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« Dieu est l'Amour devenu Dieu » : une définition étrange, révélant chez Maria Valtorta une immaturité affective transposée en termes religieux ?

"Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, alors qu’au-dedans ce sont des loups voraces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez." ( Matthieu 7,15 )

" Un indice de cela ( de la prétendue « immaturité affective transposée en termes religieux, trouvant ainsi une autojustification absolue » que DGC croit pouvoir déceler dans l'oeuvre, ndt ) se trouve peut-être dans cette très étrange définition de Dieu que l’on trouve dans l’œuvre : 

« Dieu est l’Amour devenu Dieu » (II, 54, 293). "

 

---> Effectivement, si on n'en lit que cette minuscule citation tronquée par l'auteur, il est pratiquement impossible de bien comprendre ce que signifie cette définition de Qui est Dieu donnée par Jésus - pourtant limpide et en tout point conforme avec la théologie catholique -.

---> Mais en lisant l'intégralité de ce qui l'introduit dans l'EMV et en révèle la véritable signification, nous allons constater à quel point elle est excellente à tout point de vue :

EMV 89.1 - Jésus prend congé de Jonas, que Simon le Zélote pense affranchir. Arrivée de Jésus à Nazareth.
En rouge entre les // : la citation de DGC )

À peine, à peine une lueur de lumière. Sur la porte d'une misérable cabane, je l'appelle ainsi parce que ce serait lui faire trop d'honneur de l'appeler maison, Jésus se trouve avec les siens, Jonas et d'autres paysans misérables comme lui. C'est l'heure de l'adieu.

"Je ne te verrai plus, mon Seigneur ? demande Jonas *Tu as apporté la lumière à nos cœurs. Ta bonté a fait de ces jours une fête qui durera toute la vie. Mais Tu as vu comment nous sommes traités. On prend plus de soin des animaux que de nous et on traite plus humainement les arbres. Eux représentent de l'argent. Nous ne sommes que des machines à procurer de l'argent. Et on nous exploite jusqu'à ce qu'on meure à bout de forces. Mais tes paroles nous ont caressés comme des ailes angéliques. Le pain nous a semblé plus abondant et meilleur parce que tu l'as mangé avec nous, ce pain qu'il ne donne même pas à ses chiens. Reviens le rompre avec nous, Seigneur. C'est seulement parce que c'est Toi que j'ose le dire. Pour tout autre, ce serait l'offenser que de lui offrir un abri et une nourriture que dédaigne le mendiant. Mais Toi..."

* Ce judéen est un des douze bergers de la Nativité. Après la dispersion provoquée par le massacre des innocents, il devient régisseur de Doras, un dur pharisien de Galilée qui le martyrise, le traitant en esclave, ndt )

"Mais Moi, j'y trouve un parfum et une saveur célestes parce qu'il s'y trouve la foi et l'amour. Je viendrai, Jonas, je viendrai. Reste à ta place, toi, comme un animal lié aux brancards. Que ta place soit pour toi l'échelle de Jacob. Et, réellement, du Ciel, sur toi circulent les anges, attentifs à recueillir tous tes mérites pour les porter à Dieu. Mais je viendrai vers toi. Pour soulever ton esprit. Demeurez-moi tous fidèles. Oh ! Je voudrais vous donner une paix même humaine. Mais je ne puis. Je dois vous dire : souffre encore. Et cela est douloureux pour Quelqu'un qui aime..."

"Seigneur, si tu nous aimes, il n'y a plus de souffrance. Auparavant, nous n'avions personne pour nous aimer ...Oh ! si je pouvais, moi au moins, voir ta Mère !"

"Ne te tourmente pas, je te l'amènerai. Quand la saison sera plus douce, je viendrai avec Elle. Ne t'expose pas à des châtiments inhumains par hâte de la voir. Sache l'attendre comme on attend le lever d'une étoile, de la première étoile. Elle t'apparaîtra à l'improviste comme la première étoile du soir qu'on ne voyait pas et qui soudain palpite dans le ciel. Et pense que même dès maintenant Elle répand ses dons d'amour sur toi. Adieu, vous tous. Que ma paix vous protège contre les duretés qui vous angoissent. Adieu, Jonas. Ne pleure pas. Tu as attendu tant d'années avec une foi patiente. Je te promets maintenant une attente qui sera bien courte. Ne pleure pas. Je ne te laisserai pas seul. Ta bonté a essuyé mes pleurs d'enfant. Ne faut-il pas que ma bonté essuie tes pleurs ?"

