miesel n’est pas abonnée à ce magazine. Elle devrait le devenir.

Le manque flagrant de recherche se manifeste aussi dans ses critiques de Valtorta au motif que ses écrits contrediraient ceux d’Anne-Catherine Emmerich. Mme Miesel suppose implicitement que les écrits attribués à Emmerich ont « une certaine valeur » car celle-ci est en voie de canonisation. Visiblement, Mme Miesel n’a pas lu le L’Osservatore Romano du 7 octobre 2004. Elle aurait intérêt à le faire plus souvent. Pour faire court, dès 1923, le Père Winfried Hümpfner a découvert que Clemens Brentano avait largement inventé le contenu qu’il attribuait à Emmerich, celle-ci ne sachant ni lire ni écrire. L’analyse des archives de Brentano après sa mort a confirmé ces fabrications.

Dans un article du 7 octobre 2004 de L’Osservatore Romano, le cardinal José Saraiva Martins, de la Congrégation pour les causes des saints, déclara explicitement que le livre attribué à Emmerich était une « fantaisie artistique » de Brentano. L’article parut quatre jours après la béatification d’Emmerich, et 81 ans après les premières preuves de la supercherie. Par conséquent, Valtorta ne contredit pas Emmerich, mais Brentano — et comme Brentano était un faussaire, la contradiction n’a aucune importance.

 

Une méconnaissance flagrante de l’œuvre de Valtorta

Une des affirmations les plus risibles de Mme Miesel est de prétendre que les connaissances géographiques de Valtorta sur la Palestine du Ier siècle pouvaient provenir de cartes et d’aides disponibles dans les Bibles catholiques. Une première question s’impose : quel était le « niveau des cartes » pour la Palestine au moment où Valtorta a écrit son livre ? Et même quelques années après sa mort ? La réponse est bien connue : The Macmillan Bible Atlas, publié pour la première fois en 1968, soit sept ans après la mort de Valtorta.

 

Autre question : Mme Miesel a-t-elle lu le travail de David Webster (2004) sur la géographie chez Valtorta ?
 

Visiblement non. Webster a analysé 250 lieux mentionnés dans l’œuvre et démontré que 62 n’apparaissent pas dans le Macmillan Atlas et que 52 ne figurent même pas dans la Bible. Son article est disponible en ligne.

Outre Webster, deux ouvrages importants existaient au moment où Mme Miesel rédigea son article : celui de Hans Hopfen (100 pages, dernière version en italien en 2003) et celui de Jean-François Lavère (400 pages, publié en 2017), fruit de 20 ans de recherches. Lavère dépasse largement Webster et Hopfen. Mais l’ouvrage est en français. La connaissance du français de Mme Miesel est-elle comparable à sa connaissance de l’italien ? Elle seule connaît la réponse. David Webster a passé six ans sur la géographie de Valtorta. Mme Miesel y a-t-elle consacré six mois ? Ou six semaines ? Elle connaît la réponse.

On peut excuser Mme Miesel d’ignorer Hidden Geographies (2021) publié la même année que son article. Un chapitre signé Gianfranco Battisti, professeur de géographie à l’université de Trieste, y analyse la précision des descriptions topographiques de Valtorta. Battisti affirme avoir été impressionné par environ 500 descriptions précises dans Le Poème. Mais ignorer Battisti ne change rien : la recherche de Mme Miesel sur Valtorta reste de quatrième zone, au mieux.

 

Ensuite vient la question de l’archéologie : que sait Mme Miesel de Jizréel ?

Combien de tours Jizréel possède-t-elle dans l’œuvre de Valtorta ? Dans la section 477 du Poème (section 479 de la nouvelle édition), datée d’août 1946, Valtorta décrit cinq tours : quatre « énormes tours d’angle » et la tour centrale bien connue. Mme Miesel s’est-elle demandé si cela correspondait à la réalité ? Une simple recherche aurait montré qu’avant 1982, les archéologues pensaient que Jizréel n’avait qu’une seule tour centrale. La seule à évoquer les tours d’angle était Valtorta. Les autorités israéliennes, ignorant son œuvre, délivrèrent un permis de construire près du site. Un bulldozer mit au jour une des tours d’angle ; dans les années 1990, Ussishkin et Woodhead confirmèrent l’existence des quatre « tours monumentales » d’angle et du mur défensif bas, situé à environ dix mètres de la tour centrale, exactement comme Valtorta l’avait décrit. Personne, sauf Valtorta, ne savait cela avant les années 1990.

