Union hypostatique, vertu de charité : le Dieu de tendresse et de pitié serait-Il confondu avec un « dieu cruel et dur de l'Ancien Testament », dans l'EMV ?

"Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, alors qu’au-dedans ce sont des loups voraces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez." ( Matthieu 7,15 )

" Les expressions de la prière de « Jésus » montrent l’impossibilité qu’a Valtorta de penser ni l’unité du Verbe et du Père, ni l’union hypostatique ( cf. volet précédent ) À vouloir traduire en termes psychologiques la science divine et humaine du Christ, et toujours en termes d’opposition, on tombe dans l’absurde. "

 

1 ) Nous suivons ici la dérive docète de DGC :

---> Puisque le Verbe s'est incarné, assumant donc intégralement notre nature humaine, il est normal qu'Il ait également inscrit sa Pensée sous une modalité humaine, même surélevée par sa Divinité.

---> Ce qui fait que sa Pensée d'Homme-Dieu ne fut certainement pas totalement étrangère à la psychologie, qui est l'étude du domaine mental chez l'être humain : si tel avait été le cas - si sa Pensée avait échappée complètement au domaine de la psychologie - c'est qu'alors Jésus n'aurait pas été véritablement Homme, autant qu'Il était Dieu : Il n'aurait alors été Homme uniquement que d'une manière symbolique.

---> DGC, qui accuse faussement l'EMV de docétisme, parle ici lui-même en véritable docète : à vouloir en accuser les autres sans preuve, c'est lui-même qui y tombe les deux pieds joints.

---> Comme nous le disions déjà dans le précédent volet : la prière de Jésus à son Père Céleste est vivante, comme adressée à une Personnes qu'Il connait et voit en direct par l'union hypostatique - union que DGC accuse pourtant Maria Valtorta de ne pas savoir traduire ici, ce qui est particulièrement absurde - , et Jésus nous fait ici la grâce inouïe de pourvoir l'entendre depuis son propre point de vue : on y retrouve toute l'authenticité de sa douleur humaine qui doit accepter ce que la Volonté de son Père Lui impose en terme de souffrance psychologique et physique.

---> Elle est le très fidèle reflet de ce que nous connaissons succinctement de sa prière durant l'Agonie, avec le même mouvement d'abord de supplication, puis de douloureuse acceptation dans l'obéissance.

---> Souvenons-nous du commentaire que faisait DGC de ce passage : "Cet éloignement ou séparation du Verbe d’avec le Père se traduit en termes existentiels dramatiques dans la prière de « Jésus » au Père pour Judas."

---> Est-ce que l’auteur lit réellement l'œuvre telle qu'elle est, ou bien en extirpe-t-il des petits bouts pour mieux la caricaturer ? Le Christ n'est-Il pas en effet ici consolé de sa souffrance par son union hypostatique avec son Père ? Devons-nous comme l’auteur rester scotchés dans le drame, ou bien le dépasser avec Jésus, en Jésus, comme Jésus ?

2 ) Dans la prière qui va suivre, contrairement aux insinuations de DGC, est exprimée à la perfection l'union hypostatique du Verbe Incarné avec le Père, puisqu'à l'évidence, il ne s'agit aucunement ici de la prière d'un homme quelconque, mais de celle de Quelqu'un qui sait absolument tout de sa relation à Dieu, qui en voit tous les aspects sans qu'aucun d'eux ne présente le moindre mystère pour Lui.

« (...) Père, je le sens. Tu deviens plus sévère avec ton Fils à mesure que j'approche du terme de cette expiation que je fais mienne en faveur du Genre Humain. De plus en plus s'éloigne de Moi ta douceur, et apparaît sévère ton visage à mon esprit, qui se trouve toujours plus repoussé dans les profondeurs, là où l'Humanité, frappée par ton châtiment, gémit depuis des millénaires » (...)

---> Or prier ainsi en toute connaissance de cause est tout simplement impossible à un être humain ne jouissant pas de l'union hypostatique : c'est le propre du Christ exclusivement.

---> La prière de Jésus met ici en parfaite évidence le Mystère de sa kénose. Cette prière ne peut donc être que celle du Verbe Incarné dont parle Isaïe 53, et non celle d'un homme quelconque.

