Le combat contre l’amour possessif : une obsession dans l’EMV ?

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DGC :
"Cet amour « naturel » ou charnel, qui est « l’humanité » que « Jésus » (rejette)  invite à transformer en un plus grand amour, est un sujet tel dans l’enseignement spirituel du « Jésus » de Valtorta qu’il est le critère d’évaluation du progrès des disciples femmes."

"Ainsi la disciple Jeanne déclare à « Jésus » et à ses sœurs lors d’une réunion de femmes disciples :

« c’est si beau de se sentir sœurs dans une seule foi en toi… d’espérer que celles qui en sont encore à un amour naturel pour le Maître, montent plus haut, comme a fait Valeria »
 

---> DGC est pris ici en flagrant délit de coupure sauvage du texte : la cause de cette délicate intervention de Jeanne - demander à Jésus de l'aide spirituelle pour Plautina n'ayant pas encore la foi, et qui « en est donc encore à un amour naturel envers le Seigneur » - ne peut plus du tout être comprise, l'auteur la faisant ainsi habilement passer pour un quelconque commentaire de Jeanne à propos des performances de soi-disant "championnes olympiques du détachement", parmi les femmes disciples.

 

« Moi, j’ai été un échec de nombreuses fois, mais finalement, tu as triomphé, Rabboni ! » dit Marie de Magdala avec sa voix d’orgue du fond de la salle. « Marie est contente chaque fois qu’elle peut s’humilier en rappelant le passé… » soupire Marthe qui le voudrait effacé du souvenir de tous les cœurs. (VIII, 44, 379)


---> De même ici, l'intervention de Marie Magdeleine ayant pourtant exactement le même but que celle de Jeanne - c'est-à-dire : garder de l'optimisme au sujet de l'actuel manque de foi de Plautina - a été tronquée par l'auteur pour la faire commencer par un "Moi, je", sonnant comme l'énoncé maladroit d'un "exploit" par une personne dérangée, ce qui provoquerait la réaction désolé de Marthe devant l'état soi-disant pathologique de sa soeur.

---> Ainsi, l'auteur fait passer Marie Magdeleine pour une demie-folle, ou pour une personne sous l'emprise évidente d'un gourou, alors qu'en réalité, elle ne fait que réagir de manière intelligente au discours du Christ, en donnant très à propos son propre cas en exemple, vu que, tout comme Plautina, elle a elle-aussi été une païenne.

---> Un véritable jeu de massacre du sens véritable, mais quelque part : c'était clairement le but recherché.

---> Mais voilà : nous allons à présent sortir notre botte secrète, qui est de rétablir la version intégrale de ce passage, ce que l'auteur aurait tant aimé pouvoir éviter, et pour cause.

le contexte :

---> Jésus est à Béthanie, dans le palais de Lazare. Il attendait la venue de ses femmes disciples, qui arrivent au nombre d'une quinzaine, afin de leur faire ses adieux.

---> Juste avant, Il avait mit toutes ses forces héroïques de Sauveur pour parvenir ne serait-ce qu'à retenir au palais Judas, le malheureux apôtre perdu, mais que l'Humanité sainte du Christ voudrait encore garder espoir de racheter... La scène est extrême, d'une violence à peine contenue de la part de Judas, terriblement douloureuse pour le Coeur si doux du Maître.

---> Malgré cela, Il retrouve ensuite dans la prière tout le réconfort nécessaire pour se préparer à accueillir les saintes femmes disciples, alors que Judas est allé s'isoler dans la bibliothèque du palais.

---> Nous sommes la veille du Sabbat qui précède l'entrée de Jésus à Jérusalem, dans la salle des banquets de la riche maison de Lazare, en présence d'une quinzaine de femmes, toutes disciples du Maître, et rassemblées en ce lieu sur son ordre. C'est l'heure des adieux, des derniers encouragements, et pour les femmes : l'occasion de se réjouir du chemin déjà parcouru, et de parler de ce qui reste à accomplir. Chacune s'exprime pour le bien du groupe.

---> Jésus va saluer chacune d'une manière toute personnelle, comme Lui seul sait le faire, avec des attentions différentes en fonction de chaque cas.

---> Lisons maintenant une partie de ce long passage en version intégrale - c'est-à-dire non mutilée par DGC - .
plus tard, dans le volet 16 ( "Un dévoiement du langage mystique dans l'EMV ?" ) , nous aurons l'occasion d'en lire encore une autre partie.

EMV 583 - La veille du sabbat qui précède l’entrée à Jérusalem. L’adieu aux femmes disciples. Le malheureux petit‑fils de Nahum.
En rouge, entre les // : les tronçonnages que DGC fait de ce passage en le citant )

(...) (...)
La belle salle - une de celles qui servent aux banquets, avec ses murs blancs et aussi son plafond, ses lourds rideaux blancs, et de même les tapisseries qui recouvrent les sièges, les plaques de mica ou d'albâtre qui remplacent les vitres aux fenêtres et laissent passer la lumière - elle est remplie par le babillage des femmes.

Une quinzaine de femmes qui parlent entre elles, ce n'est pas une petite affaire. Mais dès que Jésus paraît sur le seuil en déplaçant le lourd rideau, il se fait un silence absolu, alors que toutes se lèvent et s'inclinent avec le plus grand respect.

"La paix à vous toutes, dit Jésus avec un doux sourire...

De la tempête de douleur qui vient juste de cesser, il n'y a aucune trace sur son visage, qui est serein, lumineux, paisible comme si rien de pénible n'était arrivé ou sur le point d'arriver, avec une pleine conscience de sa part.

