---> Selon DGC, la réponse à cette question est toujours « oui », et il ne voit même pas la nécessité de le justifier, tant cela lui semble évident : il se contente de citer les passages, en espérant que cela suffise à créer un scandaleux scandale !
---> La vaine « chasse aux gestes de tendresse » organisée par DGC continue, car il pense avoir suffisamment persuadé ses lecteurs que ceux-ci seraient parfaitement incongrus, surtout de la part du « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d'amour et de vérité », « tendre pour qui le craint, comme l'est un père pour ses fils. » ( Ps 102 )
---> Comme déjà dit au début du précédent volet, et comme nous allons de nouveau le constater dans ce volet, les gestes de Jésus dans l’EMV sont toujours dénués de toute ambiguïté : et si ces gestes du Christ n’existaient pas, alors on pourrait raisonnablement douter de la toute puissance de l’Amour - dont Jésus est rappelons-le l’Incarnation -, Amour qui alors, ne serait même pas capable de se manifester humainement dans toute sa force, sinon en péchant immanquablement, ce qui serait une absurdité.
---> Il faudrait vraiment avoir « de la matière » dans les yeux pour voir dans ces gestes de tendresse du Christ ne serait-ce qu’une ombre d’impureté, mais l'auteur ne va cependant pas s'en priver.
"C’est spécialement Jean, décrit comme le plus jeune et le plus pur des Apôtres, qui est l’objet de tels gestes.
« Jésus passe un bras à la taille de Jean, qui sait être enfant et croire, pour lui faire sentir son amour »
(VII, 173, 124).
---> Encore un exemple de la « technique DGC » : la complète décontextualisation d’une citation. Pourquoi ? Comment ? Quand ? Suite à quel évènement ? De la part de qui ? Dans quel but ? Autant de questions qu'il semble inutile à l’auteur de se poser.
---> Car un simple geste peut être ambigu ou non, en fonction de qui le pratique, et avec qui : ici, vue les protagonistes de la scène, il ne peut y avoir aucune sorte d'ambiguïté possible, tout comme lorsque saint Jean reposera sa tête sur la poitrine du Christ.
---> Petit exemple personnel : moi qui suis plusieurs fois grand frère, j’ai pratiqué ce geste de sincère affection avec les plus jeunes ou les plus grands durant mon existence, en tout bien tout honneur, pour la simple et bonne raison que je suis incarné, et non pas froid et distant avec mes proches.
---> Effectivement, la « théologie de la désincarnation » défendue par DGC fait très mauvais ménage avec l’EMV, dépeignant, elle, en toute vérité l’Incarnation du Verbe, Lequel manifeste son Amour avant tout sur le plan spirituel, mais aussi par l’exercice visible pur et saint de toutes ses passions humaines parfaites, dans une juste mesure, que le contexte explique parfaitement à chaque fois : cela est aussi cohérent que le fait que l'âme soit unie au corps.
---> Jésus avait des passions humaines parfaites, non défigurées par le péché, et il était donc normal qu’Il s’en serve dans la très juste mesure où on Le voit le faire au fil de l’œuvre : autrement, son Incarnation en aurait été amputée, et Il se serait montré d’autant moins Homme, ce qui serait absurde : si Dieu s'incarne, c'est qu'il est bon qu'Il le fasse.
---> Jamais homme n’a été davantage Homme que Jésus : Il ne s’est pas incarné, pour ensuite rejeter comme mauvais ce qu'Il avait acquis par son Incarnation - et notamment ses passions humaines -.
Contexte de ce passage
- correspondant à Jean 7,1-9 « Même les frères de Jésus ne croyaient pas en Lui » - :
---> Jésus vient de s’entretenir longuement avec Joseph et Simon d'Alphée, ses deux cousins, qui lui étaient d’abord hostiles, car ils croyaient que le Christ avait trahi leur amour en refusant de devenir roi pour chasser l’envahisseur romain, comme les ennemis du Christ avaient réussi à les en persuader sournoisement.
---> Après les avoir patiemment écoutés, Jésus leur explique en quoi ce projet était totalement contraire à sa vraie dignité royale, et que le Dessein de son Père est aux antipodes de leurs pauvres vues humaines. Il leurs parle de ses souffrances, d’un peuple qui le conduira « jusqu’au trône » ( celui de la croix ), avec tant de sagesse et de douceur que Joseph et Simon se laissent réconcilier avec Lui, sans pour autant comprendre vraiment de quoi il s’agit, et sans renoncer vraiment à leur espérance humaine d’une royauté temporelle d’un Christ vengeur.
