Un dévoiement du langage de l’union mystique, dans l’EMV ?

1

"La jeune fille, radieuse de joie et de santé, se penche pour baiser les pieds du Maître, pendant qu’il la bénit en priant sur elle. Et vraiment la salle, blanche, comme si elle était toute de lys, est un digne environnement pour ce rite, et s’harmonise bien avec ses deux protagonistes, jeunes, beaux, tout de blanc vêtus, dans la splendeur d’un amour angélique et divin. Jésus quitte la jeune fille absorbée dans sa joie et il sort doucement pour aller bénir les enfants, etc. » (VIII, 44, 382)

" Sans s’avancer excessivement, on trouve ici le sensualisme mystique auquel un certain nombre d’abus spirituels et sexuels récemment dénoncés peuvent se rapporter. Même lorsqu’il n’est pas accompagné de gestes condamnables, ce sentimentalisme sensuel éloigne nécessairement d’une vie authentiquement spirituelle et entrave, par des notions dégradées de l’amour, et par l’insistance sur l’expérience sensible, la progression dans l’amour divin. "

 

---> Il faut arrêter, c'est n'importe quoi … À un moment donné, ça suffit, c’est vraiment trop !… On se noie dans la plus pure bêtise humaine ! ... "Leeee fantôme de don Jean-François Guérin ( fondateur de la communauté saint Martin et abuseur sexuel ) est prié de quitter l'esprit de don Guillaume Chevallier, le fantôme de don Jean-François Guérin, merci ! "

---> " Vous êtes religieux, et vous cherchez une solution contre la perversion ? N'attendez plus, et adoptez dès à présent la « théologie de la désincarnation » de don Guillaume Chevallier ! Avec cette toute nouvelle théologie pseudo catholique, plus aucun contact physique, plus aucun geste, plus aucune émotion ne seront désormais tolérés : avec la « théologie de la désincarnation », vous vous sentirez à l’abri de tout contact humain, même le plus infime ! L'efficacité est garantie par des spécialistes : satisfait ou remboursé !


---> En gros, voilà ce que prêche DGC : « Quoi qu’il en soit, même s'il n'y a aucun geste condamnable dans ce récit, il faut le condamner quand même par principe. Pourquoi ? Parce que je l'exige. »

---> On en reste « pantois », comme dirait quelqu’un…

---> Et quel est ce fameux « geste ambigu » qui ferait référence à du « sensualisme mystique auquel un certain nombre d’abus spirituels et sexuels récemment dénoncés peuvent se rapporter » ?

---> C’est un geste : non seulement d’une innocence extrême, celle de baiser les pieds de Jésus, non seulement d’une entière justice, puisqu’en tant que Fils de Dieu, Jésus est digne de recevoir l’adoration et l’amour de toutes ses créatures en toute pureté, mais en plus, un geste déjà fort bien connu par les lecteurs des Évangiles, puisque c’est celui que sainte Marie Magdeleine pratiqua avec beaucoup d’effusions et de larmes, lors de son repentir aux pieds du Maître, dans la maison de Simon le pharisien ( Luc 7,37-38 ).

---> Jamais une telle nullité crasse n’aurait pu être imaginable de la part d’un prêtre, on a presque envie de lui conseiller d’aller vite s’inscrire au catéchisme pour les recommençants, ou de manière peut-être plus pragmatique, d’envisager de faire une thérapie, afin de ne plus rester obnubilé comme il l’est par les abus d’ordre sexuel, survenus malheureusement au sein de sa propre communauté sacerdotale.

Conclusion :

---> Comme le précédent dossier sur les "gestes ambigus", celui concernant le "dévoiement du langage mystique dans l’EMV" est donc absolument vide, et l’auteur : aux antipodes de l’honnêteté intellectuelle, tout prêtre et « exégète » qu’il soit, inventant des dossiers inexistants basés sur des illusions de citations massacrées par ses soins, et/ou totalement incomprises.

---> Et aussi : DGC fait un flop.


-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 


---> À mon tour de rivaliser avec lui, en ne semblant voir qu’un vulgaire « vaudeville » dans l'édifiant récit de la vocation d’une sainte jeune fille : Mariam Baouardy (1846-1878), qui j’en suis persuadé ne m’en voudra pas, car elle doit avoir beaucoup d’humour, et comme nous, réclamer justice du très honteux pamphlet commis contre sa chère sœur Maria Valtorta, simple messagère du Christ.