3 ) Jésus donne très clairement dans cette prière la preuve de son union hypostatique avec le Père, elle qui Lui donne - quoi qu'Il souhaiterait ici pouvoir l'oublier - la connaissance exacte et irrévocable de l'avenir, telle que Dieu seul la possède dans sa Prescience : à savoir que tout est perdu pour Judas, malgré que mystérieusement celui-ci soit libre, sa perte éternelle n’étant pas du tout une nécessité pour le salut du monde.

---> C'est tout le drame qui se joue ici pour le Christ, dont la soif ardente de sauver toute l'humanité, en particulier ses plus proches amis ayant bu ses Paroles, ne peut être étanchée, ce qui implique pour Lui une incommensurable souffrance morale.

4 ) Récusant cette prière constituant les prémices de l'Agonie, l'auteur prétend ainsi que Jésus n’a pas pu avoir voulu sauver tous les hommes, ce qui est le confins même de l’absurde. Car ainsi, DGC prétend avoir raison contre Dieu Lui-même !

5 ) Mais non : Jésus est bien le Sauveur par excellence, et Il a donc voulu ardemment sauver chaque homme en particulier, jusqu’à son pire ennemi que fut Judas, mettant ainsi en pratique Lui-même le commandement qu’Il nous avait laissé : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent » ( Matt 5,44 ).

---> Il est donc évident qu’avant de se résigner définitivement à son sujet, Jésus a bel et bien dû prier son Père de toutes ses forces et de tout son esprit pour Judas, la brebis perdue s’il en fut jamais une.

---> Car s’Il ne l’avait pas fait, s’Il n’avait pas tenté l’impossible auprès du Père pour obtenir de Lui le salut final de son apôtre, alors on aurait pu, après coup, Lui en faire le reproche en toute justice, ce qui ne peut tout simplement pas être.

6 ) Que le salut final d’une âme pécheresse dépende bien souvent de la prière fervente qu’une autre âme adresse à Dieu en sa faveur, c’est la Tradition catholique qui le certifie, et nous en avons l’illustration concrète chez plusieurs mystiques, comme par exemple Maria Simma, dont la vocation était de prier pour les défunts, mais aussi pour les pécheurs, dont certains furent sauvés de l’enfer grâce à une simple prière qu’elle fit au passage.

---> Si le petit élan du cœur d’une personne juste a pu avoir un tel effet bénéfique sur la destinée éternelle d’un grand pécheur, comment Jésus Lui-même aurait-Il pu ne pas prier de tout son Cœur en faveur de Judas qui en avait le plus besoin au monde, jusqu’à vouloir oublier par impossible ce que son union hypostatique lui révélait pourtant comme étant inéluctable ?

7 ) C’est DGC qui, faute d’étude théologique approfondie, cherche à nous entraîner dans ses propres erreurs au sujet de l’union hypostatique du Christ avec le Père :

---> car pour Lui, cette dernière impliquerait que la Volonté humaine du Christ consentirait « de manière automatique » à la Volonté du Père, ce qui est absolument faux.

---> Même si Humainement et Divinement, le Christ ne cherche qu’à obéir en toutes choses et en tout temps à son Père, cependant, par sa Volonté humaine capable de connaître la faiblesse, Il répugne naturellement à la souffrance et à sa mort, comme à la perte de Judas qu’Il aime comme son apôtre, et qu’Il désire par-dessus tout sauver.

---> Voilà pourquoi Il connaît ce moment de profonde agonie au Gethsémani, avant de consentir humainement autant que divinement à sa Passion douloureuse : « Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de Moi ! Pourtant, non pas ce que Je veux, mais ce que Tu veux. » ( Matt 26,39 )

---> Ce dernier consentement douloureux du Christ à la Volonté du Père est d'ailleurs formulé tel quel dans le passage incriminé par DGC, que nous allons découvrir ensemble.

8 ) Dans cette prière de l’agonie, tout comme son Père Éternel, le Christ sait très bien par sa Divinité que cette coupe ne passera pas loin de Lui, quelle que soit sa prière instante, qui apparaît donc dans l'Évangile comme bien inutile !

---> Or cependant, celle-ci est utile, car elle manifeste pleinement à nos yeux que Jésus est aussi vraiment Homme, et non une sorte de robot acceptant sans broncher sa destruction complète, sans rien ressentir, sans aucun mouvement naturel de répugnance face à l’injustice, sans ce très naturel instinct de survie qui est en tout homme.

