25 ) Union hypostatique, vertu de charité : le Dieu de tendresse et de pitié serait-Il confondu avec le « dieu cruel et dur de l'Ancien Testament » ?
DGC corrigé en rouge :
Les expressions de la prière de « Jésus » montrent l’impossibilité qu’a Valtorta de penser ni l’unité du Verbe et du Père, ni l’union hypostatique. ( Cette « conclusion » de l'auteur, totalement contraire à l'évidence des faits, est comme nous l'avons vu à la fin du volet précédent : particulièrement absurde ) À vouloir traduire en termes psychologiques la science divine et humaine du Christ, et toujours en termes d’opposition, on tombe dans l’absurde.
1 ) Nous suivons ici la dérive docète de DGC :
---> Puisque le Verbe s'est incarné, assumant donc intégralement notre nature humaine, il est normal qu'Il ait également inscrit sa Pensée sous une modalité humaine, même surélevée par sa Divinité.
---> Ce qui fait que sa Pensée d'Homme-Dieu ne fut certainement pas totalement étrangère à la psychologie, qui est l'étude du domaine mental chez l'être humain : si tel avait été le cas - si sa Pensée avait échappée complètement au domaine de la psychologie - c'est qu'alors Jésus n'aurait pas été véritablement Homme, autant qu'Il était Dieu : Il n'aurait alors été Homme uniquement que d'une manière symbolique.
---> DGC, qui accuse faussement l'EMV de docétisme, parle ici lui-même en véritable docète : à vouloir en accuser les autres sans preuve, c'est lui-même qui y tombe les deux pieds joints.
---> Comme nous le disions déjà dans le précédent volet : la prière de Jésus à son Père Céleste est vivante, comme adressée à une Personnes qu'Il connait et voit en direct par l'union hypostatique - union que DGC accuse pourtant Maria Valtorta de ne pas savoir traduire ici, ce qui est particulièrement absurde - , et Jésus nous fait ici la grâce inouïe de pourvoir l'entendre depuis son propre point de vue : on y retrouve toute l'authenticité de sa douleur humaine qui doit accepter ce que la Volonté de son Père Lui impose en terme de souffrance psychologique et physique.
---> Elle est le très fidèle reflet de ce que nous connaissons succinctement de sa prière durant l'Agonie, avec le même mouvement d'abord de supplication, puis de douloureuse acceptation dans l'obéissance.
---> Souvenons-nous du commentaire que faisait DGC de ce passage : "Cet éloignement ou séparation du Verbe d’avec le Père se traduit en termes existentiels dramatiques dans la prière de « Jésus » au Père pour Judas."
---> Est-ce que l’auteur lit réellement l'œuvre telle qu'elle est, ou bien en extirpe-t-il des petits bouts pour mieux la caricaturer ? Le Christ n'est-Il pas en effet ici consolé de sa souffrance par son union hypostatique avec son Père ? Devons-nous comme l’auteur rester scotchés dans le drame, ou bien le dépasser avec Jésus, en Jésus, comme Jésus ?
2 ) Dans la prière qui va suivre, contrairement aux insinuations de DGC, est exprimée à la perfection l'union hypostatique du Verbe Incarné avec le Père, puisqu'à l'évidence, il ne s'agit aucunement ici de la prière d'un homme quelconque, mais de celle de Quelqu'un qui sait absolument tout de sa relation à Dieu, qui en voit tous les aspects sans qu'aucun d'eux ne présente le moindre mystère pour Lui.
« (...) Père, je le sens. Tu deviens plus sévère avec ton Fils à mesure que j'approche du terme de cette expiation que je fais mienne en faveur du Genre Humain. De plus en plus s'éloigne de Moi ta douceur, et apparaît sévère ton visage à mon esprit, qui se trouve toujours plus repoussé dans les profondeurs, là où l'Humanité, frappée par ton châtiment, gémit depuis des millénaires » (...)
---> Or prier ainsi en toute connaissance de cause est tout simplement impossible à un être humain ne jouissant pas de l'union hypostatique : c'est le propre du Christ exclusivement.
---> La prière de Jésus met ici en parfaite évidence le Mystère de sa kénose. Cette prière ne peut donc être que celle du Verbe Incarné dont parle Isaïe 53, et non celle d'un homme quelconque.
3 ) Jésus donne très clairement dans cette prière la preuve de son union hypostatique avec le Père, elle qui Lui donne - quoi qu'Il souhaiterait ici pouvoir l'oublier - la connaissance exacte et irrévocable de l'avenir, telle que Dieu seul la possède dans sa Prescience : à savoir que tout est perdu pour Judas, malgré que mystérieusement celui-ci soit libre, sa perte éternelle n’étant pas du tout une nécessité pour le salut du monde.
---> C'est tout le drame qui se joue ici pour le Christ, dont la soif ardente de sauver toute l'humanité, en particulier ses plus proches amis ayant bu ses Paroles, ne peut être étanchée, ce qui implique pour Lui une incommensurable souffrance morale.
4 ) Récusant cette prière constituant les prémices de l'Agonie, l'auteur prétend ainsi que Jésus n’a pas pu avoir voulu sauver tous les hommes, ce qui est le confins même de l’absurde. Car ainsi, DGC prétend avoir raison contre Dieu Lui-même !
5 ) Mais non : Jésus est bien le Sauveur par excellence, et Il a donc voulu ardemment sauver chaque homme en particulier, jusqu’à son pire ennemi que fut Judas, mettant ainsi en pratique Lui-même le commandement qu’Il nous avait laissé : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent » ( Matt 5,44 ).
---> Il est donc évident qu’avant de se résigner définitivement à son sujet, Jésus a bel et bien dû prier son Père de toutes ses forces et de tout son esprit pour Judas, la brebis perdue s’il en fut jamais une.
---> Car s’Il ne l’avait pas fait, s’Il n’avait pas tenté l’impossible auprès du Père pour obtenir de Lui le salut final de son apôtre, alors on aurait pu, après coup, Lui en faire le reproche en toute justice, ce qui ne peut tout simplement pas être.
6 ) Que le salut final d’une âme pécheresse dépende bien souvent de la prière fervente qu’une autre âme adresse à Dieu en sa faveur, c’est la Tradition catholique qui le certifie, et nous en avons l’illustration concrète chez plusieurs mystiques, comme par exemple Maria Simma, dont la vocation était de prier pour les défunts, mais aussi pour les pécheurs, dont certains furent sauvés de l’enfer grâce à une simple prière qu’elle fit au passage.
---> Si le petit élan du cœur d’une personne juste a pu avoir un tel effet bénéfique sur la destinée éternelle d’un grand pécheur, comment Jésus Lui-même aurait-Il pu ne pas prier de tout son Cœur en faveur de Judas qui en avait le plus besoin au monde, jusqu’à vouloir oublier par impossible ce que son union hypostatique lui révélait pourtant comme étant inéluctable ?
7 ) C’est DGC qui, faute d’étude théologique approfondie, cherche à nous entraîner dans ses propres erreurs au sujet de l’union hypostatique du Christ avec le Père :
---> car pour Lui, cette dernière impliquerait que la Volonté humaine du Christ consentirait « de manière automatique » à la Volonté du Père, ce qui est absolument faux.
---> Même si Humainement et Divinement, le Christ ne cherche qu’à obéir en toutes choses et en tout temps à son Père, cependant, par sa Volonté humaine capable de connaître la faiblesse, Il répugne naturellement à la souffrance et à sa mort, comme à la perte de Judas qu’Il aime comme son apôtre, et qu’Il désire par-dessus tout sauver.
---> Voilà pourquoi Il connaît ce moment de profonde agonie au Gethsémani, avant de consentir humainement autant que divinement à sa Passion douloureuse : « Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de Moi ! Pourtant, non pas ce que Je veux, mais ce que Tu veux. » ( Matt 26,39 )
---> Ce dernier consentement douloureux du Christ à la Volonté du Père est d'ailleurs formulé tel quel dans le passage incriminé par DGC, que nous allons découvrir ensemble.
8 ) Dans cette prière de l’agonie, tout comme son Père Éternel, le Christ sait très bien par sa Divinité que cette coupe ne passera pas loin de Lui, quelle que soit sa prière instante, qui apparaît donc dans l'Évangile comme bien inutile !
---> Or cependant, celle-ci est utile, car elle manifeste pleinement à nos yeux que Jésus est aussi vraiment Homme, et non une sorte de robot acceptant sans broncher sa destruction complète, sans rien ressentir, sans aucun mouvement naturel de répugnance face à l’injustice, sans ce très naturel instinct de survie qui est en tout homme.
---> Jésus souffre moralement de manière atroce qu’il en soit ainsi pour Lui ! Et en consentant à la Volonté de son Père, Il souffre cependant à l’extrême du fait qu’elle ne puisse changer à sa prière, ce qui rend si héroïque son : « Cependant, comme tu le veux, Père, et non pas comme Je le veux. »
9 ) Nous allons en avoir confirmation dans la prière de Jésus qui va suivre en faveur de Judas :
---> même si, par son union hypostatique, le Christ sait très bien, tout comme son Père, qu’il est vain de prier pour son apôtre, désormais fixé dans son sort funeste par sa volonté propre, Il le fait tout de même, pour manifester à nos yeux son amour incommensurable pour le traître, et son désir infini de le sauver, qui va jusqu’à vouloir oublier que toute tentative en sa faveur est désormais vouée à l’échec.
10 ) Si le Christ n’avait pas autant espéré de son Père en faveur de Judas, Il en aurait sans doute moins souffert en son Âme suite à l'amère déception, s’épargnant la peine de voir sa demande rejetée comme lors de l’Agonie.
---> Mais le Christ ne s’est épargné ici-bas aucune souffrance endurée par amour, et la plus grande de toutes fut pour Lui la damnation de Judas, l’un des Douze : et ce n’est pas Maria Valtorta qui l’invente, mais c’est la Tradition catholique qui nous l’apprend. il est extrêmement curieux que DGC ne soit pas capable d’en assumer les conséquences concrètes, en tentant de les opposer de façon illusoire à l’union hypostatique du Père et de son Verbe Incarné.
---> Voici l’intégralité du passage de la fameuse prière de Jésus à son Père, dont la simple lecture anéantit la carricature qu'en fait l'auteur :
EMV 317.1 – Isolement et prière de Jésus pour le salut de Judas Iscariote.
( En rouge entre les // : la citation de DGC )
(...) (...)
Jésus est de nouveau au pied du massif sur lequel est construit Jiphtaël, mais pas sur la route principale (donnons-lui ce nom) ou muletière, suivie auparavant par le char. Mais il est sur un sentier de chèvres, très en pente, tout en brèches, en fissures profondes qui s'appuie à la montagne, je dirais taillé dans sa paroi verticale comme si elle était griffée par un monstrueux coup d'ongle, borné par un gouffre qui descend à pic vers de nouvelles profondeurs, au fond desquelles écume un torrent rageur.
Là, un faux pas veut dire une chute sans espoir, en rebondissant de buisson en buisson de ronces ou autres plantes sauvages, qui ont poussé je ne sais comment dans les fissures du rocher et qui ne se dressent pas verticalement comme d'ordinaire les plantes mais obliquement ou même suivant une direction horizontale que leur impose leur situation Un faux pas, cela veut dire se faire déchirer par tous les peignes épineux de ces plantes, ou avoir les reins brisés par le choc de troncs rigides qui se penchent sur l'abîme. Un faux pas, cela veut dire être déchiré par les pierres acérées qui dépassent des parois du précipice. Un faux pas, cela veut dire arriver sanglant et brisé dans les eaux écumeuses du torrent rageur et se noyer en restant submergé sur un lit de roches pointues, giflées par la violence du courant.
Et pourtant Jésus parcourt ce sentier, cette griffure dans le roc encore plus dangereuse par l'humidité qui monte en fumant du torrent, qui suinte de la paroi supérieure, qui dégoutte des arbres qui ont poussé sur cette paroi à pic, je dirais légèrement concave.
Je m’efforce d’illustrer ce lieu infernal.
Il va avec lenteur et prudence, calculant ses pas sur les pierres pointues, certaines branlantes, obligé parfois de s'écraser contre la paroi tant le sentier devient étroit et, pour franchir des passages extrêmement dangereux, il doit s'agripper aux branches qui pendent de la paroi. Il contourne ainsi le côté ouest et arrive au côté sud sur lequel la montagne, après être descendue à pic du sommet devient concave plus qu'ailleurs, en donnant plus de largeur au sentier, mais en revanche en lui enlevant de la hauteur au point qu'en certains endroits Jésus doit avancer en se baissant pour ne pas se frapper la tête contre les roches.
Peut-être il a l'intention de s'arrêter là où le sentier finit brusquement comme par un éboulis. Mais, en observant, il voit que sous l'éboulis il y a une caverne, une fissure dans la montagne plutôt qu'une caverne, et il y descend à travers l'éboulement. Il y entre. Une fissure au début, mais une vaste grotte à l'intérieur comme si la montagne avait été creusée il y a bien longtemps à coups de pic, dans je ne sais quel but.
On voit clairement les endroits où à la courbure naturelle de la roche s'est associée celle produite par l'homme qui, du côté opposé à la fissure d'entrée, a ouvert une sorte d'étroit couloir au fond duquel il y a une bande de lumière où on aperçoit des bois qui indiquent comment il s'y enfonce du sud à l'est en coupant l'éperon de la montagne.
Jésus s'enfile par ce couloir sombre et étroit et le parcourt jusqu'à ce qu'il arrive à l'ouverture qui se trouve au-dessus de la route faite par Lui avec les disciples et le char pour monter à Jiphtaël. Il a en face de Lui les monts qui entourent le lac de Galilée, au-delà de la vallée, et en direction nord-est resplendit le grand Hermon sous son habit de neige. Un escalier primitif est creusé dans le flanc de la montagne qui ici n'est pas verticale, ni en montée, ni en descente, et cet escalier conduit à la route muletière qui est dans la vallée et aussi au sommet où se trouve le pays de Jiphtaël.