 

 

« COMMENT LA JEUNE MARIAM ANNONCE À SON ONCLE QU’ELLE RENONCE AU MARIAGE, AFIN DE RÉSERVER SON ÂME POUR DE CÉLESTES ÉPOUSAILLES »

( toute ressemblance avec l’histoire de la fille de Philippe voulant se consacrer à Jésus serait tout à fait fortuite. )
 


---> Très vulgaire comédie de boulevard, libre adaptation de « L’École des femmes » de Molière, qui vous choquera surement par son caractère « excessivement charnel », et dont la sensualité toute humaine risque fort d’entraver le progrès spirituel, de manière très semblable à ce que nous venons soi-disant d’étudier dans l'œuvre de Maria Valtorta.

Dans le rôle-titre : sainte Mariam de Bethléem
première assistante : Marie, la Reine des vierge
second rôle : l'oncle de Mariam ( alias « Arnolphe » )
troisième rôle : la tante de Mariam
figurants : les invités.
Critique et metteur en scène : Jean Baptiste Poquelin, dit Molière, revenu de l’au-delà pour l’occasion.

 

Acte 1 , Scène 1
 

Mariam, jeune vierge de Bethléem, est promise à un jeune homme en mariage, un excellent parti pour son futur ménage.

L'oncle :
"Entre, Mariam, nous t'attendons tous ! Selon la coutume, viens danser devant nous et sert nous donc un peu de café. Nous avons tous hâte de voir la jeune fiancée que tu es !"

la tante :
"Eh bien, ma belle, montre toi !"

Mariam entre.

Les invités :
"Aahhhhhhhhh !!! La voilà !!! ".

Mais dans son cœur, Mariam était attirée par un tout autre amour...

L'oncle :
"Quoi ????? "

JBP, dit "Molière" : 

"Mais non, tais-toi, tu ne le sais pas encore ! Tu souris, et tu fais comme si de rien n’était, d’accord ? Allez :

l'oncle, la tante et les invités :
"Aaaahhhhhh !!!! "

Et effectivement, notre gracieuse jeune vierge entre, et selon la coutume, danse, parée de tous ses atours, sous son splendide voile, portant à chacun du café, un magnifique plat à la main.

Elle s'était adressé à la Reine des vierges, qui l'avait intérieurement fortifiée.

Mariam :
"Ô Marie ma mère, comment ferais-je pour affronter la colère de mon oncle ? C'est un lion, il refusera de m'entendre, et surement cherchera à se venger de moi ! "

la Reine des vierges :
"N'ai pas peur, Mariam, je suis avec toi, j'intercède pour toi, tu auras la force."

les invités :
"Aaahhhhhh !!!!! "

Mais soudain, que se passe-t-il ? Mariam soulève le couvercle qui recouvrait le plat, et découvre ses cheveux coupés, qu’elle a disposés dessus.

Les invités :
"Oohhhhhhh !!!! "

l'oncle et la tante :
"Mais qu'est-ce que c'est que ça, Mariam ! Tu te déshonores et nous avec toi !? "

Mariam :
"Non, mon oncle. Mais mon cœur appartient à un autre Époux, et je ne puis consentir à ce mariage que tu as voulu pour moi. C’est pourquoi je me suis coupé les cheveux."

l'oncle :
"Comment ?? Un amant ?? Ahhhh, je le tuerai !! qui est-il ?!!"
( Toute ressemblance avec le précédent récit tiré de l’EMV est clairement évidente et non fortuite ! ndt )

Mariam :
"c'est Jésus, mon Dieu et Seigneur, l'amour de ma vie : je veux me consacrer à lui pour toujours. Personne d'autre que Lui n'aura mon cœur."