"Paix à Toi, Maître. Nous sommes venues. Tu as envoyé dire : "avec autant de femmes qu'il y en a chez Jeanne" et je t'ai obéi. Élise était chez moi. Je la garde avec moi ces jours-ci. Et chez moi se trouvait celle qui dit te suivre. Elle était venue s'informer de Toi car on n'ignore pas que je suis ta fidèle disciple. Et Valéria aussi est avec moi, dans ma maison, depuis que je suis dans mon palais. Avec Valéria, il y avait Plautina, venue lui rendre visite. Avec elles était celle-ci. Valéria t'en parlera. Plus tard est venue Annalia, avertie de ton désir, et cette jeune fille, sa parente, je crois. Nous nous sommes arrangées pour venir, et nous n'avons pas oublié Nikê. // "C'est si beau de se sentir sœurs dans une seule foi en Toi... d'espérer que celles qui en sont encore à un amour naturel pour le Maître, montent plus haut, comme a fait Valéria" // dit Jeanne en regardant par en dessous Plautina qui... en est restée à l'amour naturel...

Jésus :
"Les diamants se forment lentement, Jeanne. Il faut des siècles de feu caché... Il ne faut pas être pressé, jamais... Et ne jamais se décourager, Jeanne..."

"Et quand un diamant redevient... cendre ?"

"C'est signe que ce n'était pas encore un diamant parfait. Il faut encore de la patience et du feu. Recommencer encore, en espérant dans le Seigneur. Ce qui semble un échec la première fois, se change souvent en triomphe la seconde."

"Ou la troisième ou la quatrième, ou encore davantage. // Moi, j'ai été un échec de nombreuses fois, mais finalement, tu as triomphé, Rabboni !" dit Marie de Magdala avec sa voix d'orgue du fond de la salle.

"Marie est contente chaque fois qu'elle peut s'humilier en rappelant le passé..." soupire Marthe qui le voudrait effacé du souvenir de tous les cœurs. //

"C'est vrai, ma sœur, qu'il en est ainsi ! Je suis contente de rappeler le passé, mais non pas pour m'humilier, comme tu dis. Pour monter encore, poussée par le souvenir du mal que j'ai commis et par la reconnaissance pour Celui qui m'a sauvée.

Et aussi afin que celui qui hésite pour lui-même, ou pour un être qui lui est cher, puisse reprendre courage et arriver à cette foi dont mon Maître dit qu'elle serait capable de déplacer les montagnes."

"Et tu la possèdes, heureuse que tu es ! Tu ne connais pas la crainte..." dit en soupirant Jeanne.

Elle qui est, si douce et si timide, paraît l'être encore davantage si on la compare avec Marie-Madeleine.

"Je ne la connais pas. Elle n'a jamais été dans ma nature humaine. Maintenant, depuis que j'appartiens à mon Sauveur, je ne la connais même plus dans ma nature spirituelle. Tout a servi pour augmenter ma foi. Serait-il possible que quelqu'une qui est ressuscitée comme moi, et qui voit ressusciter son frère, puisse douter de rien ? Non. Rien ne me fera plus douter."

"Tant que Dieu est avec toi, c'est-à-dire que le Rabbi est avec toi... Mais Lui dit qu'il va nous quitter bientôt. Que sera alors notre foi ? Ou plutôt votre foi, car moi, je n'ai pas encore pénétré au-delà des frontières humaines..."

dit Plautina.

"Sa présence matérielle ou son absence matérielle ne blessera pas ma foi. Je ne craindrai pas. Ce n'est pas de l'orgueil de ma part. C'est la connaissance de moi-même. Si les menaces du Sanhédrin devaient se réaliser... voilà : je ne craindrai pas..."

"Mais qu'est-ce que tu ne craindras pas ? Que le Juste soit juste ? Cette crainte, moi aussi je ne l'aurai pas. Nous le croyons de nombreux sages dont nous goûtons la sagesse, je dirais dont nous nous nourrissons avec la vie de leur pensée, après que depuis des siècles ils sont disparus. Mais si toi,.."

insiste Plautina.

"Je ne craindrai même pas à cause de sa mort. La Vie ne peut mourir. Lazare est ressuscité, lui qui était un pauvre homme..."

"Mais ce n'est pas de lui-même qu'il est ressuscité, mais parce que le Maître a rappelé son esprit d'au-delà de la tombe. Œuvre que seul le Maître peut faire. Mais qui appellera l'esprit du Maître si le Maître est tué ?"

"Qui ? Lui. C'est-à-dire Dieu. Dieu s'est fait de Lui-même. Dieu peut se ressusciter par Lui-même."

"Dieu... oui... dans votre foi. Dieu s'est fait de Lui-même. C'est déjà difficile pour nous de l'admettre, pour nous qui savons que les dieux viennent l'un de l'autre, par suite d'amours entre dieux."

"Par suite d'amours obscènes, irréels, devrais-tu dire" l'interrompt impétueusement Marie de Magdala.

"Comme tu veux..." dit Plautina conciliante et elle va finir sa phrase, mais Marie de Magdala lui coupe la parole et dit :

"Mais l'Homme ne peut se ressusciter par lui-même, veux-tu dire. Mais Lui comme il s'est fait Homme par Lui-même, car rien n'est impossible au Saint des Saints, ainsi Lui, de Lui-même se donnera le commandement de ressusciter. Tu ne peux comprendre. Tu ne connais pas les figures de notre histoire d'Israël. Lui et ses prodiges s'y trouvent. Et tout s'accomplira comme il est dit.

Moi, je crois à l'avance, Seigneur. Je crois tout. Que tu es le Fils de Dieu et le Fils de la Vierge, que tu es l'Agneau du salut, que tu es le Messie très Saint, que tu es le Libérateur et le Roi universel, que ton Royaume n'aura pas de fin ni de limites, et enfin que la mort ne prévaudra pas sur Toi, car la vie et la mort, c'est Dieu qui les a créés et elles Lui sont soumises comme toutes choses. Je crois. Et si grande sera la douleur de te voir méconnu et méprisé, plus grande sera ma foi dans ton Être éternel. Je crois. Je crois à tout ce qui est dit de Toi. Je crois à tout ce que tu dis. J'ai su croire aussi pour Lazare. J'ai été la seule qui ait su obéir et croire, la seule qui ait su réagir contre les hommes et les choses qui voulaient me persuader de ne pas croire. Ce n'est qu'à la limite, près de la fin de l'épreuve, que j'ai eu une défaillance... Mais l'épreuve durait depuis si longtemps... et je ne pensais plus que même Toi, Maître béni, tu pourrais t'approcher du golal après tant de jours de la mort... Maintenant... je ne douterai plus même si, au lieu de jours, un tombeau devrait être ouvert pour rendre la proie que depuis des mois il a en son ventre. Oh ! mon Seigneur ! Je sais qui tu es ! La fange a reconnu l'Étoile !"