Jésus est satisfait de son exploration. Il revient en arrière dans l'ample caverne et cherche un endroit abrité où il entasse des feuilles sèches poussées dans l'antre par les vents. Une bien misérable couchette, une épaisseur de feuilles sèches mise entre son corps et le sol nu et glacé... Il se laisse tomber dessus en restant inerte, étendu, les mains sous la tête, les yeux fixés sur la voûte rocheuse, pensif, abasourdi dirais-je, comme quelqu'un qui a supporté un effort ou une douleur supérieure à ses forces.
Puis lentement des larmes, sans sanglots, commencent à descendre de ses yeux et coulent sur les deux côtés du visage, en se perdant dans les cheveux du côté des oreilles et en finissant certainement dans les feuilles sèches...
Il pleure ainsi, longuement, sans parler ni faire de mouvements... Puis il s'assoit, la tête entre les genoux qu'il soulève et entoure de ses mains entrelacées, il appelle de toute son âme la Mère lointaine :
"Maman ! Maman ! Maman ! Mon éternelle douceur ! Oh ! Maman ! Oh ! Maman ! comme je te voudrais tout près ! Pourquoi ne t'ai-je pas toujours, seul réconfort de Dieu ?"
Seule la cavité de la grotte répond par un murmure d'écho imparfait à ses paroles, à ses sanglots, et il semble qu'elle sanglote elle aussi dans ses recoins, ses roches et dans les petites stalactites qui pendent dans un coin, celui peut-être qui est le plus exposé au travail des eaux intérieures.
Les pleurs de Jésus continuent, bien que plus calmes, comme si seulement d'avoir appelé sa Mère l'avait réconforté, et lentement ils se sont changés en monologue.
"Ils sont partis... Et pourquoi ? Et pour qui ? Pourquoi ai-je dû donner cette douleur ? Et pourquoi me la donner, puisque déjà le monde en remplit ma journée ? ... Judas !"...
Qui sait où s'envole la pensée de Jésus qui relève sa tête de ses genoux et regarde devant Lui, les yeux dilatés et le visage tendu de quelqu'un qui est absorbé par les spectacles spirituels de l'avenir ou par de grandes méditations. Il ne pleure plus, mais il souffre visiblement. Puis il semble répondre à un interlocuteur invisible et, pour le faire, il se dresse debout.
"Je suis homme, Père. Je suis l'Homme. La vertu d'amitié, blessée et déchirée en Moi, se tord et se lamente douloureusement... Je sais que je dois tout souffrir. Je le sais. Comme Dieu, je le sais, et comme Dieu je le veux, pour le bien du monde. Comme homme aussi je le sais, parce que mon esprit divin le communique à mon humanité. Et comme homme aussi, je le veux, pour le bien du monde. Mais quelle douleur, ô mon Père !
Cette heure est beaucoup plus pénible que celle que j'ai vécue avec ton esprit et le mien au désert... Et elle est bien plus forte la tentation présente de ne pas aimer et de ne pas supporter à mes côtés l'être visqueux et tortueux qui a pour nom Judas, la cause de la grande douleur qui m'abreuve et me sature, et qui torture les âmes auxquelles j'avais donné la paix.
Père, je le sens. Tu deviens plus sévère avec ton Fils à mesure que j'approche du terme de cette expiation que je fais mienne en faveur du Genre Humain. De plus en plus s'éloigne de Moi ta douceur, et apparaît sévère ton visage à mon esprit, qui se trouve toujours plus repoussé dans les profondeurs, là où l'Humanité, frappée par ton châtiment, gémit depuis des millénaires.
Elle m'était douce la souffrance, doux le chemin au commencement de l'existence, douce aussi quand, de fils du menuisier, je devins le Maître du monde en m'arrachant à une Mère pour Te donner Toi, Père, à l'homme tombé. Elle m'était douce encore, en comparaison de maintenant, la lutte avec l'Ennemi, dans la tentation du désert. Je l'ai affrontée avec la hardiesse d'un héros aux forces intactes... Oh ! mon Père !... maintenant mes forces sont alourdies par l'absence d'amour et par la connaissance de trop de personnes et de trop de choses...
Satan, je le savais, s'en serait allé, et il s'en est allé, une fois la tentation finie, et les anges vinrent pour consoler ton Fils d'être homme, soumis à la tentation du Démon.
Mais maintenant elle ne cessera pas, une fois passée l'heure où l'Ami a souffert pour les amis envoyés au loin, et pour l'ami parjure qui lui nuit de près et de loin. Elle ne cessera pas. Ils ne viendront pas tes anges me consoler de cette heure et après cette heure. Mais il viendra le monde, avec toute sa haine, ses moqueries, son incompréhension. Mais il viendra, et il sera toujours plus près et plus tortueux et plus visqueux, le parjure, le traître, le vendu à Satan. Père !! ..."
Ce cri est vraiment déchirant, c'est un cri d'épouvante, un appel, et l'agitation de Jésus me rappelle l'heure du Gethsémani.
"Père ! Je le sais, je le vois... Pendant que Moi ici je souffre et vais souffrir, et que je t'offre ma souffrance pour sa conversion, et pour ceux qui ont été arrachés à mes bras, et qui sont en train d'aller, le cœur transpercé, à leur destin, lui se vend pour devenir plus grand que Moi, le Fils de l'homme !
C'est Moi, n'est-ce pas, le Fils de l'homme ? Oui. Mais je ne suis pas seul à l'être. L'Humanité, l'Ève prolifique a engendré ses fils, et si je suis l'Abel, l'Innocent, Caïn ne manque pas dans la descendance de l'Humanité. Et si je suis le Premier-Né, parce que je suis tel qu'auraient dû l'être les fils de l'homme, sans tache à tes yeux, lui, engendré dans le péché, est le premier de ce qu'ils sont devenus après avoir mordu le fruit empoisonné.
Et maintenant, non content d'avoir en lui les ferments répugnants et les blasphèmes du mensonge, la contre-charité, la soif de sang, le désir cupide de l'argent, l'orgueil et la luxure, il devient démoniaque, homme qui pouvait devenir ange, pour être l'homme qui devient démon... "Et Lucifer voulut être semblable à Dieu, et pour cela il fut chassé du Paradis et, changé en démon, il habita l'Enfer".
// Mais, Père ! Oh ! mon Père ! Je l'aime... je l'aime encore. C'est un homme... C'est un de ceux pour lesquels je t'ai quitté... Au nom de mon humiliation, sauve-le... permets-moi de le racheter, Seigneur Très-Haut ! Cette pénitence est plus pour lui que pour les autres !
Oh ! je sais l'inconséquence de ce que je demande, Moi qui sais tout ce qu'il est !... Mais, mon Père, pour un instant, ne vois pas en Moi ton Verbe. Contemple seulement mon Humanité de Juste... et permets que Moi, pour un instant, je puisse être seulement "l'Homme" grâce à Toi, l'Homme qui ne connaît pas l'avenir, qui peut s'illusionner... l'Homme qui, ne sachant pas l'inéluctable destin, peut prier avec une espérance absolue pour t'arracher le miracle.
Un miracle ! Un miracle pour Jésus de Nazareth, pour Jésus de Marie de Nazareth, notre Éternelle Aimée ! Un miracle qui viole ce qui est marqué et l'annule ! Le salut de Judas ! Il a vécu à mes côté. Il a bu mes paroles, il a partagé la nourriture avec Moi, il a dormi sur ma poitrine... Pas Lui, que ce ne soit pas lui mon satan !... //
Je ne te demande pas de n'être pas trahi... Cela doit être et sera... pour que, par ma douleur de trahi soient annulés tous les mensonges, comme par ma douleur de vendu soient expiées toutes les avarices, comme par mon déchirement de blasphémé soient réparés tous les blasphèmes, et pour celui de n'être pas cru soit donnée la foi à ceux qui sont et seront sans foi, comme par ma torture soient purifiées toutes les fautes de la chair... Mais, je t'en prie : pas lui, pas lui, Judas, mon ami, mon apôtre !
Je voudrais que personne ne trahisse... Personne... Pas même le plus éloigné dans les glaces hyperboréennes ou les feux de la zone torride... Je voudrais que le Sacrificateur ce fût Toi seul... comme les autres fois Tu l'as été en brûlant par tes feux les holocaustes...
Mais puisque je dois mourir de la main de l'homme, et plus que vrai bourreau sera un bourreau l'ami traître, le putréfié qui aura en lui la puanteur de Satan, et déjà l'aspire en lui, pour être semblable à Moi en puissance... ainsi pense-t-il dans son orgueil et dans sa convoitise, puisque c'est par la main de l'homme que je dois mourir, Père, accorde-moi que ce ne soit pas celui que j'ai appelé ami et aimé comme tel, qui soit le Traître.
Multiplie, mon Père, mes tortures, mais donne-moi l'âme de Judas... Je mets cette prière sur l'autel de ma Personne victime... Père, accueille-la !...
Le Ciel est fermé et muet !... C'est donc cela l'horreur que j'aurai avec Moi jusqu'à la Mort ?
Le Ciel est muet et fermé !... Ce sera donc cela le silence et la prison dans laquelle expirera mon esprit ?
Le Ciel est fermé et muet !... Ce sera donc cela la suprême torture du Martyr ? ...
Père, que soit faite ta Volonté et non la mienne... Mais, à cause de mes peines, oh ! cela au moins ! à cause de mes peines, donne paix et illusion à l'autre martyr de Judas, à Jean d'En-Dor, mon Père... Lui est réellement meilleur que beaucoup. Il a parcouru un chemin que peu connaissent et connaîtront. Pour lui, tout ce qui est de la Rédemption est déjà accompli. Donne-lui donc ta paix pleine et complète, pour que Moi, je l'aie dans ma Gloire quand pour Moi aussi tout sera accompli pour t'honorer et t'obéir... Mon Père !..."
Jésus a glissé tout doucement à genoux, et maintenant il pleure, le visage contre terre, et il prie pendant que la lumière du court jour d'hiver meure avant l'heure dans la caverne obscure, et le fracas du torrent semble prendre plus de force à mesure que l'ombre envahit la vallée...
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---> Pour Jésus, son Père apparaît ici comme le Suprême Confident, l'Ami intime par excellence, et vue l'audace que Jésus a avec Lui, on comprend bien que depuis toujours, Il écoutait et exhaussait à chaque fois son Fils Bien Aimé, contrairement à maintenant où Il reste de marbre à ses ardentes supplications angoissées.
---> Nous assistons ici aux prémices de l’Agonie du Christ, c’est-à-dire de la déréliction absolue de son âme humaine, ce qui ne remet en question ni l’unité du Verbe et du Père, ni l’union hypostatique, comme on le comprend ici.
---> Mais de même qu’un fils peut se trouver loin de l’amour de son père et en souffrir - quoi que leur lien de sang ne puisse être dissout - de même, la sainte Trinité a voulu que l’Humanité du Christ, quoi que toujours indéfectiblement une avec le Verbe, puisse souffrir l’abandon du Père, exactement comme si elle portait le poids de la culpabilité du monde entier ( 2 Cor 5,21 )
---> Ce mystère de la kénose, qui est tout aussi inexplicable que celui de l’Incarnation, semble provoquer le scandale chez DGC : c’est donc le Mystère même de la Croix qui le scandalise.
---> Pour lui, c'est un flop.
DGC :
Citons encore cet extrait qui, s’il était formalisé théologiquement, donnerait une étrange définition de la charité :
« Tout ce que j’ai pu faire, je l’ai fait car je n’étais qu’un avec la Charité. Même à l’heure où le Dieu-Charité s’éloignait de moi, j’ai su être charité, car dans mes trente-trois années, j’avais vécu de charité. On ne peut arriver à une perfection telle que celle qui demande de pardonner et de supporter celui qui nous offense si on n’a pas l’habitude de la charité. Moi, je l’avais et j’ai pu pardonner et supporter ce chef-d’œuvre d’offenseur que fut Judas. » (IX, 20, 189)
Ce n’est donc pas ici, si l’on suit le texte, la vertu du Verbe qui pardonne, mais, comme une roue entraînée par son propre mouvement dans le vide, l’habitude humaine du Christ, délaissé par le Dieu-charité, mais capable encore, capable pourtant, de pardonner.
---> La dérive docète de DGC continue encore ici : car il sous-entend bien que si Jésus en arrivait à se montrer charitable uniquement à la manière dont un homme peut l'être - selon l'extrait cité, c'est-à-dire lorsque le Dieu-Charité s'éloigne de son Humanité - cela contredirait son union indéfectible au Père.
---> Sans même s'en rendre compte, l'auteur nie ainsi la vérité de l'Humanité semblable à la nôtre du Christ, qui, si elle n'avait pas été d'une certaine manière abandonnée par le Père, n'aurait pu connaître ni l'angoisse, ni aucune autre souffrance, exactement comme Adam dans le Paradis terrestre qui ne pouvait souffrir en aucune manière, comblé à chaque instant qu'il était par la plénitude de la grâce divine.
---> Or Jésus le Verbe Incarné n'avait pas assumée notre humanité telle qu'elle était avant la chute - c'est-à-dire en incapacité radicale d'être un tant soit peu abandonnée par le Ciel - mais telle qu'elle devint après la chute originelle : c'est-à-dire dans un état d'éloignement plus ou moins grand d'avec la Divinité, laissant la place à une multitude de maux ordinaires et extraordinaires, comme la faim, la soif, le froid, la fatigue, la souffrance physique et morale, la maladie, la mort.