Les invités :
"Ouhhhhhh !!! Ouhhhhh !!! "

l'oncle et la tante :
"Oh non !!! Notre belle fête est gâchée !!! Mauvaise enfant, tu vas voir, nous allons te mener la vie dure en représailles de ta trahison !!! "

Mariam :
" Faites de moi ce que vous voudrez, rien ne pourra fléchir ma décision !
C’est toi qui viens, mon Dieu, pour prendre ta pauvre servante et en faire ton épouse, je me donne à Toi sans retour ! » ( Toute ressemblance… ndt )

FIN

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------


---> Est-ce juste là une pauvre scénette théâtrale un peu loufoque, digne d'un mauvais « vaudeville » ? Et non : car au-delà des ajouts volontairement comiques, l'histoire est absolument authentique. C’est bien ainsi que Mariam Baouardy, orpheline de treize ans et future sainte Mariam de Bethléem, annonça sa vocation à l’oncle qui l’avait en sa garde.

---> Son histoire, à cause des très nombreux points communs qu’elle a avec celle de la fille de l’apôtre Philippe dans l’EMV, mériterait donc elle-aussi d’être dénoncée comme une vulgaire parodie de mariage par DGC ?

---> Mariam deviendra martyr de sa foi en Christ, égorgée par un musulman qui tentait en vain de la convertir à l’islam et de l’épouser, après quoi la sainte Vierge la ramènera miraculeusement à la vie, la soignant dans une grotte, la nourrissant et la veillant jusqu’à sa guérison. Elle deviendra plus tard sœur carmélite, en France et dans d’autres pays.

---> Et comment ne pas saisir cette occasion de lire dans son intégralité le récit de l’EMV qui a fait l’objet d’un débat si inutile, et qui est une pure merveille ?

EMV 241 - Vocation de la fille de Philippe. L'arrivée à Magdala et la parabole de la drachme perdue.

La barque longe la côte de Capharnaüm à Magdala.

Marie de Magdala prend pour la première fois sa pose habituelle de convertie: assise au fond de la barque aux pieds de Jésus qui, de son côté, est assis austèrement sur une des banquettes de la barque. Le visage de Marie-Madeleine est très différent de celui d'hier.

Ce n'est pas encore l'expression radieuse qu'elle a lorsqu'elle court à la rencontre de Jésus chaque fois qu'il arrive à Béthanie, mais c'est déjà un visage débarrassé des craintes et des tourments, et son regard, d'abord aussi humble qu'il avait été effronté, est maintenant serein et assuré; dans ce sérieux plein de dignité brille de temps à autre une étincelle de joie quand elle entend Jésus s'entretenir avec les apôtres ou avec sa Mère et Marthe.

Ils parlent de la bonté de Porphyrée, si simple et si aimante, ils parlent de l'accueil affectueux de Salomé et des femmes de la famille de Barthélemy et de Philippe, ce dernier dit :

«S'il n'y avait pas cette raison qu'elles sont encore bien jeunes et que leur mère ne veut pas les savoir sur les routes, elles aussi te suivraient, Maître.

- Leur âme me suit, et c'est également un saint amour...
Philippe, écoute-moi : ta fille aînée est sur le point de se fiancer, n'est-ce pas ?

Oui, Maître. Un fiancé digne et un bon époux. N'est-ce pas, Barthélémy ?

C'est vrai. Je m'en porte garant, car je connais la famille. Je n'ai pu accepter d'être celui qui propose l'affaire, mais je l'aurais bien fait si je n'avais pas été retenu auprès du Maître, avec la pleine assurance de voir se fonder une famille sainte.

-Mais la jeune fille m'a prié de te dire de n'en rien faire.

Le fiancé ne lui plaît pas ? Elle se trompe. Mais la jeunesse est folle ! J'espère qu'elle se laissera convaincre. Il n'y a aucune raison de repousser un excellent époux. À moins que.... Non, ce n'est pas possible ! dit Philippe.

- À moins que ? Achève, Philippe, dit Jésus pour l'encourager.

-À moins qu'elle en aime un autre. Mais c'est impossible ! Elle ne sort jamais de la maison, où elle mène une vie très retirée. C'est impossible !

- Philippe, il y a des amants qui pénètrent même dans les maisons les mieux fermées : qui savent parler, malgré toutes les barrières et surveillances, à celles qu'ils aiment ; il y en a qui renversent tous les obstacles, qu'ils soient de veuvage, de jeunesse bien gardée ou... d'autre sorte encore, et qui prennent celles qu'ils veulent. Et il y a aussi des amants qu'on ne peut refuser parce qu'il est impossible de résister à leur toute puissante volonté, et parce qu'ils sont assez séduisants pour vaincre toute résistance, fût-elle celle du démon. Ta fille aime l'un d'eux, et c'est le plus puissant.