---> Tout ce déploiement de persuasion, nécessaire pour gagner le cœur de ses cousins, est superflu dans le cas de Jean, l’apôtre pur et aimant, qui a en Jésus une confiance définitive, infinie, ce qui lui permet de Le comprendre sans difficulté ni obstacle.
---> Voici maintenant l’intégralité de ce passage, où nous pourrons découvrir en toute clarté l’état spirituel de chacun des protagonistes, Simon et Joseph, les fils d’Alphée , saint Jean, et bien sûr, Jésus Lui-même :
EMV 478 - En route pour la fête des Tabernacles, Jésus dialogue avec Joseph et Simon d’Alphée.
( En rouge gras, ce qui correspond à Jean 7,1-9 ;
En rouge entre les // : la citation de DGC. )
Le soleil se lève à peine sur la nature rendue humide par une averse, tombée depuis peu certainement parce que la poussière de la route en est encore humectée, sans pourtant avoir fait de la boue. Voilà pourquoi je dis qu'il a plu depuis peu et que cela n'a été qu'une averse. Une première pluie d'automne, l'annonce des pluies de novembre qui changeront les routes de Palestine en un ruban visqueux de boue. Mais celle-ci légère, favorable aux voyageurs, n'a fait qu'humecter la poussière - l'autre fléau de la Palestine réservé aux mois d'été, comme la boue l'est à ceux d'hiver - et laver l'atmosphère, les feuilles et les herbes qui, propres, brillent toutes au premier rayon du soleil. Un petit vent, doux et pur, court à travers les oliviers qui couvrent les collines de Nazareth et il semble qu'un grand vol d'anges court à travers les arbres pacifiques, tellement leurs frondaisons rappellent dans leur bruissement le bruit des grandes ailes qui se meuvent dans le vol, et elles brillent avec leur argent lumineux, toutes penchées du même côté, comme si à l'arrière du vol angélique il restait un sillage de lumière paradisiaque.
La ville est déjà dépassée de quelques stades quand Jésus, qui a marché par des raccourcis à travers les collines, entre dans la grand-route qui, de Nazareth, va à la plaine d'Esdrelon, la route des caravanes qui de minute en minute s'anime avec le passage des pèlerins. Il fait quelques autres stades sur la route. À un endroit, elle bifurque près d'une pierre milliaire, qui sur deux côtés porte l'inscription : "Jafia Simonia - Bethléem Carmel" à l'ouest, et : "Xalot - Naïm Scythopolis – Engannim" à l'est. Là Jésus voit, arrêtés sur le bord de la route, ses cousins Joseph et Simon qui, avec Jean de Zébédée, le saluent tout de suite.
"Paix à vous ! Vous êtes déjà ici ? Je pensais m'arrêter ici pour vous attendre et être le premier... et je vous trouve déjà"
Et il les embrasse visiblement content de les voir.
"Tu ne pouvais arriver le premier. Craignant que tu passes avant que nous arrivions, nous sommes partis à la clarté des étoiles, tout de suite cachées par des nuages."
"Je vous avais dit que vous m'auriez vu. Alors, toi, Jean, tu n'as pas dormi !"
"Peu, Maître, mais toujours plus que Toi certainement. Mais cela ne fait rien" et le visage serein de Jean sourit, vrai miroir de son excellent caractère toujours content de tout.
"Eh bien, mon frère, tu voulais me parler ?" dit Jésus à Joseph.
"Oui... Viens un peu à l'intérieur de cette vigne. Nous serons plus tranquilles"
Et Joseph d'Alphée le premier pénètre entre deux rangs de vignes déjà dépouillées de leurs fruits. Seuls quelques grappillons restent encore sur les sarments, au milieu des feuilles qui blondissent et vont bientôt tomber, réservés à la faim du pauvre et du pèlerin, suivant les prescriptions mosaïques.
Jésus le suit avec Simon. Jean reste sur la route, mais Jésus l'appelle en disant :
"Tu peux venir, Jean. Tu es mon témoin."
"Mais..." dit l'apôtre en regardant interdit les deux fils d'Alphée.
"Oui, oui, viens aussi. Et même nous voulons que tu entendes nos paroles" dit Joseph.
Alors Jean descend à son tour dans le vignoble où tous ensemble ils s'enfoncent en suivant les courbes des rangées, au point que l'on ne peut plus les voir de la route.
"Jésus, j'ai été heureux de voir que tu m'aimes" dit Joseph.