---> Même si Jésus fut exempté de certains maux réservés aux pécheurs - en particulier la maladie, les malformations -, Il voulut assumer cette éloignement relatif tout au long de sa vie, connaissant la faim, la soif, la fatigue, la tristesse, etc., sans revendiquer de privilèges dû à son rang divin.
---> Et voilà donc le plus grand Mystère : puisque Jésus est Lui-même vraiment Dieu, comment donc pouvait-Il en son Humanité unie à sa Divinité subir ne serait-ce que le moindre de tous ces maux ? Cela pourrait sembler absurde : sauf que c'était la propre Volonté du Verbe de rester comme à une certaine distance de son Humanité - sans se désunir à elle - , de sorte qu'elle puisse expérimenter toutes sortes d'épreuves ici-bas : dans le cas contraire, elle aurait été perpétuellement aussi glorieuse et impassible qu'elle le fut au Mont Thabor.
---> Et voici le paroxysme de ce grand Mystère : alors que le très grand éloignement de Dieu de notre nature humaine, entraînant pour elle les plus profondes souffrances et détresses morales, ne concerne normalement que les situations de péchés mortels entraînant une cessation de la grâce divine dans l'âme, ce très grand éloignement de Dieu fut le lot du Christ innocent de tout péché, comme s'Il était devenu coupable à Lui-seul de toutes les offenses commises contre Dieu par tout le genre humain, depuis la nuit des temps jusqu'à la fin du monde.
---> Et sous une apparence d'injustice, cet éloignement de Dieu aux conséquences terriblement douloureuses pour le Christ fut l'occasion pour Lui d'accomplir au contraire toute justice, c'est-à-dire de mériter pleinement, par son obéissance héroïque au Père, le salut du genre humain.
---> Mais pour connaître tout cet abîme de déréliction qui fut son lot durant l'Agonie et la Passion, il fallait que le Christ accepta d'être un homme comme nous, et non pas tel que fut jadis Adam : c'est-à-dire en capacité d'être abandonné par Dieu à ses seules forces humaines limitées, et non pas invincibles.
---> Le Père y consentit, le Verbe avec Lui, et le Saint Esprit avec eux ... et le Verbe Incarné y consentit à son tour : il le fallait, car en devenant Homme, le Verbe acquérait une autre volonté, humaine celle-ci.
---> Il est donc tout à fait juste de voir ici comment le Christ se comporta avec charité, mû par ses seules forces humaines, à l'image de tout un chacun pour qui la vertu - tout comme le vice - est avant tout une question d’habitude, et en est le fruit, selon ce qu'enseigne saint Thomas d'Aquin, si bien que l'arbre tombe du côté où il penche.
---> Et si saint Paul compare sa Vie en Christ avec l'entraînement d'un sportif ( une répétition produisant une plus forte capacité à performer ) , ce n'est pas non plus le fruit du plus complet hasard.
1 Cor 9 24-27
" (...) Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter.
Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas.
Moi, si je cours, ce n’est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide.
Mais je traite durement mon corps, j’en fais mon esclave, pour éviter qu’après avoir proclamé l’Évangile à d’autres, je sois moi-même disqualifié. (...) "
Illustration par l'exemple :
---> la petite Thérèse - encore elle ! - connut une terrible épreuve contre la foi à la fin de sa courte existence : elle n’avait plus aucune certitude intérieure sur l’existence du Ciel, constamment aux prises avec la pensée du néant suscitée par l’ennemi.
---> Mais au cœur de cette souffrance qu'elle n'avait certainement pas attirée sur elle par des péchés graves, elle conserva la foi, car elle s’y était fortement ancrée depuis toujours, faute de quoi elle aurait sombré dans l’athéisme.
---> C’était donc à la fois comme une sorte de roue mue par sa propre inertie qui la maintint dans la foi, ou bien comme un arbre continuant de tomber par là où il penchait déjà, mais c’était pourtant toujours bien elle qui croyait volontairement, sans plus recevoir pour cela d’aide sensible de Dieu.
---> Thérèse est une toute petite image de ce que fut la Passion du Christ : un abandon de l’aide du Père, surmonté de façon héroïque par la vertu personnelle, qui est avant tout une habitude méritoire.
---> Et cela correspond bien à l’économie de la Rédemption : il fallait bien que le Christ vainquit tout péché en tant qu’Homme pour racheter la faute des hommes. S’Il avait toujours joui de l’aide de son Père dans cette lutte, Il n’aurait pu accumuler aucun mérite en son Humanité. Sa Passion n’aurait donc été d’aucun fruit pour nous, ne Lui ayant rien coûté.
« Tout Fils qu’Il était, Il apprit de ce qu’Il souffrit l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel, car Dieu l’a proclamé grand prêtre de l’ordre de Melkisédek. » ( Hébreux 5 )
DGC corrigé en rouge :
Tout cela suggère l’expérience d’une certaine cruauté du Père ( sic ! ) . À plusieurs reprises, le Père, que Jésus appelle parfois « Jehovah » – appellation fautive ( sic ! ) – ou « le Dieu du Sinaï » – appellation absente de l’Évangile - Comment Dieu n'aurait-Il pas été pour les Hébreux "le Dieu du Sinaï", alors que les dix Commandements qu'Il leur donna jadis en ce lieu était depuis ce temps leur référence la plus absolue ? - , apparaît en effet dur ou mauvais comme le dieu que Marcion s’était représenté à partir d’un Ancien Testament opposé au Nouveau.
Hébreux 10, 29-31
" (...) Qu’en pensez-vous ? Ne sera-t-elle pas encore plus grave, la peine que méritera celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, tenu pour profane le sang de l’Alliance par lequel il a été sanctifié, et outragé l’Esprit qui donne la grâce ?
Car nous connaissons celui qui a dit : C’est à moi de faire justice, c’est moi qui rendrai à chacun ce qui lui revient ; et encore : Le Seigneur jugera son peuple.
Chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! (...)"
---> Ce n'est pas un prophète de l'Ancien Testament qui parle ici, mais saint Paul : et on est en droit de se demander s'il est connu de l'auteur.
---> C'est précisément ce passage de saint Paul qui va être illustré dans les citations suivantes, concernant le cruel Doras.
---> Si le Père permit que le Christ montre, dans le Mystère de sa kénose, à quel point Il était vraiment Homme semblable aux hommes, cela serait en raison d'"une certaine cruauté de sa part", puisqu'à cause de Lui, le Christ ne pourrait plus jouir librement du fait d'être vraiment Dieu !
---> On est là à seulement un pas du plus complet docétisme : ou bien le Christ montrerait à chaque instant toute la force de sa Divinité, ou bien alors Il ne serait pas le Christ, ce qui veut bien dire entre les lignes que le Christ ne serait pas véritablement homme comme nous, et surement pas l' "homme des douleurs", le "serviteur souffrant" annoncé par Isaïe 53.
---> Mais comment s'étonner d'un tel point de vue de l'auteur : n'avons-nous pas appris que selon lui, le Christ n'accomplissait pas Lui-même les Ecritures, mais ne faisait que "montrer une certaine solidarité avec les hommes dont l'Ecriture parlait" ! ( cf volet précédent )
---> Par quel nom désigner une pareille hérésie ?
---> L’appellation « Jehovah » n’a rien de fautive dans la bouche de Jésus le grand Prêtre, non pas le grand prêtre qui ne pouvait prononcer ce Nom avec crainte qu’une fois par an, dans le Saint des saints, mais Celui qui était Lui-même le Temple Nouveau de la Nouvelle Alliance, et dont la sainteté était celle de Dieu en Personne :
---> A Dieu, il est en effet permis de prononcer le saint Nom de Dieu, peu importe que cela scandalise les pharisiens modernes.
---> DGC affabule en parlant d’une pseudo-opposition dans l’EMV entre le Dieu de l’Ancien et Celui du Nouveau Testament, car précisément, Jésus n’y fait aucunement cette distinction : il n’y a pour Lui qu’un seul et même Dieu, sévère avec les orgueilleux et les cruels, patient et miséricordieux avec tous les autres, et c’est Celui dont parle les Écritures, pour peu que l’on sache bien les interpréter.
---> Mais il semble que notre auteur soit satisfait d’avoir exhumer ce vieux poncif de Marcion, pour l’appliquer à l’EMV sans aucun motif.
---> C’est DGC et lui seul qui suggère ici que Dieu - "le Dieu de l’Ancien Testament" (?) - , tel qu’Il se révèle dans le passage que Jésus va lire à la synagogue de Capharnaüm ( Josué 7,13 ), serait cruel, dur et mauvais : car ce qui va suivre dans l’EMV suggère précisément l'inverse.
---> Cela nous en dit assez long sur sa propre exégèse de l’Écriture, puisqu’il ne peut entendre celle-ci, et notamment le livre de Josué, sans employer de tels adjectifs.
---> Serait-ce donc en réalité pour DGC lui-même que « le Dieu de l’Ancien Testament » apparaisse dur, cruel et mauvais, comme le pensait Marcion ?
---> Selon lui, il faudrait donc corriger les saintes Écritures, pour les rendre conformes à l'Évangile ?
---> Et celui qui les citerait telles quelles, comme va le faire ici Jésus, manifesterait par là sa complicité de pensée avec « la cruauté du Père » ? Voilà qui est pour le moins édifiant …
Que dit en effet Josué 7,13 ?
"Lève-toi et sanctifie le peuple et dis-leur : Sanctifiez-vous pour demain car voilà ce que dit le Dieu d'Israël : L'anathème est au milieu de vous, ô Israël. Tu ne pourras pas tenir tête à tes ennemis jusqu'à ce que soit enlevé du milieu de toi, celui qui s'est contaminé avec tel délit." ( Josué 7,13 )
Contexte dans l'EMV :
---> Cette Parole fut tirée au hasard parmi les rouleaux, par le chef de la synagogue de Capharnaüm, afin que Jésus en donne publiquement l'interprétation.
---> Est-ce que Jésus, dans ce commentaire qu'Il fait de Josué 7, parlerait peut-être d'un Dieu cruel ? Vérifions-le :
« Repentez-vous de vos péchés pour être pardonnés et prêts pour le Royaume. Enlevez-vous l'anathème du péché. Chacun a le sien Chacun a celui qui est contraire aux dix commandements du salut éternel. Examinez-vous, chacun avec sincérité et vous trouverez le point sur lequel vous vous êtes trompés. Ayez-en humblement un repentir sincère. Veuillez vous repentir. Non en paroles. On ne se moque pas de Dieu et on ne Le trompe pas. Mais repentez-vous avec la volonté arrêtée de changer de vie, de revenir à la Loi du Seigneur. Le Royaume des Cieux vous attend. Demain. »
(...)
Jéhovèh vous a frappés, oui, dans le présent, dans votre orgueil et votre prétention d'être un "peuple" selon les idées de la terre. Mais, à quel point Il vous a aimés et a usé de patience avec vous plus qu'avec aucun autre, en vous accordant à vous le Sauveur, son Messie, pour que vous l'écoutiez et vous vous sauviez avant l'heure de la colère divine ! Il ne veut plus que vous soyez pécheurs. Mais si Il vous a frappés en ce monde caduc, voyant que la blessure ne guérit pas, mais au contraire émousse toujours plus votre esprit, voici qu'Il vous envoie non pas la punition mais le salut. Il vous envoie Qui vous guérit et vous sauve, Moi, qui vous parle."
---> Quelle cruauté de Dieu, en effet, dans ces commentaires de Jésus sur Josué ! Que la réflexion de DGC est donc pertinente !
---> Bref : c'est un flop.
DGC :
Jésus dit: « Moi, représentant de Dieu, j’explique tout et en fais l’application à l’éternel et au surnaturel. Jéhovah vous a frappés. (…) Il vous envoie Qui vous guérit et vous sauve, moi, qui vous parle. » (II, 22, 106)
---> Un vrai travail de faussaire. Du même style que de citer l'Évangile comme suit, pour en changer le véritable sens :
- « Et Judas alla se pendre » ( Matt 27,5 ) ;
- « Va, et toi aussi, fais de même. » ( Luc 10,37 )
---> Citation absurde autant que perfide, où l’on ne peut plus distinguer de quoi il s’agit vraiment dans l’oeuvre : Jéhovah frappe qui, comment, et pourquoi ? Il aurait pourtant suffit de citer correctement le passage pour voir à quel point il s’agit ici bien au contraire de mettre en valeur la Miséricorde infinie du Père, renonçant au châtiment pour donner le Sauveur.
---> Ce qui va donc achever définitivement de détruire le faux argumentaire de l’auteur, c’est la citation intégrale de ce passage, correspondant à Marc 1,24 :
EMV 59.1 Le démoniaque guéri dans la synagogue de Capharnaüm en conclusion d’une discussion.
Je vois la synagogue de Capharnaüm. Elle est déjà remplie d'une foule qui attend. Des gens, sur le seuil, surveillent la place encore ensoleillée, bien que l'on aille vers le soir. Finalement, un cri "Voici le Rabbi qui vient."
Tous se retournent vers la sortie. Le moins grands s'élèvent sur la pointe des pieds ou cherchent à se pousser en avant. Quelques disputes, quelques bousculades malgré les reproches des employés de la synagogue et des notables de la cité.
"La paix soit avec tous ceux qui cherchent la Vérité !"
Jésus est sur le seuil et salue en bénissant, les bras tendus en avant. La lumière très vive qui vient de la place ensoleillée met en valeur sa grande stature, nimbée de lumière. Il a quitté son habit blanc et il a pris ses vêtements ordinaires, bleu foncé. Il s'avance travers la foule qui lui fait un passage puis se resserre autour de Lui, comme l'eau autour d'un navire.
