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Du docétisme dans l'EMV ?

"Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, alors qu’au-dedans ce sont des loups voraces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez." ( Matthieu 7,15 )

" Cela se complique… "
 

---> Oui effectivement, cela se complique... Pour qui ? pour DGC. En effet, commençons ici par un petit résumé de ses précédents "succès" dans les chapitres précédents :

Flop, flop, flop, flop,
flop, flop, flop, flop,
flop, flop, flop, flop,
flop, flop, flop, flop.

En bref : c'est un flop complet. Et cela continue.
 

 

" …lorsqu’il s’agit pour Jésus d’expliquer les nuances qu’implique sa double nature. Ce que la théologie appelle communication des idiomes, et qui permet, en vertu de l’Incarnation, d’attribuer certaines actions à la nature humaine et d’autres à la nature divine de Jésus, est fréquemment illustré, mais le plus souvent dans des formules fortement dualistes. "

" Par exemple :
« Je trouvais ici, parmi vous, assez pour consoler l'Homme de toutes ses amertumes d’homme. À Nazareth, c’était le Dieu qui se consolait auprès de l’Unique délice de Dieu. Ici, c’était l'Homme." (IX, 6, 29).
 

---> Jésus n'emploie pas ici de formules qui soient davantage dualistes que celles qu'emploie saint Ephrem lorsqu'il exprime ainsi cette fameuse "communication des idiomes" :

"Comme un homme, Il crie : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?", et comme Dieu Il demande : "Père, pardonne-leur."
"S'Il n'était pas chair, comment pourrait-Il être suspendu en croix entre les larrons ? Et s'Il n'était pas Dieu, comment pourrait-Il dire à l'un d'eux : "Aujourd'hui, tu seras avec Moi dans le Paradis" ?
"S'étant fait chair, les apôtres Le voient dans la chambre haute, et comme Dieu, Il y entre toutes portes closes. Il mange comme un homme sur la rive du lac de Tibériade. et s'Il n'était pas Dieu, sur quel ordre le filet se trouverait-il rempli de poissons ?"

---> Puisque Jésus a réellement deux Natures, Il a donc deux Volontés, Il agit de deux manières, d'une part en tant qu'Homme ( par exemple : lorsqu'Il mange ) et d'autre part en tant que Dieu ( par exemple : lorsqu'Il opère un miracle ), et de même, Il a deux façons d'être consolé ou de refuser d'être consolé : l'une concernant son Humanité ( par exemple : lorsqu'Il ne se marie pas, ou qu'Il endure l'horrible souffrance physique de la crucifixion ), et l'autre concernant sa Divinité ( par exemple : lorsqu'Il s'incarne, refusant d'être traité comme l'égal de Dieu cf. Phil 2,6-8 )

---> Bien sûr, toutes ses Volontés, actions, consolations ou absences de consolation, sont unies dans sa seule Personne, mais sans confusion cependant.

---> Depuis l'éternité, Dieu connait parfaitement d'avance toutes choses au sujet de l'humanité pécheresse qu'Il va créer, et Il en trouve sa pleine et entière consolation dans la pensée de Marie, qui sera sa seule et unique créature immaculée, son Paradis au Ciel et sur la terre : ainsi, tout comme de toute éternité, Marie est la consolation du Verbe.

---> Mais en tant qu'Homme véritable, Jésus ressentait réellement aussi le besoin d'être consolé de cet exil par de vraies amitiés humaines - quand un "sur-homme" aurait peut-être très bien pu s'en passer -.

---> Si tel n'était pas le cas, alors il faudrait prétendre que le Christ ne s'était trouvé des amis terrestres que pour un motif purement fonctionnel, sans donner au terme "ami" son sens commun, c'est-à-dire désignant des êtres capables de vous consoler par leur présence et leur attitude favorable, bref : par leur amour.

---> Mais alors, ce serait un non-sens de penser que Jésus aimait réellement ses amis, et tout particulièrement saint Jean qui n'aurait été qu'en figure seulement "le disciple que Jésus aimait". Car l'amour n'a rien qui soit purement fonctionnel, il est gratuit, et implique une dépendance affective mutuelle.