---> Jésus souffre moralement de manière atroce qu’il en soit ainsi pour Lui ! Et en consentant à la Volonté de son Père, Il souffre cependant à l’extrême du fait qu’elle ne puisse changer à sa prière, ce qui rend si héroïque son : « Cependant, comme tu le veux, Père, et non pas comme Je le veux. »

9 ) Nous allons en avoir confirmation dans la prière de Jésus qui va suivre en faveur de Judas :

---> même si, par son union hypostatique, le Christ sait très bien, tout comme son Père, qu’il est vain de prier pour son apôtre, désormais fixé dans son sort funeste par sa volonté propre, Il le fait tout de même, pour manifester à nos yeux son amour incommensurable pour le traître, et son désir infini de le sauver, qui va jusqu’à vouloir oublier que toute tentative en sa faveur est désormais vouée à l’échec.

10 ) Si le Christ n’avait pas autant espéré de son Père en faveur de Judas, Il en aurait sans doute moins souffert en son Âme suite à l'amère déception, s’épargnant la peine de voir sa demande rejetée comme lors de l’Agonie.

---> Mais le Christ ne s’est épargné ici-bas aucune souffrance endurée par amour, et la plus grande de toutes fut pour Lui la damnation de Judas, l’un des Douze : et ce n’est pas Maria Valtorta qui l’invente, mais c’est la Tradition catholique qui nous l’apprend. il est extrêmement curieux que DGC ne soit pas capable d’en assumer les conséquences concrètes, en tentant de les opposer de façon illusoire à l’union hypostatique du Père et de son Verbe Incarné.

---> Voici l’intégralité du passage de la fameuse prière de Jésus à son Père, dont la simple lecture anéantit la carricature qu'en fait l'auteur :

EMV 317.1 – Isolement et prière de Jésus pour le salut de Judas Iscariote.
En rouge entre les // : la citation de DGC )

(...) (...)
Jésus est de nouveau au pied du massif sur lequel est construit Jiphtaël, mais pas sur la route principale (donnons-lui ce nom) ou muletière, suivie auparavant par le char. Mais il est sur un sentier de chèvres, très en pente, tout en brèches, en fissures profondes qui s'appuie à la montagne, je dirais taillé dans sa paroi verticale comme si elle était griffée par un monstrueux coup d'ongle, borné par un gouffre qui descend à pic vers de nouvelles profondeurs, au fond desquelles écume un torrent rageur.

Là, un faux pas veut dire une chute sans espoir, en rebondissant de buisson en buisson de ronces ou autres plantes sauvages, qui ont poussé je ne sais comment dans les fissures du rocher et qui ne se dressent pas verticalement comme d'ordinaire les plantes mais obliquement ou même suivant une direction horizontale que leur impose leur situation Un faux pas, cela veut dire se faire déchirer par tous les peignes épineux de ces plantes, ou avoir les reins brisés par le choc de troncs rigides qui se penchent sur l'abîme. Un faux pas, cela veut dire être déchiré par les pierres acérées qui dépassent des parois du précipice. Un faux pas, cela veut dire arriver sanglant et brisé dans les eaux écumeuses du torrent rageur et se noyer en restant submergé sur un lit de roches pointues, giflées par la violence du courant.

Et pourtant Jésus parcourt ce sentier, cette griffure dans le roc encore plus dangereuse par l'humidité qui monte en fumant du torrent, qui suinte de la paroi supérieure, qui dégoutte des arbres qui ont poussé sur cette paroi à pic, je dirais légèrement concave.

Je m’efforce d’illustrer ce lieu infernal.

Il va avec lenteur et prudence, calculant ses pas sur les pierres pointues, certaines branlantes, obligé parfois de s'écraser contre la paroi tant le sentier devient étroit et, pour franchir des passages extrêmement dangereux, il doit s'agripper aux branches qui pendent de la paroi. Il contourne ainsi le côté ouest et arrive au côté sud sur lequel la montagne, après être descendue à pic du sommet devient concave plus qu'ailleurs, en donnant plus de largeur au sentier, mais en revanche en lui enlevant de la hauteur au point qu'en certains endroits Jésus doit avancer en se baissant pour ne pas se frapper la tête contre les roches.

