Satan s'incarnant en Judas - Jésus passionnel et victimal face à lui ? 

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"Difficile d’éclaircir si l’on parle ici d’obéissance à une inspiration démoniaque ou de possession au sens strict."

 

1 ) Dommage pour l’auteur, nous venons de lire tout l’épisode qu’il incrimine, et nous savons donc qu’il s’agit à l'évidence d’un état de possession démoniaque dont Jésus a triomphé, comme le dit ici Jésus Lui-même :

« (…) C'est alors que dans la bouche de Judas se ralentissent les dernières paroles et que sort le "Ah" qui interrompt son discours.
Jésus reste comme il est, les bras ouverts, et regarde toujours l'apôtre de ce regard douloureux et priant. Judas, comme quelqu'un qui sort du délire, se passe la main sur le front, sur son visage en sueur... réfléchit et, se souvenant de tout, s'écroule par terre et je ne sais s'il pleure ou non. Certainement il s'affale par terre comme si les forces lui manquaient.
Jésus abaisse son regard et ses bras et, à voix basse mais distincte, lui dit :

"Eh bien ? Est-ce que je te hais ? Je pourrais te frapper du pied, t'écraser en te traitant de "ver", je pourrais te maudire, comme je t'ai délivré de la force qui te fait délirer. (…) »

2 ) D'autre part : n'importe quel lecteur suffisamment intelligent peut se rendre compte par lui-même que les paroles débitées par Judas de façon totalement maladive sortent de la bouche même de Satan.

---> Par contre, Judas ne semble plus n'être ici que l'instrument possédé par Satan : sa rage haineuse contre Jésus semble bien volontaire, ce qui en ferait non pas simplement le jouet de Satan, mais sa fidèle image, c'est-à-dire un autre lui-même, son incarnation, au moins provisoirement, avant que cela ne devienne définitif.

3 ) Mais Jésus, dans son très long sermon durant lequel Il s’efforce de persuader Judas de demander le pardon et le salut, rappelle bien que c’est l’obéissance aux inspirations démoniaques qui conduit à cette extrême gravité de possession dont souffre son apôtre. L’une et l’autre ne s’opposent pas, comme DGC le prétend.

---> Et plus Judas va persister dans cette funeste obéissance à l’ennemi des âmes, plus il va librement s’exclure du dernier rempart de protection que lui procure encore Jésus, l’Exorciste par excellence, et donner à Satan la possibilité de le posséder encore plus pleinement, au point d’en faire définitivement sa très fidèle image, son incarnation, tout comme Jésus est Celle du Verbe, parfaite Image du Père Éternel.
 

 

"D’ailleurs, les diverses affirmations du « Christ » semblent préserver la liberté de Judas (il obéit volontairement à Satan) et exclure la possession : « Satan à qui tu t’es donné de multiples façons, Satan que tu as suivi dans toutes les tentations qu’il te présentait, t’a rendu imbécile. » (VIII, 28, 262)
« Tu es entre deux forces qui t’attirent. Satan et moi. » (VIII, 28, 268)

 

---> Une petite « leçon pour les nuls » s’impose ici, car on sent bien que DGC est un peu perdu, lorsqu’il s’agit de comprendre quelque chose au sujet de la possession.

---> Il n’y en a pas qu’une seule sorte, en voici plusieurs cas différents ( liste non exhaustive ) :

1 ) Si l’on peut parler d’un « meilleur cas », il s’agirait de celui d’une personne innocente, perdant le libre contrôle d’elle-même par l’action du démon.

---> Cette pauvre victime appartient peut-être à une famille où un péché grave a été commis comme la magie, la cartomancie, un crime, etc… C’est l’exemple réel d’une petite fille, décrit dans le film « l’exorciste », que les âmes sensibles feraient bien de s’abstenir de visionner.

---> L’exorcisme délivre entièrement le sujet, qui par la suite ne se souvient de rien, et continue paisiblement sa vie.

2 ) Il y a aussi le cas rare des possessions expiatoires, comme celle d’Émilie Rose :

---> la victime vit normalement, et même pieusement, et par intervalles, le démon la terrasse en la faisant délirer violemment. Dans le cas d’Émilie, cette situation s’aggrave, devient progressivement permanente, et la conduit finalement à la mort.

3 ) Un autre cas plus courant implique la culpabilité du possédé :

---> Satan s’est servi de son inclination au péché pour avoir prise sur lui, et aliéner sa raison. Il n’est alors plus lui-même, c’est une bête fauve qu’il faut maîtriser, bavant, hurlant, frappant, mordant etc… Satan peut se servir de cette loque humaine pour parler par sa bouche, comme nous le lisons dans les Évangiles. Mais il serait vain de vouloir le raisonner avant de le délivrer par l’exorcisme.