"Je suis malade, guéris-moi !" gémit un jeune homme qui me semble phtisique d'après son aspect, et qui tient Jésus par son vêtement.
Jésus lui met la main sur la tête et lui dit : "Aie confiance, Dieu t'écoutera, lâche-moi maintenant pour que je parle au peuple après je viendrai vers toi."
Le jeune homme le lâche et reste tranquille.
"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?" demande une femme qui porte un bambin sur ses bras.
"Il m'a dit qu'après avoir parlé au peuple il viendra vers moi."
"Il te guérit, alors ?"
"Je ne sais pas. Il m'a dit : "Confiance". Moi, j'espère."
"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?"
"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?"
La foule veut savoir. La réponse de Jésus circule parmi le peuple.
"Alors, je vais prendre mon petit."
"Et moi, j'amène ici mon vieux père."
"Oh! si Aggée voulait venir ! Je vais essayer ... mais il ne viendra pas."
Jésus a rejoint sa place. Il salue le chef de la synagogue qui le salue avec ses acolytes. C'est un homme de petite taille, gras et vieillot. Pour lui parler, Jésus s'incline. On dirait un palmier qui se penche vers un arbuste plus large que haut.
"Que veux-tu que je te donne ?" demande le chef de la synagogue.
"Ce que tu veux ou bien au hasard, l'Esprit te guidera."
"Mais... seras-tu préparé ? "
"Je le suis. Prends au hasard. Je répète : l'Esprit du Seigneur guidera le choix pour le bien de ce peuple."
Le chef de la synagogue étend la main sur le tas de rouleaux. Il en prend un, l'ouvre et s'arrête à un point donné. "Voilà" dit-il.
Jésus prend le rouleau et lit à J'endroit indiqué :
"Josué 7,13 : "Lève-toi et sanctifie le peuple et dis-leur : Sanctifiez-vous pour demain car voilà ce que dit le Dieu d'Israël : L'anathème est au milieu de vous, ô Israël. Tu ne pourras pas tenir tête à tes ennemis jusqu'à ce que soit enlevé du milieu de toi, celui qui s'est contaminé avec tel délit."
Il s'arrête, enroule le rouleau et le rend.
La foule est très attentive. Seul quelqu'un chuchote :
"Nous allons en entendre de belles contre les ennemis !"
"C'est le Roi d'Israël, le Promis, qui rassemble son peuple !"
Jésus tend les bras dans son habituelle attitude oratoire. Le silence se fait, complètement.
"Celui qui est venu vous sanctifier s'est levé. Il est sorti du secret de la maison où il s'est préparé à cette mission. Il s'est purifié pour vous donner l'exemple de la purification. Il a pris position face aux puissants du Temple et au peuple de Dieu. Et maintenant, Il est parmi vous.
C'est Moi ! Non pas comme le pensent et l'espèrent certains parmi vous qui ont l'esprit enténébré et le cœur troublé. Plus grand et plus noble est le Royaume dont je suis le futur Roi et auquel je vous appelle.
Je vous appelle, ô vous d'Israël, avant tout autre peuple, parce que vous êtes ceux qui dans les pères de vos pères eurent la promesse de cette heure et l'alliance avec le Seigneur Très-Haut. Mais ce ne sera pas avec des foules armées, pas par la féroce effusion de sang que se formera ce Royaume. Ce ne sont pas les violents, ni les dominateurs, pas les orgueilleux, les irascibles, les envieux, les luxurieux, les gens cupides qui y entreront, mais les bons, les doux, les chastes, les miséricordieux, les humbles, ceux qui aiment le prochain et Dieu, les patients.
Israël ! Ce n'est pas contre les ennemis du dehors que tu es appelé à combattre, mais contre les ennemis du dedans, contre ceux qui se trouvent en ton cœur, dans le cœur des dizaines et des dizaines de mille parmi tes fils. Enlevez l'anathème du péché dans tous vos cœurs si vous voulez que demain le Seigneur vous rassemble et vous dise : "Mon peuple, à toi le Royaume qui ne sera plus vaincu, ni envahi, ni attaqué par les ennemis".
Demain. Quel jour, ce demain ? Dans un an ou un mois? Oh ! ne cherchez pas avec la soif malsaine de connaître l'avenir par des moyens qui ont le goût de coupables sorcelleries. Laissez aux païens l'esprit Python. Laissez au Dieu éternel le secret de Son temps. Vous, dès demain, le demain qui surgira après cette heure du soir, celui-là qui viendra de nuit, qui surgira avec le chant du coq, venez vous purifier dans la vraie pénitence.
Repentez-vous de vos péchés pour être pardonnés et prêts pour le Royaume. Enlevez-vous l'anathème du péché. Chacun a le sien Chacun a celui qui est contraire aux dix commandements du salut éternel. Examinez-vous, chacun avec sincérité et vous trouverez le point sur lequel vous vous êtes trompés. Ayez-en humblement un repentir sincère. Veuillez vous repentir. Non en paroles. On ne se moque pas de Dieu et on ne Le trompe pas. Mais repentez-vous avec la volonté arrêtée de changer de vie, de revenir à la Loi du Seigneur. Le Royaume des Cieux vous attend. Demain.
Demain ? demandez-vous ? Oh ! c'est toujours un prompt lendemain, l'heure de Dieu, même quand il vient au terme d'une longue vie comme celle des Patriarches. L'éternité n'a pas, pour mesurer le temps, le lent écoulement du sablier. Ces mesures du temps que vous appelez jours, mois, années, siècles sont les palpitations de l'Esprit Éternel qui vous garde en vie. Mais vous êtes éternels en votre esprit et vous devez, en esprit, garder la même méthode de mesure du temps que votre Créateur. Dire donc : "Demain, ce sera le jour de ma mort !" Bien plus, pas de mort pour celui qui est fidèle, mais repos dans l'attente, dans l'attente du Messie qui ouvre les portes des Cieux.
Et, en vérité, je vous dis que parmi ceux qui sont ici présents, vingt-sept seulement devront attendre à leur mort. Les autres seront jugés dès avant la mort et la mort sera le passage à Dieu ou à Mammon, sans délai parce que le Messie est venu, Il est parmi vous et vous appelle pour vous donner la bonne nouvelle, pour vous instruire de la Vérité, pour vous assurer le salut et le Ciel. Faites pénitence ! Le "demain" du Royaume des Cieux est imminent, qu'il vous trouve purs pour devenir les possesseurs du Jour Éternel.
La paix soit avec vous."
Quelqu’un se lève pour le contredire, c'est un Israélite barbu aux somptueux vêtements. Il dit :
"Maître, ce que tu dis me paraît en opposition avec ce qui est dit au Livre second des Macchabées, gloire d'Israël. Là, il est dit : "En fait, c'est un signe de grande bienveillance de ne pas permettre aux pécheurs de ne pas revenir pendant longtemps à leurs caprices, mais de les châtier aussitôt. Le Seigneur ne fait pas comme avec les autres nations qu'il attend patiemment pour les punir lorsque est venu le jour du Jugement, quand la mesure de leurs fautes sera comble". Toi, au contraire, tu parles comme si le Très-Haut pouvait être très lent à nous punir, ( le fameux "dieu cruel" qu'a repéré DGC, ndt ) à nous attendre, comme les autres peuples, au temps du Jugement, quand sera comble la mesure des péchés, Vraiment, les faits t'apportent un démenti. Israël est puni, comme dit l'histoire des Macchabées. Mais, si c'était comme tu dis, n'y aurait-il pas un désaccord entre ta doctrine et celle qui est renfermée dans la phrase que je t'ai rapportée ?".
"J’ignore qui tu es, mais qui que tu sois, je te réponds. Il n'y a pas de désaccord dans la doctrine, mais dans la manière d'interpréter les paroles. Tu les interprètes à la manière humaine; moi à la manière de l'Esprit. Toi, représentant de la majorité des hommes, tu vois tout dans une référence au présent et à ce qui est caduc. Moi, représentant de Dieu, j'explique tout et en fais l'application à l'éternel et au surnaturel.
Jéhovèh vous a frappés, oui, dans le présent, dans votre orgueil et votre prétention d'être un "peuple" selon les idées de la terre. Mais, à quel point Il vous a aimés et a usé de patience avec vous plus qu'avec aucun autre, en vous accordant à vous le Sauveur, son Messie, pour que vous l'écoutiez et vous vous sauviez avant l'heure de la colère divine ! Il ne veut plus que vous soyez pécheurs. Mais si Il vous a frappés en ce monde caduc, voyant que la blessure ne guérit pas, mais au contraire émousse toujours plus votre esprit, voici qu'Il vous envoie non pas la punition mais le salut. Il vous envoie Qui vous guérit et vous sauve, Moi, qui vous parle."
"Ne trouves-tu pas que tu es audacieux en te posant comme représentant de Dieu ? Aucun des prophètes n'a eu cette audace, et Toi... qui es-tu, Toi qui parles et sur l'ordre de qui parles-tu ?"
"Les prophètes ne pouvaient dire d'eux-mêmes ce que Je dis de Moi. Qui suis-je ? L'Attendu, le Promis, le Rédempteur. Déjà vous avez entendu celui qui m'a précédé dire : "Préparez les voies du Seigneur... Voici que vient le Seigneur Dieu... Comme un berger il paîtra son troupeau, tout en étant l'Agneau de la vraie Pâque !"
Il y a parmi vous des gens qui ont entendu ces paroles de la bouche du Précurseur et qui ont vu s'éclairer le ciel par l'effet d'une lumière qui descendait en forme de colombe, qui ont entendu Une voix qui parlait en disant qui j'étais. Par ordre de qui Je parle ? Par ordre de Celui qui est et qui m'envoie."
"Tu peux le dire, mais tu peux aussi être un menteur ou dans l'illusion. Tes paroles sont saintes, mais Satan aussi a des paroles trompeuses teintes de sainteté, pour entraîner dans l'erreur. Nous nous ne te connaissons pas."
"Je suis Jésus de Joseph, de la race de David, né à Bethléem Ephrata, selon la promesse, appelé Nazaréen parce que j'ai la maison à Nazareth. Cela, du point de vue du monde. Selon Dieu je suis son Messie. Mes disciples le savent."
"Oh ! eux, ils peuvent dire ce qu'ils veulent et ce que tu leur fais dire."
"Un autre parlera, qui ne m'aime pas et dira qui je suis. Attends que j'appelle un de ceux qui sont présents."
Jésus regarde la foule, étonnée de la discussion, choquée et divisée en deux courants contraires. Il regarde, en cherchant quelqu’un avec ses yeux de saphir, puis crie à haute voix :
"Aggée, avance, Je te le commande."
Grand bruit dans la foule qui s'ouvre pour laisser passer un homme agité par un tremblement et soutenu par une femme.
"Connais-tu cet homme ?"
"Oui, c'est Aggée de Malachie, d'ici, de Capharnaüm. Il est possédé d'un esprit malin qui le fait entrer dans des accès de folie furieuse et soudaine."
"Tout le monde le connaît ?" La foule crie : "Oui, oui."
"Quelqu'un peut-il dire qu'il m'a parlé fût-ce quelques minutes !"
La foule crie : "Non, non, il est comme hébété et ne sort jamais de sa maison et personne ne t'y a jamais vu."
"Femme, amène-le-Moi."
La femme le pousse et le traîne pendant que le pauvret tremble plus fort. Le chef de la synagogue avertit Jésus : "Attention ! Le démon va le tourmenter ... et alors il s'excite, griffe et mord". La foule s'écarte en se pressant contre les murs. Les deux sont désormais en face l'un de l'autre.
Un instant de résistance. Il semble que l'homme habitué au mutisme hésite à parler et gémit. Puis la voix s'articule : "Qu'y-a- t-il entre nous et Toi Jésus de Nazareth ? Pourquoi es-tu venu nous tourmenter ? Nous exterminer, Toi, le Maître du Ciel et de la terre ? Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. Personne, dans la chair, ne fut plus grand que Toi parce que dans ta chair d’homme, est renfermé l'Esprit du Vainqueur Éternel. Déjà tu m'as vaincu dans..."
"Tais-toi, sors de lui, Je te le commande."
L'homme est pris d'une agitation étrange. Il s'agite par à-coups comme s'il y avait quelqu'un qui le maltraite en le poussant et le secouant. Il hurle d'une voix inhumaine et puis est plaqué au sol d'où il se relève ensuite, étonné et guéri.
"Tu as entendu ? Que réponds-tu, maintenant ?" Jésus demande à son opposant.
L'homme barbu et bien habillé hausse les épaules et, vaincu, s'en va sans répondre. La foule le raille et applaudit Jésus.
"Silence, c'est un lieu sacré, dit Jésus, et il ordonne : Amenez- Moi le jeune homme à qui j'ai promis l'aide de Dieu."
Le malade se présente. Jésus le caresse : "Tu as eu foi ! Sois guéri. Va en paix et sois juste."
Le jeune homme pousse un cri, qui sait ce qu'il éprouve ? Il se jette aux pieds de Jésus et les baise en remerciant : "Merci pour moi et pour ma mère !"
D'autres malades viennent : un jeune enfant aux jambes paralysées. Jésus le prend dans ses bras, le caresse, le pose à terre... et le laisse. Le bambin ne tombe pas mais court vers sa mère qui le reçoit sur son cœur en pleurant, et bénit "le Saint d'Israël". Arrive un petit vieux aveugle, conduit par sa fille. Lui aussi se voit guéri avec une caresse sur les orbites malades.
De la part de la foule, c'est un délire de bénédictions.
Jésus se fraye un chemin en souriant. Malgré sa grande taille il n'arriverait pas à fendre la foule si Pierre, Jacques, André et Jean ne travaillaient du coude généreusement et ne s'ouvraient un accès depuis leur coin jusqu'à Jésus et ne le protégeaient Jusqu'à la sortie sur la place où le soleil a disparu.
