L'âme de Marie préexistait-elle de toute éternité, selon Maria Valtorta ? 

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« Elle se souvenait, comme tous les saints, de les avoir entendues lorsqu’elle avait été engendrée avec son esprit immortel par Dieu, Père créateur de tout ce qui a la vie. Et si elle ne se rappelait pas tout de sa future mission, c’était pour cette raison qu’en toute perfection humaine Dieu laisse des lacunes, ( ce qui contredit bien l’accusation de DGC d’y voir une « vision béatifique » qui par principe est sans limite, sans lacune, ndt ) dues à une divine prudence qui est bonté pour sa créature en lui fournissant des occasions de mérites (…). L’esprit de Marie était au ciel. Son état moral et sa chair sur la terre, et il lui fallait fouler aux pieds la terre et la chair pour rejoindre l’esprit et l’unir à l’esprit dans un embrasement fécond. » (I, 17, 73)

 

---> DGC en bon « auto-floppeur », creuse tout seul la tombe de son article illusoire, en citant ce passage que nous avions déjà retranscrit dans son intégralité il y a tout juste quelques pages : EMV 10.8 - Le cantique de Marie - Elle rappelait ce que son âme avait vu en Dieu (suite et fin).

---> Cet extrait décrit à la perfection la prédestination de la sainte Vierge et de tous les saints, comme saint Paul en parle dans son épître aux Éphésiens :

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ.
Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour.
Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé.
En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence.
Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ : pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre.
En lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ.
En lui, vous aussi, après avoir écouté la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit promis par Dieu est une première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons, à la louange de sa gloire. »
( Eph 1 )

---> Plus que tout autre, la Vierge Immaculée reçut sans aucun retard les premières avances sur son céleste héritage, dès la création de son âme, ce qui n’est rien par rapport à sa prédestination qui était d’ « avant la création du monde ».

---> Pour DGC, c'est donc un auto-flop.

 

"L’ineffable projet divin qui destine, de toute éternité, le Fils à se faire
Homme dans le sein d’une Vierge connue de lui est une réalité de la foi catholique. En conclure cependant qu’il se traduise par une création de l’âme de Marie antérieure à sa conception et à la création même du monde relève de l’imagination."

 

---> Ce que DGC a bien du mal à concevoir, c’est l’éternelle victoire de Dieu sur le mal qu’est Satan, victoire dont Il se réjouit également de toute éternité. Or cette victoire, c’est tout d’abord Marie, l’Immaculée Mère de Dieu, comme Jésus le dit bien ici :

EMV 5.7 - La virginité de Marie dans la pensée éternelle du Père
« Crache ta rage, Satan, pendant qu’elle naît. Cette petite fille t’a vaincu ! Avant même d’être le Rebelle, le Tortueux, le Corrupteur, tu étais déjà le Vaincu et elle, la Victorieuse. »

---> Son éternelle victoire sur Satan qu’est Marie, Dieu la célèbre de toute éternité. Ainsi, Dieu ne crée pas Marie de toute éternité, mais la célèbre, dans sa Pensée vivante et éternelle.

EMV 5.7 :
« Chez la Vierge, il n’y a pas trace de connivence avec la faute dont elle se serait libérée. Son âme se révèle aussi belle et intacte que lorsque le Père la pensa, réunissant en elle toutes les grâces. »

1 ) Il n’est donc nullement question de la création de l’âme de Marie avant tous les temps dans l’EMV, mais de DGC qui fait une faute de lecture, ou alors qui s’ingénie à caricaturer l’œuvre par tous les moyens possibles.

---> Et il est pris ici en flagrant délit d’ignorance de la parole de saint Paul aux Éphésiens : pour lui en effet, il semble que Marie ne soit pour Dieu qu’un vase de terre, nécessaire à l’incarnation du Verbe, et rien de plus.

---> Par contre, pour le Verbe parlant par la bouche de saint Paul, il en est tout autrement : en effet, ce magnifique hymne à la prédestination éternelle des élus ( Eph 1 ) est écrit par l’apôtre en tout premier lieu pour la sainte Vierge, la Reine des élus, et s’il avait été écrit uniquement pour elle seule, cela aurait été largement suffisant.