Peut-être il a l'intention de s'arrêter là où le sentier finit brusquement comme par un éboulis. Mais, en observant, il voit que sous l'éboulis il y a une caverne, une fissure dans la montagne plutôt qu'une caverne, et il y descend à travers l'éboulement. Il y entre. Une fissure au début, mais une vaste grotte à l'intérieur comme si la montagne avait été creusée il y a bien longtemps à coups de pic, dans je ne sais quel but.

On voit clairement les endroits où à la courbure naturelle de la roche s'est associée celle produite par l'homme qui, du côté opposé à la fissure d'entrée, a ouvert une sorte d'étroit couloir au fond duquel il y a une bande de lumière où on aperçoit des bois qui indiquent comment il s'y enfonce du sud à l'est en coupant l'éperon de la montagne.

Jésus s'enfile par ce couloir sombre et étroit et le parcourt jusqu'à ce qu'il arrive à l'ouverture qui se trouve au-dessus de la route faite par Lui avec les disciples et le char pour monter à Jiphtaël. Il a en face de Lui les monts qui entourent le lac de Galilée, au-delà de la vallée, et en direction nord-est resplendit le grand Hermon sous son habit de neige. Un escalier primitif est creusé dans le flanc de la montagne qui ici n'est pas verticale, ni en montée, ni en descente, et cet escalier conduit à la route muletière qui est dans la vallée et aussi au sommet où se trouve le pays de Jiphtaël.

Jésus est satisfait de son exploration. Il revient en arrière dans l'ample caverne et cherche un endroit abrité où il entasse des feuilles sèches poussées dans l'antre par les vents. Une bien misérable couchette, une épaisseur de feuilles sèches mise entre son corps et le sol nu et glacé... Il se laisse tomber dessus en restant inerte, étendu, les mains sous la tête, les yeux fixés sur la voûte rocheuse, pensif, abasourdi dirais-je, comme quelqu'un qui a supporté un effort ou une douleur supérieure à ses forces.

Puis lentement des larmes, sans sanglots, commencent à descendre de ses yeux et coulent sur les deux côtés du visage, en se perdant dans les cheveux du côté des oreilles et en finissant certainement dans les feuilles sèches...

Il pleure ainsi, longuement, sans parler ni faire de mouvements... Puis il s'assoit, la tête entre les genoux qu'il soulève et entoure de ses mains entrelacées, il appelle de toute son âme la Mère lointaine :

"Maman ! Maman ! Maman ! Mon éternelle douceur ! Oh ! Maman ! Oh ! Maman ! comme je te voudrais tout près ! Pourquoi ne t'ai-je pas toujours, seul réconfort de Dieu ?"

Seule la cavité de la grotte répond par un murmure d'écho imparfait à ses paroles, à ses sanglots, et il semble qu'elle sanglote elle aussi dans ses recoins, ses roches et dans les petites stalactites qui pendent dans un coin, celui peut-être qui est le plus exposé au travail des eaux intérieures.

Les pleurs de Jésus continuent, bien que plus calmes, comme si seulement d'avoir appelé sa Mère l'avait réconforté, et lentement ils se sont changés en monologue.

"Ils sont partis... Et pourquoi ? Et pour qui ? Pourquoi ai-je dû donner cette douleur ? Et pourquoi me la donner, puisque déjà le monde en remplit ma journée ? ... Judas !"...

Qui sait où s'envole la pensée de Jésus qui relève sa tête de ses genoux et regarde devant Lui, les yeux dilatés et le visage tendu de quelqu'un qui est absorbé par les spectacles spirituels de l'avenir ou par de grandes méditations. Il ne pleure plus, mais il souffre visiblement. Puis il semble répondre à un interlocuteur invisible et, pour le faire, il se dresse debout.

"Je suis homme, Père. Je suis l'Homme. La vertu d'amitié, blessée et déchirée en Moi, se tord et se lamente douloureusement... Je sais que je dois tout souffrir. Je le sais. Comme Dieu, je le sais, et comme Dieu je le veux, pour le bien du monde. Comme homme aussi je le sais, parce que mon esprit divin le communique à mon humanité. Et comme homme aussi, je le veux, pour le bien du monde. Mais quelle douleur, ô mon Père !