Marie s'est accroupie aux pieds de Jésus sur le dallage. Elle n'est plus véhémente, mais douce, et son visage tourné vers Jésus exprime l'adoration.

"Qui suis-je ?"

"Celui qui est. C'est cela que tu es. L'autre chose, la personne humaine, c'est le vêtement, le vêtement nécessaire mis sur ta splendeur et sur ta sainteté pour venir parmi nous et nous sauver. Mais tu es Dieu, mon Dieu."

Et elle se jette par terre pour baiser les pieds du Christ, et il semble qu'elle ne puisse détacher ses lèvres des doigts qui dépassent du long vêtement de lin.

"Lève-toi, Marie. Attache-toi toujours fortement à cette foi que tu possèdes. Et élève-la comme une étoile pendant les heures de la tempête pour que les cœurs s'y fixent, et sachent espérer, cela au moins..."

( ... )
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1 . Qui est Plautina, et pourquoi une telle remarque de Jeanne la concernant ?

---> Nous venons d'avoir la confirmation dans cet extrait que cette dame romaine n'a pas la foi ( pas encore du moins ), et que c'est seulement la foi en Jésus - et non un quelconque détachement stoïque de tout attachement humain - qui est le véritable enjeu du progrès des femmes disciples.

---> C'est une patricienne (aristocrate) romaine, amie et probablement parente de Claudia Procula, dame du même rang qu'elle, avec laquelle nous ferons connaissance dans le volet 14 ( "Certains gestes sont-ils vraiment ambigus, dans l'EMV ?" ), lors de la guérison de Callixte, son esclave noir.

---> Grande, imposante, avec de splendides yeux noirs, un peu impérieux, sous un front uni et très blanc, le nez droit, parfait; la bouche aux lèvres un peu épaisses, mais bien faite; le menton rondelet, en saillie. Elle me rappelle certaines statues très belles d'impératrices romaines. Des bagues pesantes brillent à ses mains très belles et de larges bracelets d'or ornent ses bras, de vrais bras de statue, au poignet et au-delà du coude qui apparaît blanc rosé, lisse et parfait en dehors de la manche courte drapée (Tome 3, chapitre 27 /vo 167.1/15)

---> Dès le début de la Vie Publique, elle fait partie des romaines sympathisantes de Jésus. Leur foi évolue : on les retrouve sur la Via Dolorosa où elles compatissent aux souffrances du Christ (Cf. Luc 23, 27-30; Tome 9, chapitre 28 /vo 608.7/16).

---> Elles se convertissent ouvertement au matin de Pâque : elles parlent entre elles de Jésus quand une lumière apparaît et se transforme en visage souriant du Christ

Sans attendre, elles viennent au Cénacle saluer Marie, la "Mère du Sauveur".

---> Plautina, la plus respectée de toutes, prend la parole :

"Si avant nous admirions la Sagesse, maintenant nous voulons être les filles du Christ. C’est à toi que nous le disons. Toi seule peux vaincre la défiance hébraïque envers nous. C’est à toi que nous viendrons pour être instruites jusqu’à ce qu’eux (et elles montrent les apôtres) nous permettent de nous dire disciples de Jésus" (Tome 10, chapitre 12 /vo 626.2/5).

---> Plautina se retire ensuite, avec Claudia, à Césarée Maritime (Tome 10, chapitre 16 /vo 630.13).

2 ) Dans quel état se trouve-t-elle, lors de cette rencontre ?

---> Plautina, de haut rang et de culture romaine, n'est pas encore vraiment convertie à Jésus lors de cette dernière rencontre avec Lui, précédent le début de la Passion.

---> Son état d'avancement intérieur détonne donc très nettement avec celui des autres femmes, toutes disciples hébraïques qui ont déjà beaucoup progressé sur le chemin de la sainteté, grâce à leur connaturalité avec le Christ et et leur foi en ses enseignements et en ses miracles.

---> Plautina quant à elle, avec son regard de païenne, est encore seulement attirée par un homme extraordinaire qu'elle croit discerner en Jésus, car elle ne connaissait que la grandeur de certains philosophes, à qui elle Le compare, mais sans plus.

3 ) Et donc, dans cet extrait, assistons-nous comme le suggère DGC à une sorte de "concours à laquelle serait la plus avancée sur le chemin du détachement de l'amour possessif" ?

---> C'était précisément le but du petit montage de DGC de nous le faire croire ! Mais il n'en est strictement rien. Il s'agit bien au contraire :

---> de la pitié et de l'entraide des femmes disciples, qui s'unissent pour présenter à Jésus l'une d'entre elles - Plautina - qui semble malade, incapable d'avancer encore sur le vrai chemin de la sainteté, de se détacher de son ancienne mentalité de romaine païenne, centrée sur l'homme et la sagesse humaine ;

---> Et de Jésus qui redonne espoir à Jeanne doutant encore de voir progresser la riche romaine, en ces termes : "Les diamants se forment lentement, Jeanne. Il faut des siècles de feu caché... Il ne faut pas être pressé, jamais... Et ne jamais se décourager, Jeanne..." "Et quand un diamant redevient... cendre ?, lui demande Jeannes, ce à quoi Jésus lui répond : "C'est signe que ce n'était pas encore un diamant parfait. Il faut encore de la patience et du feu. Recommencer encore, en espérant dans le Seigneur. Ce qui semble un échec la première fois, se change souvent en triomphe la seconde."