---> C'est exactement ce que Jésus exprime dans ce passage, restitué ici dans son intégralité :

EMV 587.6 : Jésus parle en privé à Lazare, pour lui annoncer sa prochaine mort, et de quel genre elle sera.
( en rouge entre les // : la citation de DGC )

(…) (...)
– ( Lazare ) "Oh ! Maître ! Tu pleures ? Je sais que tu as pleuré aussi devant mon tombeau parce que tu m’aimais. Mais maintenant… Tu pleures de nouveau. Tu es glacé. Tu as les mains froides comme celles d’un cadavre. Tu souffres… Tu souffres trop !

– Je suis homme, Lazare, je ne suis pas seulement Dieu. De l’homme, j’ai la sensibilité et les affections. Et mon âme s’angoisse quand je pense à ma Mère… Je t’assure même que j’éprouve une torture monstrueuse de subir la proximité du traître, la haine satanique de tout un monde, la surdité de ceux qui, même sans haïr, ne savent pas aimer activement : aimer activement, c’est arriver à être tel que la personne aimée le désire et l’enseigne, or je vois le contraire ! Oui, beaucoup m’aiment. Mais ils sont restés eux-mêmes. Ils n’ont pas changé par amour pour moi. Sais-tu qui, parmi mes plus intimes, a su modifier sa nature pour appartenir au Christ, comme le Christ le veut ? Une seule personne : ta sœur Marie. Elle est partie d’une animalité complète et pervertie pour atteindre une spiritualité angélique. Et cela par l’unique force de son amour.

– Tu l’as rachetée.

– Je les ai tous rachetés par la parole. Mais elle seule s’est changée totalement par activité d’amour. Mais je disais que la souffrance qui me vient de tout cela est si monstrueuse que je n’aspire qu’au moment où tout sera accompli. Mes forces fléchissent… La croix sera moins lourde que cette torture de l’esprit et du sentiment…

– La croix ? ! Non ! Oh ! non ! C’est trop atroce ! C’est trop infamant ! Non ! »

Lazare, qui tenait depuis un moment les mains glacées de Jésus dans les siennes, debout en face de son Maître, les lâche. Il s’affaisse sur le banc de pierre qui se trouve près de lui, cache son visage dans ses mains, et pleure désespérément.
Jésus s’approche de lui, pose la main sur ses épaules secouées par les sanglots, et dit :

« Eh quoi ? C’est à moi — qui meurs — de te consoler, toi qui vis ? Mon ami, j’ai besoin de force et d’aide. C’est ce que je te demande. Je n’ai que toi qui puisses m’en donner. Les autres… il vaut mieux qu’ils ignorent tout, car s’ils savaient… il coulerait du sang. Or je ne veux pas que les agneaux deviennent des loups, même par amour pour l’Innocent.

Ma Mère… ah ! comme j’ai le cœur transpercé de parler d’elle !… Ma Mère est déjà tellement angoissée ! Elle aussi est une mourante exsangue… Voilà trente-trois ans qu’elle meurt, elle aussi. Aujourd’hui, elle n’est qu’une plaie, elle est la victime d’un atroce supplice. Je te jure que cela a été un combat entre mon esprit et mon cœur, entre l’amour et la raison, lorsqu’il m’a fallu décider s’il était juste de l’éloigner, de la renvoyer chez elle, où elle ne cesse de rêver à l’Amour qui l’a rendue Mère, où elle goûte la saveur de son baiser de feu, tressaille dans l’extase de ce souvenir, et ne cesse de revoir, avec les yeux de son âme, souffler l’air frappé et remué par la lueur angélique.