2 ) Dans le Christ, c’est à ses créatures élues que Dieu pense de toute éternité, et cette Pensée divine n’a rien à voir avec la nôtre qui ne peut se rendre réellement présent l’objet de son intérêt.

---> Alors que la Pensée de Dieu se rend immédiatement présent l’objet de son intérêt, avant même de l’avoir créé tel quel.

---> L’entendement humain a bien du mal à s’imaginer autre chose qu’une succession d’évênements dans le temps, et à croire que Dieu puisse échapper au temps : cependant, la Victoire de Dieu préexistait au mal instauré par Satan. Si tel n’était pas le cas, alors il faudrait admettre que Dieu ne fut pas Tout-Puissant face à lui, ce qui est une pure aberration.

---> C’est encore un flop pour DGC.

 

"Le projet divin qui a présidé à la conception de Marie est exprimé dans un discours de Dieu à Marie. On serait tenté de l’interpréter en bonne part comme une prosopopée s’il ne laissait pas l’étrange impression de dépasser l’expression poétique en faisant référence à un événement historique (ou pré-historique, ou méta-historique, comme on voudra)."

 

1 ) Il n’y a donc qu’un seul événement qui surpasse tous les autres : la Pensée de Dieu ( Eph 1 ).

---> Tout le reste en est la conséquence : « Rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. » ( Prologue de saint Jean )

---> L’événement historique ( ou pré-historique, ou méta-historique ) auquel DGC fait référence avec une pointe d’ironie ne peut en aucune façon être historique ( ou pré-historique, ou méta-historique, ou même « carabino-historico-cosmique », comme il voudra ), puisqu’il se situe hors du temps.

---> Et cet événement qui dépasse notre entendement humain, c’est celui de Dieu, célébrant déjà dans sa Pensée éternelle sa victoire sur Satan, qu’Il remportera d’abord en Marie, puisqu’elle sera prédestinée par Lui à être la Mère du Sauveur.

---> Dieu n’avait nul besoin de créer une Marie en chair et en os avec son âme pour divinement se réjouir d’avance en elle, car Il la voyait déjà vivante, telle qu’elle serait.

2 ) Mais que fait alors DGC avec l’EMV ?

---> Exactement la même chose qu’il aurait pu faire avec la déclaration de S.S. Pie XII, dans sa promulgation du dogme de l’Assomption de la Vierge : en extraire un micro-bout, afin d’y inventer une hérésie.

---> « C'est pourquoi l'auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus Christ » : si l’on ne prenait que cette micro-citation de Pie XII, on pourrait également lui faire dire que la Vierge comme son Fils Jésus existaient de toute éternité, ce qui serait une hérésie érigeant la Vierge en quasi déesse.

---> Or Pie XII ne dit pas cela, pas plus que l’EMV ne dit que Dieu créa la Vierge - même en son âme seulement - de toute éternité. Encore faut-il lire ce qu’il dit, et non ce qu’on voudrait lui faire dire :

« C'est pourquoi l'auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus Christ, d'une manière mystérieuse par "un même et unique décret" de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d'être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où reine, elle resplendirait à la droite de son Fils, Roi immortel des siècles»
(const. Ap. Munificentissimus Deus, aas, 42 (1950), 768-769)

2 ) Pour prendre une petite comparaison avec un fait reconnu et bien documenté, nous pourrions citer ici l'apparition de la Vierge au frère Fiacre, en 1637 à Paris, où elle lui montra l'enfant qu'elle tenait dans ses bras en lui disant : "Ce n'est pas mon divin Fils, mais le dauphin que Dieu veut donner à la France."

---> Cet enfant était bien vivant, lors de l'apparition : et cependant, il n'existait pas encore, pas même seulement en son âme.

---> On pourrait dire comme dans l'EMV qu'il "n'était qu’esprit" : il était ce qu'il était alors dans la Pensée divine, mais ce n’était ni son âme, ni son corps.

---> Combien plus cela est-il vrai de toute éternité de Marie telle que Dieu la concevait alors, sans que cela soit pour autant un "évènement historique", puisque hors du temps.