---> Et enfin, de Marie Magdeleine qui, loin de vouloir centrer l'attention sur elle-même et sur sa "petite réussite personnelle de détachement de l'amour possessif", ne fait qu'appuyer ici les Paroles de son Maître en évoquant les nombreuses tentatives infructueuses qu'a du d'abord accomplir Jésus avant de parvenir enfin à sa délivrance finale, et cela afin de donner encore plus d'espoir en ce qui concerne l'avancement de Plautina : "Ou la troisième ou la quatrième, ou encore davantage. Moi, j'ai été un échec de nombreuses fois, mais finalement, tu as triomphé, Rabboni !" dit Marie de Magdala avec sa voix d'orgue du fond de la salle. "Marie est contente chaque fois qu'elle peut s'humilier en rappelant le passé..." soupire Marthe qui le voudrait effacé du souvenir de tous les cœurs."

---> "C'est vrai, ma sœur, qu'il en est ainsi ! Je suis contente de rappeler le passé, mais non pas pour m'humilier, comme tu dis. Pour monter encore, poussée par le souvenir du mal que j'ai commis et par la reconnaissance pour Celui qui m'a sauvée. Et aussi afin que celui qui hésite pour lui-même, ou pour un être qui lui est cher, puisse reprendre courage et arriver à cette foi dont mon Maître dit qu'elle serait capable de déplacer les montagnes."

---> Et donc, très loin d'être une demie folle sous emprise sectaire qui ferait de la publicité à son gourou ( comme nous la découvrions dans l'extrait trafiqué par DGC ), Marie Magdeleine, pleinement maîtresse d'elle-même, parle courageusement pour aider le Sauveur, sans même se soucier de l'humiliation que cela représente pour elle d'évoquer sa propre conversion si difficile, car elle a désormais dépassé le respect humain et la honte liée à son petit orgueil personnel.

---> Marie Magdeleine montre ici sa belle personnalité, prête pour Jésus son Sauveur à déplacer des montagnes par sa foi en Lui.

Conclusion : non, il ne s'agit pas ici pour les femmes disciples d'une évaluation de leur niveau respectif de détachement, mais de l'aide apportée à Plautina, femme romaine païenne encore inconvertie, afin que par la patience et la persévérance, elle aussi atteigne le but, qui est la foi pleine et entière en Jésus, le Fils de Dieu.

---> Pour DGC, c'est là un flop d'anthologie.

Rappelons-lui :

---> que sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ne chercha rien d’autre pour l’avancement spirituel d’une jeune novice, entrée avec elle au carmel, que le détachement de leur amitié trop seulement humaine qui aurait nuit à leur vie spirituelle authentique ( cf. manuscrit C, folio 20 v ) ;

---> qu’elle décrit comment elle souffrit du fait de côtoyer sa sœur Pauline, mais sans être aussi libre dans ses relations avec elle qu’aux Buissonnets ( cf. manuscrit A, folio 74 ) : cette situation entraîna pour elle une vraie purification de son attachement seulement humain envers sa sœur, en vue de sa progression intérieure vers Dieu.

---> et aussi, comment elle désira être envoyée dans un lointain carmel, afin d'y souffrir la privation de l’affection de ses chères sœurs ( manuscrit C folio 10 v. ) : or c’est parce qu’elle aspirait à une plus grande perfection spirituelle qu’elle avait un tel désir, il n’existe pas d’autre motif que celui-là.

---> Sainte Marie Magdeleine n'est pas la seule à évoquer son passé de pécheresse et sa conversion difficile, afin d'encourager autrui : saint Paul le fait aussi dans ses épitres ( 1 Tim 1,15 «Je suis le premier de tous les pécheurs » ), ou encore les Pères du désert, comme le rapportent les apophtegmes.

---> Jusqu’à la fin de sa Mission terrestre, après sa Résurrection, Jésus continuera à purifier ses apôtres des attachements purement sensibles à sa Personne, afin de les mener jusqu'à la plénitude de la foi en Dieu :

---> À Marie Magdeleine qui voudrait Lui saisir les pieds, Il dit en la repoussant des doigts : « Ne me touche pas, car Je ne suis pas encore monté vers mon Père » ( Jean 20,17 )

---> À Thomas, qui ne croit en sa Résurrection que parce qu’il a pu finalement mettre sa main dans ses Plaies, Il dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croiront sans avoir vu. » ( Jean 20,29 )

 

« Jésus » s’autorise même à comparer les disciples entre elles, comme dans ce dialogue sans nuances ( avec Marthe ) Non : avec Lazare !

 

---> Erreur grossière de DGC - peut-être involontaire - mais qui lui sert à dénoncer un soi-disant « Jésus père fouettard », ne se trouvant pourtant nulle part dans l’EMV.

« Sais-tu qui, parmi mes plus intimes, a su changer sa nature pour devenir du Christ, comme le Christ le veut ? Une seule : ta sœur Marie. Elle est partie d’une animalité complète et pervertie pour atteindre une spiritualité angélique. Et cela par l’unique force de l’amour. » (IX, 6, 27)

---> L'intention du Christ par cette réflexion n'est certainement pas - comme le sous-entend DGC - d'humilier Lazare en lui signifiant que sa soeur Marie serait meilleure que lui : mais tout au contraire, de susciter sa fierté au sujet de sa soeur, qui peu de temps auparavant faisait encore sa honte.

---> Dans l’épisode de « Marthe et Marie », Jésus met bien en comparaison :
- Marthe, qui « s’agite et s’inquiète pour beaucoup de choses »,
- avec sa sœur Marie, qui elle, a tout compris car « elle a choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas enlevée ». ( Luc 10,41 )

---> Saint Jean Baptiste est lui-aussi comparé publiquement par Jésus à tous les autres enfants des hommes, dont il est déclaré être « le plus grand » ( Matt 11,11 )

---> Les prostituées et les publicains convertis sont eux-aussi réputés « arriver avant vous dans le Royaume des Cieux » ( Matt 21,31 ), ce qui est une évidente mise en comparaison avec les "gens biens".