La vision se termine ainsi.
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---> L’auteur se montre ici capable de confondre la cruauté, la dureté et la méchanceté, avec : l’Autorité et la Justice divine.
---> Mais c'est un peu son problème et non le nôtre, puisqu'il n'est pas devenu notre gourou.
---> Nous ne sommes cependant pas au bout de nos surprises avec son article, et nous allons tout de suite découvrir ce que DGC appelle… : "de la cruauté".
DGC :
Jésus foudroie [Doras] d’un nouveau regard et d’une brève réplique : « Je te remets au Dieu du Sinaï. » (II, 76, 428)
---> DGC signe là une de ses plus brillantes illusions en forme de citation complètement tronquée, dénaturée, dont on ne sait plus du tout le tenant et l’aboutissant. Il faudrait donc comprendre selon lui que Jésus présente le Père des cieux comme un dieu terrible, vengeur et pour tout dire : méchant.
---> Mais le démenti va être aussi cinglant que l’accusation est privée de tout bon sens commun.
---> Cette réplique du Christ est en effet la pure illustration de l'épître de saint Paul aux Hébreux 10, 29-31 :
" (...) Qu’en pensez-vous ? Ne sera-t-elle pas encore plus grave, la peine que méritera celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, tenu pour profane le sang de l’Alliance par lequel il a été sanctifié, et outragé l’Esprit qui donne la grâce ?
Car nous connaissons celui qui a dit : C’est à moi de faire justice, c’est moi qui rendrai à chacun ce qui lui revient ; et encore : Le Seigneur jugera son peuple.
Chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! (...)"
---> Pourquoi DGC se met-il ainsi volontairement les doigts dans la porte, sachant pertinemment qu’on va la lui refermer dessus ?… Quel est l’intérêt d’un pareil mensonge de sa part ? Quel plaisir y trouve-t-il ? Mystère.
---> Car le contexte de l’histoire : c’est que Jésus, parti à la recherche de ses amis bergers de Bethléem, se trouve ici aux prises avec un certain Doras qui est le propriétaire de l’un d’entre eux, et qui est la quintescence même du pharisien cruel et scélérat, et même d’avantage encore que cela : l’assassin de Jonas, le berger en question, qu’il employait pour cultiver son domaine dans des conditions effroyables, infrahumaines, l’ayant fouetté sans aucune pitié dans l’espérance d’augmenter son rendement.
---> Et au Christ-Dieu qui lui demande des comptes de son crime, au Dieu des psaumes qui commande : « Rendez justice au faible et à l'orphelin, faites droit au malheureux et à l'indigent, sauvez le faible et le pauvre, délivrez-les des méchants! » (Ps 82.3), au Dieu du Sinaï qui ordonne : « Tu ne commettras pas de meurtre » (Exode 20,13), Doras, qui le méprise du haut de sa superbe, va jusqu’à Lui adresser des menaces s’Il osait ne pas bénir ses champs, afin qu’ils produisent une belle récolte.
---> Laissons les vrais chercheurs de la vérité apprécier par eux-mêmes :
EMV 109.9 – Dans les champs de Yokhanan et de Doras. Morts de Jonas à la maison de Nazareth.
(…)
Dans les champs quelques rares couples de bœufs au labour. Ils retournent, péniblement, la terre grasse de cette plaine fertile pour la préparer aux semailles, Et, un spectacle qui me fait peine à voir, en certains endroits, ce sont les hommes eux-mêmes qui font le travail des bœufs, tirant la charrue de toute la force de leurs bras et même de leur poitrine, s'arc-boutant sur le sol déjà remué, s'épuisant comme des esclaves en ce travail pénible même pour de robustes bouvillons.
Jésus aussi regarde et arrête ses yeux sur ce spectacle. Son visage devient triste jusqu'aux larmes.
(…)
( Jésus s’enquiert du sort de Jonas auprès des pauvres paysans maltraités et appeurés, ndt )
(…)
"Répondez : y a-t-il en vous de la haine pour qui vous traite si durement ? Y a-t-il en vous de la révolte et des reproches à Dieu de vous avoir placés parmi les derniers de la terre ?"
"Oh ! non, Maître ! C'est notre sort. Mais, quand recrus de fatigue nous nous jetons sur le grabat, nous disons : "Eh bien, le Dieu d'Abraham sait que nous n'en pouvons plus et que nous ne pouvons que Lui dire : Sois béni, Seigneur !" et nous disons encore : "Aujourd'hui encore, nous avons vécu sans pécher"... Tu sais... Nous pourrions encore frauder un petit peu, et avec le pain manger un fruit, et verser de l'huile sur les légumes cuits à l'eau. Mais le maître a dit : "Les serviteurs ont assez avec le pain et les légumes cuits et, au temps de la moisson, un peu de vinaigre dans l'eau pour étancher la soif et donner des forces". Et nous obéissons. Enfin... ça pourrait être pire."
"Et Moi, je vous dis qu'en vérité le Dieu d'Abraham sourit à vos cœurs, alors qu'il tourne un visage sévère vers ceux qui l'insultent au Temple, avec des prières menteuses, alors qu'ils n'aiment pas leurs semblables."
"Oh ! mais entre eux ils s'aiment ! Au moins... il semble qu'il en soit ainsi, car ils se témoignent leur respect par des inclinations et des cadeaux. Ce n'est qu'avec nous qu'ils sont sans amour. Mais nous sommes différents d'eux. C'est juste."
"Non, dans le Royaume de mon Père ce n'est pas juste et la manière de juger sera différente. Ce ne sont pas les riches et les puissants, en tant que tels, qui auront des honneurs, mais seulement ceux qui auront toujours aimé Dieu en L'aimant plus qu'eux-mêmes et plus que toute autre chose comme l'argent, le pouvoir, la femme, la table; et en aimant leurs semblables que sont tous les hommes, riches comme pauvres, connus comme inconnus, savants ou sans culture, bons ou mauvais. Oui, même les mauvais il faut les aimer. Non pour leur méchanceté, mais par pitié pour leurs âmes qu'ils blessent à mort. Il faut les aimer d’un amour qui supplie le Père céleste de les guérir et de les racheter.
Dans le Royaume des Cieux seront bienheureux ceux qui auront honoré le Seigneur avec vérité et justice, et témoigné leur amour par le respect envers ceux qui les ont mis au monde et aussi leurs parents; ceux qui n'auront volé d'aucune façon et en rien, c'est à dire ceux qui auront donné et prétendu ce qui est juste, même pour le travail des serviteurs; ceux qui n'auront pas tué la réputation ou la personne et n'auront pas eu le désir de tuer, même si d'autres sont cruels au point de pousser le cœur au mépris et à la révolte;
ceux qui n'auront pas fait de faux serments, faisant tort au prochain ou offensant la vérité; ceux qui n'auront pas commis d'adultères ni de péchés de la chair, quels qu'ils soient; ceux qui, doux et résignés, auront toujours accepté leur sort sans envier les autres, C'est à ceux-là qu’appartient le Royaume des Cieux, et le mendiant lui-même peut-être là-haut un roi bienheureux, pendant que le Tétrarque sera, en fait de pouvoir, réduit à moins que rien, à un sort pire que le néant : il sera une proie pour Mammon s’il a agi contre la loi éternelle du Décalogue."
Les hommes l'écoutent bouche bée.
(…) (...)
Et vous dites que Jonas est très malade ?"
"Oui. Sitôt le travail fini, il se jette sur sa litière et nous ne le voyons pas. C’est ce que nous disent les autres serviteurs de Doras."
"Il est au travail à cette heure ?"
"S'il tient debout, oui. Il devrait se trouver au-delà de cette pommeraie."
"La récolte de Doras a été bonne ?"
"Oh ! célèbre dans tout le pays. On a dû étayer les arbres à cause des fruits d'une grosseur miraculeuse, et Doras a dû faire fabriquer de nouvelles cuves, car le raisin ne pouvait trouver place dans celles qu'il avait déjà, tellement il y en avait."
"Alors, Doras aura récompensé son serviteur !"
"Récompensé ! Oh ! Seigneur, comme tu le connais mal !"
"Mais Jonas m'a dit, qu'il y a quelques années, il fut frappé à mort pour la perte de quelques grappes et qu'il devint esclave pour dettes, le maître l'ayant accusé de la perte d'un peu de moisson. Cette année, qu'il a eu cette miraculeuse abondance, il aurait donc dû le récompenser."
"Non. Il l'a fouetté avec férocité, l'accusant de n'avoir pas, les années précédentes, obtenu la même abondance, parce qu'il n'avait pas soigné la terre comme il le fallait."
"Mais cet homme est une bête fauve !" s'exclame Matthieu.
"Non. Il n'a plus d'âme." dit Jésus.
"Je vous laisse, fils, avec ma bénédiction. Avez-vous du pain et de la nourriture pour aujourd'hui ?"
(…) (...)
( Jésus décide d’aller chez Doras pour racheter Jonas, ndt )
(…) (...)
On voit la maison du pharisien. Large, basse, mais bien bâtie, au milieu d'un verger actuellement dégarni. Maison de campagne, mais riche et pratique. Pierre et Simon vont en avant pour avertir.
Doras sort. C'est un vieux au profil dur de vieux rapace. Un regard ironique, une bouche de serpent qui esquisse un sourire faux dans sa barbe plutôt blanche que noire.
"Salut, Jésus" dit-il en un salut familier et visiblement dédaigneux.
Jésus ne dit pas : "Paix" mais répond :
"Que ton salut te revienne."
"Entre. La maison t'accueille. Tu es ponctuel comme un roi."
"Comme un homme honnête." réplique Jésus.
Doras rit comme si c'était une plaisanterie.
Jésus se retourne et dit aux disciples qui ne sont pas invités :
"Entrez: Ce sont mes amis."
"Qu'ils viennent... mais... celui-ci n'est-ce pas le gabelou fils d'Alphée ?"
"C'est Matthieu, disciple du Christ." dit Jésus sur un ton que... l'autre comprend et il se met à rire jaune, plus qu'auparavant.
Doras voudrait écraser le "pauvre" maître galiléen sous l'opulence de sa maison dont l'intérieur est vraiment fastueux. Fastueux et glacial. Les serviteurs semblent des esclaves. Ils vont penchés, s'éclipsant rapidement, redoutant toujours d'être punis. On sent que c'est une maison où règnent la froideur et la haine.
Mais Jésus ne se laisse pas impressionner par la vue des richesses ni par l'évocation de la fortune et de la parenté... et Doras qui se rend compte de l'indifférence du Maître, l'emmène avec lui au jardin fruitier. Il montre les arbres rares et en offre les fruits que des serviteurs apportent sur des plateaux et dans des coupes d'or. Jésus les goûte et loue leur goût exquis. Il y en a qui sont conservés dans un sirop et il y a des pêches magnifiques, au naturel et il y a des poires d'une grosseur inaccoutumée.
"Je suis seul à les avoir dans toute la Palestine et je crois qu'il n'y en a pas dans toute la péninsule. Je les ai fait venir de Perse et de plus loin encore. La caravane m'a bien coûté un talent. Les Tétrarques eux-mêmes n'ont pas ces fruits. Peut-être pas même César. J'en compte les fruits et j'exige tous les noyaux. Les poires ne sont consommées qu'à ma table, car je ne veux pas qu'on en prenne un pépin. À Hanne je lui en envoie, mais cuites pour que les pépins soient stériles."
"Ce sont des arbres de Dieu, pourtant. Et tous les hommes sont égaux."
"Égaux ? Oh ! Moi égal à... à tes Galiléens ?"
"L'âme vient de Dieu, et Lui les crée égales."
"Mais moi, je suis Doras, le fidèle pharisien !..."
On dirait un dindon qui fait la roue lorsqu'il le dit.
Jésus le transperce de ses yeux de saphir qui se font toujours plus étincelants. C'est un signe qui annonce en Lui un débordement de pitié ou de sévérité.
Jésus est beaucoup plus grand que Doras et le domine, imposant dans son habit pourpre près du pharisien, petit, un peu voûté, parcheminé, dans son habit d'une ampleur et d'une abondance de franges impressionnante.
Doras, après quelques instants d'auto-admiration de sa personne, s'écrie :
"Cependant, Jésus, pourquoi envoyer dans la maison de Doras, le pur pharisien, Lazare, le frère d'une prostituée ? Il est ton ami Lazare ? Mais tu ne dois pas ! Ne sais-tu pas qu'il est anathème parce que sa sœur Marie est prostituée ?"
"Je ne connais que Lazare, et sa conduite qui est honnête."
"Mais le monde se souvient du péché de cette maison, et considère que la tache en rejaillit sur les amis... N'y va pas. Pourquoi n'es-tu pas pharisien ? Si tu veux... je suis puissant... je te fais accueillir comme tel, bien que tu sois galiléen. J'ai tout pouvoir au Sanhédrin. Anna est en ma main comme ce morceau de mon manteau. On te craindrait davantage."
"Je veux seulement qu'on m'aime."
"Je t'aimerai.
Tu vois que déjà je t'aime en accédant à ton désir et en te donnant Jonas."
"Je l'ai payé."
"C'est vrai et je me suis étonné que tu puisses verser une telle somme."
"Non pas Moi, mais un ami pour Moi."
"Bien, bien. Je ne fais pas d'enquête. Je dis : tu vois que je t'aime et que je veux te faire plaisir. Tu auras Jonas après le repas. Il faut que ce soit Toi, pour que je fasse ce sacrifice..."
Et il rit de son rire cruel.
Jésus, les bras croisés, le transperce de son regard de plus en plus sévère. Ils sont encore dans le jardin fruitier en attendant le repas.