3 ) L’une des plus précieuses pages de mariologie qui existe mérite mieux que le tronçonnage qu’en livre DGC dans son article, et auquel nous reviendrons pour lui répondre :

---> C’est pourquoi en voici d’abord l’intégralité, capable de nourrir et de plonger dans une profonde admiration tout lecteur ayant une affinité particulière avec la Vierge Immaculée :

EMV 5.7 - Sa virginité dans la pensée éternelle du Père

Jésus dit :

« Hâte-toi de te lever, ma petite amie. Je désire ardemment t’emmener avec moi dans l’azur paradisiaque de la contemplation de la virginité de Marie. Tu en sortiras l’âme aussi fraîche que si tu venais toi aussi d’être créée par le Père, telle une petite Eve qui n’a pas encore connu la chair. Tu en sortiras l’âme illuminée, parce que tu vas être plongée dans la contemplation du chef-d’œuvre de Dieu. Quand tu en sortiras, tout ton être sera débordant d’amour, car tu auras compris à quel point Dieu sait aimer. Parler de la conception de Marie, l’Immaculée, cela signifie se plonger dans l’azur, dans la lumière, dans l’amour.

Viens et lis les gloires de Marie dans le livre de l’Ancêtre :
“ Yahvé m’a créée, prémices de son œuvre, avant la création. Dès l’éternité je fus établie, dès le principe, avant l’origine de la terre. Quand les abîmes n’étaient pas, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources aux eaux abondantes ; avant que fussent implantées les montagnes, avant les collines, je fus enfantée ; avant qu’il eût fait la terre et la campagne et les premiers éléments du monde. Quand il affermit les cieux, j’étais là, quand il traça un cercle à la surface de l’abîme, quand il condensa les nuées d’en haut, quand se gonflèrent les sources de l’abîme, quand il assigna ses limites à la mer – et les eaux n’en franchiront pas le bord – quand il traça les fondements de la terre, j’étais à ses côtés comme le maître d’œuvre, je faisais ses délices jour après jour, m’ébattant tout le temps en sa présence, m’ébattant à la surface de la terre… ”

Vous avez appliqué ces paroles à la Sagesse, mais elles parlent d’elle : la Mère toute belle, toute sainte, la Vierge Mère de la Sagesse que je suis, moi qui te parle.

J’ai voulu que tu écrives le premier vers de cette hymne en tête du livre qui traite d’elle pour que l’on reconnaisse et que l’on sache la consolation et la joie de Dieu, la raison de la joie constante, parfaite et intime de ce Dieu un et trine qui vous gouverne et à qui l’homme a donné tant de motifs de tristesse, la raison pour laquelle il a perpétué la race humaine alors que, à la première épreuve, elle méritait la destruction, la raison enfin du pardon que vous avez obtenu.

Avoir Marie pour en être aimé : cela valait bien la peine de créer l’homme, de le laisser vivre, de décréter qu’il lui serait pardonné, pour avoir la Vierge toute belle, toute sainte, la Vierge immaculée, pleine d’amour, la Fille bien-aimée, la Mère très pure, l’Epouse aimante ! Dieu vous a donné et vous aurait donné encore davantage pour posséder la créature qui fait ses délices, le soleil de son cœur, la fleur de son jardin. Et il continue à vous donner beaucoup par elle, à sa demande, pour faire sa joie, car sa joie se déverse dans la joie de Dieu et l’augmente de lueurs qui font étinceler la lumière, la grande lumière du paradis ; or toute étincelle est une grâce pour l’univers, pour l’espèce humaine et pour les bienheureux qui répondent par un alléluia étincelant à chaque miracle de Dieu, suscité par le désir du Dieu trine de voir l’étincelant sourire de joie de la Vierge.

Dieu a voulu donner un roi à l’univers qu’il avait tiré du néant. Un roi qui soit le premier de nature matérielle de toutes les créatures sorties de la matière et elles-mêmes matérielles. Un roi qui, de par sa nature spirituelle, soit à peine moins qu’un Dieu, uni à la grâce comme il l’était à son premier jour, encore tout innocent. Mais l’Intelligence suprême connaît tous les événements les plus éloignés dans l’étendue des siècles et elle ne cesse de voir tout ce qui était, est et sera. Tout en contemplant le passé et en observant le présent, elle plonge son regard dans l’avenir le plus lointain et n’ignore pas quelle sera la mort du dernier homme, tout cela sans confusion ni discontinuité. Elle n’a donc jamais ignoré que le roi qu’elle avait créé pour être semi-divin à ses côtés au ciel, héritier du Père, parviendrait à son Royaume à l’âge adulte après avoir vécu dans la maison de sa mère – la terre dont il a été formé – durant son enfance de fils de l’Eternel pendant son séjour sur terre, et elle n’a pas ignoré qu’il allait commettre contre lui-même le crime de tuer en lui la grâce et le vol de se dérober au ciel.