---> Simon le pharisien et Marie Magdeleine sont publiquement mis par le Christ sur les deux plateaux de la balance de l’Amour, et Marie Magdeleine est très clairement désignée comme la meilleure, elle qui « montre beaucoup d’amour, parce qu’elle a été beaucoup pardonnée » ( Luc 7,47 ) ---> c'est précisément le même type de discours comparatif que Jésus tient dans l'épisode de l'oeuvre cité ici par DGC.

---> Marie la Mère de Jésus est publiquement comparée à toutes ses consoeurs, lorsque sa cousine Elisabeth la déclare "Bénie entre toutes les femmes" ( Luc 1,42 ), ce qui signifie qu'elle les surpasse toute !

---> Nous allons maintenant découvrir le passage tel qu'il est réellement dans l'oeuvre.

Contexte du passage :

---> Jésus s'entretient seul avec Lazare pour lui annoncer le mystère douloureux de sa Croix rédemptrice, et Il lui révèle l’identité du traître, véritable incarnation de Satan qui Le livrera à la mort.

---> Lazare, bouleversé, découvre toute la profondeur de la déréliction de son divin Maître, à l’approche de sa Passion. On découvre ici un Jésus extraordinairement Homme, capable de réellement souffrir grâce à ses passions humaines - comme s’en scandalisait DGC précédemment, car pour lui, il faudrait que Jésus ne soit que Dieu, et rien d’autre que Dieu, son Humanité ne se réduisant ainsi qu'à une pure formalité ( « théologie de la désincarnation » ) -.

EMV 587 – L’adieu à Lazare
En rouge entre les // : la citation de DGC )

(…) (...)
( Jésus ) " (...) Oui. Ceux qui reviennent ne peuvent parler... Le mystère se dévoile graduellement pour celui qui y entre. Mais Moi, Lazare, je sais ce que je souffrirai. Je sais que je souffrirai en pleine conscience. Il n'y aura aucun adoucissement de boissons ou de langueur pour que mon agonie devienne moins atroce. Je me sentirai mourir. Déjà je le sens... Déjà je meurs, Lazare. Comme quelqu'un qui souffre d'une maladie incurable, j'ai continué de mourir pendant ces trente-trois ans. Et la mort s'est toujours plus accélérée à mesure que le temps me rapprochait de cette heure. Tout d'abord, la mort c'était de savoir que j'étais né pour être le Rédempteur. Puis, ce fut la mort de Celui qui se voit combattu, accusé, ridiculisé, persécuté, entravé... Quelle fatigue ! Puis... la mort d'avoir à mes côtés de plus en plus près, jusqu'à l'avoir enlacé à Moi comme une pieuvre au naufragé, celui qui devait être pour Moi le traître. Quelle nausée ! Maintenant je meurs déchiré de devoir dire "adieu" aux amis les plus chers, et à ma Mère..."

"Oh ! Maître ! Tu pleures ? ! Je sais que tu as pleuré aussi devant mon tombeau parce que tu m'aimais. Mais maintenant... Tu pleures de nouveau. Tu es tout glacé. Tu as les mains déjà froides comme un cadavre. Tu souffres... Tu souffres trop !..."

"Je suis l'Homme, Lazare. Je ne suis pas seulement le Dieu. De l'homme j'ai la sensibilité et les affections. Et mon âme éprouve de l'angoisse quand je pense à ma Mère... Et même, je te le dis, elle est devenue tellement monstrueuse ma torture de subir le voisinage du Traître, la haine satanique de tout un monde, la surdité de ceux qui, sans haïr, ne savent pas aimer activement, car aimer activement c'est d'arriver à être tel que l'aimé le veut et l'enseigne, et au contraire, ici !... 



 

Oui, beaucoup m'aiment. Mais ils sont restés "eux". Ils n'ont pas pris un autre "moi" par amour pour Moi. // Sais-tu qui, parmi mes plus intimes, a su changer sa nature pour devenir du Christ, comme le Christ le veut ? Une seule : ta sœur Marie. Elle est partie d'une animalité complète et pervertie pour atteindre une spiritualité angélique. Et cela par l'unique force de l'amour." //

"Tu l'as rachetée."

"Je les ai tous rachetés par la parole. Mais elle seule s'est changée totalement par activité d'amour. Mais je disais : elle est tellement monstrueuse la souffrance qui me vient de toutes ces choses que je ne soupire qu'après le complet accomplissement. Mes forces plient... La croix sera moins lourde que cette torture de l'esprit et du sentiment..."

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---> On devine facilement qu’après avoir évoqué devant Lazare le caractère diabolique de Judas, c’est une très douce consolation pour Jésus et une source de fierté pour les deux interlocuteurs d’évoquer le cas de Marie Magdeleine, qui est l’antithèse absolue de l’apôtre déchu, s’étant pleinement métamorphosée en l’image du Christ, passant des ténèbres à la Lumière.

---> Elle qui faisait la honte de Lazare fait maintenant sa fierté : ce n'est certainement pas pour humilier Lazare que Jésus lui révèle l'élévation de sa soeur Marie, bien au contraire.

---> Pour DGC, c'est un flop.

 

 

"Ce ne sont pas les femmes qui sont seules concernées. Ainsi « Jésus » déclare-t-il aux disciples Manaën et Timon qu’il les estime enfin purifiés, toujours avec cette expression négativement connotée d’« humanité » : « vous êtes guéris de toute humanité dans votre amour pour moi ». Ceux-ci finissent par céder à l’invitation de « Jésus » à se jeter sur sa poitrine (cf. VII, 184, 193)."

 

---> A quel raffinement dans la tromperie l'auteur se livre ici : il avait bien du temps à perdre pour cela ! Ne pouvait-il pas se douter qu'il serait forcément démasqué ?