En Galilée, la nouvelle de ma mort arrivera presque au moment où je pourrai lui dire : “ Mère, je suis le Victorieux ! ” Mais je ne puis pas, non, je ne puis pas faire cela. Le pauvre Jésus, chargé des péchés du monde, a besoin d’un réconfort, et ma Mère me l’offrira. Le monde encore plus pauvre a besoin de deux victimes. Parce que l’homme a péché avec la femme, la Femme doit racheter, comme l’Homme rachète. Mais tant que l’heure n’aura pas sonné, je montre à ma Mère un sourire plein d’assurance… Elle tremble… Je le sais. Elle sent que la Torture s’approche. Je le sais. Et elle la repousse par un dégoût naturel et par un saint amour, comme moi je repousse la mort parce que je suis un “ vivant ” qui doit mourir. Mais malheur, si elle apprenait que dans cinq jours… Elle n’arriverait pas vivante à cette heure, or je la veux vivante pour tirer de ses lèvres la force, comme j’ai tiré la vie de son sein. Et Dieu veut qu’elle soit présente au Calvaire pour mêler l’eau de ses larmes virginales au vin du sang divin et célébrer la première messe.

Sais-tu ce que sera la messe ? Non, tu l’ignores, tu ne peux pas le savoir. Ce sera ma mort appliquée perpétuellement au genre humain vivant ou souffrant. Ne pleure pas, Lazare. Elle est forte. Elle ne pleure pas. Elle a pleuré pendant toute sa vie de Mère. Maintenant, elle ne pleure plus. Elle a crucifié un sourire sur son visage… As-tu vu quelle figure elle fait, ces derniers temps ? Elle a crucifié un sourire sur son visage pour me réconforter. Je te demande d’imiter ma Mère. Je ne pouvais plus garder pour moi seul mon secret. J’ai regardé autour de moi à la recherche d’un ami sincère et sûr. J’ai rencontré ton regard loyal. J’ai dit : “ A Lazare. ” Quand tu avais un poids sur le cœur, j’ai respecté ton secret, et je l’ai défendu contre la curiosité, même naturelle, du cœur. Je te demande le même respect pour le mien. Plus tard… après ma mort, tu en parleras. Tu raconteras cet entretien, pour que l’on sache que Jésus est allé consciemment à la mort, et à des tortures connues, et aussi qu’il n’avait rien ignoré, ni des personnes ni de son destin. Pour que l’on sache que, alors qu’il pouvait encore se sauver, il s’y est refusé, car son amour infini pour les hommes ne brûlait que de consommer son sacrifice pour eux.

– Ah ! sauve-toi, Maître ! Sauve-toi ! Je peux t’aider à t’enfuir, cette nuit même. Tu as déjà fui en Egypte, autrefois ! Fuis de même aujourd’hui. Viens, partons ! Prenons avec nous ta Mère et mes sœurs, et partons. Aucune de mes richesses ne me retient, tu le sais. Ma richesse comme celle de Marie et de Marthe, c’est toi. Partons !

 Lazare, j’ai fui autrefois car l’heure n’était pas encore venue. Maintenant, elle est venue. C’est pourquoi je reste.

– Alors, je viens avec toi. Je ne te quitte pas.

– Non. Tu restes ici. Puisqu’il est permis de consommer l’agneau chez soi, si l’on habite à la distance autorisée pour le Sabbat, tu consommeras ici ton agneau, comme tu le fais toujours. Pourtant, laisse venir tes sœurs… A cause de Maman… Ah ! que te cachaient, ô Martyr, les roses de l’Amour divin ! L’abîme ! L’abîme ! Et de là, maintenant s’élèvent et s’élancent les flammes de la Haine pour te mordre le cœur ! Tes sœurs, oui. Elles sont courageuses et actives… et Maman, penchée sur ma dépouille, vivra une agonie. Jean ne suffit pas. Jean est l’amour, mais il manque encore de maturité. Certes, le déchirement de ces prochains jours va le faire mûrir et devenir un homme. Mais la Femme a besoin de femmes pour ses terribles blessures. Me les donnes-tu ?

– Je t’ai toujours tout donné, absolument tout, avec joie, et je souffrais seulement que tu me demandes si peu !