4 ) Mais le cas qui nous intéresse ici est celui des possessions intelligentes :

---> le possédé n’est pas semblable à un aliéné sans raison, mais en possession apparente de toutes ses facultés intellectuelles, et coopérant dès qu’il le peut à entretenir et approfondir ce lien de possession satanique dans lequel il est pris volontairement. On peut lui parler pour tenter de le raisonner, mais ce cas est gravissime et quasi désespéré, conduisant le plus souvent en enfer.

---> C’est le cas des pharisiens, que Jésus appelle « fils du diable » (Jean 8,44), c’est évidemment aussi le cas de Judas.

---> C'est donc le pire cas de possession, qui implique le maximum de culpabilité de la part du sujet qui n’est pas alors à considérer comme une victime, mais comme l’acteur de son mal qu’il recherche frénétiquement en l'approfondissant, collaborant étroitement avec l’ennemi qui devient quasiment sa seule inspiration.

---> C’est en ce genre de possédés que l’ennemi est le plus libre d’agir à sa guise, avec toute la force de son intelligence mauvaise, sans craindre un exorcisme. Car ce dernier est inefficace si le possédé est pleinement consentant à son mal, et ne souhaite pas en être délivré.

---> Une possession fonctionne souvent par crise : ici, Judas est provisoirement soulagé par la Force du Christ qui continue à l’attirer, et il cesse un instant de n’être plus que la caisse de résonnance de celui qui le domine pour le mal. Mais il refuse cependant de demander pardon ou de l’aide, ne comptant hélas que sur lui-même.

---> La seule et unique chose qui le préoccupe est que les autres disciples ne soient pas au courant de son forfait, car il a honte de lui, et il craint le remord, auquel il ne pourra plus échapper lorsque son crime de déicide sera connu de tous.

---> Il est donc bien entre deux forces qui l’attirent, mais il a déjà tellement cédé à la mauvaise, que la Bonne perd le dernier pouvoir qu’elle a encore sur lui.

---> Bientôt, Jésus cessera tout à fait d’essayer d'exhorter Judas, et le laissera aller librement à son destin funeste.
 

 

 

"Mais plus tard, « Jésus » est plus radical et très explicite. Il ne s’agit plus de tentation invaincue, mais d’une possession succédant aux multiples défaites de l’Apôtre : « Il s’est approché de toi, en te tentant, en t’essayant, et tu l’as accueilli. Il n’y a pas de possession s’il n’y a pas au début une adhésion à quelque tentation satanique. » (VIII, 36, 321)

 

---> C’est ce que nous venons d'expliquer : la possession suit généralement la non résistance aux tentations graves.

 

« Jésus » l’avait déjà exprimé clairement plus tôt, avec un néologisme intéressant du reste, lors de l’une des agonies qui ponctuent, d’après Maria Valtorta, les trois années de son ministère public : « Et maintenant, non content d’avoir en lui les ferments répugnants et les blasphèmes du mensonge, la contre-charité, la soif de sang, le désir cupide de l’argent, l’orgueil et la luxure, il s’insatanise, homme qui pouvait devenir ange, pour être l’homme qui devient démon. (…) Mais Père, Oh ! mon Père ! Je l’aime… je l’aime encore. » (IV, 5, 34)

 

---> C’est exactement cela : Judas, au lieu de se bonifier durant trois ans sous la bonne influence du Christ, se dégrade toujours davantage en cédant aux tentations du démon.

---> « S’insataniser » a le mérite d’être clair et sans ambiguïté : « devenir délibérément en tout semblable à Satan », « vouloir n'être qu'un avec lui ». C’est le quatrième cas de possession évoqué précédemment.


 

"Finalement, même l’idée d’une possession est écartée pour laisser place au concept d’incarnation du diable, mise en parallèle avec celle du Verbe.

Lazare - « C’est Judas de Keriot ! Jésus - « Non. C’est Satan. Dieu a pris chair en moi : Jésus. Satan a pris chair en lui : Judas de Keriot (…). J’ai dit que la possession c’est la contagion de Satan qui inocule ses sucs dans l’être et le dénature. J’ai dit que c’est le mariage d’un esprit avec Satan et avec l’animalité. Mais la possession est encore peu de chose par rapport à l’incarnation. (…) C’est seulement en Jésus Christ qu’est Dieu tel qu’il est au Ciel, car je suis le Dieu fait chair. Il n’y a qu’une incarnation divine. De même aussi dans un seul sera Satan, Lucifer, comme il est dans son royaume, car c’est seulement dans l’assassin du Fils de Dieu que Satan s’est incarné. Lui, pendant que je te parle, est devant le Sanhédrin. Il s’occupe de mon meurtre et s’y emploie, mais ce n’est pas lui, c’est Satan. » (IX, 6, 25)
« Si Satan ne s’était pas incarné, l’éternel singe de Dieu, en une chair mortelle, ce possédé n’aurait pas pu se soustraire à mon pouvoir de Jésus. J’ai dit : « possédé ». Non. Il est beaucoup plus : il est anéanti en Satan. » (IX, 20, 184)

 

---> L'auteur est bloqué sur l'idée d'un parallèle strict à opérer entre d'une part l’Incarnation du Verbe en Jésus, ferme et définitive dès le premier instant, et d'autre part celle du Diable en Judas, survenue comme l'aboutissement d'une chute progressive dans la possession. Or à l’évidence il n’en est rien.