---> Qu'est-ce qui permet ici de tout comprendre ? Le contexte supprimé par DGC, et que voici :

---> Cet épisode fait suite à une tentative de piéger Jésus, fomentée par les perfides pharisiens, et dans laquelle quelques-uns de ses disciples, dont Manaën et Timon, se laissèrent entraîner par manque de discernement : il s’agissait de persuader les gens de la nécessité que Jésus accepte de se faire proclamer roi, afin qu’en secouant le joug romain, il libère Israël et le fasse arriver ainsi à la « glorieuse époque messianique », telle que beaucoup l’appelaient de leurs vœux les plus ardents.

---> Jésus avait bien entendu percé à jour l’hypocrisie de ceux qui souhaitaient ainsi le flatter pour pouvoir ensuite mieux l’accuser de n'être plus le Doux et Humble, et surtout de provoquer la sédition du peuple contre Rome ; 

 

---> mais l’idée avait réussi cependant à séduire certains des disciples qui aimaient sincèrement leur Maître, tout en désirant sa gloire temporelle, car le but de sa Venue, son destin douloureux de Rédempteur leur était encore caché, et parce que leur attachement à Lui était encore trop humain. Manaën en particulier, un puissant de l’entourage de Hérode le Tétrarque, avait vu dans la force du pouvoir royal de Jésus un moyen de tout solutionner, ainsi que Timon.

---> La déconvenue de ces pauvres disciples égarés fut considérable : lorsque Jésus refusa catégoriquement de tomber dans ce piège, en en démasquant les auteurs, et s’enfuyant seul sur la montagne ( Jean 6,15 ; EMV 464 « Dans la maison de campagne de Kouza, la tentative d’élection de Jésus comme roi. Le témoignage du Bien-Aimé »), ils fuirent sa présence en raison de leur faute envers Lui, mus par une crainte exagérée de ses reproches.

---> Et cela nous amène à ce passage : Jésus vient d’énoncer une parabole dans laquelle un roi veut se faire connaître de ses sujets, dont beaucoup ne le comprennent pas et l’interprètent de travers, et à qui il ouvre pourtant largement ses bras avec miséricorde, les enseignant et leur demandant de revenir à lui, car il n’a pour eux pas la moindre rancune pour leur égarement.

---> Cette parabole touche en plein cœur Manaën et Timon, perdus et tristes dans leur crainte d’avoir offensé le Maître, qui comprennent que Jésus est très loin de les réprouver, mais désire aussi fort qu’avant qu’ils soient ses plus chers amis : leur certitude d’être pardonnés rencontre la tendresse de Jésus qui les attend comme un Père, et c’est tout naturellement qu’ils se jettent à ses pieds, puis tendrement dans ses bras à son invitation émue, tels des fils prodigues.

---> Ce n’est donc plus un attachement humain, conduisant à la soif du pouvoir et de la domination par la force, qui motivent les deux disciples à se réconcilier avec leur Maître, mais seulement l’attirance que provoque son Pur Amour Divin pour eux.

---> Ils étaient devenus des politiciens tout humains, et ils redeviennent de petits enfants spirituels, à la plus grande joie du Christ, qui les sert tendrement sur son Cœur.

---> Lisons maintenant ce merveilleux passage, témoignant de la plus douce et tendre réconciliation entre le cœur des hommes et Celui du Dieu Incarné qui les aime infiniment :

EMV 489 - Parabole du roi incompris de ses sujets
En rouge entre les // : la citation de DGC )


C’est un bourg groupé, assez bien tenu. Les habitants sont restés à l’intérieur des maisons, car il y a beaucoup de vent. Mais quand les disciples viennent prévenir que Jésus est là, voilà que toutes les femmes, les enfants et les vieillards que l’âge a retenus chez eux, se groupent autour de Jésus, qui s’est arrêté sur la petite place principale. Le village, étant sur une hauteur, a de l’air et de la lumière même quand le temps est couvert et, de là, l’œil découvre Jérusalem au sud, et Rama au nord (je dis Rama car ce nom est écrit sur une borne avec l’indication des milles).

Les gens sont tendus. Etre devenus ceux qui offrent l’hospitalité au Seigneur, est pour eux si nouveau, si émouvant… Un vieillard, un vrai patriarche, le dit au nom de tous, et les femmes acquiescent de la tête. Habitués à être écrasés sous l’orgueil des prêtres et des pharisiens, ils sont timides…

Mais Jésus les met tout de suite à l’aise en prenant dans ses bras une fillette qui fait ses premiers pas, en faisant une caresse au vieillard, et en disant :

« Vous ne m’aviez pas encore vu ?

– De loin… Passer sur la route… Certains hommes t’ont aperçu au Temple. Mais pour nous, qui sommes si proches de la ville, c’est encore plus difficile d’obtenir ce qu’ont les autres en venant de loin, dit le vieillard.

– C’est toujours comme ça, père. Ce qui semble faciliter les choses, les complique au contraire, parce que tous s’appuient sur la pensée que c’est tout simple. Mais nous allons maintenant faire connaissance. Rentre chez toi, père. L’automne fait souffler ses vents, et ils ne sont pas favorables aux patriarches.

– Je suis hélas resté seul. Le jour n’a plus aucune valeur pour moi…

– Sa fille s’est mariée loin d’ici, et sa femme est morte aux Encénies, explique une femme.

– Jean, tu ne dois pas parler ainsi, aujourd’hui que tu as le Rabbi avec toi. Tu l’as tant désiré ! lui dit une vieille femme.

– C’est vrai. Mais… tu es le Messie, n’est-ce pas ?

– Oui, père.

– Alors que puis-je désirer de plus, maintenant que je l’ai vu et que s’est accomplie la promesse faite à Abraham ? Un jour où j’étais au Temple — ma Lia se purifiait de son unique enfantement, et j’étais auprès d’elle, et avant nous, une femme avait accompli le rite, une femme qui était à peine plus âgée qu’une enfant — … un vieillard chanta en embrassant le Bébé de cette toute jeune Mère : “ Maintenant Seigneur, laisse ton serviteur s’en aller en paix puisque mes yeux ont vu le Sauveur. ” Ce Nouveau-né, c’était toi. Ah ! pour moi, quel bonheur ! Alors j’ai prié le Seigneur en disant : “ Fais que moi aussi, je puisse mourir après l’avoir connu. ” Maintenant, je te connais. Tu es ici. La main de mon Seigneur est posée sur ma tête. Sa voix m’a parlé. L’Eternel m’a exaucé. Et que dirai-je, sinon les paroles du vieux Siméon, qui était instruit et juste ? Je les répète : “ Seigneur, laisse ton serviteur s’en aller en paix, puisque mes yeux ont connu ton Christ ! ”

– Tu ne veux pas attendre de voir son Règne ? demande une femme.

