" Citons encore cet extrait qui, s’il était formalisé théologiquement, donnerait une étrange définition de la charité :
« Tout ce que j’ai pu faire, je l’ai fait car je n’étais qu’un avec la Charité. Même à l’heure où le Dieu-Charité s’éloignait de moi, j’ai su être charité, car dans mes trente-trois années, j’avais vécu de charité. On ne peut arriver à une perfection telle que celle qui demande de pardonner et de supporter celui qui nous offense si on n’a pas l’habitude de la charité. Moi, je l’avais et j’ai pu pardonner et supporter ce chef-d’œuvre d’offenseur que fut Judas. » (IX, 20, 189)
" Ce n’est donc pas ici, si l’on suit le texte, la vertu du Verbe qui pardonne, mais, comme une roue entraînée par son propre mouvement dans le vide, l’habitude humaine du Christ, délaissé par le Dieu-charité, mais capable encore, capable pourtant, de pardonner. "
---> La dérive docète de DGC continue encore ici : car il sous-entend bien que si Jésus en arrivait à se montrer charitable uniquement à la manière dont un homme peut l'être - selon l'extrait cité, c'est-à-dire lorsque le Dieu-Charité s'éloigne de son Humanité - cela contredirait son union indéfectible au Père.
---> Sans même s'en rendre compte, l'auteur nie ainsi la vérité de l'Humanité semblable à la nôtre du Christ, qui, si elle n'avait pas été d'une certaine manière abandonnée par le Père, n'aurait pu connaître ni l'angoisse, ni aucune autre souffrance, exactement comme Adam dans le Paradis terrestre qui ne pouvait souffrir en aucune manière, comblé à chaque instant qu'il était par la plénitude de la grâce divine.
---> Or Jésus le Verbe Incarné n'avait pas assumée notre humanité telle qu'elle était avant la chute - c'est-à-dire en incapacité radicale d'être un tant soit peu abandonnée par le Ciel - mais telle qu'elle devint après la chute originelle : c'est-à-dire dans un état d'éloignement plus ou moins grand d'avec la Divinité, laissant la place à une multitude de maux ordinaires et extraordinaires, comme la faim, la soif, le froid, la fatigue, la souffrance physique et morale, la maladie, la mort.
---> Même si Jésus fut exempté de certains maux réservés aux pécheurs - en particulier la maladie, les malformations -, Il voulut assumer cette éloignement relatif tout au long de sa vie, connaissant la faim, la soif, la fatigue, la tristesse, etc., sans revendiquer de privilèges dû à son rang divin.
---> Et voilà donc le plus grand Mystère : puisque Jésus est Lui-même vraiment Dieu, comment donc pouvait-Il en son Humanité unie à sa Divinité subir ne serait-ce que le moindre de tous ces maux ? Cela pourrait sembler absurde : sauf que c'était la propre Volonté du Verbe de laisser son Humanité expérimenter toutes sortes d'épreuves ici-bas : dans le cas contraire, elle aurait été perpétuellement aussi glorieuse et impassible qu'elle le fut au Mont Thabor.
---> Et voici le paroxysme de ce grand Mystère : alors que le très grand éloignement de Dieu de notre nature humaine, entraînant pour elle les plus profondes souffrances et détresses morales, ne concerne normalement que les situations de péchés mortels entraînant une cessation de la grâce divine dans l'âme, ce très grand éloignement de Dieu fut en son Âme le lot du Christ en Croix, pourtant innocent de tout péché, comme s'Il était devenu coupable à Lui-seul de toutes les offenses commises contre Dieu par tout le genre humain, depuis la nuit des temps jusqu'à la fin du monde.
---> Et sous une apparence d'injustice, cet éloignement de Dieu aux conséquences terriblement douloureuses pour le Christ fut l'occasion pour Lui d'accomplir au contraire toute justice, c'est-à-dire de mériter pleinement, par son obéissance héroïque au Père, le salut du genre humain.
---> Mais pour connaître tout cet abîme de déréliction qui fut son lot durant l'Agonie et la Passion, il fallait que le Christ accepta d'être un homme comme nous, et non pas tel que fut jadis Adam : c'est-à-dire en capacité d'être abandonné par Dieu à ses seules forces humaines limitées, et non pas invincibles.
---> Le Père y consentit, le Verbe avec Lui, et le Saint Esprit avec eux ... et le Verbe Incarné y consentit à son tour : il le fallait, car en devenant Homme, le Verbe acquérait une autre volonté, humaine celle-ci.
