Le Père serait-Il le « dieu cruel et dur de l'Ancien Testament », dans l'EMV ?

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" Jésus foudroie [Doras] d’un nouveau regard et d’une brève réplique : « Je te remets au Dieu du Sinaï. » (II, 76, 428) "

---> DGC signe là une de ses plus brillantes illusions en forme de citation complètement tronquée, dénaturée, dont on ne sait plus du tout le tenant et l’aboutissant. Il faudrait donc comprendre selon lui que Jésus présente le Père des cieux comme un dieu terrible, vengeur et pour tout dire : méchant.

---> Mais le démenti va être aussi cinglant que l’accusation est privée de tout bon sens commun.

---> Cette réplique du Christ est en effet la pure illustration de l'épître de saint Paul aux Hébreux 10, 29-31 :

" (...) Qu’en pensez-vous ? Ne sera-t-elle pas encore plus grave, la peine que méritera celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, tenu pour profane le sang de l’Alliance par lequel il a été sanctifié, et outragé l’Esprit qui donne la grâce ?
Car nous connaissons celui qui a dit : C’est à moi de faire justice, c’est moi qui rendrai à chacun ce qui lui revient ; et encore : Le Seigneur jugera son peuple.
Chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! (...)"

---> Pourquoi DGC se met-il ainsi volontairement les doigts dans la porte, sachant pertinemment qu’on va la lui refermer dessus ?… Quel est l’intérêt d’un pareil mensonge de sa part ? Quel plaisir y trouve-t-il ? Mystère.

---> Car le contexte de l’histoire : c’est que Jésus, parti à la recherche de ses amis bergers de Bethléem, se trouve ici aux prises avec un certain Doras qui est le propriétaire de l’un d’entre eux, et qui est la quintescence même du pharisien cruel et scélérat, et même d’avantage encore que cela : l’assassin de Jonas, le berger en question, qu’il employait pour cultiver son domaine dans des conditions effroyables, infrahumaines, l’ayant fouetté sans aucune pitié dans l’espérance d’augmenter son rendement.

---> Et au Christ-Dieu qui lui demande des comptes de son crime, au Dieu des psaumes qui commande : « Rendez justice au faible et à l'orphelin, faites droit au malheureux et à l'indigent, sauvez le faible et le pauvre, délivrez-les des méchants! » (Ps 82.3), au Dieu du Sinaï qui ordonne : « Tu ne commettras pas de meurtre » (Exode 20,13), Doras, qui le méprise du haut de sa superbe, va jusqu’à Lui adresser des menaces s’Il osait ne pas bénir ses champs, afin qu’ils produisent une belle récolte.

---> Laissons les vrais chercheurs de la vérité apprécier par eux-mêmes :

EMV 109.9 – Dans les champs de Yokhanan et de Doras. Morts de Jonas à la maison de Nazareth.

(…)
Dans les champs quelques rares couples de bœufs au labour. Ils retournent, péniblement, la terre grasse de cette plaine fertile pour la préparer aux semailles, Et, un spectacle qui me fait peine à voir, en certains endroits, ce sont les hommes eux-mêmes qui font le travail des bœufs, tirant la charrue de toute la force de leurs bras et même de leur poitrine, s'arc-boutant sur le sol déjà remué, s'épuisant comme des esclaves en ce travail pénible même pour de robustes bouvillons.

Jésus aussi regarde et arrête ses yeux sur ce spectacle. Son visage devient triste jusqu'aux larmes.

(…)

( Jésus s’enquiert du sort de Jonas auprès des pauvres paysans maltraités et appeurés, ndt )

(…)

"Répondez : y a-t-il en vous de la haine pour qui vous traite si durement ? Y a-t-il en vous de la révolte et des reproches à Dieu de vous avoir placés parmi les derniers de la terre ?"

"Oh ! non, Maître ! C'est notre sort. Mais, quand recrus de fatigue nous nous jetons sur le grabat, nous disons : "Eh bien, le Dieu d'Abraham sait que nous n'en pouvons plus et que nous ne pouvons que Lui dire : Sois béni, Seigneur !" et nous disons encore : "Aujourd'hui encore, nous avons vécu sans pécher"... Tu sais... Nous pourrions encore frauder un petit peu, et avec le pain manger un fruit, et verser de l'huile sur les légumes cuits à l'eau. Mais le maître a dit : "Les serviteurs ont assez avec le pain et les légumes cuits et, au temps de la moisson, un peu de vinaigre dans l'eau pour étancher la soif et donner des forces". Et nous obéissons. Enfin... ça pourrait être pire."