– Non, Marie. Les fêtes ne sont pas pour les vieillards. Et moi, je ne crois pas ce que disent la plupart des gens. Je me rappelle les paroles de Siméon… Il a annoncé une épée dans le cœur de cette jeune Femme, car le Sauveur ne sera pas aimé de tout le monde… Il a dit que la ruine ou la résurrection viendraient pour beaucoup par lui… et il y a Isaïe… et il y a David… Non, je préfère mourir et attendre de là-bas sa grâce et son Règne…

– Père, tu y vois plus clair que les jeunes. Mon Royaume est celui des Cieux. Mais pour toi, ma venue n’est pas ruine, car tu sais croire en moi. Allons chez toi. Je reste avec toi. »

Conduit par le vieillard, il se rend alors à une maisonnette blanche dans une petite rue au milieu des jardins, qui se sont dépouillés de leurs feuilles arrachées par le vent, et il y entre avec Pierre, les deux fils d’Alphée, et Jean.

Les autres se répartissent dans les autres maisons… pour revenir un moment après s’entasser dans la maisonnette, le jardin, la terrasse sur le toit, jusqu’à monter sur le muret en pierres sèches qui sépare de la route un côté du jardin, sur un noyer puissant et sur un pommier robuste, sans se soucier du vent qui ne fait que forcir et soulève de la poussière.

Ils veulent écouter Jésus. Après un instant d’hésitation, celui-ci commence à parler en se tenant sur le seuil de la cuisine, de façon que sa voix se fasse entendre à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison.

« Un roi puissant, dont le royaume était très vaste, voulut aller un jour visiter ses sujets. Il habitait dans un palais majestueux d’où, par ses serviteurs et ses messagers, il envoyait ses ordres et faisait parvenir ses bienfaits à ses sujets, qui connaissaient donc son existence, l’amour qu’il avait pour eux, ses projets ; mais, ne l’ayant jamais vu personnellement, ils ignoraient sa voix et son langage. En un mot, ils savaient qu’il était leur seigneur, mais rien de plus. Et, comme cela se produit souvent, de ce fait beaucoup de ses lois et de ses instructions étaient déformées, soit par mauvaise volonté, soit par incapacité à les comprendre, de sorte que cela portait tort aux intérêts des sujets tout comme aux désirs du roi, qui voulait les rendre heureux. Il était obligé de les punir parfois et il en souffrait plus qu’eux ; du reste, ces punitions n’amenaient pas d’amélioration. Il se dit alors : “ J’irai moi-même auprès d’eux, je leur parlerai directement. Je me ferai connaître. Ils m’aimeront, me suivront mieux et deviendront heureux. ” Et il quitta sa somptueuse demeure pour venir parmi son peuple.

Sa venue occasionna un immense étonnement. Le peuple s’émut, s’agita, les uns avec joie, d’autres avec terreur, certains avec colère, d’autres encore avec défiance, ou même avec haine. Patient, sans jamais se lasser, le roi se mit à approcher aussi bien ceux qui l’aimaient, que ceux qui le craignaient ou le haïssaient. Il entreprit d’expliquer sa loi, d’écouter ses sujets, de leur procurer ses bienfaits, de les réconforter. Et plusieurs finirent par l’aimer, par ne plus le fuir parce qu’il était trop grand ; quelques-uns, peu nombreux, cessèrent même de s’en méfier et de le haïr. C’étaient les meilleurs. Mais beaucoup restèrent tels qu’ils étaient, sans faire preuve de bonne volonté. Le roi, qui était fort sage, supporta aussi cela, en se réfugiant dans l’amour des meilleurs pour être récompensé de ses fatigues.

Qu’arriva-t-il néanmoins ? Même parmi les meilleurs, beaucoup ne pensaient pas comme lui. Il venait de si loin ! Son langage était si nouveau ! Ses volontés étaient si différentes de celles de ses sujets ! Et il ne fut pas compris par tous… Bien pis, certains le firent souffrir, et avec la souffrance lui firent subir des dommages, ou du moins risquèrent de les lui faire subir, pour l’avoir mal compris. Et quand ils se rendirent compte qu’ils lui avaient causé peine et tort, ils furent désolés, fuirent sa présence et ne vinrent plus vers lui, par crainte de ses reproches.

Mais le roi avait lu dans leur cœur et chaque jour il les appelait par son amour. Il priait l’Eternel de lui accorder de les retrouver pour leur dire : “ Pourquoi me craignez-vous ? C’est vrai, votre incompréhension m’a peiné, mais j’ai vu qu’elle était sans malice, que c’était simplement le fruit de votre incapacité à comprendre mon langage si différent du vôtre. Ce qui m’afflige, c’est votre crainte. Elle me prouve que non seulement vous ne m’avez pas perçu comme roi, mais pas même comme ami. Pourquoi ne venez-vous pas ? Mais revenez donc ! Ce que la joie de m’aimer ne vous avait pas permis de comprendre, vous a été rendu clair par la douleur de m’avoir fait souffrir. Oh ! venez, venez, mes amis ! N’augmentez pas votre ignorance en restant loin de moi, vos doutes en vous cachant, vos amertumes en vous interdisant mon amour. Vous voyez ? Nous souffrons autant vous que moi d’être séparés. Moi, plus encore que vous. Venez donc, faites-moi cette joie. ”

C’est ce que voulait dire le roi. Ce furent ses paroles. De même, Dieu s’adresse aux pécheurs et c’est ainsi que le Sauveur relève ceux qui peuvent s’être trompés.