Mais qui ? Quelqu'un de la cour d'Hérode ?

- Ce n'est pas une puissance !

Quelqu'un... de la maison du Proconsul, un patricien romain ? Je ne le permettrai à aucun prix. Le sang pur d'Israël n'entrera pas en contact avec un sang impur. Je tuerais plutôt ma fille ! Ne souris pas, Maître ! Je souffre !

- C'est parce que te voilà comme un cheval emballé ! Tu vois des ombres là où il n'y a que lumière. Mais sois tranquille: le Proconsul n'est qu'un serviteur, de même que ses amis patriciens, et César lui-même.

Tu veux rire, Maître ! Tu as voulu me faire peur. Personne n'est plus grand que César, il n'y a pas de plus grand maître que lui.

- Il y a moi, Philippe.

Toi ? Tu veux épouser ma fille ???

- Non, son âme. Je suis l'amant qui pénètre dans les maisons les mieux fermées et dans les cœurs les mieux verrouillés par une multitude de clés. Je suis celui qui sait parler malgré toutes les barrières et surveillances. Je suis celui qui abat tous les obstacles et je prends ce que je veux prendre : les purs et les pécheurs, les vierges et les veuves, ceux que le vice n'enchaîne pas et ceux qui en sont esclaves. Et je leur donne à tous une âme unique et nouvelle, régénérée, béatifiée, éternellement jeune. Ce sont mes fiançailles. Et personne ne peut refuser de me donner mes douces proies, ni le père, ni la mère, ni les enfants et pas même Satan. Que je parle à l'âme d'une fillette comme ta fille ou à celle d'un pécheur plongé dans le péché et ligoté par Satan par sept chaînes, l'âme vient à moi. Et rien ni personne ne me l'arrache plus. Et aucune richesse, puissance, joie du monde ne procure la joie parfaite qui est le lot de ceux qui s'unissent à ma pauvreté, à ma mortification. Dépourvus de tout pauvre bien, revêtus de tous les biens célestes, ils sont joyeux de la paix d'appartenir à Dieu, et à Dieu seul... Ce sont eux, les maîtres de la terre et du Ciel : de la première parce qu'ils la dominent, du second parce qu'ils le conquièrent.

- Mais cela n'a jamais existé dans notre Loi ! s'exclame Barthélemy.

- Dépouille-toi du vieil homme, Nathanaël ! Quand je t'ai vu pour la première fois, je t'ai salué en te qualifiant de parfait israélite, sans fraude. Mais tu appartiens maintenant au Christ, pas à Israël. Sois donc au Christ sans fraude ni réticence. Revêts-toi de cette nouvelle mentalité, sans quoi tu ne pourras jamais comprendre toutes ces beautés de la Rédemption que je suis venu apporter à l'humanité tout entière.»

Philippe intervient :

«Tu dis que ma fille a été appelée par toi ? Et qu'est-ce qu'elle va faire, maintenant ? Je n'y fais pas obstacle, loin de là. Mais je veux savoir, ne serait-ce que pour l'aider, en quoi consiste son appel...

- À apporter les lys consacrés par un amour virginal dans le jardin du Christ. Il y en aura tellement au cours des siècles à venir ! Tellement ! Des parterres parfumés par l'encens pour contrebalancer les sentines des vices. Des âmes de prière pour contrebalancer les blasphémateurs et les athées. Elles viendront en aide à tous ceux qu'accablent les malheurs humains et feront la joie de Dieu.»

Marie de Magdala ouvre la bouche pour poser une question et elle le fait en rougissant encore, mais avec plus d'aisance que les autres jours :

«Et nous, les ruines que tu relèves, que devenons-nous ?

- Ce que sont vos sœurs vierges...

Oh ! Ce n'est pas possible ! Nous avons foulé trop de boue et... et... et ce n'est pas possible.