"Et Moi, je vous dis qu'en vérité le Dieu d'Abraham sourit à vos cœurs, alors qu'il tourne un visage sévère vers ceux qui l'insultent au Temple, avec des prières menteuses, alors qu'ils n'aiment pas leurs semblables."

"Oh ! mais entre eux ils s'aiment ! Au moins... il semble qu'il en soit ainsi, car ils se témoignent leur respect par des inclinations et des cadeaux. Ce n'est qu'avec nous qu'ils sont sans amour. Mais nous sommes différents d'eux. C'est juste."

"Non, dans le Royaume de mon Père ce n'est pas juste et la manière de juger sera différente. Ce ne sont pas les riches et les puissants, en tant que tels, qui auront des honneurs, mais seulement ceux qui auront toujours aimé Dieu en L'aimant plus qu'eux-mêmes et plus que toute autre chose comme l'argent, le pouvoir, la femme, la table; et en aimant leurs semblables que sont tous les hommes, riches comme pauvres, connus comme inconnus, savants ou sans culture, bons ou mauvais. Oui, même les mauvais il faut les aimer. Non pour leur méchanceté, mais par pitié pour leurs âmes qu'ils blessent à mort. Il faut les aimer d’un amour qui supplie le Père céleste de les guérir et de les racheter.

Dans le Royaume des Cieux seront bienheureux ceux qui auront honoré le Seigneur avec vérité et justice, et témoigné leur amour par le respect envers ceux qui les ont mis au monde et aussi leurs parents; ceux qui n'auront volé d'aucune façon et en rien, c'est à dire ceux qui auront donné et prétendu ce qui est juste, même pour le travail des serviteurs; ceux qui n'auront pas tué la réputation ou la personne et n'auront pas eu le désir de tuer, même si d'autres sont cruels au point de pousser le cœur au mépris et à la révolte;

ceux qui n'auront pas fait de faux serments, faisant tort au prochain ou offensant la vérité; ceux qui n'auront pas commis d'adultères ni de péchés de la chair, quels qu'ils soient; ceux qui, doux et résignés, auront toujours accepté leur sort sans envier les autres, C'est à ceux-là qu’appartient le Royaume des Cieux, et le mendiant lui-même peut-être là-haut un roi bienheureux, pendant que le Tétrarque sera, en fait de pouvoir, réduit à moins que rien, à un sort pire que le néant : il sera une proie pour Mammon s’il a agi contre la loi éternelle du Décalogue."

Les hommes l'écoutent bouche bée.

(…) (...)

Et vous dites que Jonas est très malade ?"

"Oui. Sitôt le travail fini, il se jette sur sa litière et nous ne le voyons pas. C’est ce que nous disent les autres serviteurs de Doras."

"Il est au travail à cette heure ?"

"S'il tient debout, oui. Il devrait se trouver au-delà de cette pommeraie."

"La récolte de Doras a été bonne ?"

"Oh ! célèbre dans tout le pays. On a dû étayer les arbres à cause des fruits d'une grosseur miraculeuse, et Doras a dû faire fabriquer de nouvelles cuves, car le raisin ne pouvait trouver place dans celles qu'il avait déjà, tellement il y en avait."

"Alors, Doras aura récompensé son serviteur !"

"Récompensé ! Oh ! Seigneur, comme tu le connais mal !"

"Mais Jonas m'a dit, qu'il y a quelques années, il fut frappé à mort pour la perte de quelques grappes et qu'il devint esclave pour dettes, le maître l'ayant accusé de la perte d'un peu de moisson. Cette année, qu'il a eu cette miraculeuse abondance, il aurait donc dû le récompenser."

"Non. Il l'a fouetté avec férocité, l'accusant de n'avoir pas, les années précédentes, obtenu la même abondance, parce qu'il n'avait pas soigné la terre comme il le fallait."

