Le Père serait-Il le « dieu cruel et dur de l'Ancien Testament », dans l'EMV ?
Ce qui va complètement achever de détruire la présente objection de don Guillaume Chevallier, c'est l'Evangile selon saint Jean, au chapitre 17 verset 21 :
"Que tous soient un. Comme Toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux-aussi soient un en nous, afin que le monde croit que tu m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi, pour qu'ils soient parfaitement un (...)"
Qu'est-ce que DGC reproche à l'oeuvre dans le passage de la mort de Doras ?
Que le Fils puisse opérer une distinction entre Lui-même et le Père, ce Dernier étant censé apparaître comme une sorte de "Dieu vengeur - et par là même, cruel et dur - de l'Ancien Testament" , dont Jésus se désolidariserait comme étant extérieur à Lui, mais sans toutefois en désavouer la violence, ce qui ferait de Lui son complice de manière passive.
Et puisque "le Père et le Fils sont un" ( Jean 10,30 ), cela constituerait une bizarrerie totalement contraire aux Evangiles, et donc hérétique, au sein du récit de Maria Valtorta.
Mais c'est une vulgaire distortion du texte, et il n'en est en réalité strictement rien.
Car Jésus, dans le récit qu'en fait la visionnaire, ne se désolidarise à aucun moment de son Père,
avec lequel Il revendique au contraire son unité : si c'est bien la Personne du Père qui agit alors pour fustiger Doras avec Justice, c'est en prenant pleinement possession du Verbe Incarné, exactement comme le Verbe prend pleinement possession du prêtre au moment même où celui-ci consacre le Corps et le Sang du Christ, de sorte que ce n'est pas simplement le prêtre qui prononce les paroles consécratoires, mais il le fait in Persona Christi.
Le prêtre et le Christ, d'après l'Evangile selon saint Jean, sont cependant déjà un :
pourquoi y aurait-il donc la nécessité de préciser que c'est bien seulement au moment de la consécration - et non pas à un autre - que le prêtre agit "in Persona Christi", si de toute façon, le Christ et lui étaient perpétuellement un, sans qu'on ne puisse plus faire de distinction entre eux deux ? Saint Paul ira jusqu'à dire : "Ce n'est plus moi qui vit, c'est le Christ qui vit en moi."
Allons encore plus loin dans "l'arithmétique dégécienne" :
soit l'Evangile de saint Jean est faux - ce qui est impossible -, ou bien, si on le lit à la manière de DGC, il n'y a alors plus aucune distinction possible entre les différents chrétiens :
- ni en leur corps - car ils sont un -
- ni en leur esprit - car ils sont également un ! -
Plus aucune distinction possible non plus entre les chrétiens et Dieu, que ce soit avec le Père ou avec le Fils, ou avec l'Esprit saint, puisqu'ils sont un, comme sont un le Père et le Fils ! ( cf Jean 17, 21 )
Dans cette stupide arithmétique prise au sens littéral du terme : puisque 1 + 1 = 1, alors le chrétien est Dieu ! Rien ne peut plus le distinguer de Dieu, selon la Parole même du Christ ! En conséquence de quoi, lorsque DGC rencontre un frère en religion, il commet à chaque fois une faute extrêmement grave en ne se prosternant pas devant lui, et en ne lui rendant pas le culte d'adoration que mérité Dieu en Personne !
Le chrétien se prierait et s'exaucerait lui-même !
Lorsqu'il dirait "Notre Père qui êtes aux Cieux", il ne ferait rien d'autre ainsi que de se nommer lui-même, puisqu'il serait un avec le Père, comme le Christ est un avec Lui : c'est absolument imparable, et le nier serait nier l'Evangile, selon la "science" dégécienne.
Non, bien entendu :
il y a bel et bien une distinction entre le Chrétien et Dieu, alors qu'ils sont un dans l'Amour, et également entre la Personne du Christ et celle de son Père, quoi que ce soit d'une manière différente, puisque le Christ et son Père sont un seul et même Dieu.
Celui-ci le manifeste en de multiples occasions, en s'isolant pour prier le Père ( Luc 6,12 ), en parlant du Père comme étant "plus grand que Lui" ( Jean 14,28 ), comme ayant connaissance de la date du Jugement Dernier, à la différence du Verbe Incarné ( Mat 24,36 ), en recevant à plusieurs reprises le témoignage de la Voix du Père venue du Ciel ( Mat 17,5 ), en n'hésitant donc pas à se distinguer de Lui, exactement comme dans ce passage de l'EMV, sans que cela blesse jamais leur unité divine pleine et entière, dans l'Esprit-Saint.
C'est un Mystère bien trop grand pour notre esprit humain,
qui ne peut concevoir qu'il puisse y avoir à la fois une distinction claire entre les Hypostases divines, auxquelles on puisse même prêter des opérations bien distinctes, alors que tout en même temps, Celles-ci soient une, et agissent parfaitement de concert, dans une indéfectible unité divine, et jamais chacune de leur côté.
C'est bien ce qu'illustre ce passage :
- Bien que le Christ et le Père soient un, le Premier agit plutôt en qualité de Sauveur Miséricordieux envoyé par le Père, tandis que le Second agit plutôt en tant que Juge Suprême auquel il faudra rendre des comptes pour chacun de nos crimes - Jésus mourra effectivement sur la Croix pour annuler notre dette envers Dieu en la payant Lui-même, et c'est dire si le Père temporise à notre égard -
- Alors même que cette distinction s'opère, lorsque le Fils fait miséricorde avec humilité et douceur, c'est tout autant le Père et l'Esprit-Saint qui agissent avec Lui.