---> Il est donc tout à fait juste de voir ici comment le Christ se comporta avec charité, mû par ses seules forces humaines, à l'image de tout un chacun pour qui la vertu - tout comme le vice - est avant tout une question d’habitude, et en est le fruit, selon ce qu'enseigne saint Thomas d'Aquin, si bien que l'arbre tombe du côté où il penche.
---> Et si saint Paul compare sa Vie en Christ avec l'entraînement d'un sportif ( une répétition produisant une plus forte capacité à performer ) , ce n'est pas non plus le fruit du plus complet hasard.
1 Cor 9 24-27
" (...) Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. Moi, si je cours, ce n’est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide. Mais je traite durement mon corps, j’en fais mon esclave, pour éviter qu’après avoir proclamé l’Évangile à d’autres, je sois moi-même disqualifié. (...) "
Illustration par l'exemple :
---> la petite Thérèse connut une terrible épreuve contre la foi à la fin de sa courte existence : elle n’avait plus aucune certitude intérieure sur l’existence du Ciel, constamment aux prises avec la pensée du néant suscitée par l’ennemi.
---> Mais au cœur de cette souffrance qu'elle n'avait certainement pas attirée sur elle par des péchés graves, elle conserva la foi, car elle s’y était fortement ancrée depuis toujours, faute de quoi elle aurait sombré dans l’athéisme.
---> C’était donc à la fois comme une sorte de roue mue par sa propre inertie qui la maintint dans la foi, ou bien comme un arbre continuant de tomber par là où il penchait déjà, mais c’était pourtant toujours bien elle qui croyait volontairement, sans plus recevoir pour cela d’aide sensible de Dieu.
---> Thérèse est une toute petite image de ce que fut la Passion du Christ : un abandon de l’aide du Père, surmonté de façon héroïque par la vertu personnelle, qui est avant tout une habitude méritoire.
---> Et cela correspond bien à l’économie de la Rédemption : il fallait bien que le Christ vainquit tout péché en tant qu’Homme pour racheter la faute des hommes. S’Il avait toujours joui de l’aide de son Père dans cette lutte, Il n’aurait pu accumuler aucun mérite en son Humanité. Sa Passion n’aurait donc été d’aucun fruit pour nous, ne Lui ayant rien coûté.
« Tout Fils qu’Il était, Il apprit de ce qu’Il souffrit l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel, car Dieu l’a proclamé grand prêtre de l’ordre de Melkisédek. » ( Hébreux 5 )
DGC corrigé en rouge :
Tout cela suggère l’expérience d’une certaine cruauté du Père ( sic ! ) . À plusieurs reprises, le Père, que Jésus appelle parfois « Jehovah » – appellation fautive ( sic ! ) – ou « le Dieu du Sinaï » – appellation absente de l’Évangile - Comment Dieu n'aurait-Il pas été pour les Hébreux "le Dieu du Sinaï", alors que les dix Commandements qu'Il leur donna jadis en ce lieu était depuis ce temps leur référence la plus absolue ? - , apparaît en effet dur ou mauvais comme le dieu que Marcion s’était représenté à partir d’un Ancien Testament opposé au Nouveau.
Hébreux 10, 29-31
" (...) Qu’en pensez-vous ? Ne sera-t-elle pas encore plus grave, la peine que méritera celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, tenu pour profane le sang de l’Alliance par lequel il a été sanctifié, et outragé l’Esprit qui donne la grâce ? Car nous connaissons celui qui a dit : C’est à moi de faire justice, c’est moi qui rendrai à chacun ce qui lui revient ; et encore : Le Seigneur jugera son peuple. Chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! (...)"
---> Ce n'est pas un prophète de l'Ancien Testament qui parle ici, mais saint Paul : et on est en droit de se demander s'il est connu de l'auteur.
---> C'est précisément ce passage de saint Paul qui va être illustré dans les citations suivantes, concernant le cruel Doras.
---> Si le Père permit que le Christ montre, dans le Mystère de sa kénose, à quel point Il était vraiment Homme semblable aux hommes, cela serait en raison d'"une certaine cruauté de sa part", puisqu'à cause de Lui, le Christ ne pourrait plus jouir librement du fait d'être vraiment Dieu !