"Mais cet homme est une bête fauve !" s'exclame Matthieu.

"Non. Il n'a plus d'âme." dit Jésus.

"Je vous laisse, fils, avec ma bénédiction. Avez-vous du pain et de la nourriture pour aujourd'hui ?"

(…) (...)

( Jésus décide d’aller chez Doras pour racheter Jonas, ndt )

(…) (...)

On voit la maison du pharisien. Large, basse, mais bien bâtie, au milieu d'un verger actuellement dégarni. Maison de campagne, mais riche et pratique. Pierre et Simon vont en avant pour avertir.

Doras sort. C'est un vieux au profil dur de vieux rapace. Un regard ironique, une bouche de serpent qui esquisse un sourire faux dans sa barbe plutôt blanche que noire.

"Salut, Jésus" dit-il en un salut familier et visiblement dédaigneux.

Jésus ne dit pas : "Paix" mais répond :

"Que ton salut te revienne."

"Entre. La maison t'accueille. Tu es ponctuel comme un roi."

"Comme un homme honnête." réplique Jésus.

Doras rit comme si c'était une plaisanterie.

Jésus se retourne et dit aux disciples qui ne sont pas invités :

"Entrez: Ce sont mes amis."

"Qu'ils viennent... mais... celui-ci n'est-ce pas le gabelou fils d'Alphée ?"

"C'est Matthieu, disciple du Christ." dit Jésus sur un ton que... l'autre comprend et il se met à rire jaune, plus qu'auparavant.

Doras voudrait écraser le "pauvre" maître galiléen sous l'opulence de sa maison dont l'intérieur est vraiment fastueux. Fastueux et glacial. Les serviteurs semblent des esclaves. Ils vont penchés, s'éclipsant rapidement, redoutant toujours d'être punis. On sent que c'est une maison où règnent la froideur et la haine.

Mais Jésus ne se laisse pas impressionner par la vue des richesses ni par l'évocation de la fortune et de la parenté... et Doras qui se rend compte de l'indifférence du Maître, l'emmène avec lui au jardin fruitier. Il montre les arbres rares et en offre les fruits que des serviteurs apportent sur des plateaux et dans des coupes d'or. Jésus les goûte et loue leur goût exquis. Il y en a qui sont conservés dans un sirop et il y a des pêches magnifiques, au naturel et il y a des poires d'une grosseur inaccoutumée.

"Je suis seul à les avoir dans toute la Palestine et je crois qu'il n'y en a pas dans toute la péninsule. Je les ai fait venir de Perse et de plus loin encore. La caravane m'a bien coûté un talent. Les Tétrarques eux-mêmes n'ont pas ces fruits. Peut-être pas même César. J'en compte les fruits et j'exige tous les noyaux. Les poires ne sont consommées qu'à ma table, car je ne veux pas qu'on en prenne un pépin. À Hanne je lui en envoie, mais cuites pour que les pépins soient stériles."

"Ce sont des arbres de Dieu, pourtant. Et tous les hommes sont égaux."

"Égaux ? Oh ! Moi égal à... à tes Galiléens ?"

"L'âme vient de Dieu, et Lui les crée égales."

"Mais moi, je suis Doras, le fidèle pharisien !..."

On dirait un dindon qui fait la roue lorsqu'il le dit.

Jésus le transperce de ses yeux de saphir qui se font toujours plus étincelants. C'est un signe qui annonce en Lui un débordement de pitié ou de sévérité.

Jésus est beaucoup plus grand que Doras et le domine, imposant dans son habit pourpre près du pharisien, petit, un peu voûté, parcheminé, dans son habit d'une ampleur et d'une abondance de franges impressionnante.

Doras, après quelques instants d'auto-admiration de sa personne, s'écrie :

"Cependant, Jésus, pourquoi envoyer dans la maison de Doras, le pur pharisien, Lazare, le frère d'une prostituée ? Il est ton ami Lazare ? Mais tu ne dois pas ! Ne sais-tu pas qu'il est anathème parce que sa sœur Marie est prostituée ?"

"Je ne connais que Lazare, et sa conduite qui est honnête."