Dans ce cas, pourquoi l’avoir créé ? Certes, beaucoup se le demandent. Auriez-vous préféré ne pas exister ? Même si ce séjour sur terre est pauvre, nu et rendu rude par votre méchanceté, ne mérite-t-il pas d’être vécu pour connaître et admirer l’infinie beauté que la main de Dieu a semée dans l’univers ? Pour qui aurait-il formé ces astres et ces planètes qui strient la voûte du firmament à la vitesse des flèches ou se déplacent avec une lenteur apparente mais majestueuse dans leur course de bolides, vous offrant lumières et saisons ? Eternels, immuables et pourtant toujours changeants, ils vous offrent une nouvelle page à lire sur le ciel chaque soir, chaque mois, chaque année, comme s’ils voulaient vous dire : “ Oubliez votre prison, laissez de côté vos publications pleines de noirceurs, de pourriture, de saletés, de poisons, de mensonges, de blasphèmes, de corruption, et élevez-vous, ne serait-ce que du regard, vers l’infinie liberté des cieux ; faites-vous une âme d’azur en regardant tant de sérénité, faites-vous une réserve de lumière à emporter dans vos sombres cachots ; lisez la parole que nous écrivons en chantant notre chœur sidéral, plus harmonieux que la musique des orgues d’une cathédrale, la parole qu’écrit notre splendeur, la parole qu’écrit notre amour ; car celui qui nous a donné la joie d’exister nous est toujours présent, et nous l’aimons pour nous avoir donné cette existence, cet éclat, ce mouvement, cette liberté et cette beauté au milieu de cet azur tout de douceur au-delà duquel nous apercevons un azur encore plus sublime, le Paradis. Nous réalisons la seconde partie de son commandement d’amour en vous aimant, vous, notre prochain universel, et ce en vous offrant direction et lumière, chaleur et beauté. Lisez notre parole, c’est elle qui inspire notre chant, notre splendeur, notre joie : Dieu.

Pour qui aurait-il fait cet azur liquide, miroir du Ciel, chemin vers la terre, sourire des eaux, voix des flots, parole elle aussi qui, par son bruissement de soie, par ces rires d’enfants paisibles, par ces soupirs des vieillards qui se souviennent et pleurent, par ces gifles de violence, par ces chocs, par ces mugissements et grondements, ne cesse de parler et de dire : “ Dieu ” ? C’est pour vous que la mer existe, tout comme le ciel et les astres et, avec la mer, les lacs et les fleuves, les étangs et les ruisseaux, ou encore les sources pures, qui servent tous à vous porter, à vous nourrir, à vous désaltérer et à vous purifier, et qui vous servent en servant le Créateur, sans sortir de leur lit pour vous submerger comme vous le méritez.

Pour qui aurait-il formé les innombrables familles d’animaux ? Ce sont autant de fleurs qui volent en chantant, de serviteurs qui courent et travaillent pour vous, qui vous nourrissent et vous divertissent, vous, les rois de la création.

Pour qui aurait-il créé les innombrables familles de plantes et de fleurs qui ressemblent à des papillons, des joyaux ou des oiseaux immobiles, les fruits qui ont l’air de bijoux et d’écrins de joyaux, ou encore qui servent de tapis à vos pieds, d’abri pour vos têtes, de distraction, d’instrument, de joie pour l’esprit, pour les membres, la vue et l’odorat ? Pour qui aurait-il créé les minéraux dans les profondeurs du sol, les sels dissous dans les sources froides ou bouillantes, le soufre, l’iode, le brome si ce n’est pour en faire profiter une personne qui n’est pas Dieu, mais enfant de Dieu, un être unique, l’homme ?

Dieu n’avait besoin de rien, rien n’était nécessaire à sa joie. Il se suffit à lui-même. Sa contemplation fait sa béatitude, sa nourriture, sa vie et son repos. Toute la création n’a pas augmenté d’un atome son infini de joie, de beauté, de vie, de puissance. Tout cela, il l’a fait pour la créature qu’il a voulu établir roi de sa création : l’homme.