"Et pouvais-tu en douter ? Ne t'ai-je pas toujours aimé ?"
"Moi aussi, je t'ai toujours aimé. Mais... dans notre amour, depuis quelque temps, nous ne nous comprenions plus. Moi... je ne pouvais approuver ce que tu faisais, car cela me paraissait ta ruine, celle de ta Mère et la nôtre. Tu sais... Nous tous les vieux galiléens, nous nous rappelons comment fut frappé Jude le galiléen et comment furent dispersés ses parents et ses disciples dont les biens furent confisqués. Ceux qui ne furent pas tués, furent envoyés aux galères et eurent leurs biens confisqués. Moi, je ne voulais pas cela pour nous. C'est que... Oui, il me semblait que cela ne devait pas être vrai que justement chez nous, de la descendance de David, oui, mais ainsi... Nous ne manquons pas de pain, pour cela non, et que le Très-Haut en soit loué. Mais où se trouve la grandeur royale que toutes les prophéties attribuent à celui qui sera le Messie ? Et Toi, es-tu la verge qui frappe pour dominer ? Tu n'as pas été la lumière à ta naissance. Tu n'es même pas né dans ta maison !... Oh ! je les connais bien les prophéties ! Nous, bois sec désormais, mais rien ne disait que le Seigneur l'aurait revêtu d'une frondaison. Et Toi, qu'es-tu sinon un juste ?
C'étaient les idées à cause desquelles je te combattais en gémissant sur notre ruine. Et pendant que je gémissais ainsi, voici venir des tentateurs pour faire enflammer encore plus mes idées de grandeur, de royauté... Jésus, ton frère a été un imbécile. Je les ai crus, et je t'ai déplu.
C'est dur de l'avouer, mais je dois le dire. Et toi pense qu'Israël tout entier était en moi, imbécile comme moi, sûr comme moi que l'apparence du Messie n'est pas celle que tu nous donnes... Il est dur de dire : "Je me suis trompé ! Nous nous sommes trompés et nous nous trompons ! Depuis des siècles". Mais ta Mère m'a expliqué les paroles des prophètes.
Oh ! oui ! Jacques a raison, et Jude a raison. Entendues de sa bouche, comme eux les ont entendues tout enfants, on voit que tu es le Messie. Voilà, mes cheveux blanchissent car je ne suis plus un enfant, et je ne l'étais pas non plus quand Marie revint du Temple comme épouse de Joseph. Et je me souviens de ces jours-là, et de la réprobation stupéfaite de mon père quand il vit que son frère ne faisait pas les noces au plus vite. Sa stupeur, stupeur de Nazareth, et aussi les médisances. Car il n'est pas d'usage de laisser passer tant de mois avant les noces, en se mettant dans les conditions de pécher et de... Jésus, j'estime Marie, et j'honore la mémoire de mon parent. Mais le monde... Pour le monde, cela n'a pas été un bon moment… Toi... Oh ! maintenant je sais. Ta Mère m'a expliqué les prophéties. Voilà pourquoi Dieu a voulu que les noces soient retardées. Pour que ta naissance coïncide avec le grand Édit et que tu naisses à Bethléem de Juda. Et... Marie m'a tout expliqué, tout oui, et il y a eu une sorte de lumière pour que je comprenne ce qu'elle a tu par humilité. Et je dis : tu es le Messie. C'est ce que j'ai dit et ce que je dirai. Mais le dire, ce n'était pas encore changer l'esprit... car mon esprit pense que le Messie est Roi. Les prophéties parlent... et il est difficile de pouvoir comprendre dans le Messie un caractère autre que celui de Roi...
Mais suis-tu ? Tu es fatigué ?"
"Non, j'écoute."
"Eh bien... Ceux qui cherchaient à séduire mon cœur sont revenus et ils voulaient que je te contraigne... Et parce que je n'ai pas voulu, le voile est tombé de leurs visages et ils sont apparus pour ce qu'ils sont : de faux amis, de vrais ennemis... Et d'autres sont venus, pleurant comme des pécheurs, et je les ai entendus. Ils ont répété tes paroles dans la maison de Chouza... Maintenant je sais que tu régneras sur les esprits, c'est-à-dire que tu seras Celui en qui toute la sagesse d'Israël se centralise pour donner des lois nouvelles et universelles.
En Toi la sagesse des patriarches et celle des juges, et celle des prophètes, et celle de nos aïeux David et Salomon, en Toi la sagesse qui a guidé les rois, Néhémie et Esdras, en Toi celle qui a conduit les Maccabées. Toute la sagesse d'un peuple, de notre peuple, du Peuple de Dieu. Je comprends que tu donneras au monde, tout entier soumis à ton pouvoir, tes lois très sages. Et c'est vraiment un peuple de saints que sera ton peuple.