"Cependant, tu dois me faire plaisir. Joie pour joie. Je te donne mon meilleur serviteur. Je me prive pour cela d'un revenu intéressant. Cette année, ta bénédiction, je sais que tu es venu au début des grandes chaleurs, m'a procuré des récoltes qui ont rendu célèbre mon domaine. Maintenant, bénis mes troupeaux et mes champs. L'année prochaine, je ne regretterai pas Jonas... et, en attendant, je lui trouverai un bon remplaçant. Viens, bénis. Donne-moi la joie d'être célèbre par toute la Palestine et d'avoir des bercails et des greniers qui regorgent de tout bien. Viens."
Il le saisit et cherche à l'entraîner, pris par la fièvre de l'or.
Mais Jésus résiste :
"Où est Jonas ?" demande-t-il sévèrement.
"Au labour. Il a encore voulu faire ce travail pour son bon maître. Mais il viendra avant la fin du repas. En attendant, viens bénir les troupeaux, les champs, les vergers, les vignes, les pressoirs. Tout, tout... Oh ! quelle fertilité l'année prochaine ! Viens donc."
"Où est Jonas ?" demande Jésus d'une voix de tonnerre.
"Mais, je te l'ai dit : il dirige le labour. C'est le premier serviteur et il ne travaille pas : il dirige."
"Menteur !"
"Menteur, moi ? Je le jure sur Jahvé !"
"Parjure !"
"Moi, moi parjure ? Moi qui suis le plus fidèle parmi les fidèles ? Attention à tes paroles !"
"Assassin !" Jésus a élevé toujours plus la voix et la dernière parole est un vrai tonnerre.
Les disciples se serrent autour de Jésus, les serviteurs se montrent craintifs sur les portes. Le visage de Jésus est insoutenable par sa sévérité. Des yeux semblent émaner des rayons phosphorescents.
Doras, un instant est pris de peur. Il se fait plus petit, paquet d'étoffes très fines, devant la personne altière de Jésus vêtu d'un lourd habit de laine rouge sombre. Mais ensuite, l'orgueil le ressaisit et il crie de sa voix glapissante de renard :
"Chez moi, je suis seul à commander. Sors, vil galiléen."
"Je sortirai après t'avoir maudit avec tes champs, tes troupeaux, tes vignes pour cette année et celles qui viennent."
"Non, cela non ! Oui, c'est vrai. Jonas est malade, mais il est soigné, bien soigné. Retire ta malédiction !"
"Où est Jonas ? Qu'un serviteur me conduise à lui, tout de suite Je l'ai payé, et puisque pour toi, c'est une marchandise, une machine, je le regarde comme tel. Puisque je l'ai payé, je l'exige."
Doras tire un sifflet d'or de son sein et siffle par trois fois. Une nuée de serviteurs de la maison et des champs débouchent de tous côtés, accourent, tellement penchés qu'ils semblent ramper jusqu'à côté du terrible maître.
"Amenez Jonas à Celui-ci et le Lui remettez. Où vas-tu ?"
Jésus ne répond même pas. Il suit les serviteurs qui se sont précipités au-delà du jardin vers les maisons des paysans, les lugubres tanières des pauvres paysans. Ils entrent dans le taudis de Jonas.
Celui-ci est devenu un squelette. Il halète, demi nu, harcelé par la fièvre sur un grabat de roseaux, sur lequel fait office de matelas un vêtement rapetassé avec, comme couverture, un manteau en lambeaux. La jeune femme de l'autre fois le soigne comme elle peut.
"Jonas ! Mon ami ! Je suis venu te chercher !"
"Toi ? Mon Seigneur ! Je me meurs... mais suis heureux de t'avoir ici !"
"Ami fidèle, tu es libre maintenant et tu ne mourras pas ici. Je te conduis à ma maison."
"Libre ? Pourquoi ? À ta maison ? Ah ! Oui ! Tu m'avais promis que je verrais ta Mère."
Jésus est tout amour, penché sur le misérable lit du malheureux et la joie paraît ranimer Jonas.
"Pierre : tu es fort. Soulève Jonas, et vous, donnez votre manteau. Ce lit est trop dur pour qui est dans son état."
Les disciples enlèvent promptement leurs manteaux. Ils les plient et les doublent, les étendent, et avec quelques-uns font un oreiller. Pierre dépose sa charge décharnée et Jésus le couvre de son propre manteau.
"Pierre, as-tu de l'argent ?"
"Oui, Maître, j'ai quarante deniers. "
"C'est bien, allons. Courage, Jonas. Encore un peu de fatigue, puis une grande paix, dans ma maison, près de Marie..."
"Marie... oui.., oh ! ta maison !" Dans son épuisement il pleure, le pauvre Jonas. Il ne sait que pleurer.
"Adieu, femme. Le Seigneur te bénira pour ta miséricorde."
"Adieu, Seigneur, adieu Jonas. Prie, priez pour moi."
La jeune femme pleure...
Quand ils sont sur le seuil, voilà que Doras vient. Jonas a un mouvement de peur et se cache le visage. Mais Jésus lui met une main sur la tête et sort à son côté, plus sévère qu'un juge. Le cortège misérable sort dans la cour rustique, prend l'allée du potager.
"Ce lit est à moi ! Je t'ai vendu le serviteur, pas le lit."
Sans dire un mot, Jésus jette la bourse à ses pieds. Doras la prend, la vide.
"Quarante deniers et cinq didrachmes. C'est peu !"
Jésus dévisage l'avide et répugnant argousin. C'est une scène indescriptible. Il ne répond rien.
"Au moins dis-moi que tu retires l'anathème !"
// Jésus le foudroie d'un nouveau regard et d'une brève réplique :
"Je te remets au Dieu du Sinaï." //
Et très droit se retire à côté de la rustique litière, portée avec précaution par Pierre et André.
Doras, voyant que tout est inutile, que la condamnation est certaine, crie :
"Nous nous reverrons, Jésus ! Oh ! je t'aurai entre mes ongles ! Je te ferai une guerre à mort. Emporte donc cette ombre d'homme. Il ne m'est plus utile. Cela m'épargnera les frais de sépulture. Va, va, Satan maudit ! Mais je mettrai tout le Sanhédrin contre Toi. Satan ! Satan !"
Jésus fait semblant de ne pas entendre. Les disciples sont consternés.
Jésus ne s'occupe que de Jonas. Il cherche les sentiers les moins raboteux, ceux qui sont en meilleur état, jusqu'à ce qu'ils arrivent à un carrefour près des champs de Yokhanan. Les quatre paysans accourent pour saluer l'ami qui s'en va et Jésus qui les bénit.
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( Suit le récit vraiment émouvant de la mort du juste Jonas, berger de la Nativité, dans le propre lit de saint Joseph, sous le regard attendri et maternel de la Vierge et de son Fils : quel privilège... )
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1 ) Récapitulons :
---> pour DGC, Jésus se montre ici intraitable, dur et méchant envers Doras, tel une fidèle image du « dieu cruel et vengeur" que serait censé être celui de l’Ancien Testament.
---> Alors que Jésus s'adresse ici à un homme tout simplement privé d'âme, en tout semblable aux sodomites frappés jadis par la malédiction du Très-Haut,
2 ) Les Écritures confirment la parfaite unité entre le Dieu que Jésus dépeint dans l'EMV, et le vrai Dieu tel qu’Il s’est révélé dans la Bible :
---> Les psaumes :
Lui qui « tourne sa Face contre les méchants pour effacer de la terre leur mémoire, alors qu’Il a les Yeux sur les justes, et ses oreilles pour leurs clameurs » (Ps 33) « Le mal tuera l’impie, qui déteste le juste expiera. » ( ibid.) « Que le mal pourchasse à mort l’homme de violence, que les gloseurs ne tiennent plus sur terre ! Je sais que le Seigneur fera droit aux malheureux, qu’Il fera justice aux pauvres. »( Ps 139 )
---> Que dit également Isaïe 11 ?
« En ce jour-là,
un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David,
un rejeton jaillira de ses racines.
Sur lui reposera l’esprit du Seigneur :
esprit de sagesse et de discernement,
esprit de conseil et de force,
esprit de connaissance et de crainte du Seigneur
– qui lui inspirera la crainte du Seigneur.
Il ne jugera pas sur l’apparence ;
il ne se prononcera pas sur des rumeurs.
Il jugera les petits avec justice ;
avec droiture, il se prononcera
en faveur des humbles du pays.
Du bâton de sa parole, il frappera le pays ;
du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant.
La justice est la ceinture de ses hanches ;
la fidélité est la ceinture de ses reins.
---> Que dit Job 36,5 ?
« Vois : Dieu est puissant, il ne méprise pas, il est puissant et d’un cœur magnanime.
Il ne laisse pas vivre le méchant mais rend justice aux pauvres.
Il ne détourne pas ses yeux des justes ; à l’instar des rois sur le trône, il les fait siéger pour toujours, mais ils s’enorgueillissent.
Et s’ils se retrouvent prisonniers des chaînes, pris dans les liens de la misère,
Dieu leur montre leurs œuvres et leurs péchés commis par orgueil.
Il leur ouvre l’oreille pour les avertir et leur ordonne de se détourner du mal.
S’ils écoutent et se mettent à son service, leurs jours s’achèveront dans le bonheur, et leurs années dans les délices.
Mais s’ils n’écoutent pas, ils passent par le chenal de la mort et ils périssent faute d’intelligence. »
---> Il faudrait des centaines de citations bibliques pour retranscrire tout le soin que Dieu a des pauvres, et la malédiction qu’Il envoie à ceux qui les oppriment sans miséricorde.
3 ) Mais à cela, DGC va assurément répondre :
---> « Bien sûr que Dieu est du côté des pauvres et s’opposent aux orgueilleux et aux violents ! Mais toujours avec miséricorde, avec ménagement, sans user Lui-même de violence, puisqu’Il commande d’aimer ses ennemis ! »
---> Ce à quoi nous lui répondons par un « petit rappel pour les nuls » :
---> Le Seigneur n’a jamais dit que l’on pouvait impunément se moquer sans mesure et sans fin de sa Miséricorde, sans finalement encourir dès ici-bas un châtiment approprié, bien au contraire ! ( cf Hébreux 10, 27-31 )
---> Peut-être que DGC aurait intérêt de lire parfois un peu la Bible : pour sûr qu’il tomberait un jour ou l’autre sur ce passage relatant le châtiment infligé par Dieu à Sodome et Gomorrhe, « quand le Seigneur fit tomber du ciel sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre et de feu venant du Seigneur. Dieu détruisit ces villes et toute la région, avec tous leurs habitants et la végétation. » ( Genèse 19,24-25)
---> Cruauté de sa part ? Non, Justice Divine infligée à des sodomites assassins et impénitents, prévenus pourtant avec beaucoup de patience avant d’être si durement châtiés.
---> Peut-être apprendrait-il également comment Dieu châtia l’Égypte par dix plaies, dont la dernière, loin d’être une bénédiction ou une pure miséricorde, fut la mort de tous les premiers nés des égyptiens, y compris celui de Pharaon ! Et comment les hébreux furent finalement délivrés de l’esclavage, grâce à la mort par noyade de toute l’armée d’Égypte partie à ses trousses, engloutie dans la mer Rouge sur ordre de Dieu, donné à Moïse !
---> Jésus est le Dieu de l’Ancien Testament comme du Nouveau : il n’y a aucune différence entre les deux. Et tout comme Il s’était révélé juste et bon dans l’Ancien, Il se révèle également Juste et Bon dans le Nouveau Testament, en dépit du fait qu'Il puisse frapper son peuple, comme le dit Isaïe 1 :
"Où donc faut-il vous frapper encore, vous qui multipliez les reniements ? Toute la tête est malade, tout le cœur est atteint ;
(...) Si vous consentez à m’obéir, les bonnes choses du pays, vous les mangerez ;
mais si vous refusez, si vous vous obstinez, c’est l’épée qui vous mangera. – Oui, la bouche du Seigneur a parlé.
---> Si Jésus livre Doras au Dieu du Sinaï, c’est à l’évidence que celui-ci a cherché sa malédiction par la dernière des perversions, assumée à l’extrême, sans la moindre once du plus petit commencement de repentir, même lorsque Jésus le met publiquement devant la honte de ses crimes abominables.
--->Et lorsque comme ici Jésus est en colère, c’est que réellement on l’a cherché : « Jésus le transperce de ses yeux de saphir qui se font toujours plus étincelants. C'est un signe qui annonce en Lui un débordement de pitié ou de sévérité. »
DGC :
« Jésus » se distingue du Père justicier et vengeur, sans s’opposer personnellement à lui.
---> Cette remarque choque par sa débilité, puisque le Père également se distingue de son Fils, en nous l’envoyant comme Sauveur, « sans personnellement s’opposer à Lui » ; le Fils aussi se distingue du Saint-Esprit, en nous l’envoyant d’auprès du Père comme Paraclet, « sans personnellement s’opposer à Lui » !
---> DGC voudrait donc insinuer que le Christ resterait en retrait, comme avec un certain dégoût, laissant le Père « accomplir les basses besognes de malédictions », mais sans s’y opposer personnellement, ce qui impliquerait une certaine culpabilité.
---> Alors que lorsque le Père tire vengeance de ceux qui font le mal, c’est le Père, le Fils et le Saint-Esprit qui agissent ensemble, comme un seul Dieu. Ce qui n’empêche pas qu’il y ait des spécificités, au sein même de la Trinité : c’est en effet le Fils qui vient pour nous sauver, le Saint-Esprit qui vient pour nous vivifier par ses sept Dons sacrés, le Père qui nous adopte comme ses fils.
---> Ici, puisque le Christ avait été envoyé par le Père, non pour juger le monde, mais pour sauver tous les hommes, c’est à la Justice du Père, dont Doras a méprisé l'Envoyé, que celui-ci est livré.