Pour voir tant d’œuvres de Dieu et par gratitude pour la puissance qu’il vous donne, cela vaut la peine de vivre. Vous devez lui être reconnaissants pour votre vie. Vous auriez dû l’être même si vous n’aviez été rachetés qu’à la fin des temps ; car, bien qu’ayant été dans les premiers et que vous soyez encore, individuellement, voleurs, orgueilleux, attirés par la luxure, homicides, Dieu vous accorde encore de jouir de la beauté de l’univers, et il vous traite comme si vous étiez bons, de bons fils à qui on enseigne et accorde tout pour leur rendre la vie plus douce et plus saine. Tout ce que vous savez de bien, vous le savez grâce aux lumières de Dieu. Tout ce que vous découvrez de bien, c’est sur les indications de Dieu. Vos autres connaissances et découvertes, qui portent le signe du mal, proviennent du Mal suprême : Satan.

L’Intelligence suprême, qui n’ignore rien, savait dès avant l’existence de l’homme qu’il allait être, de son plein gré, voleur et homicide. Et comme la Bonté éternelle ne connaît pas de limites, c’est dès avant la faute qu’elle pensa au moyen de l’effacer. Ce moyen, c’est moi. L’instrument pour faire de ce moyen un instrument efficace, c’est Marie. Et la Vierge fut créée dans la Pensée sublime de Dieu c’est-à-dire : en tant que concept vivant et parfait, avant tous les temps, ndt )

Tout fut créé pour moi, le Fils bien-aimé du Père. Comme Roi, j’aurais dû avoir sous mes pieds de Roi divin des tapis et des joyaux comme aucun palais n’en eut jamais, ainsi que des chants, des voix, des serviteurs et des ministres pour m’entourer comme aucun souverain n’en eut jamais, et encore des fleurs et des bijoux, tout ce qu’il y a de plus sublime, de plus grandiose, de plus gracieux, de plus délicat que l’on puisse tirer de la Pensée de Dieu.

Mais je devais être chair et pas seulement esprit : chair pour sauver la chair, chair pour la sublimer en la portant au Ciel bien des siècles avant l’heure. En effet, la chair habitée par l’esprit est le chef-d’œuvre de Dieu, et c’est pour elle que le Ciel avait été créé. Or, pour être chair, j’avais besoin d’une mère. Pour être Dieu, j’avais besoin d’un père qui soit Dieu.

Voilà pourquoi Dieu créa son Epouse et lui dit : “ Viens avec moi. A mes côtés, vois tout ce que je fais pour notre Fils. Regarde et réjouis-toi, éternelle Vierge, éternelle Enfant, et que ton sourire emplisse le Ciel, qu’il donne le ton aux anges, qu’il enseigne au Paradis l’harmonie céleste. Je te regarde, et je te vois telle que tu seras, toi la Femme immaculée qui n’es pour l’instant qu’esprit, l’esprit en qui je me complais ( esprit, c’est-à-dire : ni âme, ni chair, mais une simple pensée divine, ndt )

Je te regarde, et je donne le bleu de tes yeux à la mer et au firmament, la couleur de tes cheveux au grain saint, ta blancheur au lys et le rose de ton teint soyeux à la rose ; pour faire les perles, je copie tes petites dents, je crée les douces fraises en regardant ta bouche ; je donne les notes de ton chant au gosier du rossignol et ta plainte à la tourterelle. C’est en lisant tes futures pensées ( « futures », car Marie ne pensait pas encore, n’ayant pas encore d’âme, ndt ) et en écoutant les battements de ton cœur que je trouve le modèle qui guide la création. Viens, ma Joie, que les mondes te servent d’amusement jusqu’à ce que tu sois lumière dansante dans ma Pensée ; voilà les mondes pour ton sourire, prends les étoiles pour couronne et les astres pour colliers, mets la lune sous tes pieds gracieux, fais-toi une écharpe des étoiles de la Voie lactée. Les étoiles et les planètes te sont destinées. Viens te réjouir à la vue des fleurs qui amuseront ton Enfant et serviront d’oreiller au Fils de ton sein. Viens assister à la création des brebis et des agneaux, des aigles et des colombes.