Mais, mon Frère, tu ne peux faire cela tout seul. Moïse pour bien moins se choisit des aides. Et ce n'était qu'un peuple ! Toi... Tout le monde. Tout entier à tes pieds !… Ah ! Mais pour faire cela, tu dois te faire connaître... Pourquoi ce sourire sur tes lèvres, tout en restant les yeux fermés ?"
"Parce que j'écoute et que je me demande : "Mon frère oublie-t-il qu'il m'a fait des reproches parce que je me faisais connaître, disant que j'aurais nui à toute la famille !" Voilà pourquoi je souris. Et je pense aussi que depuis deux ans et six mois, je ne fais que me faire connaître."
"C'est vrai. Mais... Qui te connaît ? Des pauvres, des paysans, des pêcheurs, des pécheurs, et des femmes ! Les doigts de la main suffisent pour compter, parmi ceux qui te connaissent, ceux qui ne sont pas des nullités sans valeur. Je dis que tu dois te faire connaître des grands d'Israël, des Prêtres, des Princes des Prêtres, des Anciens, des Scribes, des grands Rabbis d'Israël, de tous ceux qui sont peu nombreux mais valent une multitude. C'est eux qui doivent te connaître ! Eux, ceux qui ne t'aiment pas, parmi leurs accusations dont maintenant je comprends la fausseté, en ont une de vraie, de juste : celle que tu les négliges. Pourquoi ne te présentes-tu pas pour ce que tu es ? Et pourquoi ne les conquiers-tu pas par ta sagesse ? Monte au Temple et siège dans le Portique de Salomon - tu es de la souche de David et prophète, cette place te revient, elle ne revient à personne comme à Toi, de droit - et parle."
"J'ai parlé. C'est pour cela qu'ils m'ont haï."
"Insiste, et parle en roi. Ne te rappelles-tu pas la puissance, la majesté des actes de Salomon ? Si (il est splendide ce "si" !) tu es vraiment celui qu'ont prophétisé les prophètes, comme le montrent les prophéties vues avec les yeux de l'esprit, tu es plus qu'un Homme. Lui, Salomon, n'était qu'un homme. Alors, montre-toi pour ce que tu es, et ils t'adoreront."
"M'adoreront-ils les juifs, les princes, et les chefs des familles et des tribus d'Israël ? Pas tous, mais quelques-uns qui ne m'adorent pas, m'adoreront en esprit et en vérité. Mais pas maintenant. Je dois avant ceindre la couronne et prendre le sceptre et revêtir la pourpre."
"Ah ! alors, tu es roi, tu vas l'être bientôt ! Tu le dis ! C'est comme je pensais ! C'est comme beaucoup le pensent !"
"En vérité, tu ne sais pas comment Je régnerai. Seul le Très-Haut et Moi, et quelques âmes auxquelles l'Esprit du Seigneur s'est plu à le révéler, maintenant et dans les temps passés, nous savons comment régnera le Roi d'Israël, l'Oint de Dieu."
"Pourtant, écoute-moi aussi, Frère, dit Simon d'Alphée. Pourtant Joseph a raison. Comment veux-tu qu'ils t'aiment ou qu'ils te craignent si tu évites toujours de les stupéfier ? Ne veux-tu pas appeler Israël aux armes ? L'ancien cri de guerre et de victoire ne veux-tu pas le dire ? Mais, au moins - ce n'est pas la première fois que se produisent ainsi les appels au trône en Israël - mais au moins par les hosannas du peuple, mais au moins pour avoir su arracher ces hosannas par ta puissance de Rabbi et de Prophète, deviens roi."
"Je le suis déjà. Depuis toujours."
"Oui, réplique Simon. C'est ce que nous a dit un chef du Temple. Tu es né roi des juifs. Mais tu n'aimes pas la Judée. Tu es un roi déserteur puisque tu ne vas pas à elle. Tu es un roi qui n'est pas saint si tu n'aimes pas le Temple où la volonté d'un peuple te consacrera roi. Sans la volonté d'un peuple, si tu ne veux pas t'imposer à lui par la violence, tu ne peux régner."