"Mais le monde se souvient du péché de cette maison, et considère que la tache en rejaillit sur les amis... N'y va pas. Pourquoi n'es-tu pas pharisien ? Si tu veux... je suis puissant... je te fais accueillir comme tel, bien que tu sois galiléen. J'ai tout pouvoir au Sanhédrin. Anna est en ma main comme ce morceau de mon manteau. On te craindrait davantage."

"Je veux seulement qu'on m'aime."

"Je t'aimerai.
Tu vois que déjà je t'aime en accédant à ton désir et en te donnant Jonas."

"Je l'ai payé."

"C'est vrai et je me suis étonné que tu puisses verser une telle somme."

"Non pas Moi, mais un ami pour Moi."

"Bien, bien. Je ne fais pas d'enquête. Je dis : tu vois que je t'aime et que je veux te faire plaisir. Tu auras Jonas après le repas. Il faut que ce soit Toi, pour que je fasse ce sacrifice..."

Et il rit de son rire cruel.

Jésus, les bras croisés, le transperce de son regard de plus en plus sévère. Ils sont encore dans le jardin fruitier en attendant le repas.

"Cependant, tu dois me faire plaisir. Joie pour joie. Je te donne mon meilleur serviteur. Je me prive pour cela d'un revenu intéressant. Cette année, ta bénédiction, je sais que tu es venu au début des grandes chaleurs, m'a procuré des récoltes qui ont rendu célèbre mon domaine. Maintenant, bénis mes troupeaux et mes champs. L'année prochaine, je ne regretterai pas Jonas... et, en attendant, je lui trouverai un bon remplaçant. Viens, bénis. Donne-moi la joie d'être célèbre par toute la Palestine et d'avoir des bercails et des greniers qui regorgent de tout bien. Viens."

Il le saisit et cherche à l'entraîner, pris par la fièvre de l'or.

Mais Jésus résiste :

"Où est Jonas ?" demande-t-il sévèrement.

"Au labour. Il a encore voulu faire ce travail pour son bon maître. Mais il viendra avant la fin du repas. En attendant, viens bénir les troupeaux, les champs, les vergers, les vignes, les pressoirs. Tout, tout... Oh ! quelle fertilité l'année prochaine ! Viens donc."

"Où est Jonas ?" demande Jésus d'une voix de tonnerre.

"Mais, je te l'ai dit : il dirige le labour. C'est le premier serviteur et il ne travaille pas : il dirige."

"Menteur !"

"Menteur, moi ? Je le jure sur Jahvé !"

"Parjure !"

"Moi, moi parjure ? Moi qui suis le plus fidèle parmi les fidèles ? Attention à tes paroles !"

"Assassin !" Jésus a élevé toujours plus la voix et la dernière parole est un vrai tonnerre.

Les disciples se serrent autour de Jésus, les serviteurs se montrent craintifs sur les portes. Le visage de Jésus est insoutenable par sa sévérité. Des yeux semblent émaner des rayons phosphorescents.

Doras, un instant est pris de peur. Il se fait plus petit, paquet d'étoffes très fines, devant la personne altière de Jésus vêtu d'un lourd habit de laine rouge sombre. Mais ensuite, l'orgueil le ressaisit et il crie de sa voix glapissante de renard :

"Chez moi, je suis seul à commander. Sors, vil galiléen."

"Je sortirai après t'avoir maudit avec tes champs, tes troupeaux, tes vignes pour cette année et celles qui viennent."

"Non, cela non ! Oui, c'est vrai. Jonas est malade, mais il est soigné, bien soigné. Retire ta malédiction !"

"Où est Jonas ? Qu'un serviteur me conduise à lui, tout de suite Je l'ai payé, et puisque pour toi, c'est une marchandise, une machine, je le regarde comme tel. Puisque je l'ai payé, je l'exige."

Doras tire un sifflet d'or de son sein et siffle par trois fois. Une nuée de serviteurs de la maison et des champs débouchent de tous côtés, accourent, tellement penchés qu'ils semblent ramper jusqu'à côté du terrible maître.

"Amenez Jonas à Celui-ci et le Lui remettez. Où vas-tu ?"

Jésus ne répond même pas. Il suit les serviteurs qui se sont précipités au-delà du jardin vers les maisons des paysans, les lugubres tanières des pauvres paysans. Ils entrent dans le taudis de Jonas.