"Oui... mais tu pars... et moi je reste..."

"Ami, Jonas, ne me laisse pas partir accablé du poids de ne pouvoir te soulager ..."

"Je ne pleure pas, Seigneur… Mais comment ferai-je pour vivre sans plus te voir, maintenant que je sais que tu es vivant ?"

Jésus caresse encore le visage défait du vieillard et puis s'éloigne. Mais, debout, à la limite de la misérable cour, il ouvre les bras en bénissant la campagne. Puis il s'éloigne.

"Qu'est-ce que tu as fait ?" demande Simon qui a remarqué le geste inhabituel.

"J'ai imprimé un sceau sur toutes les choses pour que les satans ne puissent, en leur nuisant, nuire à ces malheureux. Je ne pouvais rien de plus..."

"Maître... allons vivement en avant. Je voudrais te dire une chose qu'on n'entende pas."

Ils se détachent encore plus du groupe, et Simon parle :

"Je voudrais te dire que Lazare a l'ordre d'employer la somme pour secourir tous ceux qui, au nom de Jésus, ont recours à lui. Ne pouvons-nous pas affranchir Jonas ? Cet homme est usé et n'a plus que la joie de te posséder. Donnons-la-lui. Son travail, ici, que veux-tu que ce soit ? Libre, il serait ton disciple dans cette plaine si belle et si désolée. Ici, les plus riches en Israël ont des terres excellentes et les exploitent avec une usure cruelle, exigeant des travailleurs le cent pour un. Je le sais depuis des années. Ici, tu pourras peu séjourner, car ici la secte pharisaïque est maîtresse et je ne crois pas qu'elle te sera jamais amie. Les plus malheureux en Israël sont ces travailleurs opprimés et sans lumière. Tu l'as entendu. Même pour la Pâque on ne les laisse pas prier en paix, pendant que les durs patrons, avec de grands gestes et des mises en scène, se placent au premier rang des fidèles. Ils auront au moins la joie de savoir que tu es ici, d'entendre répéter tes paroles par quelqu'un qui n'y changera pas un iota. Si, c'est ton avis, Maître, donne des ordres et Lazare le fera."

"Simon, j'avais compris pourquoi tu t'es dépouillé de tout. Les pensées de l'homme ne me sont pas inconnues et je t'ai aimé aussi pour cette raison, En rendant heureux Jonas, tu rends heureux Jésus. Oh ! quelle angoisse, pour Moi, de voir souffrir celui qui est bon ! Ma condition d'être pauvre et méprisé par le monde ne m'angoisse que pour cela. Judas, s'il m'entendait, dirait : ''Mais, n'es-tu pas le Verbe de Dieu ? Commande et les pierres deviendront de l'or et du pain pour les malheureux.'' Il reprendrait le piège de Satan. Je veux bien rassasier les affamés, mais pas comme Judas voudrait. Vous êtes encore trop peu formés pour comprendre la profondeur de ce que je dis. Mais je le dis, à toi : si Dieu pourvoyait à tout, Il commettrait un vol envers ses amis. Il les priverait du pouvoir d'être miséricordieux et d'obéir par conséquent au commandement de l'amour. Mes amis doivent avoir cette marque de Dieu, qui leur soit commune avec Lui : la sainte miséricorde qui se manifeste en œuvres et ses paroles. Et les malheurs d'autrui fournissent à mes amis la manière de l'exercer. As-tu compris cette pensée ?"

"Elle est profonde, je la médite et je m'humilie comprenant combien je suis obtus et combien est grand Dieu qui nous veut avec tous ses attributs les plus doux pour nous appeler ses fils. Dieu se dévoile pour moi dans ses multiples perfections par toute la lumière que tu me mets au cœur. De jour en jour, comme quelqu'un qui avance dans un lieu inconnu, je développe la connaissance de cette Réalité immense qu'est la Perfection qui veut nous appeler "fils". Il semble que je m'élève comme un aigle ou que je plonge comme un poisson dans deux profondeurs sans fin comme le ciel et la mer, et plus je m'élève ou plus je plonge, je n'en touche jamais les limites. Mais qu'est-ce donc que Dieu ?"