---> Et réellement : « Chose effroyable que de tomber vivant aux mains du Dieu Vivant ! (Hébreux 10,31)
DGC, corrigé en rouge :
L’épisode suivant est doublement choquant,
---> car il faut bien comprendre que le sort de Doras, cet atroce pharisien homicide, orgueilleux, impénitent, sadique, cupide et blasphémateur au dernier degré, dont nous avons fait la connaissance dans l’épisode précédent, est soudainement devenu l’objet de toutes les prévenances de DGC - pas un seul mot, par contre, à propos de Jonas, sa victime ! -
---> Doras serait-il devenu son « Barrabas à lui », qu'il voudrait faire relâcher à tout prix ? Sodome et Gomorrhe auraient-elles dû être préservées du juste châtiment de Dieu, tout comme l'ignoble Doras ?
DGC :
en illustrant cette opposition des rôles des personnes divines tout en mettant en scène une survenue du Père en « Jésus » qui provoque la mort de son adversaire.
---> Alors que Jésus précisera bien que Doras était mort de colère, et donc de son propre chef.
---> Le Père intervient "en Personne" en plusieurs endroits des Evangiles, pour se faire entendre, et nous désigner son Fils Jésus, qu'Il n'envoie pas pour juger le monde.
---> Mais dans le non-jugement, il y eut des exceptions, et l'ignoble Doras en fit partie pour la raison évidente que nous allons découvrir : c'était au Père d'intervenir à travers le Christ en ce cas exceptionnel, puisque Celui-ci était avant tout le Sauveur, et non d'abord le Juge.
DGC :
« Jésus », confronté à un certain Doras qui le menace,
---> pas « un certain Doras » ! celui dont DGC a voulu soigneusement cacher le vrai visage, dans ce qui précède.
DGC :
lui ordonne de quitter la maison où il prêche.
---> Car Il est justement en train de prêcher dans cette maison ... contre l’homicide !
---> et Doras, l’assassin d’un des plus chers amis de Jésus, vient s'y pavaner sous son nez, et le narguer !
DGC :
Doras est furieux.
---> On comprend que Jésus puisse Lui-aussi être légitimement dans une sainte colère, tout comme dans l’épisode précédent, et plus encore !
DGC :
( Jésus : )
« Sors de ma maison. »
« Je sors. Mais bientôt nous ferons les comptes, n’en doute pas. »
---> L'assassin demande des comptes à Dieu, alors même que sans le savoir, il s’apprête à mourir !
DGC :
« Bientôt? tout de suite. Le Dieu du Sinaï, je te l’ai dit, t’attend » (…)
---> C’est sûr qu’on se serait plutôt attendu à un Jésus bien mou, bien accommodant, "Guimauve Chocolat", comme d’ailleurs Il le fut avec les marchands du Temple, et avec les pharisiens hypocrites, et comme Dieu, dans l’Ancien Testament, se montra si accommodant avec les sodomites et les gomorrhytes, ou encore avec pharaon et son armée poursuivant les hébreux !
---> Pas de châtiment pour les criminels impénitents : tel semble être le "credo" de l'auteur...
DGC :
« Ah! Ah! maléd… » Il s’embrouille, murmure et tombe.
« Il est mort! crie le serviteur. Le maître est mort! Béni sois-tu, Messie, notre vengeur ! »
« Non, pas Moi, Dieu, le Seigneur éternel. (…) »
---> Car le Christ, même s’Il le pouvait légitimement, n’était pas venu, encore une fois, pour juger et châtier.
« Mais il est mort par ta volonté ? » demande Pierre.
« Non, mais le Père est entré en moi… C’est un mystère que tu ne peux comprendre. Sache seulement qu’il n’est pas permis de s’attaquer à Dieu. Lui se venge par lui-même. »
---> Ici, Jésus apparaît bien comme le Nouveau Moïse, l’homme de douceur et d’humilité, mais aussi vecteur de la Vengeance divine : Dieu ordonnait au premier Moïse d’étendre son bâton pour que la mer Rouge reflue sur les ennemis en furie, mais c’était Dieu qui agissait et non pas le pauvre bâton de bois, qui n’était pas magique. Dieu cependant n’entra pas en Moïse pour accomplir son œuvre comme s’Il était vraiment un avec lui.
---> Alors que le Père entre dans le Fils pour accomplir par son bras, un avec Lui, son acte de Justice. Mystère que cette union entre le Père et le Fils, plus prononcée à certains moments, moins à d’autres comme en particulier durant la Passion, pour permettre la kénose du Serviteur souffrant.
DGC :
« Mais ne pourrais-tu pas alors dire au Père de faire mourir tous ceux qui te haïssent? »
« Tais-toi! Tu ne sais pas de quel esprit tu es ! Je suis la Miséricorde et non la Vengeance. » (II, 93, 548)
---> Voilà le "dieu cruel et méchant" que DGC a repéré dans l'EMV ! Quelle pertinence !
Voici cet épisode si saisissant et instructif, restitué ici dans son intégralité :
EMV 126.1 - Jésus à La Belle Eau : "Tu ne tueras pas". Mort de Doras.
(...) (...)
"Il est dit : “Ne tue pas”. Auquel des deux groupes de commandements appartient celui-ci ? “Au second” dites-vous ? En êtes-vous sûrs ?
Je vous demande encore : est-ce un péché qui offense Dieu ou celui qui en est la victime ? Vous dites : “Cette dernière“ ? Êtes-vous sûrs aussi de cela ?
Et je vous demande encore : n’y a-t-il qu’un péché d’homicide ? En tuant, ne faites-vous que cet unique péché ? “Celui-là seul” dites-vous ? Personne n’en doute ? Dites à haute voix vos réponses. Qu’un seul parle pour vous tous. J’attends."
Et Jésus se penche pour caresser une bambine qui est venue à côté de Lui et qui le regarde, extasiée, oubliant même de grignoter la pomme que sa mère lui a donnée pour qu’elle se tienne tranquille.
Un vieillard imposant se lève et dit :
"Maître, écoute. Je suis un vieux chef de synagogue et ils m’ont dit de parler au nom de tous. Je parle. Il me semble, et il nous semble, avoir répondu selon la justice et selon ce qu’on nous a enseigné. J’appuie ma certitude sur le chapitre de la Loi relatif à l’homicide et aux coups. Mais Toi, tu sais pourquoi nous sommes venus : pour que tu nous enseignes, car nous reconnaissons en Toi la Sagesse et la Vérité. Si donc je me trompe, éclaire mes ténèbres pour que le vieux serviteur aille vers son Roi, revêtu de lumière, et rends aussi ce service à ceux-ci qui sont de mon troupeau et qui sont venus, avec leur berger, boire à la fontaine de Vie."
et avant de s’asseoir, il s’incline avec le plus grand respect.
"Qui es-tu, père ?"
"Cléophas d’Emmaüs, ton serviteur."
"Pas le mien : mais de Celui qui m’a envoyé parce qu’on doit donner au Père toute préséance et tout amour au Ciel, sur la terre et dans les cœurs. Et le premier à Lui donner cet honneur c’est son Verbe qui prend et offre, sur une table sans défauts, les cœurs des bons, comme fait le prêtre avec les pains de proposition. Mais écoute, Cléophas, pour aller à Dieu tout illuminé selon ton saint désir.
Pour mesurer la culpabilité, il faut penser aux circonstances qui précèdent, préparent, justifient, expliquent la faute elle-même.
“Qui ai-je frappé ? Qu’est-ce que j’ai frappé ? Où ai-je frappé ? Avec quels moyens ai-je frappé ? Pourquoi ai-je frappé ? Comment ai-je frappé ? Quand ai-je frappé ? “: c’est ce que doit se demander avant de se présenter à Dieu pour Lui demander pardon, celui qui a tué.
“Qui ai-je frappé ?”
Un homme. Je dis un homme. Mais je ne pense pas et je ne considère pas s’il est riche ou s’il est pauvre, s’il est libre ou s’il est esclave. Pour Moi il n’existe pas d’esclaves ou de puissants. Il s’agit des hommes créés par un Être Unique, par conséquent tous égaux. En fait, devant la majesté de Dieu, même le plus puissant monarque de la terre n’est que poussière. Et à ses yeux, et aux miens, il n’existe qu’un seul esclavage: celui du péché et donc sous la domination de Satan.
La Loi Antique distingue les hommes libres des esclaves, et se livre à des considérations subtiles selon que la mort a été immédiate ou qu’il y a eu un jour ou deux de survie, et de même si la femme enceinte est morte du coup ou si la mort n’a atteint que le fruit de ses entrailles. Mais tout cela a été dit lorsque la lumière de la perfection était encore bien lointaine. Maintenant, elle est parmi vous et vous dit : “Quiconque frappe mortellement un de ses semblables pèche ; Et il ne pèche pas seulement à l’égard de l’homme, mais aussi contre Dieu”.
Qu’est-ce que l’homme ? L’homme est la créature souveraine que Dieu a créée pour être le roi de la création. Il l’a créé à son image et à sa ressemblance, en lui donnant la ressemblance pour l’esprit et en tirant son image de l’image parfaite de sa pensée parfaite. Regardez dans l’air, sur la terre et dans les eaux. Y voyez-vous peut-être, un animal ou une plante qui, si beaux qu’ils soient, égalent l’homme ? L’animal court, mange, boit, dort, engendre, travaille, chante, vole, rampe, grimpe, mais il n’a pas la parole. L’homme aussi sait courir et sauter, et dans le saut il est si agile qu’il rivalise avec l’oiseau. Il sait nager, et il est si rapide à la nage qu’on dirait un poisson. Il sait ramper, et paraît un reptile. Il sait grimper, et semble un singe. Il sait chanter, et paraît un oiseau. Il sait engendrer et se reproduire. Mais, en plus, il sait parler.
Et ne dites pas : “Tout animal a son langage”. Oui. L’un mugit, l’autre bêle, un autre brait, un autre encore gazouille, un dernier exécute des trilles. Mais, du premier bœuf au dernier, ce sera toujours le même et unique mugissement, et ainsi le mouton bêlera jusqu’à la fin du monde, et l’âne braira comme le fit le premier âne. Le passereau dira toujours son court gazouillement pendant que l’alouette et le rossignol diront le même hymne, au soleil la première, à la nuit étoilée le second.
Même au dernier jour de la terre, ils salueront comme à son premier jour et à sa première nuit. L’homme, au contraire, parce qu’il n’a pas seulement une luette et une langue, mais un ensemble complexe de nerfs dont le centre est au cerveau, siège de l’intelligence, sait saisir des sensations nouvelles, en faire l’objet de ses réflexions et leur donner un nom.
Adam appela chien son ami et lion celui qui lui parut plus ressemblant avec son épaisse crinière toute hérissée au-dessus de son visage à peine barbu. Il appela brebis l’agnelle qui le saluait doucement, et donna le nom d’oiseau à cette fleur empennée qui volait comme le papillon mais qui émettait un doux chant que le papillon ne possède pas.
Et puis, au cours des siècles, voilà que les descendants d’Adam créèrent toujours de nouveaux noms au fur et à mesure qu’ils “connurent” les œuvres de Dieu dans les créatures ou à mesure qu’avec l’étincelle divine qui est en l’homme, ils n’engendrèrent pas seulement des enfants, mais créèrent aussi des objets utiles ou nuisibles à leurs enfants eux-mêmes, selon qu’ils étaient avec Dieu ou contre Dieu. Ils sont avec Dieu ceux qui créent et produisent de bonnes choses. Ils sont contre Dieu ceux qui créent des choses mauvaises qui nuisent au prochain. Dieu venge ses enfants torturés par le mauvais génie humain.
L’homme est donc la créature bien-aimée de Dieu. Même si maintenant il est coupable, c’est toujours la créature qui Lui est la plus chère. Ce qui en témoigne, c’est qu’Il a envoyé son Verbe Lui-même, non pas un ange, non pas un archange, non pas un chérubin, ni un séraphin, mais son Verbe, en le revêtant de la chair humaine pour sauver l’homme. Il n’a pas estimé indigne ce vêtement pour rendre passible en vue de la souffrance expiatrice Celui qui, étant comme Lui un Très Pur Esprit, n’aurait pu, en tant que tel, souffrir et expier la faute de l’homme.
Le Père m’a dit : "Tu seras homme : l’Homme. J’en avais fait un, parfait comme tout ce que Je fais. Je lui avais destiné une douce vie, une très douce dormition et un bienheureux réveil, un très heureux et éternel séjour dans mon céleste Paradis. Mais, Tu le sais, en ce Paradis ne peut entrer ce qui est souillé, car en ce lieu, Moi-Nous, Dieu Un et Trine, nous avons notre trône. Et en sa présence ne peut se trouver que sainteté. Je suis Celui qui suis [4]. Ma divine nature, notre mystérieuse essence ne peut être connue que par ceux qui sont sans tache.
Maintenant l’homme, en Adam et par Adam, est souillé. Va. Purifie-le. Je le veux. Tu seras désormais : l’Homme. Le Premier-Né. Car Tu entreras le premier ici, avec ta chair mortelle exempte du péché, avec l’âme exempte du péché d’origine. Ceux qui t’ont précédé sur la terre et ceux qui te suivront, auront la vie par ta mort de Rédempteur". Il ne pouvait mourir que quelqu’un qui était né. Moi je suis né et je mourrai.
L’homme est la créature privilégiée de Dieu. Maintenant, dites-Moi : si un père a plusieurs enfants, mais que l’un d’eux est son privilégié, la pupille de son œil, et qu’on le tue, est-ce que ce père ne souffre pas plus que s’il s’agissait d’un autre de ses enfants ? Cela ne devrait pas être car le père devrait être juste avec tous ses enfants.