Celui-ci est devenu un squelette. Il halète, demi nu, harcelé par la fièvre sur un grabat de roseaux, sur lequel fait office de matelas un vêtement rapetassé avec, comme couverture, un manteau en lambeaux. La jeune femme de l'autre fois le soigne comme elle peut.

"Jonas ! Mon ami ! Je suis venu te chercher !"

"Toi ? Mon Seigneur ! Je me meurs... mais suis heureux de t'avoir ici !"

"Ami fidèle, tu es libre maintenant et tu ne mourras pas ici. Je te conduis à ma maison."

"Libre ? Pourquoi ? À ta maison ? Ah ! Oui ! Tu m'avais promis que je verrais ta Mère."

Jésus est tout amour, penché sur le misérable lit du malheureux et la joie paraît ranimer Jonas.

"Pierre : tu es fort. Soulève Jonas, et vous, donnez votre manteau. Ce lit est trop dur pour qui est dans son état."

Les disciples enlèvent promptement leurs manteaux. Ils les plient et les doublent, les étendent, et avec quelques-uns font un oreiller. Pierre dépose sa charge décharnée et Jésus le couvre de son propre manteau.

"Pierre, as-tu de l'argent ?"

"Oui, Maître, j'ai quarante deniers. "

"C'est bien, allons. Courage, Jonas. Encore un peu de fatigue, puis une grande paix, dans ma maison, près de Marie..."

"Marie... oui.., oh ! ta maison !" Dans son épuisement il pleure, le pauvre Jonas. Il ne sait que pleurer.

"Adieu, femme. Le Seigneur te bénira pour ta miséricorde."

"Adieu, Seigneur, adieu Jonas. Prie, priez pour moi."

La jeune femme pleure...

Quand ils sont sur le seuil, voilà que Doras vient. Jonas a un mouvement de peur et se cache le visage. Mais Jésus lui met une main sur la tête et sort à son côté, plus sévère qu'un juge. Le cortège misérable sort dans la cour rustique, prend l'allée du potager.

"Ce lit est à moi ! Je t'ai vendu le serviteur, pas le lit."

Sans dire un mot, Jésus jette la bourse à ses pieds. Doras la prend, la vide.

"Quarante deniers et cinq didrachmes. C'est peu !"

Jésus dévisage l'avide et répugnant argousin. C'est une scène indescriptible. Il ne répond rien.

"Au moins dis-moi que tu retires l'anathème !"

// Jésus le foudroie d'un nouveau regard et d'une brève réplique :

"Je te remets au Dieu du Sinaï." //

Et très droit se retire à côté de la rustique litière, portée avec précaution par Pierre et André.

Doras, voyant que tout est inutile, que la condamnation est certaine, crie :

"Nous nous reverrons, Jésus ! Oh ! je t'aurai entre mes ongles ! Je te ferai une guerre à mort. Emporte donc cette ombre d'homme. Il ne m'est plus utile. Cela m'épargnera les frais de sépulture. Va, va, Satan maudit ! Mais je mettrai tout le Sanhédrin contre Toi. Satan ! Satan !"

Jésus fait semblant de ne pas entendre. Les disciples sont consternés.

Jésus ne s'occupe que de Jonas. Il cherche les sentiers les moins raboteux, ceux qui sont en meilleur état, jusqu'à ce qu'ils arrivent à un carrefour près des champs de Yokhanan. Les quatre paysans accourent pour saluer l'ami qui s'en va et Jésus qui les bénit.

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( Suit le récit vraiment émouvant de la mort du juste Jonas, berger de la Nativité, dans le propre lit de saint Joseph, sous le regard attendri et maternel de la Vierge et de son Fils : quel privilège... )

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1 ) Récapitulons :

---> pour DGC, Jésus se montre ici intraitable, dur et méchant envers Doras, tel une fidèle image du « dieu cruel et vengeur" que serait censé être celui de l’Ancien Testament.