-Marie, Marie ! Jésus ne pardonne jamais à moitié. Je t'ai dit que je t'ai pardonné. Et c'est bien le cas. Toi, et tous ceux qui ont péché comme toi, à qui mon amour pardonne et qu'il épouse, vous parfumerez, vous prierez, vous aimerez, vous réconforterez. Rendues conscientes du mal et capables de le soigner là où il est, âmes qui, aux yeux de Dieu, sont des martyres. Elles lui sont donc aussi chères que les vierges.

Martyres ? En quoi, Maître ?

- Contre vous-mêmes et les souvenirs du passé, et par soif d'amour et d'expiation.

Dois-je le croire ?... »

Marie-Madeleine regarde tous ceux qui sont dans la barque, cherchant une confirmation pour l'espérance qui s'allume en elle.

«Demande-le à Simon. Je parlais de toi et de vous autres, pécheurs, en général, un soir éclairé par les étoiles, dans ton jardin. Et tous tes frères peuvent te dire si ma parole n'a pas chanté pour tous les rachetés les prodiges de la miséricorde et de la conversion.

L'enfant m'en a parlé lui aussi, de sa voix angélique. Je suis revenue de sa leçon l'âme rafraîchie. Il m'a permis de te connaître mieux encore que ma sœur, si bien qu'aujourd'hui je me sens plus courageuse pour affronter Magdala. Maintenant que tu m'as dit cela, je sens grandir ma force. J'ai scandalisé le monde mais, je te le jure, mon Seigneur, désormais le monde, en me regardant, arrivera à comprendre ce qu'est ton pouvoir.»

Jésus lui pose un instant la main sur la tête, alors que la Vierge Marie lui sourit comme elle sait le faire: un sourire de paradis.

Voici Magdala qui s'étend au bord du lac, avec le soleil qui se lève en face, la montagne d'Arbèle qui la protège des vents par derrière, et l'étroite vallée aux pentes abruptes et sauvages, d'où débouche dans le lac un petit torrent, qui se dirige vers l'occident ; ses rives escarpées sont pleines d'une beauté fascinante et sévère.

«Maître, crie Jean de l'autre barque, voici la vallée de notre retraite... »

Son visage resplendit comme si un soleil s'était allumé en lui. «Notre vallée, oui. Je l'ai bien reconnue.

Impossible de ne pas se souvenir des lieux où l'on a connu Dieu, répond Jean.

Alors, moi, je me rappellerai toujours ce lac parce que c'est sur lui que je t'ai connu. Sais-tu, Marthe, que c'est ici que j'ai vu le Maître, un matin ? dit Marie-Madeleine.

Oui, et pour un peu, nous allions tous au fond, vous et nous. Femme, crois bien que tes rameurs ne valaient pas grand-chose, intervient Pierre, en faisant la manœuvre d'accostage.

Nous ne valions rien, ni les rameurs ni ceux qui étaient avec eux... Mais il reste que cela a été la première rencontre et cela a une grande valeur. Plus tard, je t'ai revu sur la montagne, puis à Magdala, et encore à Capharnaüm... Autant de rencontres, autant de chaînes brisées... Mais Capharnaüm a été l'endroit le plus beau. C'est là que tu m'as délivrée...»

Ils descendent à terre, alors que les passagers de l'autre barque sont déjà descendus, puis entrent en ville.

La simple curiosité ou... une curiosité qui n'est pas si simple que cela de la part des habitants de Magdala doit être une torture pour Marie-Madeleine, mais elle la supporte héroïquement en suivant le Maître qui marche devant au milieu de tous ses apôtres, alors que les trois femmes restent en arrière. Les chuchotements sont audibles. L'ironie n'y fait pas défaut. Tous ceux qui, à l'époque où Marie était la maîtresse influente de Magdala, la respectaient par crainte de représailles, maintenant qu'ils la voient et la savent séparée de ses amis puissants, humble et chaste, se permettent de lui montrer du mépris et de lui lancer des épithètes peu flatteuses.

Marthe, qui en souffre autant qu'elle, lui demande :

«Veux-tu rentrer à la maison ?

— Non, je ne quitte pas le Maître. Et je ne l'invite pas à entrer avant que la maison ne soit purifiée de toute trace du passé.

Mais tu souffres, ma sœur !

