Satan s'incarnant en Judas - Jésus passionnel et victimal face à lui ?
"On pourra d’ailleurs s’étonner que manquent dans l’Œuvre de Valtorta, qui cite souvent (en les augmentant) les passages de l’évangile, deux citations de l’évangéliste qui lui auraient été utiles :
- la première qui indique qu’au moment du dernier repas « le diable [avait] déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer » (Jn 13, 2)
DGC a-t-il vraiment lu l'oeuvre ? On est ici vraiment en droit d'en douter, vu que tout un long passage relate la rencontre de Judas avec le sanhédrin avant la sainte Cène, et met très clairement en évidence le moment où Satan réussit enfin pour de bon à persuader Judas de commettre le déicide, alors qu'il hésitait encore auparavant.
Ce passage est rapporté en Matthieu 26,14-16 :
"Alors, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer."
Il correspond dans l'oeuvre au chapitre 588.1 ( cité intégralement plus loin ) , commençant ainsi :
(Judas) "Il n’est plus possible de continuer ainsi. Je ne peux plus vous aider, si vous ne parvenez pas à prendre des décisions extrêmes. L’homme a des soupçons, désormais. – Tu t’es fait découvrir, sot que tu es ? interrompent-ils. – Non. C’est vous qui êtes sots, vous qui, par une hâte stupide, avez fait de fausses manœuvres. Vous saviez bien que j’allais vous servir ! Mais vous ne m’avez pas fait confiance. – Tu as la mémoire courte, Judas ! Ne te rappelles-tu pas comment tu nous as quittés la dernière fois ? Qui pouvait supposer que tu nous étais fidèle, à nous, quand tu as proclamé de cette façon que tu ne pouvais pas trahir Jésus ? lance Elchias, plus ironique, plus vipère que jamais. – Vous vous imaginez qu’il est aisé de tromper un ami, le seul qui m’aime vraiment, l’Innocent ? Vous croyez qu’il est facile d’en venir au crime ? » Judas est déjà énervé. Ils cherchent à le calmer, ils le flattent, ils le séduisent, ou du moins ils essaient de le faire, en lui démontrant que, loin d’être un crime, son geste est “ une œuvre sainte envers sa patrie, (...)
... pour aboutir à ceci :
(...) Quand enfin Judas prend la parole, j’ai du mal à reconnaître sa voix, tant elle est altérée : « Oui, je vais le faire. Je dois le faire. Et je le ferai. Déjà, la dernière partie des malédictions de Moïse me concerne, et il me faut en sortir, car je n’ai que trop tardé. Et je deviens fou, je ne connais ni trêve ni repos, j’ai le cœur effrayé, les yeux égarés, et l’âme brisée de tristesse. Tremblant d’être découvert et foudroyé par Jésus en raison de mon double jeu — car j’ignore à quel point il connaît ma pensée —, je vois ma vie suspendue à un fil. Matin et soir, je demande à en finir avec cette heure, à cause de l’épouvante qui me serre le cœur. A cause de l’horreur de ce que je dois accomplir. Oh ! hâtez cette heure ! Tirez-moi de l’angoisse qui m’étreint ! Que tout s’accomplisse. Maintenant ! Et que je sois délivré ! Allons ! » La voix de Judas s’est affermie au fur et à mesure, et désormais il parle fort. Ses gestes, d’abord automatiques et incertains comme ceux d’un somnambule, sont devenus libres, volontaires. Il se redresse de toute sa taille, en prenant une beauté satanique, et il crie :« Que tombent les liens d’une folle terreur ! Je suis délivré d’une sujétion effrayante. Christ ! Je ne te crains plus et je te livre à tes ennemis ! Allons ! »
---> L'objection de DGC s'avère donc fausse, c'est une pure négligence de sa part.
- et la seconde qui rapporte que « quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui » (Jn 13, 27).
Dans l’Évangile tel qu’il m’a été révélé, là où l’épisode est rapporté, avec la même bouchée, aucune mention n’est faite de Satan. Peut-être l’intervention de Satan arrive-t-elle trop tard dans les évangiles authentiques, privant l’auteur de la possibilité de raconter de multiples épisodes préparatoires ? Face à ce Judas dont on ne sait plus trop bien qui il est, « Jésus » est tourmenté, pris de violentes passions d’amour et de rejet, secoué souvent de larmes."
1 ) « le diable [avait] déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer » (Jn 13, 2)
---> Ce sujet étant traité avec autant de soin dans l’œuvre dans le rapport qu'elle fait des trois années de la Vie publique, le lecteur arrive au récit de la sainte Cène avec une idée suffisamment exacte aux sujets des intentions de Judas inspirées par le diable, pour qu’il n'y ait nul besoin de les lui repréciser encore une einième fois.
---> Ce commentaire succinct que saint Jean écrit sur Judas résume en une seule phrase tout ce que l’EMV apporte quant à elle en des précisions détaillées et abondantes tout au long du récit.
---> C'est bien là la différence entre les Evangiles et l'EMV que DGC n'a pas su saisir : les premiers sont un bref résumé de la Vie du Christ, la seconde non.
---> Et ainsi, puisque les évangélistes ne nous en disent que très peu sur Judas durant les trois ans de la Vie publique, cette brève indication de saint Jean s'avérait indispensable. Pas dans l'EMV.
---> Flop de DGC.
2 ) « quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui » (Jn 13, 27).
---> Ce commentaire sobre de saint Jean est au contraire très clairement transcrit dans l'EMV : c'est en effet d'après l'oeuvre saint Jean lui-même, prévenu par la fameuse bouchée que Judas reçoit de Jésus comme signe de sa culpabilité, qui s'écrit "Satan !" à l'endroit du traître en train de mentir effrontément sur ses intentions, alors qu'il prend subitement congé des convives.