---> On est là à seulement un pas du plus complet docétisme : ou bien le Christ montrerait à chaque instant toute la force de sa Divinité, ou bien alors Il ne serait pas le Christ, ce qui veut bien dire entre les lignes que le Christ ne serait pas véritablement homme comme nous, et surement pas l' "homme des douleurs", le "serviteur souffrant" annoncé par Isaïe 53.
---> Mais comment s'étonner d'un tel point de vue de l'auteur : n'avons-nous pas appris que selon lui, le Christ n'accomplissait pas Lui-même les Ecritures, mais ne faisait que "montrer une certaine solidarité avec les hommes dont l'Ecriture parlait" ! ( cf volet précédent )
---> Par quel nom désigner une pareille hérésie ?
---> L’appellation « Jehovah » n’a rien de fautive dans la bouche de Jésus le grand Prêtre, non pas le grand prêtre qui ne pouvait prononcer ce Nom avec crainte qu’une fois par an, dans le Saint des saints, mais Celui qui était Lui-même le Temple Nouveau de la Nouvelle Alliance, et dont la sainteté était celle de Dieu en Personne :
---> A Dieu, il est en effet permis de prononcer le saint Nom de Dieu, peu importe que cela scandalise les pharisiens modernes.
---> DGC affabule en parlant d’une pseudo-opposition dans l’EMV entre le Dieu de l’Ancien et Celui du Nouveau Testament, car précisément, Jésus n’y fait aucunement cette distinction : il n’y a pour Lui qu’un seul et même Dieu, sévère avec les orgueilleux et les cruels, patient et miséricordieux avec tous les autres, et c’est Celui dont parle les Écritures, pour peu que l’on sache bien les interpréter.
---> Mais il semble que notre auteur soit satisfait d’avoir exhumer ce vieux poncif de Marcion, pour l’appliquer à l’EMV sans aucun motif.
---> C’est DGC et lui seul qui suggère ici que Dieu - "le Dieu de l’Ancien Testament" (?) - , tel qu’Il se révèle dans le passage que Jésus va lire à la synagogue de Capharnaüm ( Josué 7,13 ), serait cruel, dur et mauvais : car ce qui va suivre dans l’EMV suggère précisément l'inverse.
---> Cela nous en dit assez long sur sa propre exégèse de l’Écriture, puisqu’il ne peut entendre celle-ci, et notamment le livre de Josué, sans employer de tels adjectifs.
---> Serait-ce donc en réalité pour DGC lui-même que « le Dieu de l’Ancien Testament » apparaisse dur, cruel et mauvais, comme le pensait Marcion ?
---> Selon lui, il faudrait donc corriger les saintes Écritures, pour les rendre conformes à l'Évangile ?
---> Et celui qui les citerait telles quelles, comme va le faire ici Jésus, manifesterait par là sa complicité de pensée avec « la cruauté du Père » ? Voilà qui est pour le moins édifiant …
Que dit en effet Josué 7,13 ?
"Lève-toi et sanctifie le peuple et dis-leur : Sanctifiez-vous pour demain car voilà ce que dit le Dieu d'Israël : L'anathème est au milieu de vous, ô Israël. Tu ne pourras pas tenir tête à tes ennemis jusqu'à ce que soit enlevé du milieu de toi, celui qui s'est contaminé avec tel délit." ( Josué 7,13 )
Contexte dans l'EMV :
---> Cette Parole fut tirée au hasard parmi les rouleaux, par le chef de la synagogue de Capharnaüm, afin que Jésus en donne publiquement l'interprétation.
---> Est-ce que Jésus, dans ce commentaire qu'Il fait de Josué 7, parlerait peut-être d'un Dieu cruel ? Vérifions-le :
« Repentez-vous de vos péchés pour être pardonnés et prêts pour le Royaume. Enlevez-vous l'anathème du péché. Chacun a le sien Chacun a celui qui est contraire aux dix commandements du salut éternel. Examinez-vous, chacun avec sincérité et vous trouverez le point sur lequel vous vous êtes trompés. Ayez-en humblement un repentir sincère. Veuillez vous repentir. Non en paroles. On ne se moque pas de Dieu et on ne Le trompe pas. Mais repentez-vous avec la volonté arrêtée de changer de vie, de revenir à la Loi du Seigneur. Le Royaume des Cieux vous attend. Demain. »
(...)