 

Accusations sans fondement

 

Mme Miesel accumule les accusations non étayées. Par exemple, elle prétend que l’ouvrage de Valtorta intégrerait du matériel légendaire provenant de textes médiévaux, sans en donner un seul exemple. De plus, comment prouve-t-elle que ces textes médiévaux seraient erronés ? Que certains éléments soient inexacts est probable, mais tous ? Sans preuve, son accusation est infondée.

Elle avance aussi que Valtorta décrit Simon-Pierre comme étant de petite taille. A-t-on une preuve de la taille de Pierre ? Aucune. Zéro. Donc accuser Valtorta d’avoir écrit que Pierre était grand ou petit n’a aucun sens. Elle affirme aussi que Valtorta nie que Simon soit le cousin de Jésus. Or, dans Le Poème, Jésus a bien un cousin nommé Simon, mais ce n’est pas Simon le Zélote. Avons-nous la preuve du contraire ? Non. Donc aucune raison de reprocher à Valtorta cette affirmation.

Enfin, elle critique le fait que Judas soit davantage mentionné que les autres apôtres. Or la section 648 du Poème (652 dans la dernière édition) explique clairement pourquoi : Judas illustre comment quelqu’un connaissant parfaitement la Loi peut chuter par faiblesse personnelle, là où des pêcheurs sans instruction spirituelle réussissent par leur droiture.

 

Ignorance manifeste

Autre erreur flagrante : la question linguistique. 

Mme Miesel critique l’usage du mot Jehovah dans la version anglaise du Poème. En tant que médiéviste, elle rappelle que le mot n’apparaît qu’au Moyen Âge en anglais, et conclut que l’œuvre de Valtorta ne peut donc avoir d’origine surnaturelle. Deux questions élémentaires qu’elle aurait dû se poser : Valtorta a-t-elle écrit en anglais ou en italien ? Parlait-elle anglais ? Réponse : elle écrivait en italien et, dans son Cahier du 16 juillet 1945, elle précise qu’elle ne parlait pas anglais.

En italien, les lettres J, K, W, X et Y n’existent pas. On écrit Geova, pas Jehovah. Le terme Yaweh n’apparaît jamais dans le texte original de Valtorta. Dans la traduction anglaise, deux traducteurs se sont succédé et ont parfois utilisé des mots différents pour Signore ou Dio. C’est donc une critique sur la traduction, pas sur Valtorta.

 

Et l’astronomie ?

Enfin, l’une des omissions majeures de Mme Miesel est de ne jamais mentionner l’astronomie. Le physicien Lonnie Lee Van Zandt a remarqué que les trois planètes décrites dans la section 357 apparaissent ensemble seulement tous les quelques décennies. Comme la scène se déroule à Gadara un dimanche soir, il a pu calculer la date de l’épisode : un calcul impossible sans ordinateur, sauf à y avoir assisté il y a 2 000 ans. Le physicien Liberato De Caro a poussé plus loin ces recherches astronomiques et en a conclu que seul un témoin direct aurait pu produire ces descriptions. Sur ce point, Mme Miesel n’a évidemment rien à dire : elle l’ignore purement et simplement.

 

Conclusion évidente

Nous avons relevé de nombreuses erreurs dans l’article de Mme Miesel — et encore, il y en a bien d’autres. L’affirmation la plus incroyable de Mme Miesel est sans doute qu’on ne peut l’accuser d’ignorance parce qu’elle a lu Le Poème — probablement une seule fois. Or, ceux qui l’ont étudié sérieusement estiment qu’il faut au moins cinq ou six lectures pour en saisir l’essentiel.

 

En fin de compte, l’ironie est manifeste :

il y a plus d’erreurs dans l’article de quatre pages de Mme Miesel que dans le livre de 4 000 pages de Valtorta.
Il n’y a rien d’autre à ajouter.

 

 

 

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