---> Alors que Jésus s'adresse ici à un homme tout simplement privé d'âme, en tout semblable aux sodomites frappés jadis par la malédiction du Très-Haut,

2 ) Les Écritures confirment la parfaite unité entre le Dieu que Jésus dépeint dans l'EMV, et le vrai Dieu tel qu’Il s’est révélé dans la Bible :

---> Les psaumes :

Lui qui « tourne sa Face contre les méchants pour effacer de la terre leur mémoire, alors qu’Il a les Yeux sur les justes, et ses oreilles pour leurs clameurs » (Ps 33) « Le mal tuera l’impie, qui déteste le juste expiera. » ( ibid.) « Que le mal pourchasse à mort l’homme de violence, que les gloseurs ne tiennent plus sur terre ! Je sais que le Seigneur fera droit aux malheureux, qu’Il fera justice aux pauvres. »( Ps 139 )

---> Que dit également Isaïe 11 ?

« En ce jour-là,
un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David,
un rejeton jaillira de ses racines.
Sur lui reposera l’esprit du Seigneur :
esprit de sagesse et de discernement,
esprit de conseil et de force,
esprit de connaissance et de crainte du Seigneur
– qui lui inspirera la crainte du Seigneur.
Il ne jugera pas sur l’apparence ;
il ne se prononcera pas sur des rumeurs.
Il jugera les petits avec justice ;
avec droiture, il se prononcera
en faveur des humbles du pays.
Du bâton de sa parole, il frappera le pays ;
du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant.
La justice est la ceinture de ses hanches ;
la fidélité est la ceinture de ses reins.

---> Que dit Job 36,5 ?

« Vois : Dieu est puissant, il ne méprise pas, il est puissant et d’un cœur magnanime.
Il ne laisse pas vivre le méchant mais rend justice aux pauvres.
Il ne détourne pas ses yeux des justes ; à l’instar des rois sur le trône, il les fait siéger pour toujours, mais ils s’enorgueillissent.
Et s’ils se retrouvent prisonniers des chaînes, pris dans les liens de la misère,
Dieu leur montre leurs œuvres et leurs péchés commis par orgueil.
Il leur ouvre l’oreille pour les avertir et leur ordonne de se détourner du mal.
S’ils écoutent et se mettent à son service, leurs jours s’achèveront dans le bonheur, et leurs années dans les délices.
Mais s’ils n’écoutent pas, ils passent par le chenal de la mort et ils périssent faute d’intelligence. »

---> Il faudrait des centaines de citations bibliques pour retranscrire tout le soin que Dieu a des pauvres, et la malédiction qu’Il envoie à ceux qui les oppriment sans miséricorde.

3 ) Mais à cela, DGC va assurément répondre :

---> « Bien sûr que Dieu est du côté des pauvres et s’opposent aux orgueilleux et aux violents ! Mais toujours avec miséricorde, avec ménagement, sans user Lui-même de violence, puisqu’Il commande d’aimer ses ennemis ! »

---> Ce à quoi nous lui répondons par un « petit rappel pour les nuls » :

---> Le Seigneur n’a jamais dit que l’on pouvait impunément se moquer sans mesure et sans fin de sa Miséricorde, sans finalement encourir dès ici-bas un châtiment approprié, bien au contraire ! ( cf Hébreux 10, 27-31 )

---> Peut-être que DGC aurait intérêt de lire parfois un peu la Bible : pour sûr qu’il tomberait un jour ou l’autre sur ce passage relatant le châtiment infligé par Dieu à Sodome et Gomorrhe, « quand le Seigneur fit tomber du ciel sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre et de feu venant du Seigneur. Dieu détruisit ces villes et toute la région, avec tous leurs habitants et la végétation. » ( Genèse 19,24-25)

---> Cruauté de sa part ? Non, Justice Divine infligée à des sodomites assassins et impénitents, prévenus pourtant avec beaucoup de patience avant d’être si durement châtiés.

---> Peut-être apprendrait-il également comment Dieu châtia l’Égypte par dix plaies, dont la dernière, loin d’être une bénédiction ou une pure miséricorde, fut la mort de tous les premiers nés des égyptiens, y compris celui de Pharaon ! Et comment les hébreux furent finalement délivrés de l’esclavage, grâce à la mort par noyade de toute l’armée d’Égypte partie à ses trousses, engloutie dans la mer Rouge sur ordre de Dieu, donné à Moïse !