— Je l'ai mérité.»

On voit bien qu'elle souffre ! La sueur qui perle sur son visage, la rougeur qui se répand jusqu'à son cou ne sont pas dues uniquement à la chaleur...

Ils traversent toute la ville de Magdala en se rendant dans les quartiers pauvres, jusqu'à la maison où ils se sont arrêtés l'autre fois. La femme est stupéfaite quand, levant la tête au-dessus du lavoir pour voir qui la salue, elle se trouve en face de Jésus et de la bien connue dame de Magdala, qui n'est plus vêtue luxueusement, plus chargée de bijoux, mais qui a la tête couverte d'un voile de lin léger, vêtue de bleu pervenche, un habit montant, étroit — qui n'est certainement pas le sien, bien que l'on ait essayé de le mettre à ses mesures —, enveloppée dans un lourd manteau qui doit être un supplice par cette chaleur.

«Me permets-tu de m'arrêter chez toi et de parler à ceux qui me suivent ?» (C'est-à-dire à tout Magdala, car la population tout entière a suivi le groupe apostolique).

«Tu me le demandes, Seigneur ? Mais ma maison est à toi !»

Et elle s'empresse d'apporter des sièges et des bancs pour les femmes et les apôtres. En passant près de Marie-Madeleine, elle s'incline comme une esclave.

«Paix à toi, ma sœur» répond celle-ci.

La surprise de la femme est telle qu'elle laisse tomber le petit banc qu'elle tient dans ses mains. Mais elle ne souffle mot. Son geste me fait pourtant penser que Marie traitait plutôt avec hauteur les gens qui dépendaient d'elle. L'étonnement de la femme grandit encore quand elle s'entend demander comment vont les enfants, où ils sont, et si la pêche a été bonne.

«Ils vont bien.... Ils sont à l'école ou chez ma mère. Seul le petit dernier dort dans son berceau. La pêche est bonne. Mon mari te portera la dîme...

— Non, ce n'est plus nécessaire. Garde-la pour tes enfants. Me permets-tu de voir le petit ?

— Viens.»...

Les gens affluent dans la rue. Jésus commence à parler :

«Une femme avait dix drachmes dans sa bourse. À cause d'un faux mouvement, sa bourse tomba de sa poitrine, s'ouvrit, et les pièces de monnaie roulèrent par terre. Elle les ramassa avec l'aide des voisines présentes, et les compta. Il y en avait neuf. La dixième était introuvable. Etant donné que le soir tombait et qu'on manquait de lumière, la femme alluma sa lampe, la posa sur le sol, prit un balai et se mit à balayer attentivement pour voir si la pièce avait roulé loin de l'endroit où elle était tombée. Mais la drachme restait introuvable. Lassées de rechercher, ses amies s'en allèrent. La femme déplaça alors le coffre, l'étagère, un autre coffre lourd, changea de place les amphores et les cruches posées dans la niche du mur. Mais impossible de trouver la drachme. Elle se mit alors à quatre pattes et chercha dans le tas de balayures près de la porte de la maison pour voir si elle avait roulé hors de la maison en se mélangeant aux épluchures de légumes. Et elle trouva enfin la drachme, toute sale, presque ensevelie sous les ordures qui étaient tombées sur elle.

Toute joyeuse, la femme la prit, la lava, la sécha. Elle était devenue plus belle qu'avant. Elle rappela à grands cris ses voisines — qui s'étaient retirées après les premières recherches —pour la leur montrer : "Voilà ! Vous voyez ? Vous m'avez conseillé de ne pas me fatiguer davantage, mais j'ai insisté et j'ai retrouvé la drachme que j'avais perdue. Réjouissez-vous donc avec moi, car je n'ai pas eu la douleur de perdre un seul de mes trésors. "

Votre Maître, et avec lui ses apôtres, agit comme la femme de la parabole. Il sait qu'un simple déséquilibre peut faire tomber un trésor. Chaque âme est un trésor et Satan, qui hait Dieu, provoque les faux mouvements capables de faire tomber les pauvres âmes. Devant cette chute, il en est qui s'arrêtent près de la bourse, c'est-à-dire qui s'éloignent peu de la Loi de Dieu qui recueille les âmes sous la protection des commandements. D'autres vont plus loin, c'est-à-dire s'éloignent encore de Dieu et de sa Loi. Enfin, d'autres encore roulent jusque dans les balayures, dans les ordures, dans la boue. Là, elles finiraient par périr et par être brûlées dans le feu éternel, où sont les immondices que l'on brûle dans des lieux appropriés.