Voilà comment le Roi d’Israël parle à ses sujets, le vrai Roi d’Israël, celui qui veut conduire ses sujets du petit royaume de la terre au grand Royaume des Cieux. On ne peut y entrer si l’on ne suit pas le Roi, si l’on n’apprend pas à comprendre ses paroles et sa pensée. Mais comment comprendre si, à la première erreur, on fuit le Maître ?

Que personne ne se laisse abattre s’il a péché et s’est repenti, s’il s’est trompé et reconnaît son erreur. Qu’il vienne à la Source qui efface les erreurs et qui procure lumière et sagesse, qu’il se désaltère auprès d’elle, car elle brûle de se donner et elle est venue du Ciel pour se livrer aux hommes. »

Jésus se tait. Seul le vent fait entendre ses hurlements de plus en plus forts. En haut de la colline où se trouve Nobé, les rafales s’acharnent tellement que les arbres font entendre des craquements effrayants.

Les habitants sont obligés de rentrer chez eux. Mais quand ils se sont éloignés et que Jésus revient à la maison et ferme la porte, Mathias, suivi de Manaën et de Timon, sort de derrière le muret et entre dans le petit jardin pour frapper à la porte close.

Jésus en personne vient ouvrir.

« Maître, les voilà !…» dit Mathias en montrant les deux hommes qui, honteux, sont restés au bord du jardin et n’osent pas lever la tête pour regarder Jésus.

« Manahen ! Timon ! Mes amis ! » dit Jésus en sortant dans le jardin et en refermant la porte, pour indiquer à ceux de l’intérieur de ne pas sortir par curiosité.

Et il s’avance vers eux, les bras tendus, déjà ouverts pour les étreindre.

Touchés par l’amour qui tremble dans la voix du Maître, les deux hommes lèvent la tête, voient son visage et ses yeux tout pleins d’amour, et leur peur tombe, ils courent en avant et disent avec un cri rendu rauque par leurs larmes : “ Maître ! ”, puis ils se jettent à ses pieds pour étreindre ses chevilles, en baisant ses pieds nus qu’ils baignent de leurs larmes.

« Mes amis ! Pas là ! Ici, sur mon cœur ! Je vous ai tant attendus ! Et j’ai si bien compris ! Allons !… »

Et il cherche à les relever.

« Pardon ! Ah ! ne nous refuse pas ton pardon, Maître. Nous avons tant souffert !

– Je le sais. Mais si vous étiez venus plus tôt, c’est aussi plus tôt que je vous aurais dit : “ Je vous aime. ”

– Tu nous aimes Maître ? Comme avant ? s’étonne Timon, en levant un visage interrogateur.

– Plus qu’avant, car maintenant // vous êtes guéris de toute humanité dans votre amour pour moi. //

– C’est vrai ! Oh ! mon Maître ! »

// Manaën bondit sur ses pieds et ne résiste plus. Il se jette sur la poitrine de Jésus, et Timon l’imite…//

« Vous voyez comme on est bien ici ? N’y est-on pas mieux que dans un pauvre palais royal ? Où m’avoir davantage, et plus puissant, doux, riche de trésors sans fin, qu’en me possédant comme Sauveur, Rédempteur, Roi spirituel, Ami affectueux ?

– C’est vrai ! C’est vrai ! Oh ! ils nous avaient bien séduits ! Et il nous semblait qu’ils t’honoraient et que leurs idées étaient justes !

– N’y pensez plus. C’est fini, cela appartient au passé. Laissez le temps, qui s’écoule aussi rapidement que le tourbillon qui nous frappe, l’emmener au loin, le disperser pour toujours… Mais entrons dans la maison. Il n’est pas possible de rester ici… »

C’est en effet une vraie tornade qui arrive du nord sur le village. Des branches tombent, des tuiles volent, des murets de terrasse peu résistants s’écroulent avec fracas. Le noyer et le pommier se tordent comme s’ils voulaient s’arracher du sol.

Ils entrent dans la maison, et les quatre apôtres regardent avec étonnement le visage, encore baigné de larmes, des deux disciples, contrastant avec leur sourire. Mais ils ne font aucune remarque.

(…)

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---> Lorsque paraissent Manaën et Timon, il les appelle comme ses plus chers compagnons, et eux viennent se jeter à ses pieds en pleurant, les embrassant, conscients d’avoir fauté en ne comprenant pas la vraie nature de son Règne : ils craignent ne plus mériter d’être les amis du Seigneur.

---> Mais il se passe la même scène que le père accueillant sur son cœur le fils prodigue : Jésus les relève, leur déclare son amour indéfectible ignorant la rancune, et de joie émue, Manaën et Timon l’étreignent en se jetant sur son Cœur si aimant.

---> Il est très étonnant de constater cette fixation négative de DGC pour les gestes de l'amour, les trouvant sans doute "dégradants" ou "trop incarnés" pour le Christ, alors que nous voyons saint Jean appuyer tendrement la tête sur sa Poitrine dans l'Évangile, où il est appelé "le disciple que Jésus aimait" - c'est-à-dire celui qui était le plus capable d'accueillir l'Amour du Verbe incarné.

 

---> Pour l'auteur, c'est un einième flop.

 

 

Conclusion :

---> Le mensonge de DGC fait sourire : comment a-t-il cru qu’il ne serait pas découvert ? Mais nous sommes très loin d’être au bout de nos surprises, avec lui.

---> Si Jésus insiste tant sur la purification nécessaire de l'amour possessif, dans l'EMV, c'est uniquement pour que le coeur de l'homme soit ainsi rendu libre de croire en Lui, ce à quoi Plautina la patricienne romaine ne parvient pas encore, attachée comme elle l'est à sa culture mythologique païenne, et au culte de la sagesse humaine qu'elle admire dans les philosophes.

---> Après de si complets contre-sens de sa part, comment accorder encore le moindre crédit au pamphlet accusatoire de l'auteur ?

 

 

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