---> Jésus est le Dieu de l’Ancien Testament comme du Nouveau : il n’y a aucune différence entre les deux. Et tout comme Il s’était révélé juste et bon dans l’Ancien, Il se révèle également Juste et Bon dans le Nouveau Testament, en dépit du fait qu'Il puisse frapper son peuple, comme le dit Isaïe 1 :
"Où donc faut-il vous frapper encore, vous qui multipliez les reniements ? Toute la tête est malade, tout le cœur est atteint ;
(...) Si vous consentez à m’obéir, les bonnes choses du pays, vous les mangerez ;

mais si vous refusez, si vous vous obstinez, c’est l’épée qui vous mangera. – Oui, la bouche du Seigneur a parlé.

---> Si Jésus livre Doras au Dieu du Sinaï, c’est à l’évidence que celui-ci a cherché sa malédiction par la dernière des perversions, assumée à l’extrême, sans la moindre once du plus petit commencement de repentir, même lorsque Jésus le met publiquement devant la honte de ses crimes abominables.

--->Et lorsque comme ici Jésus est en colère, c’est que réellement on l’a cherché : « Jésus le transperce de ses yeux de saphir qui se font toujours plus étincelants. C'est un signe qui annonce en Lui un débordement de pitié ou de sévérité. »

 

 

" « Jésus » se distingue du Père justicier et vengeur, sans s’opposer personnellement à lui. "

---> Cette remarque choque par sa débilité, puisque le Père également se distingue de son Fils, en nous l’envoyant comme Sauveur, « sans personnellement s’opposer à Lui » ; le Fils aussi se distingue du Saint-Esprit, en nous l’envoyant d’auprès du Père comme Paraclet, « sans personnellement s’opposer à Lui » !

---> Dans tout l'Evangile, Jésus passe son temps à se distinguer du Père sans s'opposer à Lui, et de même le Père et le Saint Esprit se distinguent de Lui : si bien qu'Il doit nous apprendre son unité avec eux : "Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu" ; " Voici mon Fils Bien Aimé, en qui J'ai mis toute ma faveur" ; "Quand Il viendra, l'Esprit de Vérité" etc...

---> DGC voudrait donc insinuer que le Christ resterait en retrait, comme avec un certain dégoût, laissant le Père « accomplir les basses besognes de malédictions », mais sans s’y opposer personnellement, ce qui impliquerait une certaine culpabilité. Rien qui corresponde au texte tel que nous allons le lire.

---> Alors que lorsque le Père tire vengeance de ceux qui font le mal, c’est le Père, le Fils et le Saint-Esprit qui agissent ensemble, comme un seul Dieu. Ce qui n’empêche pas qu’il y ait des spécificités, au sein même de la Trinité : c’est en effet le Fils qui vient pour nous sauver, le Saint-Esprit qui vient pour nous vivifier par ses sept Dons sacrés, le Père qui nous adopte comme ses fils.

---> Ici, puisque le Christ avait été envoyé par le Père, non pour juger le monde, mais pour sauver tous les hommes, c’est à la Justice du Père, dont Doras a méprisé l'Envoyé, que celui-ci est livré.

---> Et réellement : « Chose effroyable que de tomber vivant aux mains du Dieu Vivant ! (Hébreux 10,31)

 

 

" L’épisode suivant est doublement choquant,..."

... car il faut bien comprendre que le sort de Doras, cet atroce pharisien homicide, orgueilleux, impénitent, sadique, cupide et blasphémateur au dernier degré, dont nous avons fait la connaissance dans l’épisode précédent, est soudainement devenu l’objet de toutes les prévenances de DGC - pas un seul mot, par contre, à propos de Jonas, sa victime ! -

---> Doras serait-il devenu son « Barrabas à lui », qu'il voudrait faire relâcher à tout prix ? Sodome et Gomorrhe auraient-elles dû être préservées du juste châtiment de Dieu, tout comme l'ignoble Doras ?
 

 

" ... en illustrant cette opposition des rôles des personnes divines tout en mettant en scène une survenue du Père en « Jésus » qui provoque la mort de son adversaire. "
 

---> Alors que Jésus précisera bien que Doras était mort de colère, et donc de son propre chef.