"Sans la volonté de Dieu, tu veux dire, Simon. Qu'est-ce que la volonté du peuple ? Qu'est le peuple ? Par qui est-il peuple ? Qui le soutient comme tel ? Dieu. Ne l'oublie pas, Simon. Et Moi, je serai ce que Dieu veut. C'est par sa volonté que je serai ce que je dois être, et rien ne pourra empêcher que je le sois. Moi, je n'aurai pas à jeter le cri de rassemblement. Israël sera tout entier présent à ma proclamation. Moi, je n'aurai pas besoin de monter au Temple pour être acclamé. Ils m'y porteront. Un peuple tout entier m'y portera pour que je monte sur mon trône. Vous m'accusez de ne pas aimer la Judée… C'est au cœur de cette Judée, à Jérusalem, que je deviendrai le "Roi des Juifs". Saül n'a pas été proclamé roi à Jérusalem, et David non plus, ni non plus Salomon. Mais Moi, je serai consacré Roi à Jérusalem. Mais je n'irai pas maintenant publiquement au Temple, et je n'y siégerai pas car ce n'est pas mon heure."
Joseph reprend la parole.
"Tu laisses passer ton heure. C'est moi qui te le dis. Le peuple est las des oppresseurs étrangers et de nos chefs. C'est l'heure, je te le dis. Toute la Palestine, à l'exception de la Judée, et encore pas toute, te suit en qualité de Rabbi et plus encore. Tu es comme un étendard élevé sur une hauteur et tous te regardent. Tu es comme un aigle et tous suivent ton vol. Tu es comme un vengeur et tous attendent que tu décoches la flèche. Va, quitte la Galilée, la Décapole, la Pérée, les autres régions, et va au cœur d'Israël, dans la citadelle où tout le mal est renfermé et d'où doit venir tout le bien, et conquiers-la. Là aussi tu as des disciples, mais qui sont tièdes, parce qu'ils te connaissent peu; mais peu nombreux parce que tu n'y séjournes pas; mais incertains parce que tu n'y as pas fait les œuvres que tu as faites ailleurs. Va-t-en en Judée pour qu'eux aussi voient qui tu es par tes œuvres. Tu reproches aux juifs de ne pas t'aimer. Mais comment peux-tu prétendre de l'être, si tu leur restes caché ? Personne, qui cherche à être acclamé en public et le désire, ne fait ses œuvres en cachette, mais il les fait de façon que le public les voie. Si donc tu peux faire des prodiges sur les cœurs, sur les corps et sur les éléments, va là et fais-toi connaître au monde."
"Je vous l'ai dit : ce n'est pas mon heure. Mon temps n'est pas encore venu. Il vous semble toujours que ce soit le bon moment, mais il n'en est pas ainsi. Je dois prendre le temps qui est le mien : pas avant, pas après. Avant, ce serait inutile. Je me ferais effacer du monde et des cœurs avant d'avoir achevé mon œuvre et le travail déjà fait ne donnerait pas de fruit, parce qu'il ne serait pas achevé ni aidé par Dieu, qui veut que je l'accomplisse sans négliger une seule parole ou une seule action. Je dois obéir à mon Père, et je ne ferai jamais ce que vous espérez, car cela servirait à nuire au dessein de mon Père.
Je vous comprends et vous excuse. Je n'ai pas de rancœur pour vous. Je n'éprouve pas de lassitude, d'ennui pour votre cécité... Vous ne savez pas, mais Moi, je sais. Vous ne savez pas, vous voyez la surface du visage du monde. Moi, je vois la profondeur. Le monde vous montre encore bon visage. Il ne vous hait pas, non qu'il vous aime, mais parce que vous ne méritez pas sa haine. Vous êtes trop peu de chose. Mais il me hait Moi, parce que je suis un danger pour le monde : un danger pour la fausseté, pour la cupidité, pour la violence qu'est le monde.
Je suis la Lumière, et la lumière illumine. Le monde n'aime pas la lumière car elle manifeste les actions du monde. Le monde ne m'aime pas, il ne peut pas m'aimer car il sait que je suis venu pour le vaincre dans le cœur des hommes et dans le roi ténébreux qui le domine et le dévoie. Le monde ne veut pas se convaincre que je suis son Médecin et son Remède et, comme un fou, il voudrait m'abattre pour n'être pas guéri. Le monde encore ne veut pas se persuader que je suis le Maître parce que ce que je dis est contraire à ce qu'il dit. Et alors il cherche à étouffer la Voix qui parle au monde afin de l'instruire à Dieu, de lui montrer la vraie nature de ses actions qui sont mauvaises.