Mais cela arrive parce que l’homme est imparfait. Dieu peut le faire avec justice car l’homme est l’unique créature dans la création qui possède en commun avec le Créateur l’âme spirituelle, marque indéniable de la paternité divine.
En tuant un fils à son père, n’offense-t-on que le fils ? Non, le père aussi. Le fils en sa chair, le père en son cœur. Mais c’est aux deux que la blessure est donnée. En tuant un homme, n’offense-t-on que l’homme ? Non, Dieu aussi. L’homme dans sa chair, Dieu dans son droit. Car la vie et la mort, c’est par Lui seulement qu’elles doivent être données et enlevées. Tuer, c’est faire violence à Dieu et à l’homme. Tuer, c’est faire irruption dans le domaine de Dieu. Tuer, c’est manquer au précepte de l’amour. Il n’aime pas Dieu, celui qui tue, car il fait périr son travail : un homme. Le meurtrier n’aime pas le prochain, car il lui enlève ce qu’il veut pour lui-même : la vie.
Et voilà que j’ai répondu aux deux premières questions.
“Où ai-je tué ?”
On peut tuer sur le chemin, dans la maison de la victime ou en l’attirant dans la sienne. On peut frapper l’un ou l’autre organe en produisant une souffrance plus grave et en commettant même deux homicides à la fois si on frappe la femme chargée du fruit de son sein.
On peut frapper dans la rue, sans en avoir l’intention. Un animal qui nous échappe peut tuer un passant. Mais alors, il n’y a pas préméditation. Mais, si quelqu’un se rend, armé d’un poignard qu’il dissimule hypocritement sous son habit de lin, dans la maison d’un ennemi - et souvent l’ennemi c’est celui qui a le tort d’être meilleur - ou bien s’il l’invite dans sa propre maison avec des marques d’honneur, et puis l’égorge et le jette dans la citerne, alors il y a préméditation et c’est le crime complet pour la malice, la férocité et la violence.
Si avec la mère je tue son fruit, c’est des deux que Dieu me demandera de rendre compte. Parce que le ventre qui engendre un nouvel homme selon le commandement de Dieu est sacré, et sacrée la petite vie qui mûrit en lui, et à laquelle Dieu a donné une âme.
“Par quels moyens ai-je frappé ?”
C’est vainement que quelqu’un affirme : “Je ne voulais pas frapper quand il est allé avec une arme véritable. Dans la colère, les mains mêmes deviennent une arme, et aussi la pierre que l’on prend sur la route, ou la branche arrachée à un arbre.
Mais celui qui froidement examine le poignard ou la hache, et s’ils lui paraissent mal aiguisés les affile et puis s’en arme de façon qu’on ne les aperçoive pas, mais qu’il puisse facilement les brandir, s’il se rend ainsi chez son rival, il ne peut pas dire : “Je n’avais pas l’intention de frapper”. Celui qui prépare un poison en cueillant des herbes ou des fruits toxiques pour en faire une poudre ou une boisson, et puis les offre à sa victime comme si c’était des épices ou une boisson fermentée, ne peut certainement pas dire : “Je ne voulais pas tuer”.
Et, maintenant, écoutez-vous, femmes, silencieuses meurtrières cachées et impunies de tant de vies. C’est tuer aussi que d’arracher un fruit qui croît en votre sein parce qu’il est d’une provenance coupable ou qu’il n’était pas désiré n’étant qu’un poids inutile en vos flancs et indésirable pour votre richesse. Il n’y a qu’une façon d’éviter ce poids : c’est de rester chaste. N’unissez pas l’homicide à la luxure, à la violence et à la désobéissance, et ne croyez pas que Dieu ne voit pas ce que l’homme n’a pas vu. Dieu voit tout et se souvient de tout. Souvenez-vous-en, vous aussi.
“Pourquoi ai-je frappé ?”
Oh ! Il y a tant de raisons ! Le déséquilibre imprévu que crée en vous une émotion violente, celui de trouver la couche nuptiale profanée, ou le voleur surpris dans la maison, ou le dégoûtant qui viole votre propre fillette, ou le calcul froid et réfléchi de se débarrasser d’un témoin dangereux, de quelqu’un qui vous empêche d’arriver, ou dont on convoite la situation ou la fortune: il y a là tant de raisons. Si encore Dieu peut pardonner à celui qui dans la fièvre de la douleur devient assassin, Il ne pardonne pas à celui qui le devient par ambition ou parce qu’il recherche l’estime des hommes.
Agissez toujours avec droiture, et vous ne craindrez pas le regard ou la parole de quiconque. Contentez-vous de ce que vous avez et vous ne convoiterez pas ce que possède autrui au point de devenir assassin pour posséder ce qui appartient au prochain.
“Comment ai-je frappé ?”
En m’acharnant avant et après le premier coup porté par l’émotion ? Il arrive que l’homme n’ait plus de frein. Satan le jette dans le crime, comme le frondeur lance sa pierre. Mais que diriez-vous d’une pierre qui, après avoir atteint la cible reviendrait à la fronde pour qu’on la lance de nouveau et qu’elle recommence à frapper ? Vous diriez : “Elle est possédée par une force magique et infernale“. Il en est ainsi de l’homme qui, après un premier coup en donne un second, un troisième, un dixième sans que sa férocité s’apaise. Car la colère tombe et l’on revient à la raison après le premier coup, lorsqu’il provient d’un motif qui peut se comprendre. Mais la férocité s’acharne d’autant plus que la victime a reçu plus de coups, chez le véritable assassin. C’est un satan qui n’a pas, qui ne peut avoir de pitié pour son frère, parce qu’il est un satan, c’est à dire la haine.
“Quand ai-je frappé ?”
Du premier coup ? Après que la victime soit tombée par terre ? En simulant le pardon alors que la rancœur était toujours plus forte ? J’ai attendu, peut-être des années, pour frapper pour donner double douleur en tuant le père en la personne de ses enfants ?
Vous voyez qu’en tuant, on viole le premier et le second groupe des commandements parce que vous vous arrogez le droit de Dieu et que vous foulez aux pieds le prochain. Donc péché contre Dieu et contre le prochain. Vous ne faites pas seulement un péché d’homicide. Mais vous faites un péché de colère, de violence, d’orgueil, de désobéissance, de sacrilège et aussi de cupidité si vous tuez pour vous emparer d’une place, d’une bourse. Mais, j’y fais à peine allusion et je vous l’expliquerai mieux un autre jour, on ne commet pas l’homicide uniquement avec l’arme et le poison, mais aussi par la calomnie. Méditez.
Et j’ajoute encore : le maître qui frappe un esclave, en évitant par ruse qu’il ne lui meure entre les mains, est doublement coupable. L’esclave n’est pas l’argent du maître : c’est une âme qui appartient à son Dieu. Il est éternellement maudit celui qui lui inflige un traitement qu’il n’appliquerait pas à son bœuf. "
Les yeux de Jésus lancent des éclairs, et il tonne. Tous le regardent surpris car auparavant il parlait avec calme.
"Maudit soit-il ! La Loi Nouvelle abolit cette dureté. C’était encore justice lorsque dans le peuple d’Israël n’existaient pas ces hypocrites qui simulent la sainteté et s’ingénient seulement à tourner la Loi de Dieu et l’exploiter à leur profit. Mais à présent où dans tout Israël on est envahi par ces vipères qui se permettent de faire ce qu’on leur laisse passer, parce que ce sont eux, les puissants misérables que Dieu regarde avec haine et dégoût, Moi, je dis : cela n’est plus.
Les esclaves tombent sur les sillons ou en tournant la meule. Ils tombent avec les os brisés et les nerfs mis à nu par les coups de fouets. Pour pouvoir les frapper, ils les accusent de crimes mensongers pour justifier leur propre sadisme satanique. On fait servir jusqu’au miracle de Dieu pour les accuser et avoir le droit de les frapper. Ni la puissance de Dieu, ni la sainteté de l’esclave ne convertit leur âme farouche. Elle ne peut être convertie. Le bien n’entre pas en ce qui est saturé par le mal. Mais Dieu voit et dit : “Ça suffit !”
Trop nombreux sont les Caïns qui tuent les Abels. Et que croyez-vous, tombeaux immondes dont l’extérieur est blanchi et recouvert des paroles de la Loi et à l’intérieur desquels Satan est devenu roi, où pullule le satanisme le plus rusé, que croyez-vous ? Qu’il n’y a eu d’Abel que le fils d’Adam et que le Seigneur ne regarde avec bienveillance que ceux qui ne sont pas esclaves d’homme, alors qu’Il rejette loin de Lui, l’unique offrande que peut faire l’esclave: celle de son honnêteté assaisonnée de ses larmes ? Non, en vérité je vous dis que chaque juste est un Abel, même s’il est chargé de chaînes, même s’il meurt sur le sillon ou ensanglanté par vos flagellations, et que ce sont des Caïns tous ceux qui sont injustes et qui font des cadeaux à Dieu par orgueil, non pas pour Lui rendre un culte vrai, mais ils font des cadeaux souillés par leurs péchés et tachés de sang.
Profanateurs du miracle. Profanateurs de l’homme, tueurs, sacrilèges ! Dehors ! Éloignez-vous de ma présence ! Assez ! Je dis : assez. Et je puis le dire car je suis la Divine Parole expression de la Pensée Divine. Partez !"
Jésus, debout sur la pauvre estrade, effraye par sa majesté. Le bras tendu, il indique la porte de sortie, ses yeux, comme des feux d’azur, semblent foudroyer les pécheurs présents. La bambine qui était à ses pieds se met à pleurer et court vers sa maman. Les disciples se regardent étonnés et cherchent à voir à qui s’adresse l’invective. La foule aussi se retourne, le regard interrogateur.
Voilà que finalement le mystère s’explique. Au fond, hors de la porte, à moitié caché derrière un groupe de gens du peuple de grande taille, se montre Doras. Encore plus sec, jaune, ridé, tout nez et menton. Il a avec lui un serviteur qui l’aide à se déplacer car il paraît à moitié accidenté. Et qui donc l’avait aperçu, là au milieu de la cour ? Il ose parler de sa voix éraillée :
"C’est à moi que tu parles ? C’est pour moi ce que tu dis ?"
"Pour toi, oui. Sors de ma maison.
"Je sors. Mais bientôt nous ferons les comptes, n’en doute pas."
"Bientôt ? Tout de suite. Le Dieu du Sinaï, je te l’ai dit, t’attend. [6]"
"Toi aussi, malfaisant, qui as fait arriver sur moi le malheur et les animaux nuisibles de la terre. Nous nous reverrons. Et ce sera ma joie."
"Oui. Et tu ne voudras pas me revoir car Moi, je te jugerai."
"Ah ! Ah ! maléd..." Il s’embrouille, murmure et tombe.
"Il est mort ! crie le serviteur. Le maître est mort ! Béni sois-tu, Messie, notre vengeur !"
"Non, pas Moi. Dieu, le Seigneur Éternel. Que personne ne se souille. Que le serviteur seul s’occupe de son maître. Et sois bon pour son corps. Soyez bons, vous tous, ses serviteurs. Ne vous réjouissez pas, par rancœur de sa mort, pour ne pas mériter une condamnation. Que Dieu et le juste Jonas soient toujours pour vous des amis et Moi avec eux. Adieu."
"Mais il est mort par ta volonté ?" demande Pierre.
"Non, mais le Père est entré en Moi... C’est un mystère que tu ne peux comprendre. Sache seulement qu’il n’est pas permis de s’attaquer à Dieu. Lui se venge par Lui-même."
"Mais ne pourrais-tu pas alors dire au Père de faire mourir tous ceux qui te haïssent ?"
"Tais-toi ! Tu ne sais pas de quel esprit tu es ! Je suis la Miséricorde et non la Vengeance."
Le vieux maître de la synagogue s’approche :
"Maître, tu as répondu à toutes mes questions et la lumière est en moi. Sois béni. Viens dans ma synagogue. Ne refuse pas ta parole à un pauvre vieillard."...
"J'irai. Va en paix. Le Seigneur est avec toi."
Tout prend fin pendant que la foule s'en va très lentement.
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DGC :
Le Christ de Maria Valtorta est étrangement Dieu tout autant qu’étrangement homme.
---> Jamais il ne m’avait été donné de lire un tel aveu de misère théologique, et véritablement, je suis pris de pitié devant une telle indigence, proprement intolérable ! Où frapper encore ? ( Isaïe 1,5 ) Comment a-t-on pu laisser ainsi un prêtre sans même la plus élémentaire instruction en Christologie ? Peut-être faudrait-il s’arranger pour que DGC puisse bénéficier d’un retour aux fondamentaux, et reprendre le B.A.BA du catéchisme ?…
---> « Le Christ de Maria Valtorta est étrangement Dieu » : non, cela n’a rien d’étrange, puisqu’Il est vraiment Dieu !
---> « … tout autant qu’étrangement homme. » : mais non, cela n’a rien d’étrange, puisqu’Il est vraiment Homme !
---> Mais finalement, DGC est pris bien malgré lui à son propre discours, et comme tous ceux qui s’attaquent à l’œuvre, il est forcé d’en faire la louange. Alleluia ! Quel plus beau compliment en effet pouvait-on adresser au Christ, tellement Homme et tellement Dieu, étonnant par tous les aspects de sa Personnalité insondable pour nos faibles intelligences obscurcies !
---> Dans le volet suivant : nous allons l'entendre critiquer le fait que Jésus ait pu se tourner vers sa Mère au moment de mourir - en même temps que vers son Père Céleste, et sans Les mettre aucunement en concurrence -
---> Puis, nous aurons l'honneur de rectifier la conclusion de son second article, avec attention et bienveillance, dans un soucis de vérité.
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