Cette heure est beaucoup plus pénible que celle que j'ai vécue avec ton esprit et le mien au désert... Et elle est bien plus forte la tentation présente de ne pas aimer et de ne pas supporter à mes côtés l'être visqueux et tortueux qui a pour nom Judas, la cause de la grande douleur qui m'abreuve et me sature, et qui torture les âmes auxquelles j'avais donné la paix.

Père, je le sens. Tu deviens plus sévère avec ton Fils à mesure que j'approche du terme de cette expiation que je fais mienne en faveur du Genre Humain. De plus en plus s'éloigne de Moi ta douceur, et apparaît sévère ton visage à mon esprit, qui se trouve toujours plus repoussé dans les profondeurs, là où l'Humanité, frappée par ton châtiment, gémit depuis des millénaires.

Elle m'était douce la souffrance, doux le chemin au commencement de l'existence, douce aussi quand, de fils du menuisier, je devins le Maître du monde en m'arrachant à une Mère pour Te donner Toi, Père, à l'homme tombé. Elle m'était douce encore, en comparaison de maintenant, la lutte avec l'Ennemi, dans la tentation du désert. Je l'ai affrontée avec la hardiesse d'un héros aux forces intactes... Oh ! mon Père !... maintenant mes forces sont alourdies par l'absence d'amour et par la connaissance de trop de personnes et de trop de choses...

Satan, je le savais, s'en serait allé, et il s'en est allé, une fois la tentation finie, et les anges vinrent pour consoler ton Fils d'être homme, soumis à la tentation du Démon.

Mais maintenant elle ne cessera pas, une fois passée l'heure où l'Ami a souffert pour les amis envoyés au loin, et pour l'ami parjure qui lui nuit de près et de loin. Elle ne cessera pas. Ils ne viendront pas tes anges me consoler de cette heure et après cette heure. Mais il viendra le monde, avec toute sa haine, ses moqueries, son incompréhension. Mais il viendra, et il sera toujours plus près et plus tortueux et plus visqueux, le parjure, le traître, le vendu à Satan. Père !! ..."

Ce cri est vraiment déchirant, c'est un cri d'épouvante, un appel, et l'agitation de Jésus me rappelle l'heure du Gethsémani.

"Père ! Je le sais, je le vois... Pendant que Moi ici je souffre et vais souffrir, et que je t'offre ma souffrance pour sa conversion, et pour ceux qui ont été arrachés à mes bras, et qui sont en train d'aller, le cœur transpercé, à leur destin, lui se vend pour devenir plus grand que Moi, le Fils de l'homme !

C'est Moi, n'est-ce pas, le Fils de l'homme ? Oui. Mais je ne suis pas seul à l'être. L'Humanité, l'Ève prolifique a engendré ses fils, et si je suis l'Abel, l'Innocent, Caïn ne manque pas dans la descendance de l'Humanité. Et si je suis le Premier-Né, parce que je suis tel qu'auraient dû l'être les fils de l'homme, sans tache à tes yeux, lui, engendré dans le péché, est le premier de ce qu'ils sont devenus après avoir mordu le fruit empoisonné.

Et maintenant, non content d'avoir en lui les ferments répugnants et les blasphèmes du mensonge, la contre-charité, la soif de sang, le désir cupide de l'argent, l'orgueil et la luxure, il devient démoniaque, homme qui pouvait devenir ange, pour être l'homme qui devient démon... "Et Lucifer voulut être semblable à Dieu, et pour cela il fut chassé du Paradis et, changé en démon, il habita l'Enfer".

// Mais, Père ! Oh ! mon Père ! Je l'aime... je l'aime encore. C'est un homme... C'est un de ceux pour lesquels je t'ai quitté... Au nom de mon humiliation, sauve-le... permets-moi de le racheter, Seigneur Très-Haut ! Cette pénitence est plus pour lui que pour les autres !

Oh ! je sais l'inconséquence de ce que je demande, Moi qui sais tout ce qu'il est !... Mais, mon Père, pour un instant, ne vois pas en Moi ton Verbe. Contemple seulement mon Humanité de Juste... et permets que Moi, pour un instant, je puisse être seulement "l'Homme" grâce à Toi, l'Homme qui ne connaît pas l'avenir, qui peut s'illusionner... l'Homme qui, ne sachant pas l'inéluctable destin, peut prier avec une espérance absolue pour t'arracher le miracle.