Entre le Monde et Moi, il y a un abîme, et pas par ma faute. Je suis venu pour donner au monde la Lumière, le Chemin, la Vérité, la Vie. Mais le monde ne veut pas m'accueillir et pour lui ma lumière devient ténèbres parce qu'elle sera la cause de la condamnation de ceux qui n'ont pas voulu de Moi. Dans le Christ se trouve toute la Lumière pour ceux d'entre les hommes qui veulent l'accueillir, mais dans le Christ aussi se trouvent toutes les ténèbres pour ceux qui me haïssent et me repoussent. C'est pour cela qu'au commencement de mes jours mortels, j'ai été prophétiquement indiqué comme "un signe de contradiction" parce que, selon la manière dont je serai accueilli, ce sera salut ou condamnation, mort ou vie, lumière ou ténèbres. Mais ceux qui m'accueillent, en vérité, en vérité je vous dis qu'ils deviendront des fils de la Lumière, c'est-à-dire de Dieu, car ils sont nés à Dieu pour avoir accueilli Dieu.
Par conséquent, si je suis venu pour faire des hommes des fils de Dieu, comment puis-je faire de Moi un roi comme, par amour ou par haine, par simplicité ou par malice, beaucoup en Israël vous voulez faire ? Vous ne comprenez pas que je me détruirais Moi-même, le vrai Moi-même, c'est-à-dire le Messie, non pas le Jésus de Marie et Joseph de Nazareth. Je détruirais le Roi des rois, le Rédempteur, celui qui est né d'une Vierge, appelé Emmanuel, appelé l'Admirable, le Conseiller, le Fort, le Père du siècle futur, le Prince de la Paix, Dieu, Celui dont l'empire et la paix n'auront pas de limites, en s'assoyant sur le trône de David à cause de la descendance humaine, mais ayant le monde pour escabeau de ses pieds, pour escabeau de ses pieds tous ses ennemis et le Père à ses côtés, comme il est dit au livre des Psaumes, par droit surhumain d'origine divine ?
Vous ne comprenez pas que Dieu ne peut être Homme, autrement que par perfection de bonté, pour sauver l'homme, mais ne peut pas, ne doit pas s'abaisser Lui-même à de pauvres choses humaines ? Vous ne comprenez pas que si j'acceptais la couronne, la royauté comme vous la comprenez, j'avouerais que je suis un faux Christ, je mentirais à Dieu, je me renierais Moi-même, et je renierais le Père, et je serais pire que Lucifer, car je priverais Dieu de la joie de vous avoir, je serais pire que Caïn pour vous, car je vous condamnerais à être perpétuellement exilé de Dieu dans les Limbes sans espérance de Paradis ?
Tout cela, vous ne le comprenez pas ? Ne comprenez-vous pas le piège où les hommes veulent me faire tomber ? Le piège de Satan pour frapper l'Éternel dans son Aimé et dans ses créatures : les hommes ? Ne comprenez-vous pas que c'est le signe que je suis plus qu'un homme, que je suis l'Homme-Dieu ? Le fait que je n'aspire qu'à des choses spirituelles pour vous donner le Royaume spirituel de Dieu ?... Vous ne comprenez pas que le signe que je…"
"Les paroles de Gamaliel !" s'écrie Simon.
"...que je ne suis pas un roi, mais le Roi, c'est cette haine de tout l'enfer et du monde entier envers Moi ? Je dois enseigner, souffrir, vous sauver. C'est cela que je dois faire. Et cela Satan ne le veut pas et les satans ne le veulent pas.
L'un de vous a dit : "Les paroles de Gamaliel". Voici : lui n'est pas mon disciple et il ne le sera jamais tant que je serai de ce monde, mais c'est un juste. Eh bien : parmi ceux qui me proposent et qui vous proposent le pauvre royaume humain, y a-t-il par hasard Gamaliel ?"
"Oh ! non ! dit Simon. Étienne a dit que le rabbi, ayant appris ce qui est arrivé chez Chouza, s'est écrié : "Mon esprit tressaille en se demandant si Lui peut être vraiment ce qu'il dit. Mais toute question serait morte avant de se former dans mon esprit, et pour toujours, s'il avait consenti à cette chose. L'Enfant, que j'ai entendu, a dit que l'esclavage comme la royauté ne seront pas ce que nous croyons, en comprenant mal les prophètes, c'est-à-dire matérielles, mais de l'esprit, grâce au Christ, Rédempteur de la Faute et Fondateur du Royaume de Dieu dans les esprits.