"Dieu est la Perfection qu'on ne peut atteindre,
Dieu est la complète Beauté,
Dieu est l'infinie Puissance,
Dieu est l'incompréhensible Essence,
Dieu est l'insurpassable Bonté,
Dieu est l'indestructible Compassion,
Dieu est l'incommensurable Sagesse,
// Dieu est l'Amour devenu Dieu. //
Il est l'Amour ! Il est l'Amour !
Tu dis que plus tu connais Dieu dans sa perfection et plus il te semble monter ou plonger dans deux profondeurs sans bornes, d'azur sans ombre...

Mais, quand tu comprendras ce que c'est que l'Amour devenu Dieu, tu ne monteras plus, ne plongeras plus dans l'azur, mais dans un tourbillon éblouissant de flammes tu seras aspiré par une béatitude qui sera pour toi mort et vie. Tu auras Dieu en une totale possession quand, par ta volonté, tu seras arrivé à Le comprendre et à Le mériter. Alors, tu seras fixé en sa perfection."

"O Seigneur !"...

Simon est écrasé.

Un temps de silence. On a rejoint la route. Jésus s'arrête en attendant les autres.

(...)

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---> Notons que la première partie de la définition de Dieu donnée par Jésus est complètement évacuée par l'auteur :

"Dieu est la Perfection qu'on ne peut atteindre,
Dieu est la complète Beauté,
Dieu est l'infinie Puissance,
Dieu est l'incompréhensible Essence,
Dieu est l'insurpassable Bonté,
Dieu est l'indestructible Compassion,
Dieu est l'incommensurable Sagesse,

---> Elle dit pourtant au sujet de Dieu ce que développera saint Grégoire de Naziance dans son hymne célèbre :

« Ô Toi l’Au-delà de tout,
comment T’appeler d’un autre nom ?
Quelle hymne peut Te chanter ?
Aucun mot ne T’exprime.
Quel esprit peut Te saisir ?
Nulle intelligence ne Te conçoit.
Seul, Tu es ineffable ;
tout ce qui se dit est sorti de Toi.
Seul, Tu es inconnaissable ;
tout ce qui se pense est sorti de Toi.
Tous les êtres Te célèbrent,
ceux qui Te parlent et ceux qui sont muets.
Tous les êtres Te rendent hommage,
ceux qui pensent
comme ceux qui ne pensent pas.
L’universel désir, le gémissement de tous
aspire vers Toi.
Tout ce qui existe Te prie
et vers Toi tout être qui sait lire Ton univers
fait monter un hymne de silence.
Tout ce qui demeure, demeure en Toi seul.
Le mouvement de l’univers déferle en Toi.
De tous les êtres Tu es la fin,
Tu es unique.
Tu es chacun et Tu n’es aucun.
Tu n’es pas un être seul, Tu n’es pas l’ensemble :
Tu as tous les noms,
comment T’appellerais-je ?
Toi, le seul qu’on ne peut nommer ;
quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées
qui voilent le ciel lui-même ?
Aie pitié, ô Toi, l’Au-delà de tout ;
comment T’appeler d’un autre nom ? »



" L’expression indique un processus de divinisation d’un Amour préexistant : il est tentant d’y lire que l’Amour tel que Valtorta le conçoit, alliant la recherche de la fusion avec l’autre et d’une pureté irréelle, d’une sensualité qui ne veut pas s’avouer, a été par elle divinisé, devenant normatif, explicatif, et finalement idolâtré. "

 

1 ) Ce sarcasme à peine voilé à l'endroit de Maria Valtorta et se voulant apparemment très docte manifeste simplement que DGC n'a rien compris au lien logique unissant cette définition avec ce qui la précède dans l'épisode en question, ni sa portée théologique dépourvue d'erreur.

---> En effet, que lisons-nous dans ce qui précède ?