– Tu le vois : de nul autre que de mes amis de Béthanie je n’ai tant accepté. Cela a été plus d’une fois un motif d’accusation de l’injuste contre moi. Mais // je trouvais ici, parmi vous, assez pour consoler l’Homme de toutes ses amertumes d’homme. À Nazareth, c’était le Dieu qui se consolait auprès de l’unique Délice de Dieu. Ici, c’était l’Homme. // Et, avant d’aller à la mort, je te remercie, mon ami fidèle, affectueux, gentil, empressé, réservé, savant, discret et généreux. Je te remercie de tout. Mon Père, plus tard, t’en récompensera… »
(...) (...)
 


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---> Non seulement donc ses amis de Béthanie consolent l’Humanité souffrante de Jésus, mais doublement : en Lui assurant aussi qu’ils seront là pour consoler la Reine des martyrs lors de sa Passion.

---> DGC imagine donc ici un problème qui en réalité n'existe pas, puisque précisément, la communication des idiomes qui permet, en vertu de l’Incarnation, d’attribuer certaines actions à la nature humaine du Christ et d’autres à sa nature divine, entraine naturellement une certaine forme de dualité de langage, ce qui permet par exemple à saint Ephrem de dire :

« Jésus est le Fils unique du Père et le fils unique de Marie. Ses miracles enseignent qu’Il est Dieu véritable et ses souffrances révèlent qu’Il est Homme véritable ».

---> Faut-il donc en conclure que saint Éphrem devrait être critiqué pour le dualisme de ses formules parlant des deux Natures du Christ ? Nous en laisserons l’entière responsabilité à l'auteur.

 

 

" La double nature de « Jésus » ne se laisse pas représenter dans l’unité de la personne, mais dans une sorte de division. Les quatre citations suivantes se trouvent sur les lèvres de « Jésus »: « Je vous bénis tous au nom du Dieu Un et Trin et au nom du Verbe qui s’est incarné afin d’être le salut pour les hommes de bonne volonté » (VIII, 41, 357) "

 

---> Vraiment, on a ici l'impression que l'auteur ne sait plus très bien quoi se mettre sous la dent, et qu'il cite des choses un peu au hasard, en espérant que cela puisse marcher sur un malentendu à servir sa cause... Mais c'est peine perdue.

---> Une petite "leçon pour les nuls" s'impose ici sur le Credo et l'Evangile, adressée à DGC :

« Je crois en Dieu, le Père Tout Puissant, Créateur du ciel et de la terre, et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur (…) » ( Crédo de Nicée-Constantinople )
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Jean 1,1)
« Croyez en Dieu, croyez aussi en Moi » ( Jean 14,1)

---> Ce qui dérange ici DGC, et qu'il va nous opposer, c'est que Jésus bénisse au nom du Dieu Un et Trine ( d'une part ), et au nom du Verbe incarné ( d'autre part ), ce qui implique de considérer séparément la Trinité et Jésus, alors que Celui-ci est le Verbe, l'Une des trois Hypostases.

---> Sauf que c'est précisément ce qu'on retrouve dans le Crédo de saint Athanase, considérant d'abord la foi en la sainte Trinité, puis celle en Jésus le Verbe Incarné, comme lors de cette bénédiction du Christ dans l'EMV :

(...)
Voici quelle est la foi catholique :

Vénérer un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’unité,

sans confondre les personnes et sans diviser la substance.

La personne du Père est une, celle du Fils est une, celle du Saint-Esprit est une;

mais le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne forment qu’un seul Dieu.
Ils ont une gloire égale et une majesté coéternelle.

Tel est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint-Esprit.

Le Père est incréé, le Fils est incréé, le Saint-Esprit est incréé.

etc. etc.

(...) (...)

de sorte qu’en tout, comme il a été dit déjà,
on doit adorer l’unité dans la Trinité et la Trinité dans l’unité.

Celui donc qui veut être sauvé doit avoir cette croyance de la Trinité.

Mais il est encore nécessaire pour le salut éternel
de croire fidèlement l’incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ.

La foi exacte consiste donc à croire et à confesser
que notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme.

etc. etc.

(...) (...)