Un miracle ! Un miracle pour Jésus de Nazareth, pour Jésus de Marie de Nazareth, notre Éternelle Aimée ! Un miracle qui viole ce qui est marqué et l'annule ! Le salut de Judas ! Il a vécu à mes côté. Il a bu mes paroles, il a partagé la nourriture avec Moi, il a dormi sur ma poitrine... Pas Lui, que ce ne soit pas lui mon satan !... //

Je ne te demande pas de n'être pas trahi... Cela doit être et sera... pour que, par ma douleur de trahi soient annulés tous les mensonges, comme par ma douleur de vendu soient expiées toutes les avarices, comme par mon déchirement de blasphémé soient réparés tous les blasphèmes, et pour celui de n'être pas cru soit donnée la foi à ceux qui sont et seront sans foi, comme par ma torture soient purifiées toutes les fautes de la chair... Mais, je t'en prie : pas lui, pas lui, Judas, mon ami, mon apôtre !

Je voudrais que personne ne trahisse... Personne... Pas même le plus éloigné dans les glaces hyperboréennes ou les feux de la zone torride... Je voudrais que le Sacrificateur ce fût Toi seul... comme les autres fois Tu l'as été en brûlant par tes feux les holocaustes...

Mais puisque je dois mourir de la main de l'homme, et plus que vrai bourreau sera un bourreau l'ami traître, le putréfié qui aura en lui la puanteur de Satan, et déjà l'aspire en lui, pour être semblable à Moi en puissance... ainsi pense-t-il dans son orgueil et dans sa convoitise, puisque c'est par la main de l'homme que je dois mourir, Père, accorde-moi que ce ne soit pas celui que j'ai appelé ami et aimé comme tel, qui soit le Traître.

Multiplie, mon Père, mes tortures, mais donne-moi l'âme de Judas... Je mets cette prière sur l'autel de ma Personne victime... Père, accueille-la !...
Le Ciel est fermé et muet !... C'est donc cela l'horreur que j'aurai avec Moi jusqu'à la Mort ?
Le Ciel est muet et fermé !... Ce sera donc cela le silence et la prison dans laquelle expirera mon esprit ?
Le Ciel est fermé et muet !... Ce sera donc cela la suprême torture du Martyr ? ...

Père, que soit faite ta Volonté et non la mienne... Mais, à cause de mes peines, oh ! cela au moins ! à cause de mes peines, donne paix et illusion à l'autre martyr de Judas, à Jean d'En-Dor, mon Père... Lui est réellement meilleur que beaucoup. Il a parcouru un chemin que peu connaissent et connaîtront. Pour lui, tout ce qui est de la Rédemption est déjà accompli. Donne-lui donc ta paix pleine et complète, pour que Moi, je l'aie dans ma Gloire quand pour Moi aussi tout sera accompli pour t'honorer et t'obéir... Mon Père !..."

Jésus a glissé tout doucement à genoux, et maintenant il pleure, le visage contre terre, et il prie pendant que la lumière du court jour d'hiver meure avant l'heure dans la caverne obscure, et le fracas du torrent semble prendre plus de force à mesure que l'ombre envahit la vallée...

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---> Pour Jésus, son Père apparaît ici comme le Suprême Confident, l'Ami intime par excellence, et vue l'audace que Jésus a avec Lui, on comprend bien que depuis toujours, Il écoutait et exhaussait à chaque fois son Fils Bien Aimé, contrairement à maintenant où Il reste de marbre à ses ardentes supplications angoissées.

---> Nous assistons ici aux prémices de l’Agonie du Christ, c’est-à-dire de la déréliction absolue de son âme humaine, ce qui ne remet en question ni l’unité du Verbe et du Père, ni l’union hypostatique, comme on le comprend ici.

---> Mais de même qu’un fils peut se trouver loin de l’amour de son père et en souffrir - quoi que leur lien de sang ne puisse être dissout - de même, la sainte Trinité a voulu que l’Humanité du Christ, quoi que toujours indéfectiblement une avec le Verbe, puisse souffrir l’abandon du Père, exactement comme si elle portait le poids de la culpabilité du monde entier ( 2 Cor 5,21 )

---> Ce mystère de la kénose, qui est tout aussi inexplicable que celui de l’Incarnation, semble provoquer le scandale chez DGC : c’est donc le Mystère même de la Croix qui le scandalise.

---> Pour lui, c'est un flop.

 

 

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