Jéhovèh vous a frappés, oui, dans le présent, dans votre orgueil et votre prétention d'être un "peuple" selon les idées de la terre. Mais, à quel point Il vous a aimés et a usé de patience avec vous plus qu'avec aucun autre, en vous accordant à vous le Sauveur, son Messie, pour que vous l'écoutiez et vous vous sauviez avant l'heure de la colère divine ! Il ne veut plus que vous soyez pécheurs. Mais si Il vous a frappés en ce monde caduc, voyant que la blessure ne guérit pas, mais au contraire émousse toujours plus votre esprit, voici qu'Il vous envoie non pas la punition mais le salut. Il vous envoie Qui vous guérit et vous sauve, Moi, qui vous parle."
---> Quelle cruauté de Dieu, en effet, dans ces commentaires de Jésus sur Josué ! Que la réflexion de DGC est donc pertinente !
---> Bref : c'est un flop.
Jésus dit: « Moi, représentant de Dieu, j’explique tout et en fais l’application à l’éternel et au surnaturel. Jéhovah vous a frappés. (…) Il vous envoie Qui vous guérit et vous sauve, moi, qui vous parle. » (II, 22, 106)
---> Un vrai travail de faussaire. Du même style que de citer l'Évangile comme suit, pour en changer le véritable sens :
- « Et Judas alla se pendre » ( Matt 27,5 ) ;
- « Va, et toi aussi, fais de même. » ( Luc 10,37 )
---> Citation absurde autant que perfide, où l’on ne peut plus distinguer de quoi il s’agit vraiment dans l’oeuvre : Jéhovah frappe qui, comment, et pourquoi ? Il aurait pourtant suffit de citer correctement le passage pour voir à quel point il s’agit ici bien au contraire de mettre en valeur la Miséricorde infinie du Père, renonçant au châtiment pour donner le Sauveur.
---> Ce qui va donc achever définitivement de détruire le faux argumentaire de l’auteur, c’est la citation intégrale de ce passage, correspondant à Marc 1,24 :
EMV 59.1 Le démoniaque guéri dans la synagogue de Capharnaüm en conclusion d’une discussion.
Je vois la synagogue de Capharnaüm. Elle est déjà remplie d'une foule qui attend. Des gens, sur le seuil, surveillent la place encore ensoleillée, bien que l'on aille vers le soir. Finalement, un cri "Voici le Rabbi qui vient."
Tous se retournent vers la sortie. Le moins grands s'élèvent sur la pointe des pieds ou cherchent à se pousser en avant. Quelques disputes, quelques bousculades malgré les reproches des employés de la synagogue et des notables de la cité.
"La paix soit avec tous ceux qui cherchent la Vérité !"
Jésus est sur le seuil et salue en bénissant, les bras tendus en avant. La lumière très vive qui vient de la place ensoleillée met en valeur sa grande stature, nimbée de lumière. Il a quitté son habit blanc et il a pris ses vêtements ordinaires, bleu foncé. Il s'avance travers la foule qui lui fait un passage puis se resserre autour de Lui, comme l'eau autour d'un navire.
"Je suis malade, guéris-moi !" gémit un jeune homme qui me semble phtisique d'après son aspect, et qui tient Jésus par son vêtement.
Jésus lui met la main sur la tête et lui dit : "Aie confiance, Dieu t'écoutera, lâche-moi maintenant pour que je parle au peuple après je viendrai vers toi."
Le jeune homme le lâche et reste tranquille.
"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?" demande une femme qui porte un bambin sur ses bras.
"Il m'a dit qu'après avoir parlé au peuple il viendra vers moi."
"Il te guérit, alors ?"
"Je ne sais pas. Il m'a dit : "Confiance". Moi, j'espère."
"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?"
"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?"
La foule veut savoir. La réponse de Jésus circule parmi le peuple.
"Alors, je vais prendre mon petit."
"Et moi, j'amène ici mon vieux père."
"Oh! si Aggée voulait venir ! Je vais essayer ... mais il ne viendra pas."
Jésus a rejoint sa place. Il salue le chef de la synagogue qui le salue avec ses acolytes. C'est un homme de petite taille, gras et vieillot. Pour lui parler, Jésus s'incline. On dirait un palmier qui se penche vers un arbuste plus large que haut.
"Que veux-tu que je te donne ?" demande le chef de la synagogue.
"Ce que tu veux ou bien au hasard, l'Esprit te guidera."
"Mais... seras-tu préparé ? "
"Je le suis. Prends au hasard. Je répète : l'Esprit du Seigneur guidera le choix pour le bien de ce peuple."