Sois à mes côtés pendant que je fais les bassins des mers et des fleuves et que j’élève les montagnes et les recouvre de neige et de forêts, pendant que je sème les blés, les arbres et les vignes, et aussi l’olivier pour toi, ma Pacifique, et la vigne pour toi, mon Sarment qui portera la Grappe eucharistique. Accours, vole, jubile, ma toute-belle ; toi qui es la Femme aimante, apprends à l’univers, qui se crée d’heure en heure, à m’aimer ; Mère de mon Fils, Reine de mon paradis, Amour de ton Dieu, que ton sourire le rende plus beau. ”

A la vue de l’Erreur et dans l’admiration de celle qui est sans erreur, il lui dit encore : “ Viens à moi, toi qui effaces l’amertume de la désobéissance humaine, de la fornication des hommes avec Satan, de l’ingratitude humaine. Par toi, je prendrai ma revanche sur Satan. ”

Dieu, le Père créateur, avait créé l’homme et la femme avec une loi d’amour si parfaite que vous ne pouvez même plus en comprendre les perfections. Et vous faites erreur quand vous pensez à ce qu’aurait été l’espèce humaine si l’homme ne l’avait pas soumise à l’enseignement de Satan.

Observez les plantes : obtiennent-elles leurs fruits et leurs semences par fornication, à la suite d’une seule fécondation sur cent unions ? Non. La fleur mâle produit le pollen et celui-ci, dirigé par un ensemble de lois météoriques et magnétiques, parvient à l’ovaire de la fleur femelle. Cette dernière s’ouvre, le reçoit et produit du fruit. Elle ne se souille pas en le refusant ensuite, comme vous le faites, pour éprouver la même sensation le lendemain. Elle produit du fruit et ne fleurit plus jusqu’à la prochaine saison et, quand elle fleurit, c’est en vue de la reproduction.

Voyez les animaux, tous les animaux. Avez-vous jamais vu un mâle et une femelle aller l’un vers l’autre pour une étreinte stérile et une relation impure ? Non. De près ou de loin, en volant ou en rampant, en sautant ou en courant, ils accomplissent, le moment venu, le rite de la fécondation sans s’y soustraire en s’arrêtant à la jouissance, mais ils vont jusqu’aux conséquences sérieuses et saintes de la perpétuation de la race, qui en est l’unique but. L’homme, ce demi-dieu par son origine de grâce que je lui ai accordée en plénitude, devrait accepter dans ce seul but l’acte animal rendu nécessaire depuis que vous êtes descendus d’un degré dans l’ordre de l’animalité.

Mais vous n’agissez pas comme les plantes et les animaux. Vous avez eu Satan pour maître, vous avez voulu qu’il le soit et vous le voulez encore. Et vos actes sont dignes du maître que vous vous êtes choisi. Si vous étiez restés fidèles à Dieu, vous auriez connu la joie d’avoir des enfants saintement, sans douleur, sans vous livrer à des unions obscènes, indignes, qu’ignorent les animaux eux-mêmes, les animaux sans âme raisonnable et spirituelle.

A l’homme et à la femme pervertis par Satan, Dieu a voulu opposer l’Homme né d’une Femme sublimée par Dieu au point d’engendrer sans avoir connu d’homme : c’est une fleur qui engendre une Fleur sans avoir besoin de semence, mais sous l’effet d’un unique baiser du Soleil sur le calice inviolé du Lys, c’est-à-dire de Marie.

Voilà la revanche de Dieu !

Crache ta rage, Satan, pendant qu’elle naît. Cette petite fille t’a vaincu ! Avant même d’être le Rebelle, le Tortueux, le Corrupteur, tu étais déjà le Vaincu et elle, la Victorieuse. Mille armées rangées en ordre de bataille ne peuvent rien contre ta puissance, les armes tombent des mains des hommes contre tes écailles, ô perpétuel corrupteur, et il n’est pas de vent assez fort pour dissiper la puanteur de ton souffle. Et pourtant ce talon d’enfant, rose à en paraître l’intérieur d’un camélia rosé, si lisse et tendre que la soie paraît rugueuse en comparaison, si petit qu’il pourrait entrer dans la corolle d’une tulipe et se faire de ce satin végétal une chaussure, voilà qu’il t’écrase sans crainte et t’enferme dans ton antre. Ses vagissements suffisent à te mettre en fuite, toi qui ne crains aucune armée, et son haleine purifie le monde de ta pestilence. Tu es vaincu. Son nom, son regard, sa pureté sont autant de lances, d’éclairs et de pierres qui te transpercent, te terrassent, t’emprisonnent dans ta tanière infernale, ô Maudit qui as enlevé à Dieu la joie d’être le Père de tous les hommes créés !