Le Maître le sait et cherche inlassablement les pièces perdues. Il les cherche partout, avec amour. Ce sont ses trésors, et il ne se fatigue pas, ne se laisse dégoûter par rien. Il fouille tant et plus, remue, balaie jusqu'à ce qu'il trouve. Et lorsqu'il l'a retrouvée, il lave l'âme par son pardon, appelle ses amis, tout le Paradis et tous les hommes bons de la terre, et leur dit : "Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ce qui était perdu, et c'est plus beau qu'auparavant, car mon pardon le renouvelle."

En vérité, je vous dis qu'il y a grande fête au Ciel et que les anges de Dieu et les hommes bons de la terre se réjouissent pour un pécheur qui se convertit. En vérité, je vous dis que rien n'est plus beau que les larmes du repentir. En vérité, je vous dis que seuls les démons ne savent pas, ne peuvent pas se réjouir pour cette conversion qui est un triomphe de Dieu. Et je vous dis aussi que la manière dont un homme accueille la conversion d'un pécheur donne la mesure de sa bonté et de son union à Dieu. Que la paix soit avec vous.»

Les gens comprennent l'instruction et regardent Marie-Madeleine venue s'asseoir à la porte avec le petit bébé dans les bras, peut-être pour se donner une contenance. Les gens s'éloignent lentement et il ne reste que la maîtresse de la petite maison et sa mère, arrivée avec les enfants. Il manque Benjamin, encore à l'école.
 


-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 


---> et voici maintenant le second épisode dont il est question dans ce volet, en version intégrale :

EMV 583 - La veille du sabbat qui précède l’entrée à Jérusalem. L’adieu aux femmes disciples. Le malheureux petit‑fils de Nahum
en rouge entre les // : la citation de DGC )

(…) (...)
Et c'est le doux visage d'Annalia qui se présente.

"Avance. Ta compagne, où est-elle ?"

"À côté, Seigneur. Elle veut s'en aller, elles vont partir. Marthe a compris mon désir et me garde jusqu'au coucher de soleil de demain. Sarah retourne à la maison pour dire que je reste. Elle voudrait ta bénédiction car... Mais je te parlerai ensuite."

"Qu'elle vienne, je la bénirai."

La jeune fille sort pour revenir avec sa compagne qui se prosterne devant le Seigneur.

"La paix soit avec toi, et que la grâce du Seigneur te conduise sur les sentiers où t'a conduite celle qui t'a précédée. Sois affectueuse pour sa mère, et bénis le Ciel qui t'a épargné les liens et les souffrances afin de t'avoir toute entière pour Lui. Un jour, plus que maintenant, tu le béniras d'être restée stérile par ta volonté. Va !"

La jeune fille s'en va toute émue.

"Tu lui as dit tout ce qu'elle espérait. Ces paroles étaient son rêve. Sarah disait toujours : "Ta destinée me plaît, bien qu'elle soit nouvelle en Israël, et je la veux moi aussi. N'ayant plus de père, et ma mère étant douce comme une colombe, je ne crains pas de ne pouvoir la suivre. Mais pour être certaine de pouvoir l'accomplir, et qu'elle soit sainte pour moi comme elle l'est pour toi, je voudrais l'entendre de sa bouche". Maintenant tu le lui as dit, et moi aussi, je suis en paix, car je craignais parfois d'avoir exalté un cœur..."

"Depuis quand est-elle avec toi ?"

"Depuis... Quand l'ordre du Sanhédrin est venu, je me suis dit : "L'heure du Seigneur est venue et je dois me préparer à mourir". Car je te l'ai demandé, Seigneur... Et maintenant je te le rappelle... Si tu vas au sacrifice, moi, hostie avec Toi."

"Veux-tu encore fermement la même chose ?"

