Réponse au père Auzenet - Les Evangiles sont incomplets : anathème ?

 

Monsieur Auzenet, permettez-moi de répondre à votre argument, selon lequel :

"puisque les visions de Maria Valtorta apporteraient davantage d'informations que les quatre Évangiles, alors elles prétendraient être ( contre ce qu'en dit Jésus à Maria Valtorta ! ) l'égal des textes apostoliques, voire même ce qui les supplanterait désormais, en complétant la Révélation, alors qu'elle est close depuis la mort du dernier apôtre."
 

Pour vous donc, du moment que l'Esprit-Saint a inspiré les quatre Evangiles, alors par principe, ceux-ci devraient être absolument parfaits, et la prétention du Christ dans l'oeuvre de Maria Valtorta à les compléter, voire à légèrement les corriger à certains endroits en émettant une certaine critique à leur égard, relèverait du blasphème, et montrerait le caractère hérétique de l'oeuvre prétendrant se mettre en position de juge de la Révélation apostolique, c'est-à-dire : plus haut que le Saint-Esprit ! 

Un petit rappel théologique s'impose donc :

---> Il n'y a eu sur la terre depuis le commencement de l'humanité qu'une seule et unique action parfaite : la Vie de notre Seigneur Jésus-Christ, et celle de sa Mère, la très sainte Vierge Marie. Tout le reste fut marqué par une certaine dose d'humanité, et donc par de possibles imperfections.

---> Et ainsi, même les Evangiles - quoi qu'inspirés par l'Esprit-Saint - ne sont pas à l'abri de ce phénomène, leurs auteurs étant encore marqués par leur mentalité hébraïque, ce qui ne constitue aucun obstacle à l'accomplissent leur mission, comme le dit saint Paul dans son hymne à la Charité : 

"En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l'achèvement, ce qui est partiel sera dépassé." ( Cor 13,9-10 )

Ce que le Christ explique par exemple ici : 

"Je vais maintenant t’expliquer deux points de l’Évangile, l’un de Matthieu et l’autre de Luc. En réalité, il s’agit d’une seule parabole, mais exprimée avec quelques différences. Il ne faut pas s’étonner qu’on trouve de telles différences chez mes évangélistes. Lorsqu’ils écrivaient ces pages, c'étaient encore des hommes, déjà élus mais pas encore glorifiés. Ils pouvaient donc commettre des bévues, faire des erreurs, de forme et non de substance. Il n’y a que dans la gloire de Dieu qu’on ne se trompe plus. Mais pour l’atteindre, ils devaient encore beaucoup lutter et souffrir.         Un seul des évangélistes rapporte ce que je dis avec une exactitude phonographique. Mais c’était le pur et l’amoureux (Jean) …."

( Cahier de 1943, 28 juin )



Il y a donc confusion de votre part entre :

- l'incomplétude évidente des Evangiles qui ne racontent pas scrupuleusement jour par jour, heure par heure, tous les faits, gestes et Paroles du Christ et de la Vierge durant 33 années de vie cachée et publique, incomplétude qui est d'ailleurs textuellement évoquée par saint Jean au tout dernier verset de son Évangile : "Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait." ( Jean 21,25 )

et d'autre part :

- le fait que, malgré cette incomplétude - ne concernant que le déroulement exhaustif de la vie du Christ - nécessaire pour produire un résumé succinct de la Vie du Seigneur, les quatre Evangiles canoniques suffisent cependant à ce que l'ensemble de la Révélation apostolique soit connue à travers eux, même s'il restait à la Tradition catholique la tâche de l'expliciter au fil des siècles.

Incomplets au niveau de la forme, les quatre Évangiles n'en sont pas moins complets au niveau de l'exposé de la foi chrétienne. 

Par conséquent : non, monsieur Auzenet, plus de détails voire beaucoup plus de détails apportés par les écrits de Maria Valtorta, cela n'ajoute ni ne retranche rien à la Révélation apostolique, close depuis la mort de l'apôtre saint Jean. Vous le savez d'ailleurs très bien, sans avoir besoin de me lire pour l'apprendre : c'est juste un peu de mauvaise foi de votre part.

Cet argument fallacieux qui est le vôtre, comme quoi l'oeuvre de MV prétendrait supplanter les textes canoniques, vient du fait que vous ne savez pas au fond très bien vous-même ce qu'est exactement un Evangile, c'est-à-dire : ce sur quoi le Seigneur a voulu fonder la foi universelle des chrétiens.

Un Evangile DOIT absolument être un document historique.

Or, un document relatant tel événement du passé ne peut être reconnu universellement comme "historique" QU'À LA SEULE CONDITION qu'il ait été écrit par un contemporain, témoin direct et fiable du fait en question, ou par un contemporain ayant lui-même interrogé un témoin direct de ce fait, comme saint Luc.

---> Voilà pourquoi, aussi exactes et authentiques qu'elles puissent être, les visions de Maria Valtorta ne PEUVENT PAS être considérées comme un document historique sur la Vie du Christ, et donc pas non plus comme un 5e Evangile, car elle n'a pas vécue à son époque, et donc ne pourront jamais constituer la base de la foi universelle des croyants, car sinon, une partie de ces derniers pourraient légitimement refuser de croire en "des visions dont la provenance ne serait pas garantie de façon historique".

Dieu a voulu que cette procédure de l'historicité soit respectée par les Évangiles, et il en est ainsi : par conséquent jusqu'à la fin du monde, il n'y aura pas d'autres Évangiles que ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean, qui peuvent être illustrés et complétés par des visions privées, mais certainement pas supplantés par elles.

D'autant plus que l'usage d'un Evangile est nécessairement LITURGIQUE, c'est pour cette raison technique qu'ils se doivent d'être compendieux.

Or l'oeuvre de MV, aussi intéressante et enrichissante qu'elle puisse être, ne pourra jamais être lue intégralement durant la liturgie, qui sinon devrait durer des heures et des heures. Elle n'est pas à usage liturgique, elle ne peut pas être un cinquième Evangile, ni concurrencer en quoi que ce soit la parole apostolique, qu'elle ne fait qu'expliciter.

J'ai donc le regret de vous le dire : votre argument fait flop. Jamais il n'a été question de remplacer le NT par l'œuvre de Maria Valtorta, ni même de le concurrencer, car c'est impossible.

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