Je me rappelle ces paroles, et c'est sur elles que je juge le Rabbi. Si, en le jugeant, je le trouvais au-dessous de cette hauteur, je le repousserais comme un pécheur et un menteur. Et j'ai tremblé de voir se dissoudre dans le néant l'espérance que cet Enfant m'a donnée"
"Oui, mais en attendant, il ne l'appelle pas le Messie" dit Joseph.
"Il attend un signe, dit-il" répond Simon.
"Et Toi, donne-le-lui, alors ! Et qu'il soit puissant."
"Je lui donnerai ce que je lui ai promis, mais pas maintenant.
Vous, allez à cette fête. Moi je n'y viens pas publiquement, comme rabbi, comme prophète, pour m'imposer, car ce n'est pas encore mon temps."
"Mais, au moins, tu viendras en Judée ? Tu donneras aux juifs des preuves qui les convainquent ? Pour qu'ils ne puissent pas dire..."
"Oui. Mais crois-tu qu'elles serviront à me procurer la paix ? Frère, plus j'agirai et plus je serai haï. Mais je te contenterai. Je leur donnerai les preuves les plus grandes qui puissent exister... et je leur dirai des paroles capables de changer des loups en agneaux, des pierres dures en cire molle. Mais cela ne servira à rien..."
Jésus est triste.
"Je t'ai fait souffrir ? Je le disais pour ton bien."
"Non, tu ne me donnes pas du chagrin… Je voudrais pourtant que tu me comprennes, que toi, mon frère, tu me voies pour ce que je suis... Je voudrais m'en aller avec la joie de te savoir mon ami. L'ami comprend et il veille sur les intérêts de l'ami..."
"Et moi, je te dis que je le ferai. Je sais qu'ils te haïssent. Désormais, je le sais. C'est pour cela que je suis venu. Mais tu le sais : je veillerai sur Toi. Je suis l'aîné, je réfuterai les calomnies et je penserai à ta Mère" promet Joseph.
"Merci, Joseph. Il est grand mon fardeau et tu l'allèges. La douleur, une mer, s'avance avec ses flots pour me submerger et avec elle la haine... Mais si j'ai votre amour, ce n'est rien. C'est que le Fils de l'homme a un cœur... et ce cœur a besoin d'amour..."
"Et moi, je te le donne. Oui. Sous l’œil de Dieu qui me voit, je te dis que je te le donne. Va en paix, Jésus, à ton travail. Je t'aiderai. Nous nous aimions bien. Puis... Mais maintenant redevenons ce que nous étions autrefois, l'un pour l'autre. Toi : le Saint; moi : l'homme, mais unis pour la gloire de Dieu. Adieu, Frère."
"Adieu, Joseph."
Ils s'embrassent. C'est le tour de Simon qui demande :
"Bénis-nous pour que nos cœurs s'ouvrent à toute la Lumière."
Jésus les bénit et, avant de les quitter, il leur dit encore :
"Je vous confie ma Mère…"
"Va en paix. Elle aura deux fils en nous."
Ils se quittent.
Jésus revient sur la route et, avec Jean à côté de Lui, il se met à marcher vite, très vite.
Après un bon moment, Jean rompt le silence pour demander :
"Mais Joseph d'Alphée, il est convaincu ou non, désormais ?"
"Pas encore."
"Et alors, Toi, qu'es-tu pour lui ? Messie ? Homme ? Roi ? Dieu ? Je n'ai pas bien compris. Il me semble qu'il..."
"Joseph est comme dans un de ces rêves du matin où l’esprit se rend déjà à la réalité en se dégageant d'un lourd sommeil qui lui donnait des rêves irréels, parfois des cauchemars. Les fantômes de la nuit s'éloignent, mais l'esprit flotte encore dans le rêve qu'on ne voudrait pas voir finir parce qu'il est beau... Pour lui, c'est cela. Il approche du réveil, mais pour l'instant il caresse encore son rêve. Il le retient pour ainsi dire car, pour lui, il est beau... Mais il faut savoir prendre ce que l'homme peut donner, et louer le Très-Haut pour la transformation survenue jusqu'à présent. Bienheureux les enfants ! Il est si facile pour eux de croire !"
// Et Jésus passe un bras à la taille de Jean, qui sait être enfant et croire, pour lui faire sentir son amour. //
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---> Pour comprendre quel est ce fameux signe attendu par Gamaliel, il faut consulter l'épisode du recouvrement au Temple, où Jésus Enfant le lui promet pour se faire connaître de lui comme le Messie ( le signe de la Croix ).