---> Le Père intervient "en Personne" en plusieurs endroits des Evangiles, pour se faire entendre, et nous désigner son Fils Jésus, qu'Il n'envoie pas pour juger le monde.

---> Mais dans le non-jugement, il y eut des exceptions, et l'ignoble Doras en fit partie pour la raison évidente que nous allons découvrir : c'était au Père d'intervenir à travers le Christ en ce cas exceptionnel, puisque Celui-ci était avant tout le Sauveur, et non d'abord le Juge.
 

 

" « Jésus », confronté à un certain Doras qui le menace, ... "

---> pas « un certain Doras » ! celui dont DGC a voulu soigneusement cacher le vrai visage, dans ce qui précède.

 

" ... lui ordonne de quitter la maison où il prêche. "

---> Car Il est justement en train de prêcher dans cette maison ... contre l’homicide !
---> et Doras, l’assassin d’un des plus chers amis de Jésus, vient s'y pavaner sous son nez, et le narguer !
 

 

" Doras est furieux. "

---> On comprend que Jésus puisse Lui-aussi être légitimement dans une sainte colère, tout comme dans l’épisode précédent !

 

( Jésus : )
« Sors de ma maison. »
« Je sors. Mais bientôt nous ferons les comptes, n’en doute pas. »

---> L'assassin demande des comptes à Dieu, alors même que sans le savoir, il s’apprête à mourir !

 

« Bientôt? tout de suite. Le Dieu du Sinaï, je te l’ai dit, t’attend » (…)

---> Est-ce qu'ici, comme le suggère l'auteur, Jésus se désolidariserait du Père tirant vengeance des crimes de Doras ? Non, bien au contraire ! Il est un avec Lui, et l'approuve entièrement.

---> Mais c’est sûr qu’on se serait plutôt attendu à un Jésus bien mou, bien accommodant, bien "Guimauve Chocolat", comme d’ailleurs Il le fut avec les marchands du Temple, et avec les pharisiens hypocrites, et comme Dieu, dans l’Ancien Testament, se montra si accommodant avec les sodomites et les gomorrhytes, ou encore avec pharaon et son armée poursuivant les hébreux !

---> Pas de châtiment pour les criminels impénitents : tel semble être le "credo" de l'auteur...

 

 

« Ah! Ah! maléd… » Il s’embrouille, murmure et tombe.
« Il est mort! crie le serviteur. Le maître est mort! Béni sois-tu, Messie, notre vengeur ! »

« Non, pas Moi, Dieu, le Seigneur éternel. (…) »

---> Car le Christ, même s’Il le pouvait légitimement, n’était pas venu, encore une fois, pour juger et châtier. La mission du Christ était clair : mourir pour les coupables ; dans ce grand Dessein, le rôle du Père - si l'on peut parler ainsi - était de faire retomber sur Lui tout le châtiment que méritaient nos crimes.

---> Voilà pourquoi Jésus se distingue du Père : Lui, le Christ, n'est pas encore le Glorieux Seigneur de l'Apocalypse, venant sur les nuées du Ciel pour faire appliquer le sentence de justice, mais l'Agneau de Dieu se laissant humblement conduire à l'abattoir. 

 

« Mais il est mort par ta volonté ? » demande Pierre.
« Non, mais le Père est entré en moi… C’est un mystère que tu ne peux comprendre. Sache seulement qu’il n’est pas permis de s’attaquer à Dieu. Lui se venge par lui-même. »
 

---> Ici, Jésus apparaît bien comme le Nouveau Moïse, l’homme de douceur et d’humilité, mais aussi vecteur de la Vengeance divine : Dieu ordonnait au premier Moïse d’étendre son bâton pour que la mer Rouge reflue sur les ennemis en furie, mais c’était Dieu qui agissait et non pas le pauvre bâton de bois, qui n’était pas magique. Dieu cependant n’entra pas en Moïse pour accomplir son œuvre comme s’Il était vraiment un avec lui.

---> Alors que le Père entre dans le Fils pour accomplir par son bras, un avec Lui, son acte de Justice. Mystère que cette union entre le Père et le Fils, plus prononcée à certains moments, moins à d’autres comme en particulier durant la Passion, pour permettre la kénose du Serviteur souffrant.

 

 

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