---> Qui oserait accuser saint Athanase, le pourfendeur de l'hérésie arienne, d'un quelconque dualisme malvenu dans les formulations de son Credo ?

---> Au lieu donc d'une formulation "pas très orthodoxe", il s'avère que l'EMV rejoint complètement les formulations théologiques du Credo de Nicée, de l'Evangile selon saint Jean, et du Credo de saint Athanase.

---> Mais on ne peut manquer cette occasion de se pencher sur ce nouveau passage de l'oeuvre, tellement saisissant, où l'on voit quatre scribes convertis venir secrètement avertir Jésus de ce qu'Il sait déjà : la trahison de son apôtre Judas.

---> Jésus leur fait alors la poignante révélation du sort qui sera réservé à sa Patrie ayant rejeté et tué le Sauveur du monde : un sort terrible, une complète désolation, qui durera toujours !

EMV 580.4 - Délation de Judas et prophéties sur Israël. Miracles sur la route de Jéricho à Béthanie.
En rouge entre les // : la citation de DGC )

(...) (...)

( Jésus à Joël d'AbiaJudas de Béteron, Eliel et Elcana, venus douloureusement Le prévenir au sujet de Judas Iscariote, ndt )

– Ma malheureuse, malheureuse Patrie ! Malheureuse terre qui connaîtra le châtiment de Dieu ! Malheureux habitants et enfants que maintenant je bénis et que je voudrais sauver et qui, bien qu'innocents, connaîtront, une fois adultes, la morsure du plus grand malheur. Regardez-la votre terre florissante, belle, verte et fleurie comme un merveilleux tapis, fertile comme un Eden... Imprimez-vous-en la beauté dans le cœur, et puis... quand je serai retourné là d'où je suis venu... fuyez. Fuyez tant qu'il vous sera possible de le faire, avant que, comme un rapace d'enfer, la désolation de la ruine se répande ici et abatte et détruise et rende stérile et brûle, plus qu'à Gomorrhe, plus qu'à Sodome... Oui, plus que là où il n'y eut qu'une mort rapide. Ici... Joël, te rappelles-tu Sabéa ? Elle a prophétisé une dernière fois l'avenir du Peuple de Dieu qui n'a pas voulu du Fils de Dieu."

Les quatre sont tout abasourdis. La peur de l'avenir les rend muets. Enfin Éliel parle

"Tu nous conseilles ?..."

"Oui. Partez. Il n'y aura plus rien ici qui vaille la peine de retenir les fils du peuple d'Abraham. Et d'ailleurs, vous spécialement, les notables, on ne vous laissera pas sur place... Les puissants, faits prisonniers, embellissent le triomphe du vainqueur. Le Temple nouveau et immortel emplira de lui-même la Terre et tout homme qui me cherche me possédera car je serai partout où un cœur m'aime. Allez. Éloignez vos femmes, vos enfants, les vieux... Vous m'offrez salut et aide. Je vous conseille de vous sauver, et je vous aide par ce conseil... Ne le méprisez pas."

"Mais désormais... en quoi Rome peut-elle nous nuire davantage ? Ils sont nos maîtres. Et si sa loi est dure, il est vrai aussi que Rome a reconstruit les maisons et les villes et..."

"En vérité, sachez-le, en vérité pas une seule pierre de Jérusalem ne demeurera intacte. Le feu, les béliers, les frondes et les javelots mettront par terre, saccageront, bouleverseront toutes les maisons, et la Cité sacrée deviendra une caverne, et pas elle seule... Une caverne, cette Patrie qui est la nôtre.

Pâturages d'onagres et de lamies, comme disent les prophètes [10], et non pas pour une ou plusieurs années, ou pour des siècles, mais pour toujours. Désert, terres brûlées, stérilité... Voilà le sort de ces terres ! Champ de querelles, lieu de torture, rêve de reconstruction toujours détruit par une condamnation inexorable, tentatives de résurrection éteintes à leur naissance. Le sort de la Terre qui a repoussé le Sauveur et a voulu une rosée qui est feu sur les coupables."