"Oui, Maître. Je ne pourrais pas vivre dans un monde où tu ne serais pas... et je ne pourrais survivre à ta torture. J'ai tellement peur pour Toi ! Beaucoup d'entre nous se font des illusions... Pas moi ! Je sens que l'heure est venue. Il y a trop de haine... Et j'espère que tu accueilleras mon offrande. Je n'ai que ma vie à te donner, car je suis pauvre, tu le sais. Ma vie et ma pureté. C'est pour cela que j'ai persuadé à maman d'appeler sa sœur chez elle, pour qu'elle ne reste pas seule... Sarah sera sa fille à ma place, et la mère de Sarah sera pour elle un réconfort.

Ne déçois pas mon cœur, Seigneur ! Le monde n'a aucun attrait pour moi. C'est pour moi une prison où beaucoup de choses me répugnent grandement. C'est peut-être parce que j'ai été au seuil de la mort, que j'ai compris comment ce qui pour beaucoup représente la joie, n'est qu'un vide qui ne rassasie pas. Il est certain que je ne désire que le sacrifice... et te précéder... pour ne pas voir la haine du monde jetée comme une arme de torture sur mon Seigneur, et pour te ressembler dans la souffrance..."

"Nous déposerons alors le lys coupé sur l'Autel où s'immole l'Agneau, et il deviendra rouge du Sang rédempteur. Et il n'y aura que les anges qui sauront que l'Amour a été le sacrificateur d'une agnelle toute blanche, et ils marqueront le nom de la première victime de l'Amour, de la première continuatrice du Christ."

"Quand, Seigneur ?"

"Tiens ta lampe prête et reste en vêtements de noces. L'Époux est à la porte. Tu verras son triomphe et non sa mort, mais tu triompheras avec Lui en entrant dans son Royaume."

"Ah ! je suis la femme la plus heureuse d'Israël ! Je suis la reine couronnée de ton diadème ! Puis-je, comme telle, te demander une grâce ?"

"Laquelle ?"

"J'ai aimé un homme, tu le sais. Je ne l'ai plus aimé comme époux car un amour plus grand est entré en moi et lui ne m'a plus aimée, parce que... Mais je ne veux pas rappeler son passé. Je te demande de racheter ce cœur. Le puis-je ? Ce n'est pas pécher que de vouloir me souvenir, alors que je suis au seuil de la Vie, de celui que j'aimais, pour lui donner la Vie éternelle, n'est-ce pas ?"

"Ce n'est pas pécher. C'est porter l'amour jusqu'au terme saint du sacrifice, pour le bien de l'aimé."

"Bénis-moi, alors. Maître. Absous-moi de tout mon péché. Prépare-moi pour les noces et pour ta venue. Car c'est Toi qui viens, mon Dieu, pour prendre ta pauvre servante et en faire ton épouse."

// La jeune fille, radieuse de joie et de santé, se penche pour baiser les pieds du Maître, pendant qu'il la bénit en priant sur elle. Et vraiment la salle, blanche, comme si elle était toute de lys, est un digne environnement pour ce rite, et s'harmonise bien avec ses deux protagonistes, jeunes, beaux, tout de blanc vêtus, dans la splendeur d'un amour angélique et divin. //

Jésus quitte la jeune fille absorbée dans sa joie et il sort doucement pour aller bénir les enfants qui, avec des cris de joie, se précipitent vers le char où ils montent joyeux avec les femmes qui s'en vont. Restent Élise et Nikê pour reconduire le jour suivant Annalia dans la ville.

Il a cessé de pleuvoir et, une fois les nuages dispersés, le ciel montre son azur, et le soleil fait descendre ses rayons pour rendre étincelantes de lumière les gouttes de pluie. Un magnifique arc-en-ciel joint par son arc Béthanie à Jérusalem. Le char s'en va en grinçant et sort par le portail. Il disparaît.
(...)

------------------------------------------------------------------------------------

---> Après ce flop intégral de DGC, celui-ci va maintenant s'atteler à apporter une conclusion à son pamphlet.

 

 

Nous avons besoin de votre consentement pour charger les traductions

Nous utilisons un service tiers pour traduire le contenu du site web qui peut collecter des données sur votre activité. Veuillez consulter les détails dans la politique de confidentialité et accepter le service pour voir les traductions.