---> Jésus doit quitter un de ses plus chers amis berger, un des témoins privilégiés de sa Naissance à Bethléem, qui souffre de l'injustice des hommes, comme beaucoup d'autres pauvres gens avec lui, sous l'emprise d'un maître cruel qui le traite en esclave.

---> Simon le Zélote Lui suggère de l'affranchir, grâce à l'argent donnée par Lazare.

---> Que lui répond alors Jésus ?

" (...) Mais je le dis, à toi : si Dieu pourvoyait à tout, Il commettrait un vol envers ses amis. Il les priverait du pouvoir d'être miséricordieux et d'obéir par conséquent au commandement de l'amour. Mes amis doivent avoir cette marque de Dieu, qui leur soit commune avec Lui : la sainte miséricorde qui se manifeste en œuvres et ses paroles. Et les malheurs d'autrui fournissent à mes amis la manière de l'exercer. As-tu compris cette pensée ?"

( Simon ) "Elle est profonde, je la médite et je m'humilie comprenant combien je suis obtus et combien est grand Dieu qui nous veut avec tous ses attributs les plus doux pour nous appeler ses fils." (...) 

 

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---> Il apparaît donc clairement ici que Jésus veut montrer à ses disciples la voie de leur propre divinisation ( l'Amour devenu Dieu ), passant par l'acquisition et la mise en pratique du principal attribut de Dieu qu'est la Miséricorde.

---> « "Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu." Ces mots puissants, qui sont prononcés pour la première fois par saint Irénée le sont à nouveau dans les écrits de saint Athanase, saint Grégoire de Naziance et saint Grégoire de Nysse. Les Pères et les théologiens orthodoxes l’ont répété à chaque siècle avec autant d’emphase, résumant dans cette sentence : la véritable essence du christianisme : une descente ineffable de Dieu jusqu’aux limites ultimes de notre condition déchue, même jusqu’à la mort… une descente de Dieu qui ouvre aux hommes un chemin d’ascension vers la vision illimitée ou l’union des êtres créés avec la Divinité. »
( La rédaction d'Aleteia, 24/01/17 )

---> Conclusion :

 Il n'est donc nullement question ici d'"immaturité affective transposée en termes religieux, ou d'une recherche de la fusion avec l’autre et d’une pureté irréelle, d’une sensualité qui ne veut pas s’avouer, qui a été divinisé, devenant normatif, explicatif, et finalement idolâtré," comme l'emphase acrobatique de l'auteur voudrait comiquement le laisser entendre, mais de ce que la théologie catholique a depuis toujours compris comme étant l'Amour devenu Dieu, c'est-à-dire de la divinisation de tous ceux qui par leurs actes de Miséricorde, se seront enfin rendus semblables à Dieu, méritant ainsi d'être bien réellement "fils de Dieu".

---> Dieu est en effet Celui qui accueille en Lui tous ceux qui sont comme Lui l'Amour : Dieu est Amour.

---> Loin donc de définir Dieu uniquement en ce qui nous Le rend lointain et inaccessible, Jésus Le définit également dans ce qui nous relie et nous assimile si intimement à Lui, comme à un Père.

2 ) D'un autre point de vue :

 

---> On peut également considérer que l'appellation « Dieu » peut être employée avec une certaine souplesse : car Il est depuis toujours et pour toujours le Dieu d’Amour trinitaire, ou tout simplement « l’Amour » comme l’appelle sainte Gertrude dans ses Exercices,

---> mais avant d'avoir tout créé... Il ne pouvait pas encore être appelé "le Dieu de la création".

---> Jésus ne fait donc aucune erreur théologique dans l’EMV, lorsqu’Il donne cette merveilleuse définition de Dieu à Simon le Zélote :

« (…) Dieu est l’Amour devenu Dieu (dans le sens : devenu "le Dieu de toute sa création", ndt ),
Il est l’Amour ! Il est l’Amour ! »

---> Non seulement donc cette définition n’a rien d’étrange, mais elle est parfaite, et absolument conforme à celle que donne saint Jean dans son épître : "Dieu est Amour".

---> Pour l'auteur, c'est donc un flop cataclysmique.

 

 

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