Désormais, c’est en vain que tu les as corrompus, eux qui avaient été créés innocents, en les poussant à s’unir et à concevoir selon les détours de la luxure, privant ainsi Dieu, dans sa créature bien-aimée, de leur accorder des enfants selon des règles qui, si elles avaient été respectées, auraient maintenu sur la terre l’équilibre des sexes et des races capable d’éviter les guerres entre les peuples et les malheurs dans les familles.

S’ils avaient obéi, ils n’en auraient pas moins connu l’amour. Mieux, c’est seulement par leur obéissance qu’ils auraient connu l’amour ; ils l’auraient reçu par une possession pleine et tranquille de cette émanation de Dieu qui descend du surnaturel au naturel, pour que la chair en éprouve, elle aussi, une sainte joie, elle qui est unie à l’âme et créée par le même Dieu qui a créé l’âme.

Or votre amour, ô hommes, vos amours, que sont-ils ? Ils sont soit luxure qui prend les apparences de l’amour, soit peur incurable de perdre l’amour de votre conjoint à cause de sa débauche propre et de celle d’autrui. Depuis que la luxure est entrée dans le monde, vous n’avez plus aucune certitude de posséder le cœur de votre conjoint. Vous tremblez, pleurez, devenez fous de jalousie, vous allez parfois jusqu’au meurtre pour vous venger d’une trahison, ou encore vous tombez dans le désespoir, frappés d’aboulie ou de démence.

Voilà, Satan, ce que tu as fait aux enfants de Dieu. Si tu ne les avais corrompus, ils auraient connu la joie d’enfanter sans douleur, la joie d’être nés sans redouter la mort. Or te voici désormais vaincu dans une Femme et par la Femme. Dès lors, ceux qui l’aimeront retourneront à Dieu et surmonteront tes tentations pour pouvoir contempler sa pureté immaculée. Dès lors, ne pouvant enfanter sans douleur, les mères trouveront en elle un réconfort. Dès lors, les épouses auront en elle un guide et les mourants une mère, de sorte qu’il leur sera doux de mourir sur ce sein qui les protègera de toi, Maudit, et du jugement de Dieu.

Maria, ma petite voix, tu as vu la naissance du Fils de la Vierge et la naissance au Ciel de la Vierge ( son Assomption, ndt ) Tu as donc vu que les personnes sans faute ne connaissent ni la souffrance de donner le jour ni celle de mourir. Mais si la perfection des dons célestes fut réservée à la plus innocente de toutes, à la Mère de Dieu, l’enfantement sans douleur et la mort sans angoisse auraient été le lot de tous les descendants des premiers parents qui seraient restés innocents et enfants de Dieu, comme cela était juste, pour avoir su s’unir et concevoir sans luxure.

La sublime revanche de Dieu sur la vengeance de Satan fut de porter la perfection de la créature bien-aimée à une perfection plus haute encore qui, dans une créature au moins, a effacé tout souvenir d’humanité susceptible de céder au poison de Satan. C’est ainsi que le Fils vint au monde non à la suite d’une chaste union humaine, mais par une étreinte divine qui transfigure l’âme dans l’extase du Feu.

La virginité de la Vierge !

Viens. Médite sur la profondeur de cette virginité dont la contemplation donne le vertige ! Qu’est-ce que la pauvre virginité forcée de la femme qu’aucun homme n’épouse ? Moins que rien. Qu’est-ce que la virginité de la femme qui désire être vierge pour appartenir à Dieu, mais ne sait l’être que de corps et non d’âme, en qui elle laisse pénétrer bien des pensées étrangères, caresse des pensées humaines et en accepte les caresses ? Cela commence à être un soupçon de virginité, mais c’est bien peu de chose encore. Qu’est-ce que la virginité d’une femme cloîtrée qui vit de Dieu seul ? Beaucoup. Mais ce n’est toujours pas une virginité parfaite en comparaison de celle de ma Mère.