"Il n'y aura donc plus... jamais plus un royaume d'Israël ? Nous ne serons jamais plus ce que nous rêvions ?" demandent d'une voix angoissée les trois notables juifs.

Le scribe Joël pleure...

"Avez-vous jamais observé un vieil arbre dont la moelle est détruite par la maladie ? Pendant des années, il végète péniblement, si péniblement qu'il ne donne ni fleurs ni fruits. Seulement quelques rares feuilles sur les branches épuisées indiquent qu'il monte un peu de sève... Puis, un mois d'avril, le voilà qui fleurit miraculeusement et se couvre de feuilles nombreuses. Le maître s'en réjouit, lui qui pendant tant d'années l'a soigné sans avoir de fruits. Il se réjouit en pensant que l'arbre est guéri et redevient luxuriant après tant d'épuisement... Oh ! tromperie ! Après une explosion si exubérante de vie, voilà la mort subite. Les fleurs tombent et les feuilles et les petits fruits qui semblaient déjà se nouer sur les branches et promettre une récolte copieuse, et avec un bruit inattendu, l'arbre, pourri à la base, s'effondre sur le sol. Ainsi fera Israël. Après avoir pendant des siècles végété sans donner de fruits, dispersé, il se rassemblera sur le vieux tronc et aura une apparence de reconstruction. Finalement réuni le Peuple dispersé. Réuni et pardonné. Oui. Dieu attendra cette heure pour arrêter le cours des siècles. Il n'y aura plus de siècles alors, mais l'éternité. Bienheureux ceux qui, pardonnes, formeront la floraison fugace du dernier Israël, devenu, après tant de siècles, le domaine du Christ, et qui mourront rachetés, en même temps que tous les peuples de la Terre, bienheureux avec eux ceux qui, parmi eux, auront non seulement connu mon existence, mais embrassé ma Loi, comme une loi de salut et de vie.

J'entends les voix de mes apôtres. Partez avant qu'ils n'arrivent..."

"Ce n'est pas par lâcheté, Seigneur, que nous cherchons à rester inconnus, mais pour te servir, afin de pouvoir te servir. Si on savait que nous, moi surtout, nous sommes venus te trouver, nous serions exclus des délibérations..." dit Joël.

"Je comprends. Mais faites attention que le serpent est rusé. Toi, spécialement, Joël, sois prudent..."

"Oh ! Ils me tueraient ! Je préférerais ma mort à la tienne ! Et ne pas voir les jours dont tu parles ! Bénis-moi, Seigneur, pour me fortifier... "

// "Je vous bénis tous au nom du Dieu Un et Trin et au nom du Verbe qui s'est Incarné afin d'être le salut pour les hommes de bonne volonté." //

Il les bénit collectivement d'un large geste et puis, pour chacun d'eux, il pose sa main sur la tête inclinée de ceux qui sont à ses pieds.

Ensuite eux se lèvent, se couvrent de nouveau le visage, et se cachent parmi les arbres du verger et les haies de mûres qui séparent les poiriers des pommiers et ceux-ci des autres arbres. Juste à temps, car les douze apôtres sortent en groupe de la maison afin de chercher le Maître pour se mettre en route.
(...)
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---> C'est un flop pour DGC.

---> Il poursuit par une seconde "citation" : la voici dans le texte intégral, recontextualisée et donc à nouveau compréhensible.

EMV 602.12 - Jésus au Père, première prière de l’Agonie au Gethsémani
en rouge entre les // : la citation de DGC )

(...) (...)
Jésus s'arrête à cet endroit. Il ne regarde pas la ville qui se fait voir tout en bas, toute blanche dans le clair de lune. Au contraire il lui tourne le dos et il prie, les bras ouverts en croix, le visage levé vers le ciel. Je ne vois pas son visage car il est dans l'ombre, la lune étant pour ainsi dire perpendiculaire au-dessus de sa tête, c'est vrai, mais ayant aussi le feuillage épais de l'olivier entre Lui et la lune dont les rayons filtrent à peine entre les feuilles en produisant des taches lumineuses en perpétuel mouvement. Une longue, ardente prière. De temps en temps il pousse un soupir et fait entendre quelque parole plus nette. Ce n'est pas un psaume, ni le Pater. C'est une prière faite du jaillissement de son amour et de son besoin. Un vrai discours fait à son Père.