---> Jean croit simplement avec un cœur d’enfant, sans opposer l’obstacle de ses raisonnements humains, que l’Amour infini ne sera sacré Roi que sur une croix, tandis que ni Joseph d’Alphée, ni Simon son frère ne peuvent encore le comprendre, même quand Jésus le leur enseigne.
---> « (...) et le visage serein de Jean sourit, vrai miroir de son excellent caractère toujours content de tout. » Joseph et Simon sont soucieux, torturés comme les adultes savent l’être quand ils mettent leur confiance avant tout en leur propre intellect ; Jean quant à lui, a une confiance sans mesure dans son Maître, sans que ce soit par facilité ou débilité d’esprit. Judas, comme nous le verrons plus loin, en témoignera lui-même ainsi : « D'ailleurs, tout le rend heureux ( Jean ). Vous vous ressemblez vraiment, et je ne sais pas comment vous faites pour être heureux toujours et pour toutes les choses les plus... affligeantes. »
---> Contrairement donc à ce que voudrait insinuer DGC, ce geste d’une chaste tendresse est pleinement approprié, car Jésus la Pureté même, reconnaît en Jean sa très fidèle Image, celle de l’enfance innocente et pure :
---> Quelle mère faudrait-il regarder de travers, parce qu’elle aurait osé serrer tendrement contre elle son fils chéri qui la comprend ? C’est ainsi que Jésus s’autorise à aimer visiblement saint Jean en toute innocence, et encore une fois, il faudrait avoir « de la matière dans les yeux » pour y penser à mal.
---> Pour DGC, c'est un flop.
«Mon Jean ! Mon doux enfant ! » Jésus dépose un baiser sur son front découvert et si pur, et lui murmure dans les cheveux qui se soulèvent blonds et légers (…) : « Laisse-moi me désaltérer et me réconforter à une source qui ignore la corruption, et que j’oublie la pourriture vermineuse d’un trop grand nombre, en te regardant toi seul, ma paix ! » Et il dépose un baiser encore, les yeux dans les yeux, et en plongeant son regard dans les yeux de l’apôtre vierge et affectueux. (VIII, 26, 223-224)
---> Où donc sont passées les quelques lignes tellement explicatives qui précèdent et que voici :
( Jean ) "Oui, Maître. Mais avec cela... dis-moi... est-ce que Judas arrivera jamais à ton port ?"
( Jésus ) "Oh ! ne me fais pas regarder l'avenir de l'un de mes plus chers ! J'ai devant Moi l'avenir de millions d'âmes pour lesquelles sera inutile ma douleur !... J'ai devant Moi toutes les souillures du monde... La nausée me bouleverse. La nausée de tout ce bouillonnement de choses immondes qui comme un fleuve couvre la Terre et la couvrira, avec des aspects divers, mais toujours horribles pour la Perfection, jusqu'à la fin des siècles. Ne me fais pas regarder ! // Laisse-moi me désaltérer et me réconforter à une source qui ignore la corruption, et que j'oublie la pourriture vermineuse d'un trop grand nombre, en te regardant toi seul, ma paix !"
Et il dépose un baiser encore, les yeux dans les yeux, et en plongeant son regard dans les yeux limpides de l'apôtre vierge et affectueux... // (...)
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---> DGC a mis tout le contexte à la poubelle, or c’est indispensable pour s’expliquer ce geste du Christ.
---> L’auteur doit certainement trouver que ce passage lui rappelle les baisers forcés reçus par certains séminaristes de la communauté saint Martin, de la part de leur fondateur, l’abbé Jean-François Guérin ( 1929, + 2005 ). Mais ce parallèle n’a absolument aucun sens, pour plusieurs raisons :
---> Ici, ce n’est pas un pervers, mais la Sainteté en Personne qui donne à son apôtre des marques de paternelle tendresse, ce dont saint Jean témoigne dans son Évangile, décrivant comment il reposait sa tête sur la Poitrine de Jésus ( Jean 13,23 ), se nommant lui-même : « le disciple que Jésus aimait » ( Jean 13,23 ; 19,26 ; 20,2 ; 21,7 ; 21,20 ), ce qui n'est pas une parole en l'air, et se concrétise par des actes, comme ici.
---> Quand l’abbé Guérin agissait en prédateur pour satisfaire sa libido, Jésus Lui, agit seulement ici dans un très légitime besoin d’amour pur et sincère, pour contrebalancer les terribles souffrances que les torrents de malice qu’Il reçoit de la part des hommes pécheurs lui occasionnent, comme nous allons le voir maintenant, en découvrant le contexte soigneusement gommé par DGC, fidèlement à son habitude.