Il y a toujours une connivence, même chez les plus saints : c’est la connivence originelle de l’âme avec le péché, celle dont le baptême libère. Il en libère, certes, mais de même qu’une femme séparée de son époux par la mort ne retrouve pas sa virginité totale, le baptême ne rend pas celle de nos premiers parents avant le péché originel. Une cicatrice demeure, douloureuse, toujours prête à se rappeler à notre souvenir, telle une plaie qui se rouvre, à l’instar de certaines maladies dont les virus redeviennent périodiquement actifs. Chez la Vierge, il n’y a pas trace de connivence avec la faute dont elle se serait libérée. Son âme se révèle aussi belle et intacte que lorsque le Père la pensa, réunissant en elle toutes les grâces.
Elle est la Vierge, unique, parfaite, complète. C’est ainsi qu’elle a été pensée, engendrée, qu’elle est restée ; c’est ainsi qu’elle est couronnée et demeure éternellement. Elle est LA Vierge. Elle est le sommet de l’intangibilité, de la pureté, de la grâce la plus parfaite.

Voilà quelle est la revanche du Dieu un et trine. A l’encontre des créatures profanées, il suscite cette Etoile de perfection. Contre la curiosité malsaine, il suscite cette femme réservée qui se satisfait du seul amour de Dieu. Contre la science du mal, il suscite cette ignorante sublime. Elle n’ignore pas seulement l’amour avili, pas seulement l’amour que Dieu avait accordé aux époux. Bien plus : elle en ignore jusqu’aux élans, cet héritage du péché. Il ne se trouve en elle rien d’autre que la sagesse glacée et incandescente de l’Amour divin, ce feu qui revêt la chair d’une cuirasse de glace pour en faire un miroir transparent à l’autel où un Dieu épouse une vierge sans s’avilir, parce que sa perfection enveloppe celle qui, comme il convient à une épouse, est d’un degré seulement inférieure à l’Epoux, soumise à lui en tant que femme, mais comme lui sans tache. »

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1 ) Pourquoi, alors que Dieu savait pertinemment qu’Il allait être rejeté par l’homme sa créature, avoir tout de même créé celui qui était destiné initialement par Lui à être un demi Dieu ?

---> Parce que, si Dieu avait renoncé à créer l’homme, Il aurait dû également renoncer à créer son très pur Chef-d’œuvre : la très sainte Vierge Immaculée qu’Il aimait dès avant tous les siècles.

2 ) On pourrait penser que cette volonté de Dieu de créer tout de même l’homme, seulement dans le but d’avoir ainsi la très Pure Vierge Marie, serait somme toute exagérée :

---> mais on méconnaîtrait alors la force inexprimable de l’Amour Éternel de Dieu envers sa Créature parfaite, qui prenait en elle sa Revanche sur le mal, et qui célébrait par avance sa victoire.

3 ) Si donc Marie est bien la revanche que Dieu prendra sur Satan, comment dès lors s’étonner même une seconde de ce que Dieu prenne d’avance en elle toutes ses complaisances, jusqu’à la rendre vraiment présente à son Esprit depuis toujours, et jusqu’à prendre cet objet de son Amour infini pour modèle de tout ce qui sera, dans l’univers créé pour l’homme ?

 

 

"Jésus dit: « pour être chair, j’avais besoin d’une Mère. Pour être Dieu,
j’avais besoin d’un Père qui fut Dieu. Voilà pourquoi Dieu créa l’épouse et lui dit: « viens avec moi. À mes côtés, vois tout ce que je fais pour notre fils. Regarde et réjouis-toi, éternelle Vierge, enfant éternelle, et que ton sourire emplisse le ciel et donne aux anges la note initiale et qu’il enseigne au paradis l’harmonie céleste. Je te regarde et je te vois telle que tu seras, O femme immaculée qui maintenant n’est qu’esprit: l’esprit en qui je me complais. » (I, 8, 39)"

 

---> C’est-à-dire, « qui n’est encore que ce que mon Esprit divin pense d’elle, et non pas encore une réalité créée » : « Telle que tu seras ».

 

 

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