Je le comprends par les quelques paroles que je saisis :

"Tu le sais... Je suis ton Fils... Tout, mais aide-moi... L'heure est venue... Je ne suis plus de la Terre. Cesse tout besoin d'aide à ton Verbe... // Fais que l'Homme te satisfasse comme Rédempteur, comme la Parole t'a été obéissante... // Ce que Tu veux... C'est pour eux que je te demande pitié... Les sauverai-je ? C'est cela que je te demande. Je les veux ainsi : sauvés du monde, de la chair, du démon... Puis-je te demander encore ? C'est une juste demande, mon Père. Pas pour Moi. Pour l'homme qui est ta création, et qui voulut rendre fange jusqu'à son âme. Je jette dans ma douleur et dans mon Sang cette boue pour qu'elle redevienne l'incorruptible essence de l'esprit qui t'est agréable... Il est partout. C'est lui le roi ce soir : au palais royal et dans les maisons, parmi les troupes et au Temple... La ville en est pleine, et demain ce sera un enfer..."

Jésus se tourne, appuie son dos au rocher et croise ses bras. Il regarde Jérusalem. Le visage de Jésus devient de plus en plus triste. Il murmure :

"Elle paraît de neige... et elle n'est que péché. Même dans elle, combien j'en ai guéris ! Combien j'ai parlé !... Où sont ceux qui me paraissaient fidèles ?"...

Jésus penche la tête et regarde fixement le terrain couvert d'une herbe courte et que la rosée rend brillante. Mais bien qu'il ait la tête penchée je comprends qu'il pleure car des gouttes brillent en tombant de son visage sur le sol. Puis il lève la tête, desserre ses bras, les joint en les tenant au-dessus de sa tête et en les agitant ainsi unis.

Puis il se met en route. Il revient vers les trois apôtres assis autour de leur feu de branchages. Il les trouve à moitié endormis.
(...) (...)

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---> Cette prière du Christ est un summum théologique, que seul saint Paul a su bien commenter dans ses épîtres ( aux Philippiens, aux Hébreux ... )

---> L'omission de la phrase qui précède sa citation ( "Cesse tout besoin d'aide à ton Verbe..." ) permet opportunément à DGC de la vider de son sens réel.

---> En effet, dans la première prière de son Agonie, le Verbe demande à son Père avec un héroïsme absolu de Lui supprimer toute aide, de telle sorte que pour lutter contre Satan, Il ne soit plus que "l'Homme", privé de ses forces divines, afin de pouvoir racheter la faute de l’homme qui jadis lors de la chute au jardin d'Eden, n’avait pas voulu résister au Tentateur.

---> Pour cela, Il fallait que Jésus lutte dans les mêmes conditions qu'Adam, c'est-à-dire sans l'aide de sa Divinité : ainsi le combat serait loyal et méritoire.

---> Il n’y a donc ici aucun dualisme, mais toujours une pleine unité entre le Verbe et l’Homme, en la Personne du Christ : mais Celui-ci va subir l’abandon de Dieu en une indescriptible agonie, se laissant broyer par nos péchés pesant sur Lui ( Isaïe 53,5 ). Les souffrances de l’Agonie, plus courtes, ne sont en rien inférieures à celles de la Passion ( cf la méditation de l’Agonie du Christ, par saint padre Pio ).

---> La Parole a été obéissante au Père, en s’incarnant. Et de la même manière, c’est véritablement celui que Pilate désigne prophétiquement par l’« Ecce Homo » , « Voici l’Homme », qui accomplit la Rédemption, non pas avec la toute-puissance de sa divinité, mais dans la faiblesse de son Humanité souffrante et méprisée. Et l’union de toutes ses souffrances avec sa Divinité leur confère des mérites infinis.

 

 

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