Le chef de la synagogue étend la main sur le tas de rouleaux. Il en prend un, l'ouvre et s'arrête à un point donné. "Voilà" dit-il.
Jésus prend le rouleau et lit à J'endroit indiqué :
"Josué 7,13 : "Lève-toi et sanctifie le peuple et dis-leur : Sanctifiez-vous pour demain car voilà ce que dit le Dieu d'Israël : L'anathème est au milieu de vous, ô Israël. Tu ne pourras pas tenir tête à tes ennemis jusqu'à ce que soit enlevé du milieu de toi, celui qui s'est contaminé avec tel délit."
Il s'arrête, enroule le rouleau et le rend.
La foule est très attentive. Seul quelqu'un chuchote :
"Nous allons en entendre de belles contre les ennemis !"
"C'est le Roi d'Israël, le Promis, qui rassemble son peuple !"
Jésus tend les bras dans son habituelle attitude oratoire. Le silence se fait, complètement.
"Celui qui est venu vous sanctifier s'est levé. Il est sorti du secret de la maison où il s'est préparé à cette mission. Il s'est purifié pour vous donner l'exemple de la purification. Il a pris position face aux puissants du Temple et au peuple de Dieu. Et maintenant, Il est parmi vous.
C'est Moi ! Non pas comme le pensent et l'espèrent certains parmi vous qui ont l'esprit enténébré et le cœur troublé. Plus grand et plus noble est le Royaume dont je suis le futur Roi et auquel je vous appelle.
Je vous appelle, ô vous d'Israël, avant tout autre peuple, parce que vous êtes ceux qui dans les pères de vos pères eurent la promesse de cette heure et l'alliance avec le Seigneur Très-Haut. Mais ce ne sera pas avec des foules armées, pas par la féroce effusion de sang que se formera ce Royaume. Ce ne sont pas les violents, ni les dominateurs, pas les orgueilleux, les irascibles, les envieux, les luxurieux, les gens cupides qui y entreront, mais les bons, les doux, les chastes, les miséricordieux, les humbles, ceux qui aiment le prochain et Dieu, les patients.
Israël ! Ce n'est pas contre les ennemis du dehors que tu es appelé à combattre, mais contre les ennemis du dedans, contre ceux qui se trouvent en ton cœur, dans le cœur des dizaines et des dizaines de mille parmi tes fils. Enlevez l'anathème du péché dans tous vos cœurs si vous voulez que demain le Seigneur vous rassemble et vous dise : "Mon peuple, à toi le Royaume qui ne sera plus vaincu, ni envahi, ni attaqué par les ennemis".
Demain. Quel jour, ce demain ? Dans un an ou un mois? Oh ! ne cherchez pas avec la soif malsaine de connaître l'avenir par des moyens qui ont le goût de coupables sorcelleries. Laissez aux païens l'esprit Python. Laissez au Dieu éternel le secret de Son temps. Vous, dès demain, le demain qui surgira après cette heure du soir, celui-là qui viendra de nuit, qui surgira avec le chant du coq, venez vous purifier dans la vraie pénitence.
Repentez-vous de vos péchés pour être pardonnés et prêts pour le Royaume. Enlevez-vous l'anathème du péché. Chacun a le sien Chacun a celui qui est contraire aux dix commandements du salut éternel. Examinez-vous, chacun avec sincérité et vous trouverez le point sur lequel vous vous êtes trompés. Ayez-en humblement un repentir sincère. Veuillez vous repentir. Non en paroles. On ne se moque pas de Dieu et on ne Le trompe pas. Mais repentez-vous avec la volonté arrêtée de changer de vie, de revenir à la Loi du Seigneur. Le Royaume des Cieux vous attend. Demain.
Demain ? demandez-vous ? Oh ! c'est toujours un prompt lendemain, l'heure de Dieu, même quand il vient au terme d'une longue vie comme celle des Patriarches. L'éternité n'a pas, pour mesurer le temps, le lent écoulement du sablier. Ces mesures du temps que vous appelez jours, mois, années, siècles sont les palpitations de l'Esprit Éternel qui vous garde en vie. Mais vous êtes éternels en votre esprit et vous devez, en esprit, garder la même méthode de mesure du temps que votre Créateur. Dire donc : "Demain, ce sera le jour de ma mort !" Bien plus, pas de mort pour celui qui est fidèle, mais repos dans l'attente, dans l'attente du Messie qui ouvre les portes des Cieux.