---> le terme « incarnation » leur est commun en effet, car il signifie : « union pleine et entière entre le sujet incarné et l'être spirituel, allant jusqu'à l'unité de personne, d'abord durant la vie terrestre, et après la mort, durant toute l’Éternité »

---> Cela est vrai pour le Christ et le Père, mais aussi dans le cas de Judas et Satan.

---> Mais nous verrons dans la deuxième partie les très grandes différences entre ces deux incarnations, dont l’une n’est que la singerie, la caricature de l’autre. Et nous avons vu que l’incarnation de Satan en Judas ne fut que l’aboutissement ultime d’une possession de type 4 ( cf ci-dessus ) que le sujet ne cessa pas de vouloir approfondir.

---> Encore une fois, c'est un flop pour DGC.

 

 

"Reproduisons enfin, pour clore ce paragraphe, la réponse de « Jésus » à une question des Apôtres au sujet de Judas, qui laisse songeur.

« Mais pourquoi ne l’as-tu pas vaincu ? Tu ne le pouvais pas ? » « Je le pouvais. Mais pour empêcher Satan de s’incarner pour me tuer, j’aurais dû exterminer la race humaine avant la Rédemption. Qu’aurais-je racheté alors ? » (IX, 6, 184)

 

1 ) Ce propos est bien illustré dans le passage précédent :

---> Judas avait été privé par Jésus de la garde de l’argent qui lui brûlait le cœur, le résultat fut qu’il se mit à voler de l'argent dans une maison amie. En désespoir de cause, Jésus lui confia de nouveau l’argent, car il n’y avait plus rien à faire pour le corriger de son vice. En s’abstenant de faire un bien ( essayer de corriger Judas en continuant à le priver d'argent ), le Christ évitait ainsi un mal encore plus grand ( que Judas aille dévaliser les coffres chez les gens ).

---> De même, en s’abstenant de vaincre Judas – et pour se faire, il aurait fallu carrément l’exterminer -, Jésus évitait un mal plus grand encore, qui aurait été de voir Satan se chercher à nouveau une autre cible en laquelle s’incarner, que Jésus aurait dû à nouveau exterminer, à défaut de pouvoir l’exorciser, et ainsi de suite.

2 ) Mais pourquoi fallait-il spécialement que Satan s’incarne ? Ne pouvait-il pas nuire à Jésus d’une autre manière plus « conventionnelle » ?

---> Et non, puisqu’il avait déjà tout essayé, mais en vain : la tentation ? Elle n’avait eu aucune prise sur le Christ, Fils de Dieu. La possession ? Jésus chassait les démons, même dans les cas les plus désespérés, comme celui de Marie Magdeleine, ou celui du possédé gérasénien. Les persécutions diverses et variées ? Jésus en sortait toujours vainqueur, par sa douceur et son humilité.

---> Il ne restait plus rien d’autre à l’ennemi pour « monter en puissance » et être à la hauteur, que de prendre les mêmes armes que celles que Dieu avait prises pour sauver l’humanité : Dieu s’était incarné pour la sauver ? Satan devait donc à son tour s’incarner pour la perdre, en combattant le Sauveur à armes égales.

---> C’est d’une logique implacable, et cela ne « laisse songeur » que DGC, et lui-seul.

 

"Le scandale du mal, de la trahison de l’innocent, de son meurtre, est résolu par un dualisme manichéen, qui baigne toute la pensée de Maria Valtorta."

 

---> Or le manichéisme est tout entier du côté de l’accusateur, ne supportant même pas l’idée que le cas de Judas puisse avoir été bien plus complexe que ce qu’il avait lui-même imaginé en lisant l’Évangile, qui ne nous dit quasiment rien à ce sujet.

---> Pour DGC en effet, c'est de manière manichéenne :

- soit la thèse de la possession,

- soit celle de l’incarnation de Satan qui devrait l'emporter.

---> Selon lui, l’une ne peut en aucun cas conduire à l’autre, il faudrait forcément choisir entre les deux : or nous venons de voir la fausseté de ce présupposé manichéen.

 

"Pour l’illustrer de manière narrative, elle emprunte la voie de la reconstitution psychologique des sentiments des personnages (Jésus et Judas), aboutissant à un résultat maladroit, avec des implications impossibles."
 

---> C’est une chose de le dire, encore eût-il fallu le démontrer : ce à quoi DGC échoue.

---> Ce que décrit Maria Valtorta n'est en effet ni maladroit, ni impossible : c'est Judas au naturel, tel que nous en avons connaissance dans les Évangiles, ni plus ni moins.

---> Pour DGC, ces paroles en l'air constituent un flop.

 

 

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