- Et alors même que c'est le Père qui "entre en Jésus" pour foudroyer Doras, ce n'est pas Lui seul qui agit alors en Justicier contre cet abominable criminel, lui appliquant la peine de mort en juste rétribution de son impénitence finale : mais c'est également le Fils et l'Esprit-Saint qui agissent avec Lui.
Ce qui fait dire très justement à Jésus, ayant maudit le domaine de Doras en juste rétribution de ses crimes abominables, et répondant à celui-ci juste avant sa mort soudaine :
(...)
"Bientôt ? Tout de suite. Le Dieu du Sinaï, je te l’ai dit, t’attend."
"Toi aussi, malfaisant, qui as fait arriver sur moi le malheur et les animaux nuisibles de la terre. Nous nous reverrons. Et ce sera ma joie."
"Oui. Et tu ne voudras pas me revoir car Moi, je te jugerai."
"Ah ! Ah ! maléd..." Il s’embrouille, murmure et tombe.
"Il est mort ! crie le serviteur. Le maître est mort ! Béni sois-tu, Messie, notre vengeur !"
"Non, pas Moi. Dieu, le Seigneur Éternel. Que personne ne se souille. Que le serviteur seul s’occupe de son maître. Et sois bon pour son corps. Soyez bons, vous tous, ses serviteurs. Ne vous réjouissez pas, par rancœur de sa mort, pour ne pas mériter une condamnation. Que Dieu et le juste Jonas soient toujours pour vous des amis et Moi avec eux. Adieu."
"Mais il est mort par ta volonté ?" demande Pierre.
"Non, mais le Père est entré en Moi... C’est un mystère que tu ne peux comprendre. Sache seulement qu’il n’est pas permis de s’attaquer à Dieu. Lui se venge par Lui-même."
"Mais ne pourrais-tu pas alors dire au Père de faire mourir tous ceux qui te haïssent ?"
"Tais-toi ! Tu ne sais pas de quel esprit tu es ! Je suis la Miséricorde et non la Vengeance."
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---> "Le Dieu du Sinaï, je te l’ai dit, t’attend." : puisque Doras a voulu se montrer dur et intraitable avec ses frères humains, c'est justice qu'il ne rencontre en Dieu que le Juge sévère et intraitable du Sinaï, Celui-là même qui ne cesse d'ordonner à tous dans sa suprême autorité : "Tu ne tueras pas !", et qui a dans sa Main la punition pour les transgresseurs de sa Loi. Tel n'aurait pas été son sort s'il s'était convertit à ce moment.
---> "Toi aussi, malfaisant, qui as fait arriver sur moi le malheur et les animaux nuisibles de la terre. Nous nous reverrons. Et ce sera ma joie." : Doras fulmine ici contre le Christ, qui loin de garder une bien tranquille et indifférente neutralité dans l'affaire, a anéantit les récoltes de l'assassin par sa malédiction divinement efficace. Sans donc aller jusqu'à faire mourir Doras tout de suite, Il le châtie durement pour l'amener si possible au repentir. Comme c'est peine perdu, et que le coupable se moque éperdument de Dieu, osant le défier : le Père dont nul ne se moque impunément intervient en Personne, volant à la rescousse de son Verbe Incarné, sans tolérer pareille offense.
---> En parlant ainsi, Jésus montre à quel point Il connaît Dieu en tant que Fils Bien Aimé, tout autant son Amour infiniment miséricordieux pour les hommes, que son terrible châtiment dont nul ne peut se moquer, réservé aux maudits coupables sans repentir.
---> "Moi, Je te jugerai" : Jésus s'implique donc entièrement dans le jugement qui tirera vengeance des actes criminels de Doras, et Il ne laisse certainement pas son Père "s'occuper du problème" sans y toucher Lui-même. Il approuve le Père, et agit de concert avec Lui, même s'Il maintient la distinction, car Lui-même n'est pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver. Mais sa malédiction montre à quel point Il était déjà un avec la Volonté du Père de punir sans plus du pitié le scélérat orgueilleux.
---> "Non, pas Moi. Dieu, le Seigneur Éternel" : comme en tellement d'endroits dans l'Evangile, Jésus montre une distinction entre le Père et Lui, ayant reçu de Lui sa Mission de Sauveur, jusqu'au temps de sa glorification, où Il reviendra juger les vivants et les morts, dans son règne qui n'aura pas de fin.
---> "Mais il est mort par ta volonté ?" demande Pierre. "Non, mais le Père est entré en Moi... " : ce n'est donc pas de Lui-même, mais par la Volonté du Père qui s'est fait une avec la sienne lorsque Celui-ci est entré en Lui, Le faisant agir ainsi "in Persona Patris", et non de son propre chef, comme Pierre le croyait.
---> Jésus n'explique pas ici ce Mystère à Pierre, qui n'était sans doute pas encore disposé à bien le comprendre. De la même façon, Jésus n'explique pas toujours clairement ce qu'Il fait dès le premier instant à ses disciples : à la multiplication des pains, à l'annonce de sa Passion, etc. C'est souvent après que ceux-ci comprennent, se ressouvenant de ce que leur Maître avait dit ou fait.
Conclusion :
Rien dans ce passage ne dévie de ce que nous enseigne l'Evangile, et les objections de DGC sont nulles et non avenues.