Et, en vérité, je vous dis que parmi ceux qui sont ici présents, vingt-sept seulement devront attendre à leur mort. Les autres seront jugés dès avant la mort et la mort sera le passage à Dieu ou à Mammon, sans délai parce que le Messie est venu, Il est parmi vous et vous appelle pour vous donner la bonne nouvelle, pour vous instruire de la Vérité, pour vous assurer le salut et le Ciel. Faites pénitence ! Le "demain" du Royaume des Cieux est imminent, qu'il vous trouve purs pour devenir les possesseurs du Jour Éternel.
La paix soit avec vous."
Quelqu’un se lève pour le contredire, c'est un Israélite barbu aux somptueux vêtements. Il dit :
"Maître, ce que tu dis me paraît en opposition avec ce qui est dit au Livre second des Macchabées, gloire d'Israël. Là, il est dit : "En fait, c'est un signe de grande bienveillance de ne pas permettre aux pécheurs de ne pas revenir pendant longtemps à leurs caprices, mais de les châtier aussitôt. Le Seigneur ne fait pas comme avec les autres nations qu'il attend patiemment pour les punir lorsque est venu le jour du Jugement, quand la mesure de leurs fautes sera comble". Toi, au contraire, tu parles comme si le Très-Haut pouvait être très lent à nous punir, ( le fameux "dieu cruel" qu'a repéré DGC, ndt ) à nous attendre, comme les autres peuples, au temps du Jugement, quand sera comble la mesure des péchés, Vraiment, les faits t'apportent un démenti. Israël est puni, comme dit l'histoire des Macchabées. Mais, si c'était comme tu dis, n'y aurait-il pas un désaccord entre ta doctrine et celle qui est renfermée dans la phrase que je t'ai rapportée ?".
"J’ignore qui tu es, mais qui que tu sois, je te réponds. Il n'y a pas de désaccord dans la doctrine, mais dans la manière d'interpréter les paroles. Tu les interprètes à la manière humaine; moi à la manière de l'Esprit. Toi, représentant de la majorité des hommes, tu vois tout dans une référence au présent et à ce qui est caduc. Moi, représentant de Dieu, j'explique tout et en fais l'application à l'éternel et au surnaturel.
Jéhovèh vous a frappés, oui, dans le présent, dans votre orgueil et votre prétention d'être un "peuple" selon les idées de la terre. Mais, à quel point Il vous a aimés et a usé de patience avec vous plus qu'avec aucun autre, en vous accordant à vous le Sauveur, son Messie, pour que vous l'écoutiez et vous vous sauviez avant l'heure de la colère divine ! Il ne veut plus que vous soyez pécheurs. Mais si Il vous a frappés en ce monde caduc, voyant que la blessure ne guérit pas, mais au contraire émousse toujours plus votre esprit, voici qu'Il vous envoie non pas la punition mais le salut. Il vous envoie Qui vous guérit et vous sauve, Moi, qui vous parle."
"Ne trouves-tu pas que tu es audacieux en te posant comme représentant de Dieu ? Aucun des prophètes n'a eu cette audace, et Toi... qui es-tu, Toi qui parles et sur l'ordre de qui parles-tu ?"
"Les prophètes ne pouvaient dire d'eux-mêmes ce que Je dis de Moi. Qui suis-je ? L'Attendu, le Promis, le Rédempteur. Déjà vous avez entendu celui qui m'a précédé dire : "Préparez les voies du Seigneur... Voici que vient le Seigneur Dieu... Comme un berger il paîtra son troupeau, tout en étant l'Agneau de la vraie Pâque !"
Il y a parmi vous des gens qui ont entendu ces paroles de la bouche du Précurseur et qui ont vu s'éclairer le ciel par l'effet d'une lumière qui descendait en forme de colombe, qui ont entendu Une voix qui parlait en disant qui j'étais. Par ordre de qui Je parle ? Par ordre de Celui qui est et qui m'envoie."
"Tu peux le dire, mais tu peux aussi être un menteur ou dans l'illusion. Tes paroles sont saintes, mais Satan aussi a des paroles trompeuses teintes de sainteté, pour entraîner dans l'erreur. Nous nous ne te connaissons pas."