EMV 600.13 - La sainte Cène :
(...) (...)
( Jésus ) « (...) Et soyez purs, pour être dignes de manger le Pain vivant descendu du Ciel et pour avoir en vous et par lui la force d’être mes disciples, dans un monde ennemi qui vous haïra à cause de mon nom. Mais l’un de vous n’est pas pur. L’un de vous me trahira. Mon esprit en est fortement troublé… La main de celui qui me trahit est avec moi sur cette table, et ni mon amour, ni mon corps, ni mon sang, ni ma parole ne le font se raviser et se repentir. Je lui aurais pardonné, en allant à la rencontre de la mort pour lui aussi. »
Terrifiés, les disciples se regardent. Ils se scrutent, se suspectant l’un l’autre. Pierre fixe Judas, tous ses doutes sont réveillés. Jude se lève brusquement pour dévisager Judas au-dessus de Matthieu.
Mais Judas montre une telle assurance ! A son tour, il observe attentivement Matthieu comme s’il le suspectait, puis il regarde Jésus et sourit en demandant:
« Serait-ce moi ? »
Il paraît être le plus sûr de son honnêteté. Il me semble qu’il dit cela pour ne pas laisser tomber la conversation.
Jésus réitère son geste en disant :
« Tu le dis, Judas, fils de Simon. Ce n’est pas moi, c’est toi qui le dis. Je ne t’ai pas nommé. Pourquoi t’accuses-tu ? Interroge ton conseiller intérieur, ta conscience d’homme, la conscience que Dieu le Père t’a donnée pour te conduire en homme, et vois si elle t’accuse. Tu le sauras avant tous les autres. Mais si elle te rassure, pourquoi parler, et pourquoi y penser ? En parler ou y penser est anathème, même pour plaisanter. »
Jésus s’exprime tranquillement. Il semble soutenir la thèse proposée comme peut le faire un savant à ses élèves. L’émoi est grand, mais le calme de Jésus l’apaise.
Cependant, Pierre, qui soupçonne le plus Judas — peut-être Jude aussi, mais il paraît moins suspicieux, désarmé comme il l’est par la désinvolture de Judas —, tire Jean par la manche. Quand Jean, qui s’est tout serré contre Jésus en entendant parler de trahison, se retourne, il lui murmure:
« Demande-lui qui c’est. »
Jean reprend sa position et lève seulement la tête comme pour embrasser Jésus, et en même temps il lui murmure à l’oreille :
« Maître, qui est-ce ? »
Et Jésus, très doucement, en lui rendant le baiser dans les cheveux :
« Celui à qui je vais donner un morceau de pain trempé. »
Il prend alors un pain encore entier, pas le reste de celui qui a servi pour l’Eucharistie, en détache une grosse bouchée, la trempe dans la sauce de l’agneau dans le plateau, étend le bras par dessus la table, et dit:
« Prends, Judas. Tu aimes cela.
– Merci, Maître. Oui, j’aime cela. »
*Ne sachant pas ce qu’est cette bouchée, il mange à pleines dents le pain accusateur, tandis que Jean, horrifié, va jusqu’à fermer les yeux pour ne pas voir l’horrible rire de Judas.
« Bon ! Va, maintenant que je t’ai fait plaisir » dit Jésus à Judas. « Tout est accompli, ici (il souligne fortement ce mot). Ce qu’il te reste à faire ailleurs, fais-le vite, Judas, fils de Simon.
– Je t’obéis aussitôt, Maître. Je te rejoindrai plus tard, à Gethsémani. C’est bien là que tu vas, comme toujours, n’est-ce pas ?
– J’y vais… comme toujours… oui.
– Qu’est-ce qu’il doit faire ? » demande Pierre. « Il part seul ?
– Je ne suis pas un enfant, plaisante Judas tout en mettant son manteau.
– Laisse-le aller. Lui et moi savons ce qu’il doit faire, répond Jésus.
– Bien, Maître. »
Pierre se tait. Peut-être pense-t-il avoir péché en soupçonnant son compagnon. La main sur le front, il réfléchit.
Jésus serre Jean sur son cœur et se tourne pour lui murmurer dans les cheveux :
« Ne dis rien à Pierre pour le moment. Ce serait un scandale inutile.
– Adieu, Maître. Adieu, mes amis. »
Judas salue.
« Adieu » dit Jésus.
Et Pierre : « Je te salue, mon garçon. »
Jean, la tête posée presque sur le cœur de Jésus, murmure :
« Satan ! »
Jésus seul l’entend, et il soupire.
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---> DGC fait donc ici un faux témoignage.
---> D'ailleurs, en constatant avec effroi le niveau surnaturel de mauvaise foi atteint ici par Judas, dissimulant son crime de déicide derrière des paroles amicales, le lecteur n'a pas besoin que l'on commette cette redondance "et Satan entra en Judas" : c'est suffisamment évident pour ne pas avoir à le redire.
---> Si Satan entra en Judas lorsqu'il eut pris cette ultime bouchée, c'est qu'il était fin prêt à l'accueillir, dans les pires dispositions qui puisse être : c'est on ne peut mieux décrit dans l'oeuvre.
---> Pour se rendre compte du basculement fatal et définitif de Judas dans son anéantissement en Satan, qui était certes déjà accompli auparavant, mais en lui laissant tout de même encore un semblant de liberté humaine, et qui va alors le transformer après la Cène en une bête féroce et folle, vision cauchemardesque d'une hideuse gargouille diabolique, comparons maintenant les faits et gestes de Judas avant, pendant, et après la Cène : les citations de l'oeuvre ne laissent pas de place à la moindre équivoque.