"Je suis Jésus de Joseph, de la race de David, né à Bethléem Ephrata, selon la promesse, appelé Nazaréen parce que j'ai la maison à Nazareth. Cela, du point de vue du monde. Selon Dieu je suis son Messie. Mes disciples le savent."
"Oh ! eux, ils peuvent dire ce qu'ils veulent et ce que tu leur fais dire."
"Un autre parlera, qui ne m'aime pas et dira qui je suis. Attends que j'appelle un de ceux qui sont présents."
Jésus regarde la foule, étonnée de la discussion, choquée et divisée en deux courants contraires. Il regarde, en cherchant quelqu’un avec ses yeux de saphir, puis crie à haute voix :
"Aggée, avance, Je te le commande."
Grand bruit dans la foule qui s'ouvre pour laisser passer un homme agité par un tremblement et soutenu par une femme.
"Connais-tu cet homme ?"
"Oui, c'est Aggée de Malachie, d'ici, de Capharnaüm. Il est possédé d'un esprit malin qui le fait entrer dans des accès de folie furieuse et soudaine."
"Tout le monde le connaît ?" La foule crie : "Oui, oui."
"Quelqu'un peut-il dire qu'il m'a parlé fût-ce quelques minutes !"
La foule crie : "Non, non, il est comme hébété et ne sort jamais de sa maison et personne ne t'y a jamais vu."
"Femme, amène-le-Moi."
La femme le pousse et le traîne pendant que le pauvret tremble plus fort. Le chef de la synagogue avertit Jésus : "Attention ! Le démon va le tourmenter ... et alors il s'excite, griffe et mord". La foule s'écarte en se pressant contre les murs. Les deux sont désormais en face l'un de l'autre.
Un instant de résistance. Il semble que l'homme habitué au mutisme hésite à parler et gémit. Puis la voix s'articule : "Qu'y-a- t-il entre nous et Toi Jésus de Nazareth ? Pourquoi es-tu venu nous tourmenter ? Nous exterminer, Toi, le Maître du Ciel et de la terre ? Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. Personne, dans la chair, ne fut plus grand que Toi parce que dans ta chair d’homme, est renfermé l'Esprit du Vainqueur Éternel. Déjà tu m'as vaincu dans..."
"Tais-toi, sors de lui, Je te le commande."
L'homme est pris d'une agitation étrange. Il s'agite par à-coups comme s'il y avait quelqu'un qui le maltraite en le poussant et le secouant. Il hurle d'une voix inhumaine et puis est plaqué au sol d'où il se relève ensuite, étonné et guéri.
"Tu as entendu ? Que réponds-tu, maintenant ?" Jésus demande à son opposant.
L'homme barbu et bien habillé hausse les épaules et, vaincu, s'en va sans répondre. La foule le raille et applaudit Jésus.
"Silence, c'est un lieu sacré, dit Jésus, et il ordonne : Amenez- Moi le jeune homme à qui j'ai promis l'aide de Dieu."
Le malade se présente. Jésus le caresse : "Tu as eu foi ! Sois guéri. Va en paix et sois juste."
Le jeune homme pousse un cri, qui sait ce qu'il éprouve ? Il se jette aux pieds de Jésus et les baise en remerciant : "Merci pour moi et pour ma mère !"
D'autres malades viennent : un jeune enfant aux jambes paralysées. Jésus le prend dans ses bras, le caresse, le pose à terre... et le laisse. Le bambin ne tombe pas mais court vers sa mère qui le reçoit sur son cœur en pleurant, et bénit "le Saint d'Israël". Arrive un petit vieux aveugle, conduit par sa fille. Lui aussi se voit guéri avec une caresse sur les orbites malades.
De la part de la foule, c'est un délire de bénédictions.
Jésus se fraye un chemin en souriant. Malgré sa grande taille il n'arriverait pas à fendre la foule si Pierre, Jacques, André et Jean ne travaillaient du coude généreusement et ne s'ouvraient un accès depuis leur coin jusqu'à Jésus et ne le protégeaient Jusqu'à la sortie sur la place où le soleil a disparu.
La vision se termine ainsi.
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---> L’auteur se montre ici capable de confondre la cruauté, la dureté et la méchanceté, avec : l’Autorité et la Justice divine.
---> Mais c'est un peu son problème et non le nôtre, puisqu'il n'est pas devenu notre gourou.
---> Nous ne sommes cependant pas au bout de nos surprises avec son article, et nous allons tout de suite découvrir ce que DGC appelle… : "de la cruauté".